Je sais que c'était moi qui avait proféré cette idée la première. Après tout, je trouvais cela normal que la Famille Klee puisse rencontrer ses descendants. Et puis, faute d'avoir de la famille du côté de leur mère, il auraient des personnes aimantes et dévouées du côté de leur père, même si ce dernier devait se révéler plus absents qu'il ne le voudrait. Malgré tout, je me sentais particulièrement tendue.

J'avais opté pour une tenue simple et décontractée, qui pour une fois ne me faisait pas passer pour un garçon, loin de là. Je n'étais pas en robe mais féminine, oui. Quand aux jumeaux, je leur avais passé les tenues offertes pare leurs tantes en cadeau de naissance. Hana ne quittait plus le pull de son père, devenu son doudou officiel même si le dauphin devait toujours traîner au fond du berceau par sécurité. Quand à Julian, lui aussi conservait la veste de David comme un trésor, même si la présence du tigre semblait malgré tout le rassurer un peu.

Après avoir nourri les jumeaux et avalé un grand bol de céréales, ma nouvelle lubie du moment, j'avais fini de préparer le sac avec tout le matériel nécessaire et surtout indispensable pour une sortie avec les jumeaux. Bon, j'avais prévu d'amener un bouquet de fleurs aussi mais je risquais de manquer sérieusement de mains à moi toute seule. Heureusement que David venait me chercher, ainsi je n'aurais jamais réussi à me rendre jusqu'au Manoir. Et en l'entendant frapper à la porte, mon angoisse augmente un peu alors que je lui ouvre presque aussitôt.

"- Quelle exactitude, Monsieur. J'en suis impressionnée. Enfin, si c'est nous que vous venez chercher, nous sommes prêts.

J'embrasse tendrement David tandis que les jumeaux gazouillent ayant reconnus leur père même sans le voir. Eux aussi, ils sont magiciens à leur façon.

"- Bon, je crois que nous sommes attendus. Tu m'aides à tout transporter dans la voiture? Tu es certain qu'il y aura assez de place?

Moi, stressée? Pas du tout. Quelle idée voyons. Enfin, je viens déjà saisir les berceaux des jumeaux pour les porter en priorité. Eh oui, vous allez être les vedettes aujourd'hui alors il serait dommage de vous oublier ici quand même. Même si le temps de remplir correctement la voiture nous prend bien deux voyages. Heureusement que les sièges bébés avaient déjà été installés en amont en tout cas.

"- Alors, les jumeaux sont bien attachés, les sacs sont chargés, les fleurs sont bien dans le coffre avec les couffins et la poussette.... Je crois que je n'ai rien oublié. Tu vois quelque chose qui manque?

Allez, détends-toi Naoto, tu ne vas que te rendre dans l'antre du requin après tout. Mais pas n'importe lequel. Ton requin. Alors, il n'y avait pas de raison de paniquer.

Un baiser de ma femme et l'accueil adorable de mes enfants, je ne peux venir chercher qu'eux et être heureux de les revoir enfin.
Ne t'en fais pas. Tout rentrera.

Et en effet, Avec l'aide de David, tout rentre dans la voiture sans le moindre soucis. A croire qu'il a fait toute sa vie. Remarque, en tant que fournisseur de son clan, il avait déjà dû effectuer des commandes et des chargements autrement plus compliqués que ses simples enfants à attacher comme il le fallait.

Non. Tu as pensé à tout. Alors pense à te détendre aussi. Si toi aussi tu es agitée, je crois bien que le Manoir ne sera pas entier ce soir. 

"- Je vais essayer, alors."

Je pousse un profond soupire et profite du trajet en voiture pour essayer de reprendre un rythme cardiaque plus correct. Au fond, je ne sais pas comment je vais être accueillie là-bas. Surtout qu'au fond, n'étant pas mariée officiellement à David, si les jumeaux font partis de leur famille, pas moi. Mon regard ne cesse de vérifier que les enfants sont sages tandis que remontons l'allée menant au Manoir. Qui me rappelle autant de bons que de douloureux souvenirs. En tout cas, nous sommes attendus.

Bonjour, Madame! On est ravis de vous revoir! Vous en faites pas! On veillera à ce que tout se passe bien au Manoir! 

"- Je suis très heureuse de vous revoir aussi. Et merci d'avance pour votre aide."

Bon, vu la taille des fleurs, je ne pourrais pas garder les enfants et ces dernières. Et l'aide des deux gardes nous est quand même bien pratiques pour tout sortir de la voiture. David prend en charge les jumeaux qui somnolent doucement tandis que j'avance à ses côtés, un peu inquiète malgré tout. Oui, je sais qu'ils étaient sincères dans leurs paroles mais malgré tout, je ne m'empêcher de craindre que tout ne se passe pas aussi bien qu'il le devrait.

Le Hall est désert, seuls Anthony et Doc' sont là, ce qui ne me rassure pas vraiment. David m'a bien dit que Tony était celui qui m'en voulait le plus pour ce qui s'était passé. Mais pour le coup, la caméra de Doc' me fait sourire. Bon allez, tout va bien se passer, il n'y a pas de raison.

Les Dames d'abord. Viens donc, Petite.

Je le salue d'un signe de tête avant de m'avancer à sa rencontre donc, avant que du bruit ne capte mon attention. Du bruit et du mouvement en fait. Oulà, c’est quoi tout ça? Je sursaute un peu tandis que des ballons commencent à tomber plus ou moins doucement du ciel alors que tous les gens de la Maisonnée sortent de leur cachette pour venir se jeter sur moi. Pour le coup, je suis vraiment la chaire fraîche au milieu du gang des requins, heureusement qu'ils ne comptent pas me manger.

Les gardes jouent déjà à taper dans les ballons tandis que je suis assaillie par les femmes de la demeure, Judy et Sam en première ligne. Et pour le coup, je n'arrive même pas à sortir un mot. Je salue tout le monde, les remercie, me retrouve débarrasser des fleurs avant même que je n'ai eu le temps de dire ouf et littéralement assommée de compliments qui me laisse rougissante et surtout un peu perdue. Alors, je cherche David du regard, qui est toujours en retrait.

"- Eh bien, quel accueil ! Merci... à tous... Je n'en attendais pas tant..."

Je n'attendais rien même, pour être honnête. Pourtant, leur démonstration me touchait profondément et je devais lutter pour ne pas laisser mes yeux se mettre à briller. Allons, ce n’est pas le moment de pleurer. Et puis, je ne suis pas là pour moi aujourd'hui. Alors, je parviens doucement à reculer pour revenir me placer aux côtés de David et le soulager un peu du poids des jumeaux, récupérant un des berceaux avant de me tourner de nouveau vers tout le monde rassemblé devant nous, restant au plus près de mon fiancé par la même occasion.

"- Enfin, si nous sommes tous réunis ici aujourd'hui, c'est avant tout pour eux.
Alors, laissez-nous vous présenter Hana et Julian."

Ah! Mais on veut aussi profiter de toi, Naoto! Tu nous as manqué! 

Ah oui, vraiment? Pour le coup, je reste muette, trop surprise pour réagir. Moi, leur avoir manqué? Je ne vois vraiment pas comment. Je n'ai jamais rien représenté ici et pourtant, ces mots me touchent, profondément, m'arrachant un sourire sincère alors que je déglutis un peu difficilement alors que l'attention générale est malgré tout reportée sur les jumeaux. Ouf, merci es pitchounes, pour le coup vous me sauvez la mise.

Cela me permets de retrouver un semblant de calme tandis que les femmes se mettent évidemment aux première loges pour venir dévisager et faire quelques mimiques aux bébés, les hommes plus en arrière et davantage curieux que gagas de leur côtés. Mais je trouve toute cette effervescence, vraiment impressionnante. Je ne savais pas à quoi m'attendre certes, mais pas à ça, c'était certain.

Messieurs-dames, pourrait-on d'abord entrer? 

Comme par magie, la voie se libère tandis que la marée humaine nous mène jusqu'au salon décoré ou nous pouvons enfin installés un minimum le parc et les berceaux avant d'en sortir les bébés et de les garder dans nos bras tout en venant nous installer sur le canapé. Ouf, au moins là, je risque plus de me retrouver acculée à présent. Quoi que de coup, nous sommes plus que sérieusement bien entourés. Et tandis que les tantes ainsi que Doc' et Anthony sont les plus près et les premiers à pouvoir venir s'amuser avec les petits, c'est avec moi qu'une des femme de l'intendance engage la conversation.

Alors? Comment allez-vous, Madame? Ce n'est pas trop dur avec les deux enfants? Monsieur ne nous dit rien! Vous! Racontez-nous!

"- Je vais bien, merci. Et même si ce n’est pas toujours évident de gérer les deux petits en même temps, nous avons de la chance. Ils sont vraiment très sages et absolument pas difficile à vivre."

Je me contente de sourire gentiment, rougissant un peu malgré tout. Cela me fait drôle d'être ainsi prise à partie alors que nous sommes chez David et qu'il est assit juste à côté de moi. Mais cela ne m'étonne pas qu'il ne leur dise rien. C'est dans sa nature, de toujours rester silencieux. Même avec moi alors c’est pour dire.

"- En tout cas, je tenais à tous vous remercier pour vos nombreux cadeaux et toutes vos attentions envers les jumeaux. Je suis désolée, je n'ai pas encore eu le temps d'envoyer les messages de remerciements mais promis, ils arriveront bientôt. "

J'avais commencés à les rédiger mais je n'avais jamais trouvé le temps de terminer cette corvée-là, les jumeaux trouvant apparemment un malin plaisir à me déranger toujours quand je m'occupais de cela. Enfin, au moins, j'avais pu les remercier de vive voix, c'était toujours ça de pris. En attendant, comme toujours, Hana est bien plus remuante que son frère qui parait plus observateur et curieux de sa part.

"- Et du coup, depuis leur arrivée, je me suis mise à la cuisine. Bon, ce n'est pas encore digne des repas de Joe mais visiblement, ce doit être mangeable. Même David à presque fini son assiette la dernière fois."

Oho! Très bon début! Il pourrait se nourrir exclusivement de café, il le ferait, le bougre! Mais hé! Vous avez essayé les recettes que je vous ai données? Bah! Avec elles, c'est du tout cuit! 

Je rigole un peu, amusé par l'entrain de Joe mais bien obligé d'acquiescer à ses paroles. Le hachis parmentier était bien une de ses recettes et en effet, cela avait fonctionné. Et le pire, c'est que j'imagine parfaitement David ne se nourrir que de café, comme il le dit si bien. Même si dans une sens, même ça, il n'en as sans doute plus besoin. Enfin, je garde cette remarque pour moi tandis que Judy ne cesse de s'amuser avec les bébés.

Bon sang, il a le regard de sa mère. Naoto, ton fils te ressemble beaucoup. 

Oh! Pourtant, il a le tempérament de son père. Hana semble plus proche physiquement de David mais son caractère est plus affirmé. Ils ont pris ce que l'autre a laissé on dirait! 

"- C'est drôle, nous en étions arrivés à peu près aux même conclusions. Hana est tout le portrait de son père physiquement alors que Julian me ressemble plus. Pour le caractère, nous attendrons encore quelques temps avant de nous prononcer. "

Tandis que Julian passe des bras de David à Judy, Sam et Doc' continue de chercher toutes les façons possibles de faire gazouiller Hana dans mes bras par forces de simagrées et de grimaces. Mais déjà, Julian a quitté les bras de Judy pour se retrouver parachutée sur les genoux d'Anthony qui ne s'y attendait pas le moins du monde et reste complètement perdu.

Mais... !

Occupe-toi de ton neveu, au lieu de bouder! Julian, c'est Tonton Tony! 

Pour le coup, j'aurais bien envie de rire mais je me souviens de ce que m'a dit David. Anthony m'en veut, et dans le fond il a raison. Alors je ne lui donnerais pas davantage de raisons de pouvoir m'en vouloir. Je le laisse aux bons soins de Judy et de David, pour apprendre à ne plus avoir peur de simplement tenir Julian dans ses bras, tandis qu'un des gardes revient attirer mon attention.

Au fait, Madame, vous aller les présenter aux flics? Enfin... Je veux pas dire... mais vous avez des collègues, là-bas, non?

"- Eh bien, je n'ai qu'un seul réel collègue à qui je compte les présenter. Les autres n'ont pas besoin de savoir, surtout que je ne fais plus partie des leurs, ne travaillant plus. Mais lui, c'est un ami et... Sa femme est nourrice alors, peut-être qu'elle pourra me donner quelques conseils pour les bébés, on ne sait jamais."

Logan ne fera jamais rien aux enfants, je le sais bien. Et si un jour ni David ni moi ne pouvons nous occuper de garder les jumeaux, il faudra bien aussi que j'accepte de les confier à quelqu'un d'autre. Sarah est une femme en or alors j'aurais sans doute moi de mal avec elle qu'avec une autre. Après, Fox sera forcément au courant mais ça, c’est différent. Et il n'aura pas besoin de moi pour apprendre la naissance des jumeaux, Anthony est là et Doc' aussi.

"- Et je ne compte pas les emmener au commissariat ni rien de ce genre. Ce n’est pas leur place tout comme ce n’est plus la mienne. Alors, soyez sans crainte."

Non, ce qu'il faudrait peut-être serait simplement que je sorte plus, pour moi. Finalement, depuis leur arrivée, toute mon existence ne tourne plus qu'autour d'eux et je me doute bien que ce n'est pas ce que je fais de mieux. Mais j'ai si peur pour eux, ils sont si fragiles, si précieux aussi. Et ici, ils semblent tellement bien, entourés de tous ces gens.

"- En tout cas, ils ont l'air ravis de rencontrer le reste de leur famille. Merci encore de tout ce que vous avez déjà fait pour eux et pour moi. Sam, tu vas te faire mal aux joues à force de te les tirer comme ça. Tiens, tu veux la prendre un peu?"

Oui, apprendre à faire confiance. En réalité, j'ai très peur en prononçant ses mots mais ils ne sont pas ma propriété exclusives non plus. Mes enfants auront leur vie alors autant que je commence dès maintenant à m'habituer à ne pas les avoir collés à moi 24h/24.

Oh! je peux vous dire que David était comme le petiot! C'est à peine si on l'entendait des fois! Mais c'est juste qu'il observait, les yeux tout ronds et fixés. Vous regarderez les vidéos de son enfance, c'est la même chose! 

"- Vraiment? Alors il a pris plus de son père que je ne le croyais. "

Quelque part, j'espère seulement qu'il sera un peu mystérieux et silencieux, qu'il n'aura à porter les mêmes secrets et poids que ceux de son Père. Mais il sera ce qu'il sera, ce n'est pas à moi de le décider. la seule chose que je pourrais jamais faire, sera de les aimer inconditionnellement et d'être là pour eux, quoi qu'il se passe et quoi qu'ils décident. En tout cas, quand je propose à Sam de s'occuper d'Hana, cette dernière semble aux anges.

Oh! Oui! 

Et la voilà qui la câline comme une vraie poupée, telle une petite princesse. Oui, c'est agréable de les voir ainsi même si au fond, cela me fait un peu mal. Car jamais ils ne connaîtront mon côté de la famille. Et même si un jour ils devaient les rencontrer, je sais pertinemment que cela ne pourrait se passer de façon aussi douce et agréable. Je reviens à Julian en l'entendant éternuer mais déjà, Anthony s'en occupe, de façon très naturelle.  

Tu es plus à l'aise que j'aurais pensé. 

J'ai élevé un frère, je te rappelle.

Oui, c'est vrai. Fox. Et il en a fait un type bien, même s'il n'a pas pu s'en occuper très longtemps, il peut être fier de son frère. Enfin, ce n'est pas à moi de lui dire cela et je pense qu'ils le savent tous les deux, ce qu'ils se doivent mutuellement.

Vont-ils être baptisés? Monsieur est catholique, mais Madame ne l'est pas, si?

Nous les laisseront choisir quand ils seront en âge. 

J'acquiesce de la tête, n'y ayant pas réfléchie moi-même. Mais cette solution me parait être la plus indiquée. Quand ils seront assez grands pour faire leur propre choix, nous leur laisserons celui-là. Et quoi qu'ils décident, je ne m'y opposerais pas.

Et qu'avez-vous décidé pour leur avenir? Les écoles? Les métiers? Avez-vous pensé aux fiançailles? 

Une seconde, je reste un peu pantoise devant cette question. Ils n'avaient même pas un mois et déjà, on me demandait limite de leur donner leur futur? J'avoue que oui, cela me surprenais.

Chez nous, il est fréquent qu'un enfant soit promis très tôt à une union, pour lié des familles, et à un poste, pour assurer la pérennité de la fortune familiale. Mon père était très jeune quand il s'est vu présenter sa femme. Mais il a refusé de suivre la carrière qu'on lui a réservée.
Mais même si tu souhaite qu'on le fasse, ce ne sera pas avant plusieurs années.[/b]

"- Pour les mariages arrangés, je pense que tu connais déjà mon opinion sur la question...."

Oui, il ne pouvait avoir oublié cette seule rencontre et discussion qu'il avait eu avec mes parents, ainsi que ce que je lui avait moi-même raconté de cet épisode, que je continuais à conserver avec amertume au fond de moi. Alors non, jamais je n'infligerais ça à mes enfants. Surtout qu'officiellement, ils ne sont pas reconnus 'Klee' alors cela leur permettra de ne supporter tout le poids que nous, leur parents, avons toujours eu à porter. Enfin, je reprends à voix plus haute, pour tout le monde.

"- Je pense que nous verrons avec eux, en temps voulu. Je ne me sentirais pas une bonne mère de devoir obliger mes enfants à suivre des voies qu'ils n'aimeraient pas. Je ne veux pas leur infliger ça. Après, rien ne dit que nous ne changerons pas d'avis d'ici quelques années ."

Finalement, l'avenir restait très incertain et nous n'avions aucun moyen de savoir ce qu'il nous réservait. Ni pour nous ni pour eux. Pour le coup, je n'ai vraiment pas l'impression d'être en accord avec les attentes de la Maisonnée qui m'entoure. Serais-je une mauvaise mère de n'avoir pas pensé à tout cela? ou suis-je simplement dépassée par les événements? Ma Famille aurait-elle eu raison en insistant sur le fait que sans eux, j'étais une parfaite incapable, ne sachant rien faire? Pour le coup, je commencerais presque à avoir peur en fait. Alors, je me force à respirer calmement avant de changer de sujet.

"- Sinon, vous, comment allez-vous? Sam, comment se passent tes études? Et toi Judy, comment se passe ta nouvelle vie de fiancée? Doc', pas trop fatigué par le travail? Et Joe, toujours aux fourneaux? "

Je ne peux pas citer tous les noms, certains m'échappant, mais l'intention est bien là. Prendre des nouvelles de chacun.

C'est une bonne chose ! Bien sûr, si vous aviez des projets pour eux, nous vous aurions aidé du mieux possible, mais savoir qu'ils seront libres de leur vie est aussi très bien !

Je suis soulagée de voir que tout le monde semble aller pour le mieux et qu'au final, même si ma vision de l'avenir pour les petits ne correspond pas à la 'mode' de la famille Klee, ils ne semblent pas mal le prendre. En attendant, chacun commence à retourner vaquer à ses occupations, Joe ayant besoin d'aide pour finir de mettre en place le déjeuner et finalement, il ne reste plus que Doc' et Anthony avec nous. Mais je ne sais pas pourquoi, je sens comme une tension apparaître dans la pièce avant qu'Anthony ne se décide à ouvrir la bouche.

J'ai moi aussi une question à poser, plusieurs en fait. Combien de fois David a-t-il le droit de voir ses enfants sans que ça vous dérange, vous ou ces je-ne-sais-qui? 

Tony...

....

..... Un peu d'honnêteté, est-ce trop demandé?

Je n'ai rien dit, me contentant d'écouter en silence les reproches lourds et véhéments du secrétaire de David. Il avait raison, sur toute la ligne, je le savais. Mais il ne réalisais pas la réalité de la complexité de notre situation. Je n'ai même pas broncher, mon regard est juste devenu plus terne, comme vide soudain de toute émotion. Il veut des réponses? Très bien, je vais les lui donner.

"- David a le droit de profiter de ses enfants aussi souvent qu'il le désire. Et s'il venait à choisir de les reconnaître, à leur donner son nom et à me demander d'en avoir la garde pleine et entière, je ne ferais aucune obstruction à cela."

Même si ne plus les voir me fendrais le cœur. Car oui, je m'y suis habituée à ses petits êtres et je les aime, tellement. Mais je sais ce que représente un sacrifice et le nombre que David en fait pour nous protéger et subvenir à nos besoins avant même qu'ils ne se manifestent. Alors moi aussi, je saurais me montrer son égale et devenir une simple ombre dans sa lumière s'il le fallait.

"- Cet homme ne sait rien de votre Clan et sachez que si cela ne tenait qu'à moi, il ne serait déjà plus de ce monde. Quand à nos relations, elles sont purement professionnels. Bien que sans doute semblable à celle que vous entretenez avec votre propre maître...."

Je me fais dure tandis que j'ai serré les poings. oui, si je l'avais pu, si j'en avais eu l'occasion, je l'aurais tué. Adonis Aeson, mon Élu. Ce supérieur décidé par la voix de ce foutu chat blanc contre personne ne peut rien. Mais actuellement, faire profil bas est le meilleur moyen pour moi d'éviter d'attirer son attention sur nous et donc la meilleure solution que j'ai pour nous sauver. Pour nous protéger tous les 4, même si personne à part David ne peux s'en rendre compte.

"- Pour ce qui est de l'avenir de nos enfants, nous le gérerons, ensemble. Une absence de décision le jour leur premier mois d'existence ne veux pas dire qu'ils seront mis à l'écart du Clan pour le reste de leur existence. Mais ceci sera une conversation privée.
Ou que nous pourrons partager le jour où vous serez devenu parent...  "

Que l'on s'en prenne à moi ne me fais rien mais là, c'est aux enfants qu'il s'en prend indirectement. Il se sert d'eux comme d'un bouclier pour me rappeler mes erreurs et ça, je ne le lui permets pas. Oui, je ne suis pas une épouse parfaite, je ne sais quasiment rien de la maternité, de comment élever un enfant, de  ce que c'est que de faire partis d'un clan comme les Sharks mais je suis prête à apprendre. A condition que l'on me laisse ma chance. Hors là, il m'a déjà jugé inapte.

"- Et parce que vous croyez que cette situation me plait? Que moi non plus, je n'avais pas rêvé de mieux? Que je n'avais pas espérer pouvoir comme vous et Judy pouvoir se lever au matin ensemble, partager quelques paroles avant de se quitter en étant certain de se revoir le soir? Parce que selon vous, je m'amuse à voir David se saigner à la tache, se tuer à petit feu loin de moi sans pouvoir ne serait-ce que le voir ou lui parler, encore moins le soutenir? Parce que, peut-être, pour vous, tout ceci n'est qu'une immense mise en scène que je joue pour le plaisir de faire souffrir la seule personne qui compte plus que tout à mes yeux?"

Je me suis levée pour venir le défier du regard. J'ai mal, si profondément. Ses paroles m'ont blessées, à tel point que je peine à rester calme et à ne pas élever la voix pour ne pas attirer les autres. Autant je m'étais attendue à devoir essuyer ce genre de paroles de la part de ma famille, qui de toute façon n'a plus la moindre existence à mes yeux, mais lui, qui m'a pourtant vu, connu un peu, durant ces temps heureux et que j'aurais souhaités éternels. Si c'est vraiment ce qu'il pense de moi, je pense qu'à l'issue de cette journée, nous n'aurons plus rien à dire.  

"- Vous voulez la vérité? Même si je vous l'offre, vous ne serez pas capable de l'appréhender. Alors, je vais faire au mieux pour que, faute de me comprendre, vous cessiez de fustiger David. Il ne mérite pas cette opprobre que vous lui faites subir, que cela soit conscient ou non."

Je lance un regard à David, tandis que je prends une grande inspiration. Je suis une maîtresse dans l'art de manier les mots mais cette fois, le jeu est tellement délicat. Je n'ai pas le droit à la moindre erreur.

"- Tout comme David fait partie de Sharks, moi aussi, j'appartiens à un Clan. Que vous ne connaissez pas et dont vous ne trouverez aucune trace. Et n'en étant qu'un pion, comme n'importe lequel des gardes de cette demeure, je ne suis pas libre de mes choix. Même pas de celui d'épouser l'homme que j'aime. J'ai voulu croire qu'en étant discrète, qu'en ne laissant rien filtrer, je pourrais malgré tout parvenir à vivre la vie que je souhaitais. Une simple vie de famille. Mais ce simple rêve a été piétiné de la pire des façons, comme vous avez pu en être témoins.
Pourquoi j'ai suivi cet homme? Parce que je n'avais pas d'autre choix. Pour sauver les vies de toutes les personnes présentes. Oui, je suis la fautive. Oui, je suis la coupable. Oui, je ne serais pas une bonne épouse, je ne serais pas une bonne mère, je ne serais pas réellement une femme mais au moins, malgré tout, j'aurais essayé et fait de mon mieux. Et même si tout cela ne se révélera jamais assez, je continuerais d'essayer. Parce que aussi imparfaite que je puisse être, malgré les sacrifices auxquels j'ai déjà consenti et ceux qui baliseront encore mon existence, il y a quelqu'un pour qui j'ai encore envie de me battre. Un rêve que j'ai encore envie de réaliser, envers et contre tout."

Cette fois, mon regard passe sur chacun des jumeaux avant de venir tomber sur David. J'ai la gorge serrée mais je ne tremble pas, extérieurement je ne laisse rien filtrer et pourtant, j'ai si mal à l'intérieur.

"- Un jour, je serais capable de te rendre heureuse, pour de bon. Toi et les enfants. Tous les 4 ensembles. Et si cela se révèle impossible, c'est moi qui disparaîtrais pour vous laisser vivre en paix, comme vous le méritez, tous les 3...."

Je me moque de la présence des autres. Mes mots n'ont plus d'importance que pour David. Je lui offre un maigre sourire avant de revenir à Anthony, toujours aussi calme et stoïque en apparence. Je le fixe sans le défier du regard pour autant.

"- Après, je comprends que ma présence en ces murs puisse vous déranger. Aussi, si ma venue vous pèse à ce point, je ne resterais pas plus longtemps. Mais quitte à vider votre sac, allez-y, je vous en prie. C'est l'occasion ou jamais."

Vous savez parfaitement qu'il ne le fera pas! Il tient beaucoup trop à vous! S'il n'y avait que les enfants, la question ne se poserait même pas. 

Oui, s'il n'y avait que les enfants... Je le sais bien, je n'en suis que trop consciente. Le seul vrai souci dans cette histoire, le véritable nœud du problème tiens en trois lettres qui ne font que me rendre davantage misérable, même si je n'en montre rien. Moi... Si seulement je n'avais jamais existé, si je n'avais pas été 'moi', tout aurait été tellement plus simple.

Il n'est pas mon maître, il est mon patron, bien meilleur que celui à qui vous obéissez docilement. Je n'ai en tout cas aucune raison de vouloir tuer le mien, c'est donc un piètre maître que vous servez. 

"- Vous avez eu la chance de choisir le votre Patron. Cela n'a pas été mon cas..."

Sinon, pourquoi préférer à David que vous dites aimer si fort, cet homme que vous affirmez vous-même vouloir tuer? Est-ce plus simple pour vous comme ça? Laissez-moi vous dire alors que ça ne l'est pas pour votre fiancé!

Non, il n'a rien compris. Je ne le préfère pas, je lui dois obéissance. Et mon cœur et ma raison se battent déjà assez comme ça pour qu'il n'ai pas besoin d'en rajouter. Mais que puis-je dire de plus? De toute façon, il m'a déjà jugée coupable, alors à quoi bon continuer à polémiquer là-dessus. Je suis le maillon faible, la responsable de ce désastre alors je l'assumerais, faute de pouvoir le réparer comme je le voudrais.

Que croyez-vous que nous sommes? de pauvres mortels face des dieux ? Tout le monde est mortel, c'est une réalité que nous connaissons parfaitement, moi, David et tous ceux qui le suivent. Des ennemis qui se disaient imbattables, qu'on disait imbattables, sont morts de nos mains. Nikanor était l'un d'eux et vous êtes la plus à même de vous souvenir de ce que son gang est devenu en croisant le nôtre. Que la femme du Boss fasse partie d'un autre Clan, qui a désigné David comme un ennemi, mais est-ce que vous vous rendez compte?! David?! A quoi serviront vos tentatives si vous restez à la botte de cet autre Boss! Alors quoi? Vos enfants aussi y seront mêlés? 

C'est justement pour les sauver de cela que j'ai abandonné David lors de notre mariage. Afin que les enfants ne deviennent pas un moyen de pression. Et oui, nous ne sommes que des mortels face à des Dieux que vous ne voyez pas mais que David et moi côtoyons chaque jour. Des êtres surnaturels, qui ont tellement plus de pouvoir que ce qu'Anthony pourrait croire. Mais je ne peux rien en dire. Alors je me contente de subir le courroux violent de cet homme, sans broncher. Si au moins lui peux se sentir mieux à l'issue de cette discussion, nous n'aurons pas tout perdu.

Mais je me souviens des mots de David, lors du début de l'enquête sur la mort de son Père. 'Il ne sera pas aussi cruel.' Non, tu as raison. Dans un sens, il est encore pire que tous les autres en cet instant. Mais ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude. Je suis juste assez bonne actrice pour ne rien laisser paraître, malgré la douleur qui me ronge de l'intérieur.

SILENCE !!!

Le cri de David m'a complètement prise au dépourvu. Et il a été tellement brusque et soudain que les enfants se sont mis à pleurer, soudain inquiet de cet éclat de voix. Moi, j'ai changé de couleur, devenant plus angoissée d'un coup. Jamais je ne l'avais entendu crier alors oui, je suis inquiète moi aussi et reste pendue à ses lèvres.

Est-ce qu'on peut... Juste aujourd'hui... Arrêter ça? Naoto est là, les enfants sont là, on est réunis pour fêter leur naissance, tous ensemble. En... en famille. Ce n'est pas la mer à boire de vouloir en profiter, 'merde'... 

Mais...! 

Je sais! Je me voile la face. Je prends les mauvaises décisions et toi, Anthony, qui veux m'aider, je t'en empêche. Mais ce sont des problèmes auxquels je ne compte pas te mêler, mais que je résoudrai. Laisse-moi... un peu de temps. Le temps d'être... à la hauteur de mon père. 

Non, arrête. Ne t'excuse de quelque chose dont tu n'es pas responsable. Tu ne prends pas les mauvaises décisions, nous vivons simplement dans un monde parallèle au leur, qu'ils ne peuvent pas appréhender. Et je ne te laisserai pas les résoudre seul, je serais là, autant que possible, tu le sais. Je voudrais parler mais aucun son ne sort de ma gorge alors que Judy nous a rejoins et que David vient déposer Julian dans mes bras avant de sortir. Mon regard ne l'a pas quitté un seul instant, mon coeur comme pétrifié à présent. Par réflexe, je berce tendrement Julian, faisant se calmer ses pleurs, sans même vraiment me rendre compte que c'est à moi que s'adresse Anthony.

Je m'excuse également pour mes propos. Je prends congé. 

Je l'observe sortir à la suite de David et le retrouver sur la terrasse. Je les vois en train de discuter, visiblement bien plus calmes. C'est donc bien moi qui créé toute cette tension qui a régné dans cette pièce, dans cette maison et même dans sa vie. Je ne peux retenir un léger soupir tandis que Julian finit par se calmer, sa tête venue se blottir contre le creux de mon cou. Quel avenir allons-nous pouvoir vous offrir?

Tout va bien?

"- Je voudrais le croire...."

Les mots sont sortis tous seuls, alors que je n'ai même pas regardée Judy. Il a l'air tellement fatigué, si seul. Cet amour que nous partageons est la pire des épreuves que je n'aurais jamais pu lui faire connaitre. Il va vraiment falloir que je prenne une décision, et vite. Pour lui, pour son bien et les enfants. Mais cette idée me terrifie. Je reviens m'asseoir, chantonnant doucement la chanson des poissons qui termine d'apaiser les pleurs de mon fils.  

"- En tout cas, David a de la chance. Il a des personnes sur qui compter et qui s'inquiètent pour lui. C'est une bonne chose. Je compte sur vous pour toujours le garder à l'oeil, même s'il ne vit plus ici."

Changer de sujet, parler d'autre chose, essayer de donner le change, paraître aussi naturelle que possible. Et oui, je suis toujours maîtresse dans l'art de l'illusion. Donner le change, autant dans mes actes que dans mes paroles, je sais le faire, j'ai été conditionnée pour cela alors, je n'ai qu'à laisser les bonnes vieilles habitudes reprendre le dessus.

"- Je suis seulement désolée... de ne pas être à la hauteur... de ce que l'on peut attendre de moi..."

Ni de mon rôle de femme, ni de mon rôle d'épouse / fiancée, ni de mon rôle de mère, même pas de mon rôle de Seraph. Je n'ai même plus de rôle de flic ni de détective. Actuellement, je n'ai tout simplement plus rien et c'est ce qui me fait le plus peur. Mais la meilleure solution, je la connais, j'y ai déjà réfléchi. Et si les choses ne s'améliorent pas, il faudra que faute d'avoir réussi quoi que ce soit de mon existence, je puisse au moins mener cela à bien. Mais c'est avec un sourire léger et presque un brin d'humour que j'ajoute, pour essayer d'alléger l'atmosphère.

"- Encore une fois, j'ai la preuve que mes idées sont loin d'être bonnes. Je n'aurais pas dû insister pour venir avec les enfants. Peut être que cela me servira enfin de leçon..."

Non, j'en doute. Car je suis de ces gens qui, peu importe le nombre de fois où ils ont été écrasés, jetés à terre et piétinés, finissent toujours par se relever. Simplement parce que je refuse d’abandonner. Mais pour lui, je crois que pourtant, je serais prête à le faire.

J'observe Doc poser Hana dans le parc tandis qu'il se tourne vers moi, l'air sérieux mais calme. Et je l'écoute à son tour me dire tout ce qu'il souhaite me dire. Et dans un sens, je suis assez étonnée par ses mots. Je pensais déjà qu'il prendrais la défense d'Anthony, que lui aussi m'accablerait de reproches, comme lorsque je ne parvenais pas à suivre ses conseils lors de ma grossesse. Et pourtant non, il est simplement là à me raconter une part de la vie de David que j'ignore.

Ses références pourraient me faire sourire si elles n'étaient pas si vraies. Finalement, il est drôlement clairvoyant ce vieux Doc', je devrais peut-être prévenir Fox de se méfier malgré tout avec lui. Mais j'apprécie ses mots qui, même si pour certains me sont difficiles à avaler, sont justes et simplement offert sans sous-entendus. Oui, nous sommes bancals, abîmés, cassés, pas vraiment complets et plutôt franchement en sale état tous les deux, mais c'est ainsi que nous nous aimons et que nous tentons coûte que coûte de faire perdurer les choses.

Parce que si lui s'investit pour la première fois, qu'il est maladroit ou quoi que ce soit d'autre, je le suis tellement plus encore que lui. Lui aussi, à été le premier. Et je crois bien dans tous les domaines pour moi. Mais personne ne le sait, à part moi. Et lui, un peu. Je déglutis doucement tandis que Judy est venue me prendre dans ses bras, Julian profitant également de cette étreinte avec une curiosité nouvelle.

Et puis, nous, on veut aussi garder un œil sur toi, Naoto. On n'est pas une super famille, mon fiancé est un abruti et mon frère est une carpe, Sam est hystérique et Doc' radote déjà... 

Hé! 

... mais on fait aussi avec. On ne te demande pas d'être parfaite. Ne nous en veux pas si on ne l'est pas. Et ne punis pas David pour ça.

Moi, punir David? C'était donc cela l'impression que je donnais? Pour le coup, j'ai l'impression de me prendre un coup de poignard en pleine poitrine. Et pour me laisser souffler un peu, je viens déposer Julian avec sa soeur, dans le parc avant de m'asseoir. Mains croisées, mon front reposant dessus tandis que mes genoux soutiennent mes coudes, je ne sais vraiment plus ou me mettre.

"- Peu importe comment vous pouvez être, c'est de vous, tels que vous êtes, dont il a besoin. Au moins autant si ce n'est encore plus que de moi et des enfants. Car nous sommes malgré tout un fardeau pour lui là où vous pouvez réellement lui apporter une aide précieuse et sincère."

Je regarde les enfants, laissant mes yeux paraître de nouveau alors qu'il est évident que je tente encore de contenir mon émotion. J'ai les yeux qui commencent à briller mais de voir simplement les jumeaux ici, joyeusement occupés tandis que David est toujours dehors, de dos, cela me pèse. Car dans le fond, Anthony n'avait pas si tort que cela.

"- Moi, je ne resterais que secondaire, toujours. La vie en a décidé ainsi, c'est tout...."

David a encore tant de choses à faire, de combats à mener, de guerres a gagner, rien que pour son image officiel et l'avenir de son clan, je n'ai pas le droit de lui imposer ma présence et le poids de mes tourments. Je n'ai pas le droit de le priver non plus de tout ce que je lui ai déjà ôté. Son mariage, ses enfants, non, je n'ai voulu les lui prendre. Pourtant, c'est bien ainsi que les chose sont. En effet, quand je vais repartir, ce soir, dans quel état se retrouvera t'il, une fois de nouveau seul?

"- Je voudrais tellement... faire plus... être là, pour de bon... Et devenir autre chose qu'une source intarissable d'ennuis et de soucis pour lui et vous tous....
Je suis désolée... sincèrement..."

Au fond, Anthony n'a fait que mettre des mots, certes crus, violents et cruels, mais bels et biens réels sur ce qui se passait. David n'est pas le seul à se voiler la face. La seule différence dans mon cas reste qu'au lieu de me noyer dans le travail et mon gang, je me perds auprès de nos enfants. Et pour le coup, je me lève avant de me diriger vers le parc, devant lequel je m'agenouille pour observer les jumeaux de plus près. Ais-je un jour pu jouer de la sorte avec mon propre frère?

"- Mais merci... d'être là... Pour lui, pour eux... et pour moi.... Cela me touche, vraiment."

Y'a autre chose qui va te toucher, Petite, mais je vais en parler d'abord avec un gars que je connais. D'ici là, Joe va pas tarder à nous appeler. 

On va avoir un peu de retard, les gars ont renversé des bouteilles et sont partis en rechercher. Mais on a quand même dressé la table et mis les amuses-bouches.

On vous rejoint dans un moment.

Je n'avais même pas entendue David rentrer dans la pièce. A t'il entendu notre conversation? Au fond, est-ce que cela changerait quelque chose? Non, rien. mais ce sourire qu'il affiche me blesse car je le sais faux et de circonstance. Il veut donner le change devant les autres. Et même si j'ai horreur de cela, je sais que je ferais pareil lorsque nous les rejoindrons.

Je me suis relevée tandis que les autres sont tous sortis, nous laissant quelques instants seuls dans la pièce. Lorsque David vient me prendre dans ses bras, je m'y coule pleinement, comme pour ne plus avoir à m'en décrocher. Oui, j'ai eu peur. Si peur quand soudain il a crié et qu'il est sorti. J'ai toujours été la seule à avoir élevée la voix entre nous, et toujours pour de mauvaises raisons. Là, il était tellement dans son bon droit que oui, cela m'a inquiété, le fait qu'il me laisse ainsi seule sur le coup. Car jamais au cours d'une dispute, nous n'avions réellement mis de distance entre nous.

Pardon... Je n'aurais pas dû...

"- Non, tu as bien fait. C'est de ma faute. Je n'aurais pas dû... Raconter tout ça... Et puis, tu m'avais prévenu... Pour Anthony alors... J'aurais seulement voulu... qu'il comprenne... Qu'il accepte..."

Qu'il réalise que si David est malheureux par ma faute, cela me rend malade. Seulement, je ne peux pas le laisser voir. Je me dois de devenir forte, encore plus que je ne l'ai jamais été. Encore plus que lui, même. Je dois me battre, encore et toujours, envers et contre tous. Mais je suis si seule quand il n'est pas là. Et j'ai tellement peur de ne as me montrer à la hauteur de ce qu'il attend de moi. Que je gâche à moi seule tout ce qu'il entreprend pour notre bonheur à tous les 3. Je l'aime tellement, mais notre vie est tellement compliquée...

Pardon aussi, vous deux...

"- Ils t'ont déjà tout pardonné. Regarde-les, comme ils te sourient."

Les jumeaux nous observent, avec un mine à la fois curieuse et joyeuse. Hana babille tandis que Julian tend ses petites mains vers nous. Je ne peux retenir un sourire sincère envers eux. Ils sont tellement innocents, si braves déjà de supporter cette vie que nous leur imposons. Oui, vous êtes forts, mes petits anges, et quoi qu'il puisse se passer, vous serez aimé, plus que tout au monde. Je n'ai pas quittée les bras de David mais hésite une seconde à reprendre la parole.

"- Ils verront que nous nous aimons. Et ils se tairont par eux-mêmes. Visiblement, je n'ai pas du être assez convaincante. Pourtant, si eux en doutent, au fond, ce n'est pas si grave. Du moment que toi, tu sais la vérité, je ferais avec même les reproches d'Anthony."

Je resserre mon étreinte contre David, respirant à plein nez son odeur afin de finir de me calmer. Oui, finalement cette venue aura aussi été un véritable exercice pour mes nerfs mais au fond, ce n'est pas plus mal. Au moins, maintenant, je suis clairement fixée et sais parfaitement à quoi m'en tenir avec les membres de la maisonnée Klee. Et il semblerait que j'y ai des alliés malgré la véhémence des propos de Tony à mon encontre.

"- Je sais que c'est une idée idiote mais... Tu crois que, si un jour, je finissais par faire partie des Sharks... Anthony ou même Steven pourraient me voir différemment? Et ne plus m'en vouloir?"

Je t'aime.

"- Moi aussi. Je t'aime tellement..."

Tellement que je serais prête à m'en détruire si c'était la seule et unique solution pour vous sauver tous les 3. Nous ne sommes que deux fous, mais nous ne savons plus exister l'un sans l'autre. Peu importe la distance, les épreuves, les mots ou les coups, nous sommes tout simplement devenus indissociable l'un de l'autre. Et ça, même les chats n'y pourront rien changer. Nous étions destinés à des vies de solitude mais aujourd'hui, nous sommes une famille. Et je ne laisserais rien la briser. Je ne le veux pas. Je lui dois qu moins cela, pour tout ce qu'il a fait pour moi. Moi aussi, je saurais le rendre heureux, comme il le mérite, je le jure. Même si cela doit prendre du temps, j'y arriverais. Un jour.

Ne t'occupe pas de leur avis. Tu n'as pas à leur plaire. Et s'ils te manquent encore de respect, l'un ou l'autre, ou même Doc', ils en seront puni.

"- Pour le coup, Doc' a été étonnement... perspicace. Et finalement, ses paroles m'ont un peu soulagées. Pour une fois qu'il ne m'accablait pas de reproche, cela m'a presque fait bizarre. mais c'est quelqu'un de bien. Quand à Anthony, il a juste peur pour toi. C'est compréhensible alors... Ne sois pas trop dur avec lui.."

Tout comme je dois me forcer de ne pas être trop dure envers moi-même, ne pas devenir non plus trop dure envers toi ou envers les enfants. Je dois apprendre à trouver cet équilibre qui me permettra de tout mener à bien. De pouvoir être celle que je n'ai jamais pu être avant toi tout en étant également ta femme, la mère de tes enfants et ce soutien indéfectible sur lequel tu pourras toujours compter quoi qu'il arrive. Je saurais te prouver mon amour par delà mes actes autant qu'au travers de mes mots, pour que tu ne puisses plus jamais en douter.

Nous devrions y aller. Ils nous attendent.

"- Oui, tu as raison. Ils risquent de s'inquiéter après et ce n’est pas le but."

Je relâche David qui vient récupérer les jumeaux avant de me confier Julian en m'offrant un baiser et chaleureux. De son côté, notre fils vient jouer avec le col de ma veste. Tu aimes bien faire ça, hein? Ça te rappelle celle que ton papa à laisser en doudou dans ton berceau? Une fois les jumeaux bien caler dans nos bras, je suis David jusqu'à la salle à manger ou en effet, tout est déjà parfaitement installé. Anthony est rentré et installé dans un coin de la pièce, aux côtés de Judy. Alors, afin d'éviter un nouvel affrontement verbal entre nous, je préfère m'asseoir un peu plus loin, à côté de Doc' et de Sam ainsi que tout prêt de Joe. Et à peine assise, Julian trouve tout ce qui se trouve sur la table très intéressant et commence à essayer de toucher à tout.

"- Oh là, jeune homme. Doucement. Ce ne sont pas des jouets, tout ça."

Eh donc! Les petits vont pas rester sur vos genoux, non? Comment vous allez m'avaler mon joli gigot! 

Ils ne mangent pas tout de suite, Joe, et ils ne tiennent pas encore assis. Il faudra t'y faire.

"- Ne vous en faites pas. Ce n'est qu'une question d'habitude. Vous verrez, quand vous serez papa, vous aussi, vous saurez le faire."

Oui, je taquine un peu Joe, ne sachant pas s'il possède déjà une famille ou pas. Quand à moi, je passe tellement de temps avec les jumeaux que les tenir sur mes genoux et manger en même temps ne me pose plus de réel difficulté. D'ailleurs, une fois les assiettes distribuées, je déguste le plat de gigot avec un bon appétit. Oui, le fait d'allaiter les jumeaux me donne vraiment faim et les plats de Joe sont un vrai régal. Et malgré le regard implorant de Julian, je ne cède pas et mange mon plat tranquillement.

ans le même temps, des anecdotes sur les filles bébés sont échangées et j'avoue que m'imaginer Judy en grande casse-cou me fait plutôt rire. Sam s'est bien rattrapée de ses débuts de bébé calme et tranquille. j'espère que les jumeaux ne l'imiteront pas trop, je les trouve très bien comme ils sont actuellement, sages et curieux de tout. Evidemment, Abigaïl n’apparaît quasiment pas et d'autres anecdotes de familles à propos des bébés des membres de la maisonnée viennent compléter les histoires des filles Klee.

J'ai fini mon assiette, ma main libre étant venue chercher celle de David quelques instants, alors qu'il s'occupe avec attention de sa fille. Julian semble un peu boudeur maintenant que tout lui est hors de portée et réclame mes bras en compensation, que je lui offre, avant que la lingère ne s'adresse directement à moi.

Et vous Madame? Que vous ont-ils fait comme farces? Vous pouvez nous raconter une ou deux histoires?

"- Eh bien, à leur âge, ils n'ont encore pas fait grand chose de notable. A part déshabiller leur père systématiquement. Hana lui a ainsi piqué un pull et son frère une veste. Et impossible de les leur retirer, ce sont devenus leurs doudous officiels. "

Pour le coup, je rigole un peu, m’imaginant doucement toute la garde-robe de David lui être 'empruntée' par les jumeaux. Même si ils semblent parfaitement satisfaits de leur trouvaille du moment et n'en réclament pas d'autre.

"- Sinon, Hana est la meneuse des deux, tandis que Julian est plus mesuré. Et quand ils se mettent à discuter entre eux, on s'entend plus. De vrais pipelettes. Les premiers essais pour 'ramper' ont donnés lieux à jolies chutes et ils ne sont pas nés poissons pour rien. Une fois dans le bain, on ne peut plus les en sortir. Ils adorent l'eau. "

Le nombre de fois où je finis au moins aussi trempée qu'eux le prouve. Ça, c’est leur élément. Même pas besoin de jouets à leur donner, le simple fait des faire des bulles, de voir la mousse, les splashs et autres ploufs dans le bain provoquent leur fou rire et des bains à rallonge.

"- Après, si on veut récupérer toute leur attention à coup sûr, il y a une technique radicale. La chanson de Papa. "

Ils parlent entre eux? 

Si petits? 

C'est incroyable! 

Les réactions diverses me font sourire et pour le coup, j'aimerais pouvoir de moi-même déclencher les babillements des jumeaux pour qu'ils puissent les entendre ainsi échanger entre eux, comme si tout le reste du monde leur était complètement existant. Mais pour le coup, Hana était trop occupée avec le doigt de son père Julian trop bien calé dans mes bras. Par contre, ma remarque sur la chanson magique change un instant la direction des regards, qui se dirigent vers David.

C'est une comptine française... que chantait ma mère.

Un silence s'installe dans la pièce, pas forcément très lourd mais un peu dérangeant avant que déjà, la lingère n'embraye pour rompre le silence.

Oh! Oui! Cette chanson! Elle l'a chantée une fois devant moi, quand elle est venue au Manoir, la première fois! Vous n'arriviez pas à vous endormir alors elle vous l'a chantée! Elle chantait si bien! Comment c'était déjà ? Tadadadada Tada, pala pala lalalalala-la! Oh, je ne sais pas les paroles, mais l'air était joli, et elle le chantait si bien ! 

Pour le coup, tout le monde semble captivé par le récit et la mémoire de cette vieille femme. C'est vrai que le rythme est là sans que cela soit réellement tout à fait parfait. Il ne manque que les paroles. Et les jumeaux ont réagis, un peu en retard mais intrigués quand même, à ses sons familiers sans l'être vraiment de la bouche de la vieille femme. Alors, c'est David qui la chante, avec les paroles cette fois, en français, comme je l'ai toujours entendu et comme les enfants la connaissent sans doute déjà par cœur.

Oui! C'est ça! Oh ce que Madame Julie devait vous la chanter, à vous aussi! Deux ou trois refrain, et vous vous endormiez! Je n'avais jamais entendu une chanson en français, mais c'est resté dans ma mémoire! 

Que vous avez excellente, Susan. Et je vous en remercie. 

Le sourire de David en abordant ce sujet le rend tellement plus doux que je remercie sincèrement ais silencieusement Susan d'avoir raconté cette anecdote aussi. Après tout, il est vrai que la mère de David est tout comme sa soeur ou sa belle-mère. Un sujet tabou. Pourtant, il fait partie de son histoire et je trouve tellement injuste de condamner cette femme et tout ce qui l'entoure. mais je n'ai pas mon mot à dire. Par contre, après s'être tu pour écouter de toutes leur attention la chanson des poissons, le jumeaux se mettent à babiller joyeusement.

"- Ah, ça y est, c'est parti. Hana a lancé les hostilités, on en a pour au moins 10 minutes maintenant. "

Et en effet, les deux petits se regardent et semblent échanger des propos très profonds et importants dans un langage que personne à part eux ne peut comprendre. En tout cas, cela donne un air joyeux à la table, comme si en effet des petits oiseaux s'étaient mis à gazouiller gaiement dans le manoir. Doc' fait des grimaces à Julian, qui du coup reporte son attention sur le drôle de vieux monsieur et le faisant du coup arrêter son babillage. Hana, curieuse, continue de gazouiller un peu toute seule avant de revenir chercher à jouer avec la chaîne de David.

"- Bon, voilà une bonne chose à noter. Les grimaces de Doc' imposent le silence aux petits. Nous saurons qui aller voir si nous ne parvenons pas à les endormir plus tard."

Visiblement, ce sont surtout les lunettes de Doc' qui intrigue Julian, qui tente de les attraper pour jouer avec. Enfin, nous avons de la chance, ils sont encore plutôt calme alors que l'heure de manger ne va pas tarder à sonner pour eux. En tout cas, je suis soulagée de voir que malgré les haussements de tons d'un peu plus tôt, le repas se déroule lui vraiment de façon agréable et conviviale.

Pour le dessert, je me suis dépassé! Des crèmes brûlées à la vanille de Tahiti! Vous allez m'en dire des nouvelles! 

Je ne sais pas du tout à quoi ressemble ce dessert mais visiblement la maisonnée, elle si. Et rien qu'à cette annonce, voilà les convives qui font une véritable holà pour Joe qui a terminé de débarrasser les assiettes au passage. Et à l'excitation des adultes répond celle des jumeaux qui se manifestent à leur façon.

H : Baaaaah! 

J : Baaaaah!

Baaaah, non! Vous êtes trop crevettes encore, les enfants! Je vous en ferai quand vous aurez des dents à gâter! 

"- C'est leur façon de participer au repas, même s'ils ne le mangent pas encore. Quoi que, ils en profiteront quand même. N'est-ce pas, les petits monstres? "

J'offre un regard tendre à Hana et à Julian, souriant à David en même temps. Déjà, les ramequins passent de mains en mains jusqu'à atterrir devant chaque convive que chacun entame à sa manière. Moi, je prend le temps de déguster le mien. C'est vraiment bon, très parfumé aussi. Et puis c'est doux. Julian, tente de venir mettre ses doigts dans ma cuillère mais je l'en écarte doucement, ce qui le fait un peu bougonner le temps que je termine. Une fois mes bras retrouvés, tout va mieux. Hana, elle, est toujours obnubilée par le tintement de la croix et de l'anneau sur la chaîne de son père.

Madame, je vous ai mis la recette dans le cahier que je vous ai donné! C'est un truc que j'ai appris avec un ami qui est grand chef dans un resto chic! Lui il fait des portions riquiqui, mais faut se nourrir, alors j'ai doublé tous les ingrédients! Et ça vous donnera à peu près ça! 

"- Eh bien, je testerais ça, alors. Même si je ne promets pas de faire aussi bien du premier coup. En tout cas, c'est délicieux. Bravo Joe. "

Déjà, les domestiques viennent se renseigner auprès de David pour savoir ou installer les petits afin qu'ils puissent faire la sieste et une fois ses ordres donnés, il se tourne vers moi.

Tu voudras les nourrir en haut? Ce sera plus tranquille.

"- Je pense que ce sera mieux, oui. Comme ça, nous pourrons les coucher dans la foulée. Ils s'endorment toujours vite après le repas. "

D'ailleurs, Julian commence à se faire un peu ronchon, même plus vraiment amusé par les grimaces du Doc'. Il cherche à interpeller sa jumelle, qui parait aussi un peu se lasser de son jeu du moment. Apparemment, les deux petits bouts commencent à fatiguer à leur façon et le monde autour d'eux semble plus les gêner que leur plaire à présent. D'ailleurs, monsieur se met à chouiner un peu, venant s'agripper un peu plus à moi. Oui, j'ai compris le message, on y va.

"- Le repas était vraiment délicieux mais je crois qu'il y en a deux qui commencent à avoir faim et à être un peu fatigués. Alors, nous allons vous laisser un peu, pour vous éviter les pleurs et autres manifestations sonores des bébés. "

Je salue les gens encore attablée et m'excuse de ne pas aider au débarrassage mais prend la direction de la chambre d'ami, suivi par David. Je retrouve le chemin de cette chambre que nous avons partagé sans le moindre mal et lâche un léger soupir en y entrant. C'est fou, j'ai plus de souvenirs ici que dans ma demeure familiale. Julian commence à remuer davantage, d'humeur moins agréable déjà. Ça, c’est l'appel du ventre. Je m'assieds sur le bord du lit et m'installe donc.

"- Oui, tu as faim, je sais. Allez, calme-toi. Viens là. Laisse-moi juste le temps de... Voilà. "

Etant plus préoccupée par Julian qui réclame son repas que par le reste, je reste concentrée sur ce dernier, m'assurant qu'il ne boive pas trop vite, que sa position soit agréable et correcte et qu'il puise manger calmement. Ce n'est qu'une fois que David est venu s'asseoir auprès de moi, son épaule tout contre la mienne, que je commence à lever un peu les yeux, lui souriant doucement. Il tiens Hana comme une perle rare, une chose si précieuse que je pourrais presque en être jalouse.

La chanson des poissons chantonnée par David augmente un peu mon sourire tandis que sans m'en rendre vraiment compte, je la reprend en coeur avec lui, plus doucement, simplement comme un échos lointain. Julian termine de manger et baille déjà à gorge déployée alors que je viens lentement déposer notre fils dans son berceau, prenant soin de le border comme il se doit avant de tendre les bras vers David et Hana qui elle aussi, doit avoir faim à présent.

"- Tu me la prêtes un peu? "

Je m'excuserais presque de lui ôter sa fille des bras, oui. Et une fois cette dernière installée contre ma poitrine et mon sein en bouche, je la laisse profiter de son repas, me contentant de la présence rassurante et chaleureuse de David. En tout cas, Hana avait bien sommeil car pour une fois, elle se montre moins goulue que d'habitude bien qu'elle garde un bon appétit. Mais son repas terminé, ses yeux se ferment déjà et à peine est-elle installée comme une princesse dans son lit qu'elle plonge au pays des rêves.

"- Regarde-les, tous les deux. Qui dorment comme des bienheureux. Ils sont tellement mignons. Et ils te ressemblent de plus en plus.  "

Je profite du calme pour venir me blottir un peu plus contre mon fiancé, respirant profondément son odeur et laissant remonter les souvenirs doux et agréables que je possède de cet endroit, remarquant seulement à présent le vide qui y règne. Des cartons et des malles contenant le peu d'affaires m'appartenant mais plus rien ne demeure à lui ici.

"- Tu as déjà quitté les lieux à ce que je vois. Comme toujours, il ne reste aucune trace de ton passage. Tu es bien installé au moins, de ton côté? Tu n'as pas eu trop de difficulté à te trouver un nouveau domicile? "

Je ne peux dissimuler la pointe de culpabilité qui passe dans ma voix. Oui, il n'avait aucune raison de s'en aller de cette demeure finalement. Mais par ma faute, il avait de nouveau tout quitté. Même sa propre maison. Alors oui, je me sentais responsable de cela aussi. Je viens glisser mes bras autour de sa taille, pour me rapprocher de lui sans me montrer trop envahissante pour autant. Après sa colère de tout à l'heure, il aurait encore le droit de m'en vouloir. Alors, je ne parviens qu'à m'excuser de nouveau.

"- Je suis désolée... Pour tout à l'heure, avec Anthony... Une fois de plus, j'ai tout gâché... J'espère que tu me pardonneras. Et qu'un jour, lui aussi y arrivera... "

Ils nous ressemblent, oui. 

Oui, c'est vrai aussi. Mais moi, je ne vois que David à travers eux. Sans doute parce qu'il me manque bien plus que je n'accepte de le montrer et encore moins de le dire. Enfin, dans tous les cas, les voilà tous les deux parfaitement plongés au milieu du pays des rêves tandis que je profite des bras de mon fiancé avec une réelle satisfaction. Tout semble si doux, si calme et serein quand il est là. Mais je brise le silence entre nous, le questionnant sur sa nouvelle demeure.

C'est un appartement de fonction de la compagnie, au Nord, pas trop loin. Les chats semblent l'apprécier. Mais j'ai un voisin Nephil, alors je n'y passe pas beaucoup de temps.

"- Je comprends. Mais n'oublie pas de prendre quand même du temps pour toit, pour te reposer. Tu veux bien? "

Je le connais après tout. Ce burn-out qu'il a fait n'était pas dû au hasard, loin de là. Et un humain normal serait sans doute mort de ce qu'il avait infligé à son propre corps. Alors, je ne voulais pas voir ce rêve qu'il m'avait raconté devenir réalité. Sa tombe, je ne veux pas avoir à aller pleurer dessus, jamais. Surtout pas maintenant que les enfants sont là. Ils ont au moins autant besoin d'un père que j'ai moi-même besoin de lui. Et je ne peux m'empêcher de m'excuser à nouveau pour mon comportement.  

Je ne t'en veux pas. Ni à toi, ni à lui. Je sais qui sont les vrais responsables de cette situation. Je sais aussi que nous devons faire avec. 

Oui, nous n'avions pas le choix. Mais c'était tellement dur de l'accepter par moments. Surtout qu'ua fond, Anthony avait raison. J'étais bien la source principale des soucis de David, alors qu'il était paradoxalement le seul que je voudrais pouvoir protéger de tout. Oui, la vie à décidément un bien drôle de sens de l'humour.

Et si nous redescendions? Ni toi ni moi ne venons ainsi au manoir. Profitons-en un peu pour partager quelques moments avec les autres. Sauf si tu préfères rester un peu avec les enfants? 

"- Je vais juste laisser le 'babyphone' à côté de leurs lits comme ça, s'ils se réveillent, nous pourrons le savoir et venir rapidement. Mais il serait injuste que je reste enfermée avec eux alors que tout le monde ici semble heureux de me revoir. Ou presque... "

Oui, Anthony n'était pas ravi de me voir, je le savais. Et je n'étais pas certaine que certains des hommes de mains de la famille voient vraiment ma présence comme une bonne chose. Mais à côté de cela, il y avait aussi Doc, Sam, Judy, Joe, Susan et d'autres qui malgré tout paraissaient réellement contents de ma présence en leur compagnie aujourd'hui.

"- J'ai juste... un peu peur en fait. Toute cette agitation, je n'y suis pas habituée et... je crains d'avoir déçue certains des membres de ta Maisonnée par mes réponses ce matin. Il est vrai que, contrairement à toit, je n'ai rien prévu pour l'avenir des jumeaux. Ni même notre propre avenir alors... Je me sens un peu perdue par instants.  "

Était-ce vraiment une bonne idée de lui faire part de mon ressenti? Peut-être pas mais je m'étais jurée de lui offrir la vérité et je n'y renoncerais plus maintenant. Je l'aimais, plus que tout, et cela voulait aussi dire que j'avais le droit de partager mes angoisses avec lui. Même si lui se refusait à faire de même avec moi, je ne voulais pas qu'il doute de mon amour. Alors, en l'aidant à comprendre ce que je pensais et ressentais, j'espérais au moins le rassurer sur ce sujet-là.

"- Tout est tellement différent ici de tout ce que j'ai toujours connu ou vécu de mon côté. C'est agréable mais aussi un peu inquiétant parfois, car je me sens comme une pièce rajoutée. Et j'ai tellement peur de mal faire. Je sais que c'est idiot comme réaction mais... Les jumeaux ne pourront jamais avoir qu'eux comme 'famille', en plus de nous, alors... je ne voudrais pas risquer de perdre l'estime de ces gens-là. "

Que pourtant je ne connais que très peu voir quasiment pas pour la plupart. Je sais ce qu'il en est du côté de ma Famille. Les Shirogane n'ont plus qu'un fils et le vive très bien ainsi. Je n'ai même pas eu la moindre nouvelle de Minato depuis les événements de la mairie, cela veut tout dire. Enfin, sans doute que je me fait trop de soucis mais le fait de ne rien faire d'autre que de m'occuper des enfants me laisse du temps pour penser. Trop sans doute.

"- Je veux juste me montrer digne de toi, digne d'eux tous ici. Capable d'être une bonne mère et la femme qui te mérite réellement. Cependant j'ai encore du chemin à parcourir, je le sais bien. Mais je vais y arriver, je te rattraperais, pour de bon. Je te le promets. Et vous pourrez tous être fiers de moi... "

Du moins, je le souhaite tellement. Je me suis blottie davantage dans les bras de David, un peu secouée mais aussi soulagée d'avoir mis des mots sur ces doutes, ces interrogations et toutes ces questions qui me remplissaient l'esprit. Je profite de la chaleur et de la présence de David encore quelques instants avant de me détacher de lui un peu. Les autres vont nous attendre, il est vraiment temps que nous les rejoignons.

Maintenatn que j'ai mis des mots sur mes inquiétudes et mes doutes, je me sens un peu bêtes devant David. Les enfants dorment déjà profondément et du coup, je laisse mon regard posé sur eux, craignant peut-être un peu ce que je pourrais lire dans celui de l'homme qui compte tant à mes yeux. Mais sa main dans la mienne et ses doigts qui viennent relever mon menton pour venir m'embraser e font tout oublier. Il n'y a que lui qui soit capable d'une telle magie.

Tu sais, on est tous des pièces rajoutées ici, moi le premier. Il n'y a que Sam et Judy qui ne le soient pas. Tous sont liés par mon père et tous sont devenus un groupe, une famille sous son autorité. Et comme partout ailleurs, chacun a ses forces et ses faiblesses. Ils savent reconnaître la force et pardonner la faiblesse des autres autant que nous reconnaissons leurs forces et leur pardonnons leurs faiblesses. C'est une famille de pièces détachées, mais une famille qui se veut autant unie qu'elle le peut, et dans laquelle je veux que tu te sentes bien. Personne ne te demande d'être parfaite, personne ne l'est non plus. Moi, je veux juste que tu sois celle que j'aime, juste comme tu es. Que tu vives comme tu l'entends tant que tu vis heureuse.  

Oui, je sais, je n'ai pas à me forcer ici à être ce que je ne suis pas. Je n'en ai seulement pas l'habitude. Mais doucement, cela viendra. Pour les enfants, pour lui, pour eux. Son sourire est si doux et tendre qu'il me contamine également. Je suis déjà heureuse, David. Pour cela, il suffit que je sache que tu es là, quelque part, et que tu penses à nous. Même si je préfère de loin ces instants que nous pouvons partager ensemble. Comme une vraie famille.

Et tu es une mère plus digne que toutes celles qu'il m'a été donné de voir. Je suis heureux que tu sois celle de nos enfants. Tout comme je suis heureux que tu sois ma femme. Tu n'as rien à me prouver, je sais parfaitement que tu me rends heureux. Quand aux épreuves que nous rencontrons, elles tomberont un jour, j'en suis persuadé. J'y travaillerai jusqu'à ce qu'elles ne soient qu'un mauvais souvenir que nous finirons par oublier tant il sera insignifiant.

"- Cela parait si simple, tellement évident quand c'est toi qui le dis. Je te crois et j'ai hâte. Que toutes ces épreuves ne soient plus qu'un passé révolu. Moi aussi, je ferais tout pour. "

Même si je me doute bien que nos méthodes ne seront pas les mêmes, au fond, nous œuvrons malgré tout de concert, dans la même direction. Avec le même objectif: simplement avoir le droit de vivre heureux et ensemble. Mon sourire est immense tandis que je profite de ces quelques instants pour e lover davantage dans les bras de mon mari, lui volant un nouveau baiser au passage. Oui, si j'ai eu peur de sa réaction tout à l'heure, c'est à présent oublié. Et puis, maintenant que les jumeaux dorment à oings fermés, il serait dommage de les réveiller.

"- Bon, nous ne devions pas redescendre rejoindre les autres, nous? Laissons-les profiter de leur sommeil tandis que nous profiterons de notre grande famille de pièces détachées."

Finalement, je trouve cette expression très juste. Nous ne sommes qu'un ensemble d’éléments qui ont réussis à s'assembler pour fonctionner au mieux dans un ensemble commun. Mais finalement, ne vaut-il pas mieux cela qu'une véritable famille comme la mienne? Si. dix millions de fois oui même. Au moins ici, les gens savent s'apprécier à leur juste valeur et c'est un vrai cadeau, rare et précieux.

Je me lève en première du lit, les mains de David gardées prisonnières des miennes tandis que le baby-phone est glissé dans la poche de ma veste. Oui, même si nous descendons, on ne vous oublie pas pour autant, tous les deux. Puis, sans faire de bruits, nous quittons la chambre en prenant bien soin de refermer délicatement la porte derrière nous.

En arrivant en bas, nous pouvons nous rendre compte que la maisonnée à profiter du beau temps pour se déplacer sur la terrasse, où le café a été installé. Finalement, c'est vrai qu'il serait dommage de ne pas profiter d'une si belle journée et puis, c'est agréable de pouvoir simplement s’asseoir sur un siège au soleil, une simple tasse de café entre les mains.

Alors? Ils se sont vite endormis? C'est une chance qu'ils soient sages comme ça. 

Oui.
Où est Tony? 

Bah, Jack lui a demandé un coup de main pour un de ses dossiers, le parfait échappatoire. Tu le connais, il accepte mal les remarques. Mais il reviendra plus tard, quand il se sera un peu calmé les nerfs. 

Je me sens un peu coupable de l'absence d'Anthony. Je voudrais tellement que les choses soient plus simples, que toutes ces histoires de Seraphs et de Nephils ne viennent pas davantage compliquer notre existence qui l'est déjà bien assez comme cela. Enfin, je viens m'installer à table, déposant le baby-phone devant moi et me servant une tasse de café tandis que Joe semble un peu jaloux de l'intérêt que porte David à la boisson actuelle alors qu'il avait complètement délaissé son assiette plus tôt.

Dis donc, Mr Klee! On ne touche pas à mon déjeuner, mais on accepte le café de Mrs Poppins!? C'est pas bon de ne boire que ça! Je vous le répéterai jamais assez! 

Je sais, je sais... Mais Mrs Poppins fait un excellent café. 

Je souris doucement, amusée par cette petit joute verbale qui parait presque parfaitement habituelle, comme ancrée dans les mœurs. David ne mange pas, on lui en fais la réflexion, il la laisse passer et au final les choses recommencent inlassablement. Personnellement, je suis plutôt fière de me dire que la dernière fois qu'il est venu à la maison, il avait terminé le plat que je lui avait servi. Aurais-je toujours cette chance, par contre, j'en doute. Mais je l'espère.

Ma première gorgée à peine avalée, voilà que les filles de la maison reviennent de la cuisine pour se jeter littéralement sur moi. Waouh, c'est impressionnant. Elles voudraient me capturer qu'elles ne s'y prendraient pas mieux. Du coup, je reste un peu surprise sur le coup, n'osant pas bouger ni parler le temps qu'elles se manifestent en première. Apparement, elles ont des choses à me dire.

Naoto! J'ai appris que tu avais fait du shopping avec Fox! Je suis tellement jalouse! Il faut qu'on y aille toutes les trois! Avec les jumeaux! David n'a pas son mot à dire! C'est une histoire de filles! 

"- Disons que je n'ai pas eu vraiment le choix. Il m'avait invité à déjeuner et refusait d'être vu en ma compagnie si je ne ressemblais pas à autre chose qu'à un sac. Alors il m'a traîné de force faire les boutiques. "

Autant être honnête, je n'étais pas venue faire du shopping avec lui à la base, je devais simplement honorer un déjeuner. Bon, au final je m'en étais sortie avec une journée de shopping et d'essayages éprouvants et, même si le résultat n'avait pas été des plus dramatiques, je ne tenais pas spécialement à recommencer. Surtout qu'avec Judy et Sam, je ne savais pas à quoi m'attendre alors que Fox, je le connaissais un minimum quand même. Et niveau mode, il était vraiment très doué.

"- Après, cela pourrait être une bonne idée pour les jumeaux. Ils grandissent vite et puis, comme ça, vous pourrez passer un peu de temps avec eux. Leur première journée shopping avec leurs tantes, cela devrait être sympathique."

Oui, aller se promener pour trouver de quoi faire le bonheur des jumeaux ne me posait aucun souci. Mais me traîner moi dans les magasins, je n'étais pas vraiment très chaude pour. Mais on dirait que les filles avaient déjà une idée derrière la tête car elles échangèrent une sorte de clin d'oeil suivi d'un hochement de tête qui ne me plu qu'à moitié. Oui, ce genre de truc, je trouve que ça sent l’arnaque à plein nez. Mais bon, avec elles, je ne risquais pas grand chose.

"- Et sinon pour vous, les études se passent bien? Si je me rappelle bien, les périodes d'examens sont pour bientôt, non? A moins qu'elles ne soient déjà terminées? J'avoue ne pas vraiment suivre ce calendrier là, j'ai autre chose à penser."

Je jette un coup à David qui semble en pleine conversation avec le Doc'. Il a l'air calme même si pas tout à fait serein. J'espère qu'il ne rumine pas encore ce qu'il s'est passé un peu plus tôt, je m'en voudrais de lui gâcher sa journée pour cela.  

J'ai encore quelques mois pour finir ma thèse d'économie, mais c'est en bonne voie. Et Sam sera bientôt étudiante! Elle n'a pas des résultats incroyable, mais pour les examens de fins de lycée, elle devrait s'en sortir à merveille! 

Hé! J'ai de bonnes notes! 

Tu en aurais de meilleures si tu bossais plus sérieusement au lieu de te maquiller et de draguer les garçons! 

Non! Je suis juste très prise par les courses de kart et les circuits! La compétition sportive, c'est aussi dur que le travail! 

Mais oui, mais oui... Au fait! As-tu inscrit les enfants à une crèche? Une de mes amie a commencé son activité et compte ouvrir sous peu des établissements de crèches et de garderies dans tout Palema! C'est un secteur qui rapporte! De nos jours, rares sont les mamans qui ne travaillent pas! Tu retourneras peut-être travailler avec Fox et ses collègues, non? 

"- Euh... Non, pas encore. J'avoue que pour le moment, je me suis surtout assurée qu'ils allaient bien avant d'essayer de les découvrir un peu. Prendre leur rythme aussi et voir comment ils réagissent. "

Encore une fois, je suis prise au dépourvue par les questions que l'on me pose. La crèche, déjà? Mais ils ont à peine un mois. En même temps, il est vrai que les places sont chères dans ce genre d'endroits et puis, il faudra bien que je me renseigne. Ils ne passeront pas leur vie entre mes bras et dans mes jupes, un jour ils voleront de leurs propres ailes. Mon Dieu, faites que ce jour ne vienne pas tout de suite. Laissez-moi encore le temps de les voir grandir, auprès de leur Père.

"- Pour ce qui est de mon travail, je ne me suis pas encore décidée. Pour être tout à fait honnête, j'hésite à reprendre mon dernier poste. Finalement, être mère, c'est aussi un travail en soi et à plein temps avec les jumeaux. "

Au fond, sont-ce réellement les jumeaux qui ont besoin de moi? Ou moi qui ai besoin d'eux pour m'aider à surmonter encore tous ces doutes et ces angoisses que je sens bien présentes dans mon esprit? Peut-être que je ne réfléchis pas dans le bon sens. Je crois penser à eux mais au fond, c'est de moi de que je me préoccupe. Non, il ne faut pas qu'ils deviennent une excuse à tous mes comportements. Pourtant, j'ai vraiment envie de pouvoir passer du temps avec eux, de retrouver leur Père dans leurs mimiques et leurs attitudes. Et de savoir qu'au moins ma promesse de les protéger, je serais capable de la tenir.

"- Après, si tu as ses coordonnées et quand elle aura ouvert ses établissements, je pourrais toujours voir pour la rencontrer et en discuter avec elle. "

Je relève le regard, cherchant celui de David qui semble perdu dans le lointain alors que Doc' nous observe. Je suis persuadée qu'ils ont parlé de moi. Enfin, cela n'a rien d'étonnant non plus. Doc' reste encore mon médecin et sera sans aucun doute celui des jumeaux aussi. Ainsi, il s'occupera de toute la famille. Mais j'avoue avoir té intriguée par les paroles de Sam un peu plus tôt et ne peut m’empêcher de rebondir dessus.

"- Je ne savais pas que tu faisais du Kart, Sam. Tu en fais en compétition? Et tu te débrouilles bien? Enfin, je n'y connais rien mais peut-être que tu peux m'expliquer un peu tout ça. "

Papa m'a offert un kart quand j'ai eu l'âge ! Je le casserai à l'usage, je le sais, mais en attendant, je le bichonne moi-même! La vitesse est importante, mais j'ai aussi besoin qu'il tienne bien la route!

C'est drôle, lorsqu’elle parle ainsi de sa passion, elle me rappelle Carmilla qui me racontait comment elle avait retapé sa chère voiture la dernière fois qu'elle m'avait prise en stop par hasard. Je suis persuadée que les deux jeunes filles s'entendraient très bien, vu que visiblement elles ont la même passion. Enfin, je tente de suivre au mieux les explications de Sam mais je dois bien avouer que j'ai du mal à tout comprendre. En tout cas, cela fait plaisir de la voir aussi passionnée, c'est rafraîchissant dans un sens.

C'est pas facile de out te raconter comme ça, mais si on a l'occasion, on ira voir des courses de karts! David! Tu viendras aussi? Au kart? Si Naoto vient?

Pourquoi pas, si je suis disponible.

C'est magique, si tu l'invites seul, il dit toujours qu'il a trop de boulot. Mais si tu invoques le nom "Naoto", bizarrement, il y réfléchit un peu plus. 

Je t'entends, Sam...

Pour le coup, je ne dissimule pas le léger rire qui monte dans ma gorge. Bien sur qu'il l'entend, elle ne cherche pas à se montrer discrète non plus. Mais en même temps, je trouve cela agréable, des rencontres de familles qui se passent bien. Car oui, malgré tout, j'avais un peu peur que l'ambiance soit lourde ou que des événements comme ce qu'il s'était passé avec Anthony plus tôt ne viennent me rappeler mes trop nombreuses erreurs et ma place qui, finalement, n'était pas vraiment ici. Je n'étais pas officiellement un membre de la famille.

"- Il ne faut pas lui en vouloir, Sam. Il a réellement beaucoup de travail et tu sais, même pour moi, ce n'est pas toujours évident de le voir alors profites-en de savoir qu'il va venir. C'est ce qu'il y a de mieux à faire, tu ne crois pas?  "

Naoto, le mot magique. Comme j'aimerais tellement être plus malgré tout. Simplement pouvoir être auprès de lui, l'aider et le soutenir dans son travail comme dans tout le reste. Mais nous sommes censés être des ennemis et cette réalité me pèse, sachant qu'il est prêt à tout pour faire en sorte que je puisse lui revenir. Mais à son sourire, je répond par le même en plus franc. Toi aussi, tu as besoin de courage, le Doc' n’est pas toujours très tendre, surtout avec toi mais c'est pour notre bien à tous.

"- Par contre, je te préviens. N'espère même pas faire monter les jumeaux dans un de ces engins. Pas avant qu'ils n'aient l'âge requis pour cela. Moi, à la limite. Ou David, pourquoi pas, si tu veux. Mais pas eux. "

Pour le coup, je souris plus franchement, amusée de mes propres propos. Bien sur qu'elle n'aurait pas proposée aux bébés de monter à bord d'une de ces machines du diable mais comme ça, j'ai prévu le coup d'avance. Et puis, qui sait, je préfère me montrer prévoyante. Le baby-phone toujours dans ma poche reste silencieux, les jumeaux se reposant tranquillement de leur côté, nous pouvons profiter de l'après-midi nous aussi. Cela a beau me faire un peu bizarre d'être de retour dans cette demeure, je suis bien contente d'être venue, même malgré les légers heurts de ce matin.

"- En tout cas, je suis ravie de constater que tout va bien pour vous. Et je suis contente d'être venue aujourd'hui. Cela me fait vraiment plaisir de tous vous revoir, encore plus sachant que vous êtes tous en pleine forme.
Et si nous allions faire un petit tour de jardin? Il fait beau, les jumeaux dorment, c'est l'occasion idéale, non? David, doc', vous voulez vous joindre à nous? "

Bon d'accord, c'est aussi une façon pour moi de ne pas rester bloquée sur place, j'ai besoin de bouger et puis, cela nous fera du bien de marcher un peu après le copieux repas offert par Joe. Et puis oui, j'ai pris l'habitude de sortir tous les jours avec les jumeaux alors, ne pas avoir ma dose d'air frais me fait bizarre du coup. Et oui, c'était aussi une excuse pour rester encore un peu auprès de David.

Hihi! Avec un peu de chance, on arrivera peut-être même à le mettre dans un kart. Quoique s'il tient de Papa, Il ne faudrait pas que j'en fasse un concurrent de course. Même avec l'âge, je ne l'ai jamais battu, Papa.

Ainsi, son Père était lui aussi un fan de Kart? C'est drôle, j'ai du mal à imaginer cet homme comme un véritable fou du volant. Quoi que, en repensant à certains clichés et ou vidéos que David m'avait laissé voir de lui, il avait l'air d'être une personne ne reculant devant rien. Alors, au fond, cela n'avait rien de spécialement surprenant. Au fond, ce qui m'étonnait le plus c'était que David et lui semblent tellement opposés en tout. Est-ce le fait d'avoir grandi et vécu loin de lui, de ne jamais cherché qu'à lui plaire qui les a rendu tellement différents? Sans doute une des nombreuses questions à laquelle je n'aurais jamais de réponse.

En tout cas, je serais intransigeante à ce sujet-là. Les jumeaux sont trop jeunes pour s'approcher de ce genre d'engins et il hors de questions su'ils fassent parti de la fête. En plus, avec le bruit des lieux et les odeurs d'essences et autre, je ne suis guère pressée de les emmener dans ce genre d'endroit. Déjà, le cinéma quand ils auront l'âge mais essayons de ne pas brûler les étapes. Et le kart, c'est hors de question pour eux tant qu'ils ne le réclameront pas d'eux-même.

Promis, il n'arrivera rien aux jumeaux. On sera sage.

"- Y a intérêt!"

Je me montre faussement menaçante mais je sais que s'il venait réellement à arriver quelque chose aux jumeaux, je crois que je deviendrais folle. Oui, j'ai trop axée toute mon existence ces derniers temps autour de la leur mais ils me sont si précieux. Ce sont nos petits trésors, ces vies que je n'attendais pas et qui pourtant, malgré toutes les difficultés qu'ils nous ont fait traversés, ne nous ont rendus que plus fort. Et nous ont rapprochés, David et moi, malgré notre éloignement physique rendu obligatoire par ma faute. Enfin, ma proposition de balade est vite acceptée et semble même ravir le Doc'.

Ben oui! Tiens, ça nous dégourdira les jambes. Pis comme David a sa donzelle et que Tony s'est barré, à moi les deux charmantes ! 

Et le voilà, fier comme un coq, qui vient prendre chacune des deux soeurs Klee par le bras, tel un vrai gentleman d'un âge passablement avancé. Il pourrait presque faire penser à leur grand-père en forçant un peu le trait. En tout cas, nous voici tous les cinq en route, même si le trio Sam/Doc'/Judy nous met une bonne longueur d'avance dans la vue. Mais je ne m'en plains pas, profitant un peu de la proximité de mon homme à mon bras. C'est tellement rare ces derniers temps que oui, j'en profite odieusement.

Tu n'es pas trop fatiguée? Sam est pleine d'énergie, et elle ne se rend pas toujours compte qu'elle est bavarde.

"- Un peu mais c'est surtout dû au stress que je me suis imposée toute seule. Même si c'était mon idée, j'appréhendais cette visite mais maintenant, ça va mieux. D'autant plus quand tu es près de moi. "

Oui, je suis réellement soulagée que les choses se passent bien. En plus, David a plutôt l'air en forme et cela me rassure de le voir ainsi. Je viens lui voler un baiser du bout des lèvres, tant qu'il est assez proche de moi pour que je puisse me le permettre avant de me mettre en route, bras dessus bras dessous avec lui, en direction du jardin en fleur. Même si mes nerfs avaient été mis à rude épreuve malgré tout suite à mon altercation avec Anthony. Mais maintenant, tout allait pour le mieux.

"- Et toi, Doc' n'a pas profité de votre discussion pour se montrer trop dur avec toi? Je sais qu'il veut notre bien mais qu'il est aussi très brut de décoffrage. Comme en plus, tu ne vis plus au Manoir, tu ne te sens pas trop seul? Tu arrives à t'en sortir avec toutes tes responsabilités? "

Oui, je sais. Même si je le voulais, je ne pourrais sans doute pas faire grand chose, pour ne pas dire rien faire pour l'aider. Mais j'aimerais tellement lui prouver que je suis toujours là, que malgré tout ce qu'il peut se passer, je serais toujours à ses côtés. J'ai juste tellement peur qu'il disparaisse de ma vie maintenant que je n'ai plus que lui et les jumeaux qui comptent réellement pour moi. A pas tranquilles nous commençons à traverser le jardin, toujours précédés du trio infernal.

"- Dis, tu t'imagines comme ça, avec nos deux petits bouts, chacun accroché à ton bras, visitant ce même jardin d'ici quelques années? Vous seriez tellement mignon, j'ai hâte de voir ça.  "

Il n'est pas pire que d'habitude. Je ne m'attends pas à ce qu'il devienne meilleur. Et bien qu'il y ait beaucoup de travail, j'arrive à m'en sortir, ne t'en fais pas. 

"- Ça ne veut pas dire qu'il a été agréable pour autant. Mais si ça va pour toi, c'est l'essentiel alors. "

Je voudrais lui rappeler que s'il avait un souci, j'étais là, toujours, même si on ne se voyait pas assez, même si la distance que nous avions établis pour nous protéger, nous et les jumeaux, me pesait. Il est comme moi, passé maître dans l'art de l'illusion. Je suis persuadée qu'il ne me dit pas tout mais j'accepterais ses cachotteries. Parce qu'il s'agit de David et que depuis le départ, je sais que je ne saurais jamais tout de lui. Qu'il a trop de secrets pour tous me les révéler et qu'il est plus préoccupé par nous que par lui-même.

Mon sourire demeure malgré mes pensées un peu moins douces tandis que nous avançons dans le jardin en fleur. J'aime bien cet endroit, plus que la demeure en elle-même peut-être bien. Car ici, à part a rencontre avec Fox lors des fiançailles de Judy, je n'ai aucun souvenir à part celui que l'on se créé ensemble aujourd'hui. Et puis, je ne peux me retenir de partager l'idée de voir les jumeaux plus grands, pendus à son long bras un peu dégingandés, profitant avec nous de la beauté et du calme des lieux.  

Et ils courront vers toi quand tu les appelleras...

"- S'ils sont sages et obéissants. Vu leurs antécédents, je ne suis pas certaine que cela fonctionne aussi facilement. Hana a déjà l'air déjà un sacré petit caractère. "

Bon d'accord, c'est aussi une excuse pour dissimuler bêtement le rouge qui est monté à mes joues. je n'imagine que les enfants en compagnie de David, du fait que moi, je passe déjà plus de temps avec eux. Et me projeter moi aussi dans cet avenir me fait un peu étrange sur le coup. En fait, je crois que je n'avais jamais essayé, tout bêtement. Parce qu'ils étaient trois à compter pour moi et que c'était avant tout eux que je voulais voir ensemble et épanouis. Comme une vraie famille, celles que nous n'avons jamais eu, ni lui ni moi.

Pourtant, je n'ai pas tellement hâte qu'ils grandissent. Ils peuvent profiter de chaque étape de leur vie. Rester enfant plus longtemps que nous.

"- Ils le seront. Rien ne les forcera à grandir plus vite que nécessaire. Nous ne sommes peut-être pas de 'bonnes' personnes, ni des adultes 'convenables', mais nous sommes de bons parents et nous le serons toujours. Car ils sont notre priorité et nos petits rayons de soleil."

Et que je sais parfaitement que, toi comme moi, nous ne laisserons rien leur arriver, jamais. Ils nous sont trop précieux pour cela. Quitte à ne plus avoir de vie propre, la mienne leur sera entièrement dédiée, pour être certaine qu'il ne manqueront jamais de rien. Qu'ils auront ce qui nous a été refusé et donc nous avons cruellement manqué. L'amour, l'affection et la présence des gens que l'on aime à nos côtés. Et même si pour cela, je dois encore m'améliorer et faire des efforts, je les ferais. Je me battrais, pour eux.

Je me sens malgré tout un peu idiote d'avoir sorti cela comme cela. Mais David me connait, il sait comment j'ai tendance à réagir alors, je n'ai pas à me cacher avec lui. Bon, il va juste falloir que j'arrête de me mettre à la poésie quand je parle des jumeaux sinon cela va sembler bizarre mais en venant glisser ma main dans ma poche, cette dernière entre en contact avec le velours doux et épais d'une petite boite. Ah oui, c’est vrai, je l'ai amené. C'est peut-être le moment de le lui offrir. Alors, je m'arrête une seconde avant de me lancer.

"- Au fait, j'ai... quelque chose pour toi... "

Je sors de ma poche la boite qui contient ce cadeau que je voulais lui faire depuis longtemps mais pour lequel je n'avais jamais trouvé le temps. A l'intérieur du petit coffret, se trouve un pendentif en argent au motif du signe astrologique des jumeaux, le Poisson. Mais cette médaille un peu épaisse pivote pour s'ouvrir en appuyant sur le mécanisme dissimulé dans la petite étoile. Et à l'intérieur de cette dernière, gravé en filigrane, se trouve la photo de naissance des enfants. Hana sur la droite et Julian sur la gauche, chacune des photos simplement ornée de leur initial dans un coin discret de cette dernière, presque invisible.

"- Je suis désolée, ta chaîne risque de finir par peser lourd mais... Comme ça, tu auras toujours les enfants avec toi. Et puis, comme je ne t'avais pas offert de bijou de fiançailles, j'espère que tu accepteras ce cadeau-là malgré tout."

Les enfants grandissent vite et à partir de ces images, personne ne pourra les reconnaître. Personne à part lui, qui les a vu naître. Je ne suis pas certaine d'avoir vraiment bien fait mais je voulais qu'il puisse lui aussi profiter des enfants, qu'il sache que même si nous ne pouvons pas vivre comme nous l'avions rêver, il reste plus qu'important à mes yeux. Que je ne veux personne d'autre que lui auprès de moi et des jumeaux. Et que malgré toutes es maladresses et mes erreurs, je l'aime. Encore et toujours. A la folie.

Spoiler:

Pour le coup, le fait de voir David hésiter devant la boite toujours fermée devant lui m'inquiète un peu. Est-ce que ce n'est pas le bon moment? Attendait-il quelque chose de spécial de ma part? Mais en y regardant de plus près, j'ai surtout l'impression qu'il est surpris. Bon, c'était un peu le but mais je ne m'attendais à ce qu'il bloque ainsi devant l'emballage de mon cadeau. Peut-être aurais-je du dire quelques mots en plus. Ou alors, il désire la garder pour plus tard, comme surprise?

Mais il va l'ouvrir, oui? 

A croire que le Doc' a trouvé la formule magique car déjà, le voilà qui ouvre la boite pour en découvrir le contenu. Le temps des quelques secondes, je retiens mon souffle, espérant que  pendentif lui plaise. Mais à voir son visage s'éclairer d'un sourire immense, cela me rassure. Et pour le coup, je suis même surprise de le voir limite trépigner d'impatience, comme un enfant devant son cadeau de Noël. Il est si inhabituel de le voir dans ce genre d'état. Mais c'est aussi tellement agréable de ne pas le voir ni soucieux ni inquiet.

Son baiser me prend un peu de court et m'arrache un fort rougissement mais je le lui rend de bon coeur. Le voir ainsi plus souvent, c'est tout que je demande. Il mérite tellement d'être heureux. Les rires du Doc' et de ses sœurs accompagnent agréablement cet instant que je trouve magique et tiens à garder ancré dans ma mémoire. Oui, rien que pour cela, je ne regretterait jamais toutes les épreuves que nous avons pu traverser et qu'ils nous reste encore à surmonter.

Merci, Naoto! Du fond du coeur! 

Je n'arrive rien à articuler, tout simplement trop heureuse de le voir déjà défaire sa chaîne pour venir y glisser mon cadeau. Mais son geste de venir porter son alliance à son doigt me fait encore plus plaisir dans le fond. Nous ne sommes peut-être pas mariée officiellement mais au fond, ce n’est qu'un bout de papier. Dans nos coeurs, nous sommes unis par un lien bien plus puissant encore.  

On peut le voir?

Non. C'est à moi! 

C'est qu'il devient possessif! 

Je laisse mon rire clair et léger venir s'envoler tandis que David vient me serrer dans ses bras, jouant un peu les enfants capricieux pour ne conserver son présent que pour lui. Au fond, je trouve cela amusant, tellement différent de cette façade qu'il offre tout le temps à tout le monde. A cet instant, j'ai l'impression de découvrir encore une nouvelle facette de sa personnalité. Et cela me ravi, d'avoir le droit à ses sourires et ses attentions, de me savoir aussi capable de provoquer ses sourires et sa bonne humeur plutôt que son inquiétude et ses angoisses.

"- En tout cas, je suis ravie qu'il te plaise. "

Je me blottis profondément dans ses bras, revenant l'embrasser pour profiter autant que possible de sa présence. Peu m'importe la présence du Doc' et de ses sœurs, même le retour d'Anthony à cet instant ne pourrait me faire descendre de mon petit nuage. J'ai vraiment réussi à le rendre heureux. Même si ce n'est que pour un temps limité, cela me suffit. Car si j'en ai été capable une fois, alors je sais que je pourrais recommencer.

Mais la quiétude parfaite de cet instant est troublée soudain par un grésillement un peu incertain avant de se faire plus franc. Le baby-phone dans ma poche se met à crachouiller doucement des début de pleurs. Ceux de Julian. Juste une fausse alerte ou un vrai réveil? Je sais que parfois, il a comme des minis réveils avant de se rendormir aussitôt mais du coup, je guette. Soit les pleurs cessent d'ici 10 secondes et ce ne sera rien, soit il faudra rentrer pour s'occuper d'eux. Car une fois l'un des deux debout, le second suit toujours dans les 10 minutes maximum.

Bien sûr! Il est magnifique! Merci.

Ses mots me réchauffent le coeur. Dans ses bras, je me sens plus vivante que je n'ai l'ai été depuis des semaines. Il n'y a vraiment qu'à ses côtés que je suis vraiment heureuse. Il n'y a que lui qui soit capable de tout me faire oublier, de panser mes blessures et de soulager mes pires angoisses au point de réussir à les faire littéralement disparaître. Il est mon sauveur, celui dont je ne pourrais plus me passer même si la vie fait tout son possible pour nous séparer. Tel des aimants, nous restons immanquablement attirés l'un vers l'autre, pour retrouver cette moitié qui nous est si chère et si précieuse.

Mais de nouveau, il est temps de revenir sur Terre. Enfin, ce retour est loin d'être d'être aussi dur à affronter que certains que nous avons déjà connus. Là, il s'agit simplement du réveil des enfants. Julian ne se tait pas donc, c'est qu'il est bel et bien réveillé. Sa sœur ne tardera plus telle que je la connais. Il va donc falloir retourner nous occuper d'eux.

Je crois bien qu'ils ont assez dormi. Retournons à l'intérieur.

"- Je ne te quitte pas.... "

Ses paroles, c'est lui qui me les avait dite, lors de cette sortie à l'Aquarium. Celle qui avait tourné au drame et qui avait manqué de lui coûter la vie sous mes yeux. Celle qui avait au final tout déclenchée entre nous. Cette journée que je ne regrette pour rien au monde en voyant aujourd'hui ce que nous étions devenu. Un couple, heureux et amoureux, avec deux enfants nés d'un amour sincère.

Les enfants sont réveillés, nous rentrons. 

D'accord! On finit le tour du jardin et on se retrouve au salon! 

Entendu. 

Ma main toujours bien ancrée dans celle de mon mari, je suis David en direction de la maison que nous traversons, à présent calme et silencieuse, avant de remonter dans notre chambre ou les jumeaux sont tous deux bien éveillés, babillant tranquillement entre eux, sans réellement se soucier de notre arrivée. Parfois, j'aimerais savoir ce qu'ils peuvent bien se raconter ainsi tous les deux.

En réalisant notre retour, les deux tentent de se relever pour s'asseoir, avec un ensemble adorable mais une réussite... ma foi absolument pas au rendez-vous. Ce qui ne les rend que plus mignons encore à mes yeux. Alors, en réflexe, leurs bras se tendent vers nous, réclamant à nouveau notre attention. Et tandis que David viens s'occuper de son fils, Hana rejoint mes bras en gazouillant doucement.

Je vais changer Julian. Où est leur sac ?

"- A côté du lavabo, dans la salle de bain. Tout est dans la grande poche centrale du sac, tu ne devais pas avoir trop à chercher."

Intriguée, je le suis malgré tout. Non pas que je n'ai pas confiance en lui mais il est si rare qu'il puisse passer du temps avec les enfants. Ce genre de moments-là aussi, j'ai envie de pouvoir en profiter et de les graver dans ma mémoire. Je laisse donc mes deux hommes dans la salle de bain, simplement appuyée contre le battant de la porte avec Hana dans les bras qui semble elle curieuse des actions de son père. Julian, lui, est aux anges en compagnie de son papa et babille comme jamais.

"- Eh bien, qu'est-ce qu'il devient bavard en ta compagnie. A croire que tu l'inspires. Tu me raconteras ce que tu as compris?"

S'il cherche à rattraper toutes les fois où son Père s'est tu, il en a encore pour un moment à gazouiller de la sorte. Je me contente d'observer David se débrouiller comme un Chef avec Julian, souriante et apaisée. Comme j'aimerais que tous les jours ressemblent à cela. Oui, je me prends à rêver que cela puisse devenir un réel quotidien, même si je sais bien que malgré tout, même si nous y travaillons, cela ne sera pas pour toute suite. Mais je veux garder espoir. Pour nous. L'avenir ne pourra qu'être meilleur après toutes les tempêtes que nous avons déjà essuyées. En tout cas, je veux y croire.

"- Tu voudras t'occuper d'Hana aussi ou un seul t'as suffit pour le moment? Je te préviens, cette demoiselle est un peu plus remuante que son frère mais qui sait? Peut-être qu'avec toi, elle se montrera plus sage."

Ça sera court.

Je rigole doucement, amusée et aussi rassurée de me dire que je ne suis pas la seule à ne rien comprendre de son adorable gazouillis. En tout cas, il peut demeurer aussi bavard qu'il le veut, cela ne me gêne pas. Qui sait, peut-être cela finira par faire sortir son Père de sa réserve. Entre hommes, ils se comprendront. Mais prend ton temps pour grandir, mon petit bout d'homme, rien ne presse. Et même si David s'en sort comme un chef avec son fils, je lui propose malgré s'il souhaite que je m'occupe d'Hana ou pas.

Je vais m'en occuper. Ça sera ça que tu feras en moins aujourd'hui, toi qui t'occupe toujours d'eux. Et puis, si je me suis occupé de Julian, je peux bien m'occuper d'Hana.

"- Je suis certaine qu'elle sera ravie de cette attention. Tu verrais comment elle t'a regardé faire, à croire qu'elle n'attend qu'une chose: que son tour arrive. "

Je viens récupérer Julian tout beau tout propre des bras de son père avant de lui laisser récupérer sa fille dont il commence à s'occuper avec la même tendresse et la même attention. Oui, c'est idiot mais ces gestes qui devraient être notre quotidien me sont trop rares pour que je ne veuille pas les partager avec lui. Julian s'est tu à présent, tout calme dans mes bras, son babillage me faisant presque penser au ronronnement d'Arsen tandis qu'Hana a toujours de la suite dans les idées.

Je suis avec Papa alors je veux jouer avec la chaines et les pendentifs qui cliquettent joyeusement dessus. D'ailleurs, elle a vite faite de repérer qu'il y en a un nouveau dans le lot. David, lui, reste imperturbable, continuant de changer sa fille tout en laissant à sa proximité le fruit de ses désirs. Oui, tu es une vraie petite princesse, toi. Avec de la suite dans les idées. Têtue comme tes parents, voilà qui promet pour la suite.

Décidément il lui faudra un bijou à elle. Et aime tout ce qui brille. 

"- Quand elle sera un peu plus grande, ce sera sans souci. Mais d'abord, attendons que passe le stade de 'je mets tout à la bouche pour voir quel gout ça à'. Tu ne penses pas que cela sera plus prudent?"

Après, je ne doute pas qu'elle aura rapidement son quota de bijoux à porter. Mine de rien, rien que dans leurs cadeaux de naissances, il y avait des petites gourmettes et des petits colliers destinés à porter les pendentifs et autres trésors qu'ils trouveront à mettre dessus. Mais avant cela, les doigts, tétines et autres peluches sont bien suffisantes comme test pour les gencives qui d'ici quelques mois se verront dotées de dents.

"- On dirait que tu as fait ça toute ta vie. Avoue, tu as pris des cours ou tu t'es exercé avant au moins. Parce que sinon, je t'envie sérieusement."

Parce que les premières fois que j'avais du les changer, cela c'était révélé une véritable épreuve pour moi. Et eux le sentaient alors ils en avaient profiter pour ne pas me faciliter la tache. Mais je suis tellement heureuse que cela se passe bien que je me plaindrais nullement. Il est tellement attentionné et proche d'eux. Au fond, cela me brise le cœur de savoir que ce soir, il nous redéposera à la maison avant de nous quitter de nouveau. Mais pour ne pas penser à cela, j’enchaîne en rigolant doucement.

"- Il faudra que tu me préviennes pour quand tu auras des journées de libre. Que tu puisses aussi profiter pleinement de tes enfants. Qui sait, sans moi, peut-être te feront-ils des confidences qu'ils te cachent en ma présence. Et puis, ça leur permettra de se plaindre de leur trop envahissante maman et vous pourrez ensemble râler sur moi derrière mon dos."

Haha! J'aurais bien voulu!
J'ai lu pas mal de livres sur comment s'occuper des enfants. Je voulais vraiment savoir comment subvenir à leur besoins. Même si je ne sais pas encore de quoi ils ont besoin quand ils demandent quelque chose.  

"- Ça, ça vient instinctivement, avec le temps. Tout n'est pas écrit dans les bouquins, malheureusement. Sinon, il y a longtemps que je serais une mère presque aussi parfaite que tu es leur Père."

Oui, il ne les voyait quasiment pas et pourtant, il avait une telle aisance avec eux, un véritable lien qui était bel et bien établi avec les jumeaux. Et j'étais tellement heureuse de pouvoir assister à cela. Pourtant, dans le même temps, cela me fendait le coeur, car je ne pouvais que réaliser davantage à quel point je lui avais volé son rôle de Père en ayant cru bien faire, pour les protéger tous les trois de mon mieux. J'avais beau revoir cette scène des milliers de fois, je n'y trouvais cependant pas d'autres solutions viables mais cela me peinait qu'il doive ainsi en souffrir. Car il en souffrait, même s'il ne le montrait pas, les paroles accusatrices d'Anthony en étaient une preuve irréfutable car véridiques.

Hana propre également, David la prend dans ses bras en jouant avec elle, la faisant rire et gazouiller tel un petit oiseau au printemps. Les affaires rangées, le voici qui vient se rapprocher de moi et de Julian, qui fixe son Père et sa soeur avec une grande attention. Un peu jaloux peut-être? Qui sait. En tout cas, ce sont mes cheveux qu'il vient caresser avant de répondre à ma boutade sur les jumeaux qui pourraient avec lui enfin  se plaindre joyeusement de moi.

Alors il me rendront jaloux de t'avoir tout à loisir avec eux. Et vus comment ils sont heureux, je doute qu'ils s'en plaignent.

"- Attendons qu'ils sachent parler alors. A ce moment, nous serons définitivement fixés."

Son bras autour de mes épaules nous rapprochent encore, venant créer une sorte de cocon protecteur illusoire mais tellement doux que je souhaiterais ne jamais le voir se rompre. Bien que dans mes bras, Julian vient chercher à attraper la chemise de David, pour réclamer son attention tandis que je couve du regard toute ma petite famille. Elle n’est pas bien grande, elle est certes fragile mais c'est celle que j'aime et que je me suis délibérément choisie. Celle pour qui je serais prête à toutes les folies.

Je vais voir pour me libérer quelques jours, bientôt. J'ai quelques détails à régler moi-même encore, mais je ferais vite. Je t’appellerai dès que c'est fait. On pourra se voir. 

"- Avec grand plaisir. Tu me diras ce qui te feras plaisir et je cuisinerais. Et puis, on pourra discuter calmement et ensemble, de notre avenir, à tous les quatre."

Il avait beau me paraître tellement lointain et incertain, je n'avais pas oublié ce rêve que nous avions fait. De simplement pouvoir vivre ensemble, dans la même maison, comme n'importe qu'elle famille. Et puis, après ces révélations de la dernière fois, j'étais sur le qui-vive, craignant ce moment ou ce signal prédit retentirait. Je voulais seulement pouvoir parler avec lui. De tout et de rien, de nous et des jumeaux, de ce que je pourrais faire pour l'aider s'il acceptait mon aide et pourquoi, de ce que nous espérions encore pouvoir faire, ensemble, dans un avenir plus ou moins proche.

"- Cette fois, tu crois que tu pourras rester un peu plus? Ou bien, tu ne feras toujours que passer? Juste que je sache si je dois refaire le lit ou pas."

Un brin de rouge sur mes joues suit cette phrase. Oui, j'ai fait l'effort d'aller dormir dans la chambre où il m'avait laissé m'endormir auprès de lui lors de sa dernière visite. Et même si ce n'était pas encore un réflexe acquis, j'y travaillais. S'il restait, j'espérais qu'il puisse passer également la nuit avec nous. Que je puisse au moins lui dire au revoir et pas qu'il doive comme à chaque fois partir comme un voleur. Il était mon mari après tout, il ne devrait pas avoir à être obligé de se cacher pour profiter de nous.