Cela faisait 3 mois maintenant que les événements au Hungry Jackals avaient eux lieu et un coup de téléphone la veille m'avait rappelé, non sans me tirer une grimace, que j'étais attendue le lendemain matin 9h à la Clinique du Sud pour un check-up ainsi qu'une série de tests destinés à s'assurer de mon bon rétablissement suites à mes blessures sévères. Cela ne m'arrangeait pas vraiment surtout que même si mes dernières blessures conséquentes remontaient à plus de 3 semaines, à savoir mes côtes fêlées lors de l'attaque à l'aquarium, j'espérais qu'ils ne trouveraient rien à redire dessus.

Je suis arrivée un peu en avance et suis passée à l'accueil de la Clinique qui tout de suite m'a redirigée vers un des box libre un peu éloigné de l'entrée. Je me permet de jeter un oeil sur mon dossier qu'elle dépose sur un chariot en attendant que l'infirmière en charge de mon cas n'arrive et le nom que je peux lire dessus ne m'étonne même pas. Brook Hopkins. Pour le coup, je ne sais pas trop si je suis vraiment contente d'avoir affaire à elle mais c'est un choix logique, vu que c'est déjà elle qui s'est occupée de mon cas par la passé.

Je m'installe donc tranquillement sur le lit, assise et les pieds battant l'air, le regard inquisiteur examinant tout ce qui se trouve à ma portée tandis que je patiente sagement jusqu'à l'arrivée de la Seraph afro-américaine.

Bonjour, Miss Shirogane. Je m'étonne de vous voir bien portante. Je crois que c'est la première fois.
Je vais vérifier vos blessures. Ôtez votre chemise et vos chaussures.

Ça y est, ma tortionnaire du moment était arrivée. Et visiblement, elle n'avait pas perdue sa verve ni sa forme. Enfin, au moins aujourd'hui, j'étais en état de lui tenir tête. Sauf que je n'en avais nullement besoin. Dommage, cela aurait pu être drôle. Enfin, je me contente d'obtempérer docilement, retirant mes chaussures avant de défaire ma chemise. Evidemment, j'ai mon allure de parfait petit homme et les bandes bien serrées sur ma poitrine, comme à mon habitude.

"- Rassurez-vous, je ne compte pas rester longtemps. Mais visiblement, je devais vous manquer vu que vos services ont pris soin de me rappeler hier afin d'être certain que je viendrais."

C'est moi qui ai demandé à ce qu'on vous rappelle. C'est moins l'épisode des Jackal qui m'inquiète que celui de la dernière fois. Mais comme ça n'était pas officiel, je n'avais pas d'autres choix.
Enlevez ces bandages. Avec ça, vous risquez d'empêcher les côtes de se reformer correctement.

"- Je les enlève le temps que vous m'examiniez seulement. Je les ai toujours portées, je ne vois aucune raison d'arrêter maintenant. Et en cas de plaie, ils protègent bien plus qu'un vulgaire soutien-gorge."

En effet, ces dernières m'avaient permis d'éviter certaines plaies légères mais aussi de rendre plus légères des blessures qui auraient dû se révéler très graves. Et puis, sous mes chemises actuelles, ma poitrine ne tiendrait pas de toute façon et je ne compte pas refaire ma garde-robe. Déjà que David s'en charge en partie, cela suffit largement comme cela.

Vous avez encore mal?

"- Non, pas du tout. A peine quelques tiraillements les 2 premiers jours, rien de plus. Et oui, j'ai fait attention à moi."

Enfin, au moins un minimum quoi. Il ne fallait pas trop m'en demander non plus. Comme si j'allais sagement rester à la maison en attendant que ça passe, et puis quoi encore.

Vous m'excuserez, j'ai oublié la médaille. Mais vous avez mes plus sincères félicitations.
Quitte à faire, on va vérifier vos pieds et faire une prise de sang, pour s'assurer que les côtes n'ont pas provoqué d'infection.

"- Je n'ai pas besoin de médaille, merci. Et si vous en avez vraiment besoin, allez-y, faites. Après tout, vous connaissez votre métier."

Tout comme moi je connaissais le mien, je n'avais pas à remettre ses capacités en doute. Après tout, tout le temps ou je m'étais retrouvé sous sa responsabilités, mes soins avaient été parfaitement adaptés à mon cas, malgré le fait que j'ai été une vraie plaie comme patiente mais ça, c'est une autre histoire.

Comment se porte David? Vous avez pu voir où en sont ses blessures?

"- Cet Ashlan est un excellent soigneur, David a été remis sur pied en un temps record. Mais depuis, rien ne me prouve qu'il soit resté entier. Aux dernières nouvelles, il irait bien."

Je reste très neutre même si malgré tout, je laisse échapper un léger soupir. J'aimerais le voir, être certaine qu'il va bien. Et puis, cela me fait un peu étrange de parler de David avec Brook. Surtout maintenant que je sais qui elle a été pour lui. Cependant, je n'ai rien a cacher et il est normal qu'elle s'inquiète pour lui. Après tout, ils étaient très proches et le restait encore.

Je vois. Deux jours pour récupérer, c'est un coup à me faire passer pour incompétente.

"- Chacun son pouvoir. Et ses compétences. Je suis peut-être douée dans mon domaine mais de mon côté, j'étais parfaitement impuissante. C'est à vous qu'il doit la vie, pas à moi...."

Et de le revoir couverts d'éclats de verre, le sang dégoulinant de ses blessures ne fait que me renvoyer à la dure réalité des choses. Seule, je n'aurais rien pu faire à part le regarder mourir. Pour un peu, je m'en mordrais la lèvre. Pourtant, son regard à ce moment-là aurait du me faire peur. Quand il a manqué de me tirer dessus. Je respire un grand coup avant de revenir à Brook.

"- De votre côté, pas trop de soucis avec les Ombres?
Et sinon, combien de temps prendront ces analyses? Je ne tiens pas à occuper trop longtemps un box qui pourrait servir à sauver des vies alors que de mon côté, je suis en parfaite santé."

Si ça vous dérange tant que ça que ce soit son ex qui s'occupe de lui dans il vient à la clinique, je demanderai à mes collègues de s'en charger les prochaines fois. Mais je suis aussi et surtout son amie. En tant que telle, je m'inquiète aussi de savoir comment il va. Ça n'est qu'un imbécile mais j'ai encore l'espoir de le voir devenir quelqu'un de bien. Et là, c'est vous qui serez compétente.

"- Vous le connaissez bien mieux que n'importe qui d'autre, vous resterez toujours la plus à même pour vous occuper de lui. Alors surtout, ne changez rien pour moi. Avec vous, je sais qu'il est entre de bonnes mains."

Pas spécialement. Je me cantonne encore aux petites bestioles, mais au moins, je rentre entière chez moi. Grâce à me nature de Seraph, j'ai moins de temps à dormir et plus à étudier. Je vais sans doute pouvoir passer urgentiste dans peu de temps, alors je ne me surmène pas trop au niveau de la chasse aux Ombres. Au moins le temps de réussir mes examens.

"- Bon courage pour vos examens alors. Mais je ne me fais pas trop de soucis pour vous, vous y arriverez haut la main, j'en suis certaine."

Je me permets un léger sourire. Je suis tout à fait sincère dans mes paroles. Elle fera une très bonne urgentiste, j'en suis persuadée. Elle a le sang-froid, la force de caractère mais aussi une véritable vocation pour ce travail.

Toujours aussi pressée de partir... On va attendre les premiers résultats, d'ici une quinzaine de minute. Les autres vous seront transmis une fois que le labo les aura analysés. Et ne sous-estimez pas les urgences de la Clinique. On sauve les patients n'importe où, même sur le parking.

"- Je vous fais confiance pour cela. Mais comprenez que ces derniers temps, j'ai eu ma dose d'hôpital et même plus que nécessaire. Je sais que c'est aussi ma faute, refusant de consulter les soigneurs au QG. Ici, c'est votre monde, pas le mien."

Un bon quart d'heure, c'est encore raisonnable. Mais oui, je ne peux pas nier que je ne me sens pas à mon aise ici. Je revois sans cesse ces images qui me hantent, plus que je ne le voudrais. Je croyais être forte mais en fait, je suis comme tout le monde, rien de plus.

"- Comment vont vos frères à présent?"

Il ne va pas vous attaquer, mon "monde" ! Arrêtez donc d'être mal à l'aise a chaque fois que quelque chose ne fait pas parti de votre monde. La nouveauté, ça ne fait pas mal, des fois.

En fait, je pense qu'elle comprenait pas vraiment ce que je voulais dire. En réalité, la nouveauté ne me gênait pas plus que cela. Mais les changements récemment se faisaient de plus en plus nombreux dans ma vie et tous très riches en conséquences, principalement compliquées. Avoir vécue une vie d'homme pour devenir femme du jour au lendemain n'était pas une chose facile à appréhender. Et j'avais encore du mal à vraiment choisir ma place. Oui, j'étais une fille, mais tellement assimilée aux hommes que j'avais toujours côtoyés. Alors, changer de statut ne s'avérait pas aisé.

Ils font leur rééducation, mais seront remis pour leur rentrée universitaire. J'aide un peu le malheureux qui s'occupe d'eux, parce qu'il ont la vilaine manie de fuir les séances au bout d'un moment.

"- C'est drôle, ça ne m'étonne pas vraiment d'eux. Enfin, je suis contente pour eux qu'ils se remettent bien. Et puis, ils mettent un peu d'ambiance. Ça doit être plus agréable que des patients comme moi, qui ne font que se plaindre et râler."

Oui, je suis une vraie plaie. mais le pire dans cette histoire, c'est que je le sais et que je l'assume.

Pas vraiment. Ils foutent le boxon et vous, vous êtes fatigante. Mais on ne choisi pas les patients, on les traite. Je vais écouter votre cœur. Alors arrêter de "râler".

"- Oui Cheffe, bien cheffe."

Je rigole un peu et me tais. Très bien, pour aujourd'hui je vais l'effort de ne pas râler. Je me laisse sagement examinée, assise sur le lit, observant les lieux sans y trouver de grand intérêt. Oui, décidément, j'ai vraiment du mal avec l'inactivité de quelques manières qu'elle soit. Alors, je repense à quelques informations sur une affaire en cours, histoire de m'occuper au moins les neurones.

Vous n'avez pas de problème de santé en règle générale?

"- Hum?... Non, aucun. Vaguement un peu d'asthme quand j'étais petite mais plus rien depuis des dizaines d'années."

Si on oublie les blessures que vous vous infligez à chaque fois que vous en avez l'occasion.

"- Je ne me blesse pas non plus pour le plaisir. Même si, d'accord, j'en fais parfois un peu trop...."

C'est moi ou elle est en colère? Enfin, autant elle avait su rester calme et très professionnelle mais là, je ne sais pas. J'ai l'impression que quelque chose cloche. Mais je ne vois vraiment pas quoi en fait. Je la laisse continuer à m'examiner et à appuyer de nouveau sur sa question précédente.

Pas de douleurs ou de problèmes de digestions? Nausées? Anémie? Maux de tête ou de dos? Vertiges? Rien?

"- Pas vraiment des vertiges mais de légers coups de fatigue, peut-être. Enfin, ce n'est rien de bien méchant, je dois simplement manquer un peu de repos, bien que je n'ai plus vraiment besoin de dormir."

Je vois.

Pour le coup, je reste relativement surprise. En quoi le fait d'être victime de coups de barres occasionnels peut être aussi drôle que ça? Enfin, sans doute de l'humour hospitalier, que je ne peux pas comprendre. A mois que ce ne soit le fait d'avoir réussit à avoir raison au final qui la rende si joyeuse.

Une autre infirmière, celle qui m'avait apporté des vêtements de rechange la dernière fois, passe donner quelques papiers à Brook, sans doute les premiers résultats des analyses qu'elle a demandé. Vu la vitesse à laquelle elle parcourt les lignes, visiblement il ne doit pas y avoir de souci. Elle en sourit même, c'est que ça doit être bon signe.

Bon, le bilan est pas mal. Rien de mauvais à signaler. Vous avez le temps pour un verre? J'aimerais qu'on discute un peu, toutes les deux.

"- Eh bien, pourquoi pas. Laissez-moi juste le temps de me rhabiller correctement et je vous suis."

Nouvel étonnement de ma part mais finalement, son invitation peut s'expliquer de nombreuses façons. Après tout, nous sommes toutes deux des Seraphs. A moins qu'elle ne veuille me parler de David? Je pense qu'elle a été sincère la dernière fois en me disant ce qu'elle savait de lui mais après tout, elle reste son amie. Alors, elle a le droit aussi de me poser des questions à son sujet. Ou peut-être a t'elle simplement envie de discuter un peu, après tout.

Il y a un snack sympa à deux rues d'ici. Les milk-shakes sont à tomber par terre.

"- S'ils en font au parfum Menthe-Chocolat, je suis votre homme. Enfin, façon de parler, bien entendu."

Je suis un peu curieuse, mais ça se passe bien avec le Geek?

Sur le coup, je laisse un léger blanc, mes gestes un peu suspendus par la surprise. Bon, je me doutais bien que ce genre de questions tomberaient mais quelque part, je me sentais un peu désarçonnée malgré tout. Brook était son ex, ils avaient été ensemble pendant 5 ans et finalement, je le lui avait ris. Alors, je me sentait un peu... mal à l'aise face à elle. Coupable, oui, un peu. Même si au fond, je n'y pas vraiment pour grand chose, je n'avais rien demandé. Sans lutter contre pour autant.

"- Je dirais... Aussi bien que cela peut se passer pour nous deux. On se voit de temps à autre, nous évitons tout contact avec son gang, ma famille ou nos faction ennemies. Et pour le moment, on s'écrit surtout. "

Hé, pas la peine de tourner autour du pot, David et moi, c'est fini, mort, kaput! Je m'en suis trouvé un mieux, depuis. Moins gentleman, mais plus réglo. Certes, c'est pas dur, vu le poisson en face. Le truc du "on s'écrit", c'est joli, mais il y a plus, non? Perso, je ne me suis jamais retrouvée en robe en étant avec lui, même si je suis plus féminine que toi!

"- Oh, je vois. J'ai compris le message, merci."

Je me permets de lui sourire, un brin soulagée malgré tout par ses paroles. Finalement, elle aurait eu le droit de m'en vouloir mais non, visiblement. Je termine de rattacher ma chemise une fois les bandes bien remises en place. Puis j'enfile ma veste avant de prendre une grande respiration pour lui répondre. Je dois avoir les joues un peu rouges mais bon, tant pis. Ça aussi, ça m'arrive de plus en souvent de rougir, depuis que je suis avec lui. Faudra que je lui demande si c'est un symptôme qui compte pour ses examens de tout à l'heure.

"- On s'écrit quand on ne peut pas se voir. Après, on arrive à passer du temps ensemble quand même. Pour les robes, elles ont l'avantage de bien me cacher, personne ne me connaissant sous cette apparence, en général, je ne suis pas reconnue et cela nous évite des ennuis. Nous sommes obligés de faire attention alors nous sortons peu malgré tout."

Des rendez-vous, carrément! Vous êtes donc déjà si proches? David serait guéri de sa peur des responsabilités? C'est une bonne chose!

"- Disons que notre première rencontre s'est faite dans des conditions un peu...mouvementées. Et pour se venger de l'affaire 'Nikanor', il m'avait invité en retour, me forçant la main. Mais visiblement, les choses n'ont pas tournées comme il s'y attendait. "

Remarque, j'étais pareil au final. Je n'avais rien vu venir et encore aujourd'hui, j'étais complètement prise au dépourvu quand j'y pensais. Mais je trouve un peu étrange cette histoire de peur des responsabilité. Peut-être ne se comportait-il pas tout à fait avec moi comme il le faisait avec Brook. A cause de nos différences mais aussi de nos ressemblances. Oui, sans doute, je ne voyais pas d'autre explication.

En tout cas, tu as bon goût en matière de robe. Même si elle était tachée de sang, ta robe t'allait à ravir ! Il ne te manquait plus que le maquillage !

"- C'était un cadeau de David. Je n'en ai pas... à moi. Les seules que je possède vienne de lui. C'est lui qui a bon goût. Et il aime les détails, allant jusqu'à préparer les bijoux et les chaussures qui vont avec."

Pour le coup, je me sens un peu idiote d'avouer ça. Mais bon, elle doit bien s'en douter de toute façon, que je ne suis pas du genre à aller faire les magasins pour m'acheter ce genre de tenue.

Ah ouais. Tu lui as vraiment fait quelque chose! Encore les rendez-vous m'étonnent, mais aller jusqu'à t'offrir des tenues! Il est à point!

Je ne trouve rien à répondre mais émet un léger rire. De la voir ainsi surprise me rassure un peu. Au moins, je ne suis pas la seule à me retrouver prise au dépourvu. Ce regard-là, je crois que je vais m'en souvenir longtemps. Il faudra que je raconte ça à David un de ces jours.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je le sors pour lire le contenu du sms qui vient d'arriver. De la part d'Aleister. Et son contenu ne me plait pas beaucoup. De quoi parle t'il? Je vais pour lui répondre lorsque les mots de Brook me font revenir à la réalité. Violemment.

Merde! Naoto, à couvert, on a une Ombre droit devant.

Je range mon portable, dégainant mon pistolet en invoquant ma Persona. Celle-là, ce n'est pas une petite. Elle est encore plus imposante que celle de l'Aquarium. Et en plein jour, comme ça, au milieu de la rue. Certes c'est le quartier Sud mais quand même. Je reste auprès de Brook, prête passer à l'attaque comme à reculer.

"- Il va falloir jouer serrer. Celle-là, ce n'est pas une petite frappe..."

On va surtout jouer prudent, ma grande. Tu te blesse, je te tue! Contre un si gros morceau, on ne peut que ruser.

Eh, t'es sensée être l'infirmière toi, pas celle qui me fera clamsée. Non mais pour qui elle me prend? Bien sur que je compte as foncer dans le tas non plus, je ne suis pas suicidaire à ce point. Mais maintenant que le kekkaï est levé, elle nous a forcément repérée. Et l'attaque ne va pas tarder.

"- Tu as de quoi nous protéger. Moi, je peux attaquer à distance. Si on arrive à la maintenir assez loin de nous, on devrait pouvoir s'en sortir sans trop de dégâts."

Mais visiblement, l'Ombre n'a pas appréciée de nous trouver toutes les deux sur son passage. Elle nous fixe mais ne fonce pas tout de suite, preuve de son intelligence supérieure. Elle nous observe un peu. Ma Persona reste auprès de moi mais déjà, L'ombre attaque, à une vitesse fulgurante, nous forçant à nous séparer. Me voici à sa gauche et Brook à droite. Déjà, je tire en direction de l'épaule du monstre en me relevant, cherchant Brook du regard.

"- NOOOOOOOOOOOOOOOOOON!!!"

Jamais je n'ai hurlé de la sorte. Mon regard est écarquillé, toute couleur à quitté mon visage alors que je me redresse, ne pouvant que constater, impuissante, le coup porté par l'Ombre à Brook. Attaque qui m'était clairement destinée. Son corps est littéralement traversé de part en part part les griffes aiguisées et pour le coup, l'horreur de la situation me rends tout simplement incapable de réagir. Non, ce n'est pas possible, c'est un cauchemar, une erreur, une illusion. Il y a un truc, forcément. Ça ne peut pas se passer comme ça. Mais déjà, le monstre esquive le couteau de l'infirmière avant d'armé de nouveau son bras, pour l'achever. C'est le déclic nécessaire à me faire sortir de ma torpeur.

"- RECULE !! N'APPROCHE PAS !!"

Yamato Takeru a foncé à une vitesse hallucinante, frappant de plein fouet les jambes de l'abomination tandis que je me relève. Je vise son torse et la créature recule alors alors que je cours me rapprocher de Brook. Et je sens des présences. Le KekkaÏ est dissipé, je dois activé le mien, ce que je fais dans l'instant, sans même me soucier des deux intrus qui viennent de s'y retrouver piégés avec moi. Je viens me pencher à côté de Brook, le visage décomposée tandis que ma Persona ayant déséquilibrée l'Ombre me laisse quelques secondes de répit.

"- Tiens bon, d'accord? Je vais te ramener... à l'hôpital... juste après..."

Mon corps est soudain parcouru d'un puissant soubresaut, m'arrachant un grognement. Ma Persona s'est faite éjecter violemment et je reçois le contrecoup du choc, j'en saigne de la lèvre mais ne m'en préoccupe pas. Je me redresse et vise de nouveau l'Ombre. Non, tu ne l'auras pas. Pas tant que je serais vivante.

"- Surtout, ne t'endors pas... Reste avec moi... Aleister... David... Ils s'en occupe.... ne fais aucun effort..."

Je devrais trembler, pleurer, hurler, faire quelque chose mais soudain, c'était comme si tout se passait à travers du coton. Les bruits sont assourdis, la scène me semble si lointaine. Je ne pleure pas, les yeux secs même si les sanglots sont perceptibles dans ma voix. Je laisse les garçons s'occuper de l'Ombre, tâchant de forcer Brook à rester éveillée, à respirer, à rester vivante. Moi me plaignait de son langage, je ne veux surtout pas l'entendre se taire. A aucun prix.

Ma Persona s'est relevée et fonce de nouveau sur la créature qui, déjà attaqué par les deux garçons, à du mal à éviter en plus les assauts de ma créature. Un coup dans le dos, un autre à la cuisse puis au flanc, Les griffes qui viennent saisir le mollet de Yamato Takeru avant de l'écraser entre ses griffes. Je serre les dents pour ne pas hurler alors que l'hématome grandit sur ma propre jambe mais ma Persona se libère en lui coupant la main.

Je tire une ou deux fois mais avec Aleister et David, cela devient trop dangereux alors je m'en repose sur eux. Je ne leur serais qu'un soutien avec ma Persona qui continue de harceler le monstre attirant son attention pour offrir des angles morts aux deux combattants. moi, je ne parviens pas à lâcher Brook, son sang me couvrant lentement mais surtout.

"- Allez, on inverse les rôles... On passe ton examen aujourd'hui... Alors dis-moi... Comment on arrête une hémorragie?... Fais gaffe, t'es noté à la fin..."

Oui, c'est complètement idiot mais c'est la seule chose que j'ai trouvé. J'ai ôté ma veste et tente par mes maigres moyens de juguler le saignement et de protéger sa plaie. Car malgré mon apparente distance, mon calme qui ferait presque illusion, en fait, j'ai peur, très peur. Mais pas pour moi.

Je... Je t'avais dit de faire gaffe à toi Naoto... Tu es une personne fragile.... Aleister, idem... tu t'es encore blessé stupidement... Enfin... c'est rien de grave... Ta mère ne râlera pas... 

"- Tais-toi... Économise tes forces.... Ecoute tes propres conseils au lieu... de raconter des bêtises..."

Moi, fragile? Et puis quoi encore? Et la remarque sur Aleister aurait pu me faire rire dans n'importe quel autre contexte mais là, je n'arrive pas même à sourire. Je cherche toujours le moyen de stopper le saignement, de la soulager au maximum, de lui permettre de survivre le temps qu'un soigneur compétent arrive, ou qu'on la conduise à l'hôpital. Même si une partie de ma raison, au fond de moi, a bien compris l'inévitable je continue de me battre contre, de toutes mes forces.

Toi... je sais que quand il s'agit de tuer... t'es un habitué... Je crois que je vais pas avoir le courage d'attendre la mort... Alors je vais... te demander un service...
Je m'en sortirai pas... Alors autant... finir ça vite...

Je relève le regard vers David, choquée, avant de revenir à Brook. Non, elle ne peut pas lui demander ça. Pas à son ex. Pas devant moi. Je veux croire que je n'ai rien entendu ais je ne peux pas ne pas voir le sang qui imprègne tout, sa douleur plus qu'évidente, ses efforts démesurés. Et j'ai comme la sensation que chacune de ses respirations m'enfonce une nouvelle aiguille dans le cœur, ravivant la douleur que je tente de dissimuler. Non, je ne craquerais pas.

"- Tu ne peux pas laisser.... Tes frères... Tu n'as pas le droit d'abandonner maintenant... "

Je sens que ma voix monte dans les aigus mais je ne peux rien faire. Son regard est tellement suppliant, si rempli de douleur, l'odeur de sang est si forte que je peine à réprimer un haut le coeur. Je cherche à la garder parmi nous mais je sens bien que, malgré toutes mes supplications, sa vie s'échappe, ne faisant que lui offrir un calvaire qu'elle ne mérite nullement.

"- J’aurais dû ... t'écouter... pardonne-moi..."

Comme si le fais de m'excuser allait soudain la ressusciter. Mais je n'ai rien de mieux à faire et je veux qu'elle le sache. Je n'ai jamais voulu ça, rien de tout cela n'aurait du arriver. Si je n'avais as été là...

Naoto... Il faudrait que tu leur dises... que s'ils deviennent des délinquants... je t'autorise à les foutre en taule... Alors ils ont intérêt... à réussir leurs études... et à devenir de grands hommes... Dis à ma famille... qu'ils ont été formidable... à mes parents... que j'ai été fière d'être leur fille... et à mes frères... que je suis fière d'être leur soeur... Même si je leur gueule... tout le temps dessus... 

"- Je... leur dirais... Au mot près...."

J'ai l'impression d'avoir mis des heures à réussir à articuler ces quelques mots. J'ai l'impression que mon coeur va exploser sous la douleur que je retiens mais pas une larme ne vient briller à mes yeux qui restent secs. Je me force même à esquisser un sourire, passant mes doigts sur son front, comme pour essayer de la rassurer, de lui offrir un dernier instant paisible avant la fin. Qui est désormais inévitable.

Nao’ , prévient le QG, dis leur qu’on a besoin d’un guérisseur, ou trouve quelqu’un, n’importe qui ! Je peux ralentir l’hémorragie avec mon pouvoir, mais pas l’arrêter, alors fait vite ! Et toi je t’interdit de mourir, tu n’as pas le droit de fuir comme ça, pas le droit de nous infliger ta mort ! 

Aleister Chase! ... C'est trop tard... Même en ralentissant mon hémorragie... même en ralentissant mon hémorragie... même en l'arrêtant... je vais pas pouvoir survivre... Mes organes vont se dégénérer... et j'ai perdu mes jambes... C'est plus un miracle qu'il me faudrait... Alors... Arrête ça... J'ai le droit d'être égoïste les derniers... moments de ma vie, merde!

Oui, elle avait raison. Il était inutile de s'accrocher désespérément à une cause perdue d'avance. Et elle avait plus que le droit de choisir comment quitter ce monde. Cette vie était la sienne, ce supplice aussi et il était temps qu'il prenne fin. J’essuie distraitement ma lèvre qui saigne abondamment maintenant à force de l'avoir mordu sans même le réaliser. Je ne pense plus qu'à Brook. A son teint qui pâlit à vue d'oeil, à sa température qui chute, à ses traits toujours plus crispés et à son souffle sans cesse plus difficile.

Alors, je me contente de rester près d'elle, de lui offrir ma présence et ma chaleur en espérant soulager au moins un minimum toute la douleur qu'elle supporte. Je veux garder d'elle l'image de cette force de la nature qu'elle incarnait, pas de ce corps désarticulés luttant encore un peu contre l'inévitable. Mon regard ne la quitte plus.

David... S'il te plait... J'ai... Pas envie que ça... dure...

"- Fais-le...."

Ma voix est un murmure, brisé et ténu, mais audible. Les condamnés ont toujours droit à une dernière volonté, celle-ci est la sienne. Nous n'avons pas le droit de la lui refuser. Qu'importe ce que cela nous coûtera par la suite.

-« Adieu Brook… désolé de t’en avoir autant fait voir… et merci de m’avoir rafistolé, merci pour tout… »

Ça y est, Aleister a finit par réaliser également la complète absurdité de sa volonté de sauvetage. Son geste est noble, mais parfaitement inutile. Ma résignation se lit dans chaque partie de mon être, épaules voûtées, tête baissée, mouvement lents, légers et presque invisibles. Mais je resterais là. Jusqu'au bout, jusqu'à sa fin et même après.

Je n'ai même pas la moindre réaction lorsque David s'approche et que Brook vient l'embrasser, l'espace de quelques secondes. Je regarde la scène comme si j'en étais une simple spectatrice extérieure. Comme si plus rien ne pouvait m'atteindre, à travers cette muraille de verre qui me sépare de la réalité. Laissant encore mon cœur loin de ma raison, pour ne pas me faire craquer, me permettre de tenir encore.

Je ne sais pas ce qu'ils se racontent, son souffle est trop ténu, trop court, ses mots trop saccadés et difficiles. J'en ai mal pour elle. Pour un peu, j'en reviendrais à lui demander de se presser. Juste pour lui permettre d'être enfin soulagée de toute cette souffrance. Et si rien ne me fait plus bouger, si je ne suis plus rien d'autre qu'une statue au regard perdu sur la scène se jouant devant moi, ma Persona, cette part de mon âme matérialisée, exprime à ma place tout mon ressenti.

Yamato Takeru est tremblotant, nerveux, inquiet mais restant sur place. Et soudain, alors qu'un craquement sec retentit, le voici qui se recroqueville d'un coup sur lui-même, se crispant violemment avant de se détendre lentement, sa silhouette devenant un peu moins précise, se changeant en un halo lumineux qui lentement se désagrège, laissant s'échapper comme des lucioles qui s'envole dans les airs avant de disparaître à la manière des feux d'artifice, comme pour accompagner une dernière fois l'âme de celle que je réalise considérer comme une véritable amie seulement après sa mort.

Oui, dans un sens, une partie de moi est morte aussi. Du moins, c’est la sensation que j'ai. Ma main vient caresser une dernière fois son visage avec une douceur que je ne me connaissait même pas. Puis, je viens déposer ma tête contre la sienne, incapable tout simplement de parler, me relever, pleurer ni quoi que ce soit. Je reste juste là, son corps déjà quasiment froid dans mes bras, recouverte de son sang dont l'odeur me donne une nausée atroce que je contiens envers et contre tout.

Elle s'est jetée entre moi et l'Ombre. Elle a tentée de me protéger. Elle m'a sauvée au prix de sa propre vie. Elle s'est sacrifiée pour que je puisse vivre. Elle a donné sa vie contre la mienne. Alors je ne l'abandonnerais pas. Mon Kekkaï est toujours actif mais montre des signes de fatigue, le choc à digérer conjugué à mes blessures nouvelles terminant de pomper toute l'énergie que je possède. Mais je ne peux pas revenir dans la réalité comme ça. Puis-je seulement continuer à vivre en sachant que sa mort est ma faute, ma seule et entière responsabilité? En ais-je seulement le droit?

Cette fois la nausée est bien trop forte pour être réprimée et je me décale soudainement, me redressant violemment avant de vomir tout ce que je possède de bile et d'un peu de sang mêlé, toussant et crachant à m'en brûler les poumons. Mais je serre les dents malgré l'odeur de sang, ce corps reposant à moitié sur moi à présent devenu cadavre, et tout le reste. Il me reste des choses à faire avant de flancher. Mais je reste incapable de bouger pour autant, le regard vide, perdu et inexpressif au milieu de mon teint semblant beaucoup trop pâle au milieu de tant d'hémoglobine.

-« Je suis désolé Naoto mais… tu ne devrais pas rester ici, on devrait bouger. Accroche-toi ma vieille, même si c’est dur, on lui doit bien ça, de continuer à se battre. »

Naoto, tu dois aller te soigner. Allez voir un soigneur ou un Doc. Je vais m'occuper du corps. Je ferai en sorte qu'on sache que Brook est morte. 

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à se soucier de moi? Je suis vivante, je vais bien. Ils peuvent le voir, je suis là, devant eux. Brook, elle, est morte, définitivement partie. J'ai vaguement l'impression que l'on me touche mais je n'en suis même pas certaine. Tout me parait si lointain à présent. Mais je ne dis rien. De toute façon, je ne crois pas que j'en serais capable.

Et puis, je n'arrive pas à savoir si je suis choquée devant les paroles de David ou soulagée. Comment ramener le corps, nous n'aurions aucune explication? Mais elle mérite tellement mieux qu'une mort anonyme de la sorte. Enfin, c'est sans doute malgré tout ce qu'elle aurait souhaité. Ne pas nous attirer d'ennuis alors qu'elle vient de nous sauver. Et cela laissera à David le temps de lui dire au-revoir. Même si elle est partie, ils ont peut-être encore des choses à se dire, seulement entre eux.

Une seule chose. N'en parlez pas avant que la nouvelle ne tombe.
Si je l'ai tuée, je m'en charge jusqu'au bout. Et je n'ai pas envie que vous participiez davantage. 

Je me contente de hocher de la tête, regardant David déjà portée la dépouille de l'ex infirmière dans ses bras, comme un paquet à la fois précieux et imposant. Ma veste lui fera office de linceul tandis que moi, je suis couverte de celle de David. Je les observe, toujours aussi inexpressive. une dernière fois, je serre la main de celle qui fut ma sauveuse avant de laisser ses doigts m'échapper comme la vie avait fui un peu plus tôt son propre corps.

Naoto, relâche ton Kekkaï.

Une dernière seconde d'hésitation. Puis je m'exécute. Le retour à la réalité est douloureux. Bruyant et vivant, si différent de cette ambiance que nous venons de quitter. Je e détourne de David, aussi pour ne surtout pas attirer l'attention sur lui et son paquetage, avant de tenter de me lever. Je grince des dents, faisant se rouvrir ma plaie à la bouche avant de parvenir à tenir à peu près debout. Mais mon équilibre est plus qu'instable ma jambe me faisant atrocement mal.

Aleister... Aide-moi... à rentrer... chez moi... S'il te plait... 

Non, je ne retournerais pas la Clinique du Sud, j'en viens. Et c'est ce fichu rendez-vous qui est la cause de tout. Alors hors de question d'y remettre les pieds. Quand au QG, c'est trop loin. J'ai besoin d'une douche d'urgence.