Logan m'avait demandé de passer le voir et je sortais enfin de son bureau après plus de 2 heures de discussion. C'est incroyable, une vraie commère celui-là. Pire qu'une fille. Enfin, maintenant qu'il avait vu que j'allais bien, que les bébés grandissaient correctement et que je me ménageais bien, restant au calme et me préoccupant surtout de moi, il avait accepté de me laisser retrouver ma liberté, ayant été appelé sur une affaire ailleurs.

Enfin, même si j'avoue qu'il commençais à me donner mal au crâne, j'ai été contente de le revoir. Evidemment, quand certains mecs du commissariat m'ont vu débarqués avec mon ventre rond comme un ballon, les regards étaient encore plus explicites que les questions qu'ils auraient pu poser. Mais une simple expression du genre 'Alors, tu t'y attendais pas à celle-là, hein?' et déjà, ils retournaient à leurs papiers. Jusqu'au bout, je les aurais eu, c’est ma seule satisfaction.

J'erre un peu dans le quartier Est, avançant en direction de la Fac, portée par le retour des étudiants à leur monde de travaux et de cours. Cela me parait loin et pourtant, ça ne l'est pas tant que cela. Et puis, au détour d'une rue, je remarque un établissement qui m'est inconnu. Chez Bob. Non, ça ne me dit rien. Et le calme qui y règne m'y attire autant que les jumeaux que je sens se mettre à danser la zumba. Ok, j'ai compris, vous avez faim. Ça va, 5 minutes.

Je pénètre donc dans la salle tranquille et presque vide à cette heure avant de me diriger vers une table proche. Oui, j'ai aussi besoin de m'asseoir. Ils commencent à peser mine de rien, les deux là. En tout cas, les lieux sont chaleureux et ne ressentant aucune présence Seraph dans le coin, m'étant assise dos au mur comme à mon habitude, je ferme un instant les yeux pour soupirer de soulagement. Oui, Logan est encore plus fatiguant que les jumeaux à lui tout seul.

Bien appuyée contre le dossier de mon siège, je prends quelques grandes inspirations, mes mains venant se poser négligemment sur mes tempes. Il est toujours aussi sympathique mais franchement, il est vraiment fatiguant, fichu Logan. Heureusement le calme ambiant est propice à faciliter la disparition de mon départ de migraine.

"Bonjour Madame, et bienvenue Chez Bob ! "

"- Merci."

" Êtes-vous bien installée ? "

"- Oui, très bien. "

Je souris un peu à l'homme qui est jovial et souriant, agréable d'allure. Je prends la carte qu'il me tend mais avant de l'ouvrir et de commencer à regarder à l'intérieur ce qu'il y a de bon au menu, je ne peux m'empêcher d'interroger l'homme devant moi.

"- Excusez-moi, mais je passe régulièrement dans le Quartier et je ne me souvenais pas de votre enseigne. Vous êtes nouvellement installés par ici? "

" En effet, nous avons ouvert il y a à peine quelques semaines. A la base, mon associé et moi avions prévu d'accueillir des clients dès la rentrée des classes en septembre, mais les travaux d'aménagement ont été plus longs que nous ne l'imaginions. "

"- C'est souvent le cas, malheureusement. Je ne crois pas connaitre un seul endroit qui n'ai pas connu des retard de travaux avant l'ouverture."

" Quoi qu'il en soit, c'est toujours un plaisir d'avoir de nouveaux clients. Surtout lors des jours creux comme aujourd'hui !
Désirez-vous boire quelque chose pour commencer ? "

"- Est-ce que par hasard je pourrais avoir un verre de lait à la menthe?
Oui, je sais. C'est bizarre. Mais ce n'est pas moi, ce sont eux!"

Bon, j'avais toujours apprécié le lait mais ce mélange là, c'était vraiment arrivé depuis ma grossesse. Il parait que c'est normal, d'avoir des envies ou des goûts différents lors de cette période mais je préfère quand même assuré le coup. Je n'ai pas envie d'être prise pour une extra-terrestre non plus.

"Vous attendez des jumeaux ? Félicitations !
Pas de problème pour votre boisson, on a de quoi faire. Et je vous rassure, j'ai eu des demandes plus exotiques. Pas plus tard que la semaine dernière, un client a voulu un cocktail bière/hydromel/diabolo grenadine ... "

Je ne eux m'empêcher de rougir un peu à ses félicitations, pas vraiment habituées à ce genre de remarque quand à mon état, même si je dois reconnaître que c'est plutôt agréable. Et son histoire de cocktail spécial... Beurk! Je me demande bien ce que ce type pouvait avoir à l'esprit. Aucun de ces parfums ne va ensemble en plus. Enfin, visiblement, je ne suis pas la pire et cela me rassure.

"Je vous laisse regarder la carte pendant que je vous prépare votre verre. Oh, et le plat de la semaine est une tartiflette maison, si cela vous intéresse. "

"- Une tartiflette? Qu'est-ce que c'est?"

"A la base, c'est un plat français. Il s'agit d'un gratin de pommes de terre, d'oignons et de lardons, le tout agrémenté de fromage fondu. C'est nourrissant et agréable, surtout avec les températures fraîches que l'on a en ce moment ! "

Un plat français? Alors là, il pique encore davantage ma curiosité. Si cela vient de France, David doit sans doute connaitre, lui. J'écoute sa description du plat qui me semble plutôt sympathique. Nourrissant, je n'en doute pas et même si au fond, je ne ressens pas la faim, la curiosité et les jumeaux qui remuent plus franchement finissent par me décider.

"- Eh bien, ça à l'air très appétissant tout ça. Je vais me laisser tenter par une... Tartiflette maison alors. Mais je vais me limiter à une part adulte pour le moment. "

C'est vrai que ça a plutôt l'air sacrément consistant comme repas mais en même temps, j'ai besoin de forces pour que les petits grandissent. Et puis, cela fait plaisir de le voir parler de son plat avec autant d'entrain. C'est un passionné, cela se voit.

"C'est noté ! Je m'en occupe."

Je souris légèrement au serveur qui à l'air vraiment ravi de mon choix. Rien que pour cela, je suis contente de m'être laissée tenté par son plat. En plus, vu qu'il n'y a que des bonnes choses dedans, cela ne doit pas être mauvais. Bon, j'espère juste que les deux zigotos apprécieront aussi parce que bon, je sais que certaines odeurs ou certains goûts me sont difficilement supportables aujourd'hui, par leur faute. Je laisse mon esprit vagabonder un peu, observant la salle, tandis que l'homme revient déjà avec une partie de ma commande.

" Voilà pour vous, un verre de lait à la menthe."

"- Merci beaucoup, c’est gentil.
Juste une question supplémentaire, si vous me le permettez. Vous êtes tout seul ici? Enfin, parce que c'est du travail et je ne vois personne pour vous aider alors, je me posais la question."

" Heureusement que non ! Ce midi, nous ne sommes que trois, mais la plupart du temps nous sommes entre quatre et cinq. Les autres sont en cuisine ou ont profité du creux pour prendre leur pause, c'est tout. Comme vous pouvez le voir, c'est franchement calme, les mardis midis"

Il était vrai que la salle était loin d'être comble mais en même temps, cela pouvait aussi s'expliquer facilement. La fin de l'année scolaire était synonyme de partiels pour les étudiants, qui privilégiaient leurs révisions et leur travail au dépens du reste. Et puis, les fêtes de fin d'années approchaient à grands pas et nombreux étaient ceux dont les budgets étaient trop serrés pour se permettre de manger trop souvent dans ce genre d'endroit. Mais je ne doutais pas qu'elle se remplirait en d'autres occasions.

" S'occuper de la brasserie tout seul serait parfaitement ingérable. Ou alors, il faudrait que les clients achètent des provisions le temps d'attendre que leur commande arrive ...."

"- C'est un concept remarque. Je ne suis pas certaine que cela plairait beaucoup mais qui sait, peut-être que cela aurait du succès."

Sur ces mots, le jeune homme retourne à son devoir et disparais dans l'arrière salle, sans doute du côté des cuisines et de la plonge, tandis qu'une autre serveuse vient prendre le relais. En attendant que mon plat arrive, je sors le livre que je garde dans mon sac ces derniers temps. Un mini dictionnaire de français. Bah oui, je continue à essayer d'apprendre mais seule, ce n'est pas toujours évident.

Mon verre de lait est terminé depuis un moment maintenant mais perdue dans mon dictionnaire, je n'ai pas vraiment vu le temps passé. Sauf les gargouillis et les coups des jumeaux sur mon ventre rebondi, je crois que je n'aurais eu aucune notion du temps qu'il s'était écoulé. Toujours est-il que je finis par apercevoir le serveur de tout à l'heure arrivé les bras chargés en ma direction.

" Voilà votre tartiflette ! Faites attention, le plat est encore brûlant. J'espère que cela va vous plaire. "

"- Pour le gout, je ne sais pas encore mais à l'odeur, c'est diablement appétissant. Sans parler de l'apparence, qui donne drôlement envie."

Et ce ne sont pas les deux zigotos dans mon ventre qui diront le contraire au vu de leurs mouvements plus saccadés soudain. Oui, je sais, vous avez faim. Ça y est, c'est prêt. J'attends juste que ça refroidisse un peu pour ne pas me brûler, vous n'allez pas non plus réclamer que je me fasse du mal juste pour combler vos estomacs de fœtus non plus. D'ailleurs, le temps que le plat soit plus à température mangeable

"- Dites-moi, c'est vous qui l'avez faite? "

" Évidemment, ce n'est pas du surgelé ! "

"- Oh, je pensais plus au fait que soyez et à la salle et à la cuisine. Avec un tel fumet, il est évident que cela ne peut être du préparé d'avance."

" Comme le veut la tradition ici, on essaye de faire un maximum de choses nous mêmes. C'était vraiment l'idée de base lorsque Roger et moi avons fondé la brasserie. La seule chose à noter, c'est que les pommes de terre étaient déjà cuites, je n'ai eu qu'à les réchauffer à la vapeur avant de les incorporer au reste. Sinon, la cuisson aurait pris une heure ...
Les oignons sont du marché de ce matin, le fromage de la petite boutique à quelques rues d'ici ... Bref, on fait au mieux ! D'ailleurs, je recueillerais volontiers vos impressions sur le plat. Cela nous permet de savoir lesquels nous pourrons reproposer par la suite."

Oh, ainsi il est le cofondateur de cet établissement? Eh bien, il est rare de voir un entrepreneur être aussi bien en haut de la pyramide de son travail sans hésiter pour autant à venir se mouiller pour faire le service et la cuisine en même temps. Je suis sincèrement impressionnée par cet homme. Et pour moi qui ne suis pourtant pas une adepte de la cuisine, je me retrouve à l'écouter avec une attention particulière, nouvelle.

"- Je vous promets de vous les donner, sans mentir. De toute façon, ce n'est pas mon genre. "

Ma fourchette s'enfonce à travers les épaisseurs du plat avant d'en retirer l'équivalent d'une bouchée plus que fumante. Hum, ça sent drôlement bon, même si c’est peut-être un peu prononcé comme odeur. Sans doute à cause du fromage. Je souffle dessus avant de goûter le tout. Et franchement, je ne suis pas déçue du voyage.

"- C'est tout simplement excellent. En tout cas, j'adore ce plat. Il faudra que j'essaye d'en refaire, un jour. Peut-être que cela leur plaira, à eux aussi."

" Cela me fait plaisir de l'entendre !"

"- Et c'est sincère, je vous l'assure !"

" C'est très facile à faire, en fait, et économique qui plus est. Parmi les ingrédients, seul le fromage peut coûter un peu cher, suivant sa qualité. Sans compter le fait que la tartiflette est un solide plat de résistance à elle toute seule."

"- Je vois ça. Enfin, je suis certaine qu'à 3, je peux en venir à bout. "

" Je vous laisse l'apprécier, bon appétit !"

"- Merci beaucoup."

Je le laisse retourner vaquer à ses occupations tandis que j'attaque plus sérieusement mon plat. C'est vraiment impressionnant. Je n'avais pas faim en arrivant et pourtant, maintenant que j'ai le plat devant moi et qu'en plus j'y ai goûté, je n'attends plus qu'une chose: en reprendre une bouchée. Bon, je prends mon temps pour manger. Déjà parce que le plat est chaud mais aussi pour l'apprécier et essayer de me souvenir des saveurs au mieux, pour pouvoir le refaire un jour.

En tout cas, mon assiette bien que pleine se vide lentement mais surement. Je crois même que je ne vais pas en laisser une miette. Ce genre de mélange, je n'y aurais jamais pensé seule, cela ne fait vraiment pas partie de mes habitudes alimentaires mais là, je suis ravie d'avoir poussée la porte de cette brasserie.

Je termine tranquillement mon plat, surprise de me rendre compte que même sans sensation de faim, cela passe très bien. Et en plus, les jumeaux se sont calmés. Alors là, c'est vraiment tout bénef pour moi. A noter, visiblement les bébés aiment la bonne cuisine. Comme je vais encore avoir du temps de libre, ce pourra toujours être une idée à creuser.

" La tartiflette vous a plu ?"

"- L'assiette parle d'elle-même je pense. Mais oui, c'était vraiment délicieux. Mes compliments au Chef. Même eux ont appréciés, c'est dire."

Je lui souris gentiment en passant une main sur mon ventre rebondi. Heureusement que je ne suis pas gonflé comme ça juste à cause du plat n'empêche. Enfin, je le laisse desservir la table, hésitant un peu avant de lui poser la question qui m'intéresse.

"- Je sais que je suis curieuse mais... Vous faites beaucoup de plats français? Cela a du succès par ici?"

"Quelques uns, en effet. J'ai travaillé plusieurs années dans un restaurant à Atlanta où le chef était français. Du coup, j'ai récupéré les idées de plat qui m'avaient le plus plu. La tartiflette donc, les galettes bretonnes, le hachis parmentier ..."

Le prends grand soin de noter ces noms dans mon esprit. C'est drôle, je trouve que ces appellations font très exotiques par rapport au noms que j'ai l'habitude d'entendre. Il faudra vraiment que je me renseigne là-dessus en tout cas. Qui sait, je me trouverais peut-être de nouveaux centres d’intérêts.

"Quant à dire s'ils ont un succès particulier, c'est difficile a dire. L'ouverture de la brasserie est encore très récente, donc on manque de recul. Mais visiblement, au moins une cliente aura apprécié"

"- Et je pense que cette cliente reviendra. Je ne sais pas si je suis très bonne pour faire de la pub mais je parlerais également de vous autour de moi. Et vous n'avez pas séduite une cliente mais 3 personnes d'un coup."

Je reprend un verre d'eau, car le plat chaud et parfumé me laisse malgré tout un arrière gout salé et prononcé en bouche. Sans doute à cause du fromage mais ce n'est pas désagréable en soi. Enfin, j'en reviens à l'homme devant moi.

"- Ça à l'air tellement facile quand on voit les plats une fois prêts et terminés devant soi. Pourtant, je doute d'être capable de faire ce genre de choses un jour."

"Du jour, non. Pour l'instant, nous proposons un ou plusieurs plats et desserts spéciaux, mais ils restent fixes toute la semaine. Changer tous les jours serait encore trop compliqué pour nous en terme de logistique."

Il est vrai que c'était le genre de choses à laquelle on ne pensait pas tout de suite. Enfin, un plat du jour peut très bien durer une semaine, ce n'est pas moi qui vais leur en tenir rigueur. Déjà qu'ils font vraiment de la bonne qualité. Et puis, il ne dit pas que c'est impossible, juste pour plus tard si cela devait être envisagé.

"Je peux néanmoins vous proposer un pancake au coulis d'ananas, qui est un de nos desserts le plus demandé. Entre ça et la tartiflette, je pense que tout le monde serait rassasié. Ou alors une mini tartelette tatin, si vous voulez rester dans la thématique de la France."

"- Je crois que je vais me laisser tenter par la Tatin alors. Je peux encore profiter un peu de vos lumières pour savoir que quoi il s'agit exactement?"

"- Vous m'avez très bien conseillé jusqu'à maintenant, je prends donc le risque de vous faire confiance jusqu'au bout, c'est tout.

- J'en suis flatté.

"- Je pense que je vais tenter avec la boule de glace, je sens qu'il y en a 2 qui n'attendent que cela. Et ça a l'air encore plus appétissant maintenant que vous me l'avez décrite que lorsque que j'ignorais de quoi il s'agissait."

- Très bien, je vous amène ça !"
Je débarrasse rapidement la table, et file aux cuisine avec mon plateau.
- Roger, il nous reste une tatin ?

Pour gagner du temps, nous avions l'habitude de réaliser les petits desserts comme celui-là par groupes. Lorsqu'un client en commandait un, nous en réalisons en général deux ou trois (s'il n'y en avait plus en stock) pour garder un peu d'avance. A la fin de la journée, les desserts en trop étaient répartis entre les volontaires ou revendus à prix cassés à la boulangerie du coin.

- J'en ai refais tout à l'heure, oui.

Effectivement, il en restait deux. J'attrape la première et la place dans le four. 12 minutes de cuisson et ce sera bon.

"Très bien, je vous amène ça !"

"- Promis, je ne bouge pas d'ici."

Et je laisse le serveur repartir en direction des cuisines. De mon côté, je ressors mon petit dictionnaire de poche et me replonge dans sa lecture. D'ailleurs, j'y cherche les mots tartiflette et tatin mais dans cette édition, ils n'y sont pas. Il faudra que j'en trouve une plus complète. Mais celle-là, je ne pourrais pas la promener avec moi tout le temps non plus. Enfin, le temps passe tranquillement, tandis que je patiente pour l'arrivée de mon dessert.

Quelques minutes plus tard, j'enfile des gants, sors la tartelette du four et la pose sur l'ardoise réglementaire pour les desserts. C'est Roger qui avait eu l'idée, et il avait eu du flair sur ce coup là. C'est plus facile à laver qu'une assiette traditionnelle, et donne un certain cachet à n'importe quelle préparation. J'ajoute ensuite la boule de glace vanille dans un petit ramequin, qui finit lui aussi sur l'ardoise. La tarte, c'est bon. Comme à mon habitude, je range méthodiquement tout ce que j'ai utilisé avant d'embarquer le dessert vers la salle.

"Et une tatin, une !" dis-je en servant ledit dessert à sa destinataire, visiblement plongée dans un dictionnaire Franco-américain. Elle avait donc un intérêt particulier pour ce pays, ce qui expliquait peut être son choix de tout à l'heure. Mais bon, ça ne me regardait pas.

"Et une tatin, une !"

"- Eh bien. Ça aussi, ça sent drôlement bon. C'est la cannelle qui donne ce côté épicé à l'ensemble non?"

Non, je ne suis pas une grande spécialiste mais ce genre de senteur, je sais la reconnaître. C'est particulier, prononcé sans être agressif. Enfin, maintenant que mes yeux et mes narines ont bien profité de tout cela, au tour de mon estomac et de celui des jumeaux de me dire ce qu'il en pense. Je goûte une première bouchée de tarte seule, soufflant bien dessus pour ne pas risquer de me brûler avant de recommencer avec un peu de glace par-dessus.

"- Hum... Je crois que pour le coup, je préfère avec la glace. Le mélange de chaud et froid fait encore plus ressortir les arômes. Même la glace est faite maison? "

"- Eh bien. Ça aussi, ça sent drôlement bon. C'est la cannelle qui donne ce côté épicé à l'ensemble non?

- En effet, elle est là pour contrebalancer le sucre caramélisé, qui a tendance à trop recouvrir le goût des pommes.

- Même la glace est faite maison?

- Cela aurait pu, mais non, nous achetons nos glaces à un artisan glacier. Nous pourrions faire nous même certains parfums, dont la vanille d'ailleurs, mais cela prendrait trop de temps sans machine adaptée. Seuls deux desserts sur la carte sont proposés avec des glaces, donc cette solution nous paraît un bon compromis pour l'instant.

Bonne dégustation !"
Vu l'heure, on va pouvoir commencer à débarrasser certaines tables. Carrie a d'ailleurs déjà commencé à l'autre bout de la salle, et je vais lui donner un coup de main.

"En effet, elle est là pour contrebalancer le sucre caramélisé, qui a tendance à trop recouvrir le goût des pommes. "

Eh, je suis plutôt fière de moi sur ce coup-là. Bon, je n'avais pas beaucoup de mérite non plus, la cannelle n'est pas ce que l'on peut appeler une épice rare mais quand même, pour moi qui suis plus qu'une moins que rien niveau culinaire, ça me fait plaisir de ne pas m'être trompée.

" Cela aurait pu, mais non, nous achetons nos glaces à un artisan glacier. Nous pourrions faire nous même certains parfums, dont la vanille d'ailleurs, mais cela prendrait trop de temps sans machine adaptée. Seuls deux desserts sur la carte sont proposés avec des glaces, donc cette solution nous paraît un bon compromis pour l'instant.
Bonne dégustation !"

"- Merci bien."

Pour la glace, je m'en doutais un peu mais comme ça au moins, je suis fixée. Je le laisse retourner à ses propres affaires tandis que je prend le temps d déguster mon dessert, laissant fondre la glace sur la tarte encore chaude, rehaussant ainsi les divers parfums qui se mêlent bien en bouche. Les jumeaux ont l'air ravis en tout cas, ils sont d'un calme olympien. Il faudra que je revienne, absolument. Et finalement, comme pour mon plat, mon assiette finit vidée de tout son contenu. Au moins, on ne pourra pas dire que je n'ai pas fait honneur à mon repas.

Une fois les tables débarrassées et la vaisselle rangée, je me cale derrière le comptoir et jette un œil aux commandes passées ce midi. Sans surprise, l'ordinateur m'indique que trop peu de repas ont été pris, et qu'on ne rentre pas dans nos frais. Tant pis, il devrait y voir plus de monde ce soir.

La cliente ayant manifestement fini son dessert, j'attrape une de nos cartes de fidélité et y tamponne une case. Bon, appeler ça comme ça est peut être un peu abusif. Il s'agit avant tout d'un joli bout de carton avec les coordonnées de la brasserie et une dizaine de cases à valider au verso. Une fois quelles sont toutes tamponnées, la maison offre 12 dollars de remise sur le prochain repas. Une manière comme une autre de fidéliser les clients.

Après un court moment de réflexion, un sourire m'échappe et je valide deux cases de plus. Après tout, ils étaient trois ... Je retourne ensuite voir la cliente en question :
"- Tout s'est bien passé ?"

"- Tout s'est bien passé ? "

"- Parfaitement bien. il y a longtemps que je n'avais pas aussi bien mangé pour être honnête. D'habitude, je ne m'attarde pas trop sur la cuisine mais là, vous avez réussi à me faire revoir mon jugement."

Oui, je suis honnête. Je n'ai jamais été très portée sur la cuisine ni tout ce qui a trait à la nourriture mais pour une fois, je me demande franchement si je ne pourrais pas me renseigner un peu plus. Quitte à avoir du temps de libre, autant n'utiliser intelligemment. D'ailleurs, cela me rappelle qu'il y a aussi d'autres choses dont il faudrait que je me préoccupe rapidement et dont je discute avec David.

"- Dites-moi, ma demande va peut-être vous paraître idiote mais... Est-ce que vous feriez traiteur, pour des occasions particulières?"

"- Parfaitement bien. il y a longtemps que je n'avais pas aussi bien mangé pour être honnête. D'habitude, je ne m'attarde pas trop sur la cuisine mais là, vous avez réussi à me faire revoir mon jugement.

- Je suis ravi de l'entendre ! C'est vraiment gratifiant d'être autant complimenté sur son travail, merci beaucoup.

"- Dites-moi, ma demande va peut-être vous paraître idiote mais... Est-ce que vous feriez traiteur, pour des occasions particulières?"

La question me surprend, non parce qu'elle est idiote, au contraire, mais parce que je ne m'y attendais pas du tout. Nous ne l'avions jamais envisagé avec Roger, et je pris quelques secondes de réflexion, sourcils froncés.

- Je préfère être franc avec vous, nous ne l'avons jamais fait. Il faudrait que j'en discute avec mon associé avant toute chose. Personnellement, cela ne me pose pas de problème, du moment que les questions de timing et de logistique sont claires. C'est la meilleure réponse que je puisse vous offrir pour l'instant, désolé." lui dis-je avec un petit sourire contrit

"- Je suis ravi de l'entendre ! C'est vraiment gratifiant d'être autant complimenté sur son travail, merci beaucoup."

"- C'est mérité, rien de plus."

"- Je préfère être franc avec vous, nous ne l'avons jamais fait. Il faudrait que j'en discute avec mon associé avant toute chose. Personnellement, cela ne me pose pas de problème, du moment que les questions de timing et de logistique sont claires. C'est la meilleure réponse que je puisse vous offrir pour l'instant, désolé."

J'avoue que personnellement, je ne savais même pas vraiment comment tout cela fonctionnait mais je ne doutais que David pourrait me renseigner à ce sujet-là. Et puis, peut-être avait-il déjà tout prévu et donc, je me serais un peu faite des idées pour rien. Mais comme ça, j'avais aussi l'impression de vraiment m'investir dans mon futur mariage à venir.

"- Je comprends parfaitement, ne vous en faites pas. Il faudra aussi que j'en parle avec mon compagnon de mon côté. Mais si jamais, je préférais demandé avant. En tout cas, merci de votre honnêteté, c'est tout à votre honneur."

"- Je comprends parfaitement, ne vous en faites pas. Il faudra aussi que j'en parle avec mon compagnon de mon côté. Mais si jamais, je préférais demandé avant. En tout cas, merci de votre honnêteté, c'est tout à votre honneur."

- Je considère que c'est surtout normal.
Quoi qu'il en soit, voici la carte de fidélité de chez Bob " lui dis-je en lui tendant le carton.
" Nos coordonnées y sont inscrites, donc vous pourrez toujours nous contacter pour qu'on en rediscute. Ou alors repasser directement ici, bien sûr. "

"- Je considère que c'est surtout normal.
Quoi qu'il en soit, voici la carte de fidélité de chez Bob"

"- 3 cases de validées? Eh bien, c'est très gentil pour eux. Je saurais m'en souvenir, merci. "

Dans un sens, oui, le geste me touche. Parce qu'il a beau être un parfait inconnu, il considère déjà mes enfants comme des êtres bien vivants, qui ont droit à une vie à eux. Ma famille ne veut pas de moi, ma faction me surveille et lui, il m'accepte et pense même aux jumeaux alors que nous ne sommes que des inconnus. oui, le monde peut ne pas se montrer si moche que cela, par moments.

"- Nos coordonnées y sont inscrites, donc vous pourrez toujours nous contacter pour qu'on en rediscute. Ou alors repasser directement ici, bien sûr."

"- Je n'y manquerais pas, soyez-en sûr. En tout cas, merci pour le repas. Et comptez sur moi pour au moins parlez un peu de vous autour de moi."

Sur ces mots, je paye ma note, laissant un joli pourboire, avant de sortir de la brasserie. Il est temps de rentrer à présent. Heureusement que je ne suis pas pressée, je ne suis pas certaine que cette fois, ce soit les enfants qui pèsent le plus lourd.

[ => RP terminé pour moi. Merci 'Bob' ^^ ]

- "Merci d'être venue, et au plaisir de vous revoir bientôt !"

Moi qui préfère d'habitude être derrière mes fourneaux, je ne regrette pas d'avoir fait le service de midi. C'est vraiment rafraîchissant d'avoir des clients comme ça. Une chose est sûre : je n'aurais jamais pu voir ça avec mon boulot précédent. Encore une fois, je remercie silencieusement Roger d'avoir eu ce projet fou de brasserie.

En débarrassant la table, je remarque enfin le généreux pourboire laissé par la cliente. Décidément ... Un sourire m'échappe alors que je retourne en cuisine déposer le tout. Roger, en train de faire un pancake, sifflote toujours la même rengaine. Alors que je range mon plateau, Carrie passe rapidement avec une commande, me glissant au passage qu'il faudrait faire deux cappuccinos. Je hoche la tête. On est reparti.