Place Jerdine:

Il était le weekend, le temps était morose et un peu venteux. Malgré la chaleur de l'été, Samantha portait une jaquette noir en plus pour se couvrir. Elle écoutait avec attention les derniers conseils du Chef d'Opération qui s'occupait de la sécurité et de l'aide. C'était un homme d'une quarantaine d'année, grisonnant et perdant peu à peu ses cheveux qu'il gardait long en cache-misère (c'était d'ailleurs son surnom, affectueux). Il avait une forte carrure et une voix imposante, suffisamment en tout cas pour rassurer tout les nouveaux et jeunes qui étaient venu dans le quartier Sud pour aider malgré la réputation mal-famée.

- "Bien, alors comme on vous l'a dit la dernière fois, les quartiers Sud ne sont pas si dangereux qu'on le pense! Il suffit de respecter quelques règle de logique, et je dis ça surtout pour les binomes qui feront le tour des ruelles adjacentes. Premièrement : Ne jouez pas les héros, si vous voyez quelque chose de dangereux, revenez ici et vous serez en sécurité. Deuxièmement : Pas de téléphone portable ou de bijoux ou quoique ce soit de valeur et on vous laissera tranquille. Et dernièrement : Ne quittez jamais votre Binome! C'est la plus importante des règles!"

Samantha hocha la tête. Elle avait laissé tout ce qui était de valeur à la maison, mais elle avait gardé son taser de contact dans une poche de sa jaquette, au cas où. Elle était un peu inquiète, mais elle avait été mise en pair avec un jeune sportif, assez musclé et au regard sur de lui. Donc ils ne risquaient rien. Ils prirent les sac militaires contenant de la nourriture simple (pain, plusieurs thermos de soupe ainsi que des plaques de chocolat militaire ainsi que de l'eau) et des vêtements de récupérations (principalement des pulls ou des pantalons, mais il y avait aussi quelques chaussures). Ils partirent ensuite dans une des rues adjacentes, où se trouvaient plusieurs sans-abris. Son collègue partit vers la gauche de la rue, alors que Samantha partit du côté droit.

Le premier sans-abri qu'elle rencontra n'était pas très bavard, mais il était amical malgré tout. Mais il retourna rapidement à son sommeil presque comateux, après avoir prit une paire de chaussure trop grande. La jeune femme se dirigea alors vers un homme avec un long manteau.

- "Bonjour Monsieur, nous sommes des bénévoles et nous venons distribuer nourritures et vêtement aux personnes qui en ont besoin" dit-elle, avant de voir son masque qui la surprit. Elle tenta de sourire, sans faire attention "Nous... Nous sommes là aussi pour discuter un peu, de tout et de rien"

Samantha jeta un regard rapide vers son collègue qui n'était pas loin. Elle ne risquait rien... Mais elle était prête à vite mettre la main dans la poche si cet homme masqué s'avérait être dangereux

William, William... Mais qu'est ce que tu fais, exactement ?! Pourquoi tu attends comme ça ? Qu'est ce que tu crois ? Que la bienveillance divine vas te tomber sur le coin du nez, en s'asseyant au coin d'une rue pas loin de la place Jerdine ? C'est ridicule. Allons, reprends toi ! Tu t'étais dis que tu avais un but, maintenant, dans la vie ! Alors, pourquoi t'es à nouveau en train de déprimé ?
J'ai le bout du nez baissé, et c'est seulement quand la jeune femme arrive en face de moi que je lève la tête.

- De quoi manger ? Pourquoi pas... Oui, si vous avez du pain, ou quoique ce soit d'autre, je ne dis pas non.

Je souris sous mon masque. Le monde n'est pas si pourri, finalement. Il y a des gens bien... La preuve.

- Je veux bien discuter, aussi. Comment vous appelez vous ?

Samantha sourit gentiment à l'homme. Enfin, elle supposait que c'était un homme en entendant sa voix, et sa carrure suggérait le sexe masculin. Elle posa son sac, sortit plusieurs tranches de pain noir et vida un peu du thermos dans un bol en plastique.

- " C'est une soupe de légume, j'espère que vous aimerez" dit-elle en donnant les tranche de pain et le bol. "Et on a des morceaux de chocolat militaire si vous voulez"

La soupe était assez claire. Plusieurs morceaux de carottes flottaient dedans, accompagné de pomme de terre et de brocoli. Elle était encore chaude. Samantha donna aussi une cuillère en plastique à l'homme. Elle s'assit en tailleur, appuyée contre le sac, en face du sans-abri.

- "Je m'appelle Samantha et vous?" dit-elle en souriant gentiment "Est-ce que cela fait longtemps que vous vous trouvez ici?"

En voyant que la personne n'était pas agressive, Samantha s'était rapidement détendue et n'avait plus l'air crispée. Elle semblait naturelle, mais un peu gênée de parler à un masque. L'homme devait être gravement défiguré pour ne pas vouloir montrer son visage, et cela brisait le cœur à la jeune femme

Je tends la main pour réceptionné la soupe. Carottes, pomme de terre, brocoli... Et encore chaude ! Un vrai festin de roi !

- Délicieux !

Je relève légèrement mon masque pour boire la soupe, sans pour autant me dévoiler. Hors de question de montrer mon visage.

- Et bien, tout d'abord, merci, et bonjour, Samantha. Je ne dis pas non au chocolat militaire, et, sinon, je m'appelle William Ling. Anciennement psychanalyste.

Je rebois un peu de soupe et la pose, rabaissant mon masque, comme une visière.

- Et sinon, pour moi, ça doit faire deux saisons que je traîne dans le coin. Et vous même ? A part du bénévolat, vous faîtes quoi, dans la vie ?

Samantha était contente que William aime la soupe qui devait probablement lui faire beaucoup de bien. Quand il exprima son envie de chocolat, la jeune femme prit une raie de la plaque et lui tendit. Il était assez amer, comme un chocolat bien noir.

- "Enchanté William"

Le pauvre homme vivait dans le coin depuis 2 saisons, ça devait être dur. Peut-être le fait qu'il soit défiguré l'ai fait perdre son travail, ses patients ne voulant plus le voir? En tout cas, son cas n'était pas enviable. Il la questionna un peu ensuite

-"Je travaille en tant qu'employée de bureau à Greyhound Lines, l'entreprise de transport par autocar. C'est un travail pour payer les factures, et je comptes bien trouver un moyen de le quitter pour me dédier uniquement à l'aide des gens dans le besoin, qui est bien plus gratifiant" dit-elle en souriant "Je pense que la vie est dur par ici, c'est ma première visite dans le quartier Sud. Mais comment cela se passe pour vous?"

Samantha le regarda de haut en bas, curieuse puis ajouta

-"Avant d'oublier, nous avons aussi quelques habits. Vous auriez besoin de quelque chose?"

Je hoche la tête à ces paroles. Oui, parfois, la vie est dur, dans le quartier sud. Très dur. Heureusement, j'ai quelques cartes dans ma botte... Ce qu'elle ne sait pas.

- C'est intéressant. Oui, la vie n'est pas facile, ici. Parfois. Mais on se débrouille. Personnellement, je m'en sors plutôt bien.

Je croque dans le chocolat : 'tain, mais c'est qu'il est fort ! C'est du cacao pur ou quoi ?... C'est vraiment amère... Mais c'est sucré.

- Heuuu... Oui, peut-être...

Enfin, j'ai déjà des habits, en relatif bon état... Quoique... Je repense au pull largement déchiré dans le dos.

- Un haut en bon état, ça, il me faudrait.

Et peut-être une nouvelle paire de chaussure. Enfin, je ne vais pas trop en demander non plus.

- Alors comme ça, vous aimeriez travailler dans l'aide humanitaire ? Vous avez déjà une idée de travail ?

Samantha sourit, contente pour William qu'il s'en sorte. Elle préférait ne pas penser à ce qu'il devait faire pour survivre et, tant que ce n'était pas du meurtre d'innocent, elle ne jugerait pas. Chacun fait ce qu'il peut pour pouvoir tenir un jour de plus. La jeune femme était quand même heureuse d'avoir son job, même si il ne lui plaisait pas. Ainsi, elle n'aurait pas besoin de voler ou faire le tapin.

Elle l'examina quand il demanda un haut. Elle se tourna, regarda son collègue qui parlait avec une vieille femme aux cheveux tombant, puis fouilla dans son sac militaire. Elle sortit un T-shirt anciennement blanc, mais désormais grisâtre. Il risquait d'être un peu grand pour William, surtout si celui là était maigre. Elle plia le haut et lui donna.

- "Voilà, j'espère que ça vous convient"

William lui posa une question sur l'aide humanitaire

- "En imaginant que je gagne suffisamment pour payer mes factures ainsi que quelques plaisirs, je distribuerais tout le reste dans des associations. Ensuite, je trouverais un moyen d'aider les personnes dépressives et finalement aider tout les gens dans le besoin. Peut-être que je trouverais un moyen de faire des cours intensifs en psychologie, mais je sais pas trop si il faut un diplôme avant ça... "

Samantha était assez gênée de dire qu'elle n'avait pas réussi à aller jusqu'au lycée. Elle avait l'impression que les gens la regardaient de haut. Elle regarda dans les yeux de William

- "En tant qu'ancien thérapeute, est-ce que vous avez pu justement aider beaucoup de personne mal dans leur peau?"

Un t-shirt blanc, enfin en théorie, et sale : mieux que rien. Je m'en servirai seulement dans des cas d'obligations totales. Non, en fait, je ne le mettrai pas. Si je devais le retirer, il me dévoilerait les bras. Ou alors, juste pour le jour de la lessive.
Tout ce qu'elle me dit est intéressant, et je l'écoute passionnément : c'est la première fois depuis longtemps que j'ai une conversation normale avec quelqu'un... Et nom de Kyu qu'est ce que ça fait du bien. Simplement parler, de tout, de rien, et sans jamais évoquer une morte, des disparus, des ombres, des complots, des tueurs en série... Ma vie n'est pas très amusante, parfois.

- Oui, ça me convient très bien, merci.

J'écoute attentivement tout ce qu'elle dit. Juste écouter. C'est satisfaisant, parfois. Ça, et observer...

- En soit, vous êtes une personne très engagé. Vous êtes digne de respect, et à défaut de l'obtenir de tous, je vous tirerai mon chapeau si j'en avais un !

Je souris à ma propre boutade : le fond de l'air est frais, ce soir, et je suis étrangement joyeux.

- Oui, en tant que thérapeute, j'ai aidé pas mal de gens. Comme vous. Comme tous ceux qui font dans l'humanitaire. Pourquoi, vous avez ça en perspective d'avenir ?

Samantha sourit, contente d'amuser l'homme et flattée par le compliment

- "C'est gentil à vous. J'espère que mes actes sauront propager la bienfaisance et l'amitié. En ce moment, la ville et le monde sont bien tristes. Donc je fais mon travail pour tenter de changer cela"

Elle sourit un peu. Elle aurait bien voulu être capable de mener à bien une étude de ce genre, mais elle se savait incapable.

- "Si c'était possible, j'aurais bien voulu oui. Pouvoir guérir les gens des maux de leur cœur est vraiment fabuleux. Après, tous les malades ne vont pas se soigner malheureusement... Mais, en étant réaliste, je ne pourrais jamais réussir dans une voie pareil. C'est compliqué. Alors je fais ce qui est à ma portée" dit-elle en souriant. Elle demanda ensuite "Vous avez probablement vos raisons d'avoir arrêté mais, est-ce que vous aimeriez reprendre votre profession? Je suis persuadée que les gens vous en seraient reconnaissant"

Je me fais mélancolique : mais les gens prêt à donner de leur personne pour les autres deviennent rares : ne sommes-nous tous pas égoïstes ? Moi le premier... Et pourtant, je suis bien placé pour savoir que l'humanité est triste.

- C'est courageux.

Je l'écoute ensuite, tandis qu'elle réponds à ma deuxième question : elle ne s'en pense pas capable ? C'est son choix... Mais... Je m'apprête à prendre la parole, souriant, pour l’encourager à faire ce en quoi elle croit, quand j'ai la parole qui se coupe momentanément : je me fige.
Reprendre mon travail ?
Avec... Ca ?
Attirer l'attention, voir les gens qui se pose des questions en me regardant ?

- Non.

Non, je suis désolé, non.

- Non, vraiment, vous m'imaginez demander à quelqu'un de s'allonger et de me parler de son enfance avec ça ? Et hors de questions que je retire mon masque. Non, je suis désolé, mais je n'envisage pas de reprendre mon travail. Je préfère encore..

Je reprends mon souffle un instant. J'ai été trop dur... Elle ne cherche qu'à m'aider. Je dois me calmer...

- Non, je suis désolé, Samantha, mais, je préfère encore rester à la rue.

Samantha fut un peu surprise de la réaction de William. Mais c'est vrai qu'elle aurait du réfléchir un peu plus avant de poser cette question. Ce n'était probablement pas pour rien qu'il avait arrêté son travail. Elle se sentit coupable

- "Non, c'est moi qui suis désolée. Je n'aurais jamais du vous parler de ça, c'était prendre le risque que de mauvais souvenirs remontent... Je suis sincèrement désolée et j'espère ne pas vous avoir blessé "

Samantha était inquiète et regarda l'homme

- "Parlons d'autre choses" dit-elle en réfléchissant. L'inquiétude se lisait dans son visage "Et... Euh... Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous fait plaisir ici? Par exemple pour occuper votre temps libre?"

La jeune femme marchait sur des œufs désormais, ne voulant pas blesser à nouveau son interlocuteur

Je me rends compte que je lui ai fais peur. Enfin, pas peur mais... Je me comprends.

- Ne vous donnez pas tant de peines pour m'épargner... Je suis désolé de vous avoir crié dessus. Je vais tout vous raconter...

Je soupire. Je ne sais pas ce qu'elle a fait pour m'inciter à me confier, mais, maintenant, je ne recule plus. Je baisse un peu la voix pour qu'elle seule puisse m'écouter.

- Tout a commencé..

Tout avait commencer avec une ombre, je le sais, maintenant. Mais pour un humain, normal, ça commençait par la maladie.

- Tout a commencé avec une maladie, en apparence bénigne. Au départ, quand j'étais encore un psychanalyste respectable et bourgeois à souhait, aisé, bien portant, je vivais dans un grande maison avec mes parents et ma sœur. Puis, la maladie est venu s'ajouter à ce joyeux quatuor : ma peau a commencé à se parcheminer, enfin, les effets d'une maladie, quoi... Quand ça a commencé à semblé grave, je suis allé voir plusieurs docteurs... Qui n'ont pas su diagnostiquer la chose. Parallèlement à ça, l'un de mes oncles faisaient une dépression... Sans que je le sache... Un jour, on l'a retrouvé pendu chez lui. Sa femme, ma tante, s'est mise à lentement dépérir, sans se nourir, et leur fils, mon cousin, s'est donné à fond pour essayer de la sauver... Jusqu'à ce qu'un accident de la route mette fin à sa vie. Je commençais à me croire maudit. Mais ça n'était que le début. Ma tante, désormais seule, vivait avec mon autre oncle, célibataire, et, par une négligence, elle laissa un jour le gaz ouvert... Et mon autre oncle était fumeur...
Ne me restait plus que ma famille. Ma sœur s'est jeté du haut d'un pont suite à un chagrin d'amour, et d'autres problèmes que nous ignorions alors. L'infection semblait se propager à tout mon arbre familial, et, désormais seul avec mes parents, je m'étais refermé sur moi même, perdant ainsi tout mes amis. Je ne leur facilitait pas la tâche.
Un jour, ils ont voulu faire un voyage en France... Pour aller assister aux obsèques d'un autre parent éloigné... Le bateau a coulé... L'histoire a fait la une des journaux pendant plusieurs semaines.
J'ai reçu un dédommagement de la compagnie avec laquelle voyageait mes parents, et je me retrouvai seul. J'ai alors littéralement... Craqué. J'ai essayé une première fois, sans succès, de me suicider d'une balle dans la tête, et je me suis réveillé, quelques jours plus tard, à l'hôpital. Vous ai-je préciser qu'à ce moment là je n'avais plus d'assurance ? Je négligeais tout, y compris moi même, et vivait reclus. Bientôt, sans alimentation d'argent, j'ai vécu sur mes réserves... Jusqu'à ce qu'elles soit épuisés... Avec l'argent restant, je me suis acheté ça, et, bientôt, des gens sont venus saisir mes possessions. J'étais désormais SDF, malade, et sans travail. Et hors de question d'en chercher avec ma tronche et ma maladie. Un jour, j'ai...

C'était le moment avec Kyu. Je ne pouvais pas raconter ça.

- J'ai... Discuté avec quelqu'un... Alors que j'étais sur le point de mettre fin à mon existence... Et, il m'a convaincu de survivre. Donc, je suis resté en vie. Et tout ça... Jusqu'à maintenant.

Je me tais. Un silence. J'avais besoin de tout raconter à quelqu'un.

- Sinon, j'aime bien me promener dans l'ancien théâtre, pas loin d'ici. C'est très joli.

Samantha écouta l'histoire tragique de William. Le destin semblait s'acharner sur lui, coupant méthodiquement chaque branche de sa famille, enlevant peu à peu jusqu'à ce qu'il se trouve seul... La jeune femme était sincèrement désolé pour lui et aurait aimé pouvoir faire quelque chose. Elle ne savait pas si elle pouvait le toucher, par peur de lui faire mal avec sa maladie. Mais heureusement, William avait su trouver quelqu'un pour l'empêcher de passer à l'acte, c'était rassurant et donnait de l'espoir a Samantha.

- "Votre histoire est vraiment horrible. Je vous plains... Vous êtes quand même quelqu'un de fort. Votre passé est sombre mais vous avez su continuer. Cette personne, je suis heureuse que vous l'ayez rencontrée et qu'elle vous ait convaincu de survivre" dit-elle avant d'ajouter, se voulant rassurante et pleine d'espoir "Peut-être y a-t'-il quelque chose qui changera dans votre avenir et que vous n'aurez pas à souffrir toute votre vie. Si je peux vous aider en quoique ce soit, n'hésitez pas"

Samantha fut rassurée de voir qu'il pouvait s'occuper aussi. Il visitait un ancien théâtre pour sa beauté artistique.

- "Si je pouvais, je vous accompagnerais bien mais je ne peux pas me séparer de mon binôme" dit-elle en montrant l'autre homme qui discutait tranquillement plus loin "Mais la prochaine fois que je viens, je m'arrangerai pour pouvoir y aller avec vous. Et si vous aimez les pièces de théâtre, je peux vous en trouver des en livres et vous les apporter. Est-ce qu'il y a un moyen pour vous retrouver ou vous contacter?"

Je reste muet, un énorme nœud dans la gorge. Ouais, c'est pas la joie, c'est sûr. A voix très basse, je chuchote, le regard baissé :

- Pas fort, non. Si j'avais été fort, je me serai relevé. Je n'ai simplement même pas eut la force de mourir... Le seul acte un peu honorable que j'ai fais, c'est celui d'avoir tenté de mettre fin à ma vie. Rien ne changera jamais... Mais...

Dixit Aleister...

- Le vrai courage, c'est celui de continuer à vivre, peu importe combien ça fait mal.

Je souris devant son engagement.

- Vous ne pouvez pas m'aider, mais c'est gentil à vous. Je ne voudrai pas vous garder pour moi tout seul tout le temps : d'autres démunis ont besoin de vous. Ne vous embêtez pas trop pour moi : si vous voulez, nous pourrions nous donnez rendez vous dans une semaine... Hmmm...

Je réfléchis. Un café où je pourrai me rendre sans trop attirer l'attention ?...

- Au bar/restaurant "Les Ronces Francaises". C'est le seul bar potable du quartier sud. Là bas, jeudi prochain, aux alentours de midi ?

Samantha acquiesça à sa remarque sur le courage et sourit un peu. Il faut toujours rester en vie, on ne sait jamais ce que le futur réserve. Elle acquiesça de nouveau. C'est vrai qu'elle s'était un peu attardé avec William, mais il avait l'air sympathique et surtout ouvert à la discussion.

- "Vous avez raison. Votre compagnie fut très agréable et c'est avec plaisir que je vous revois" dit-elle en se levant

Elle ferma bien son sac militaire et écouta la proposition du sans-abri. Samantha ne connaissait pas du tout le restaurant mais la nourriture française était de bonne qualité à ce qu'on disait. Le jeudi midi, elle n'avait rien de prévu. Ça lui prendrait peut-être plus de temps que l'heure de pause habituelle, mais elle travaillerait plus tard et son supérieur direct serait content. Elle comptait même faire plus que le nombre d'heure gagné à midi, pour qu'il ne dise rien.

- "Alors à jeudi prochain William. Bien entendu, je vous offre les consommations"

Samantha était contente et salua gentiment William. Elle mit son sac sur son dos puis partit continuer sa tournée des autres sans-abris, satisfaite de ce travail. Elle avait encore fort à faire et avait 'perdu un peu temps' comme lui fit remarquer son binôme. Mais parler avec les gens, leur remonter le moral, ce n'est jamais une perte de temps. Elle croisa d'autre sans-abris, certain très bavard et d'autre très silencieux. On sentait le poids de la souffrance sur leur visage et la méfiance de ceux à qui l'on n'accorde aucun respect. Il n'y eut pas spécialement de problème. Certains sans-abri leur lancèrent quelque jurons, probablement aigri. Mais la grande majorité accueillirent l'aide avec soulagement. Certain de ces sans-abris avaient l'age de Samantha.

Finalement, en fin de journée, ils retournèrent à la place Jerdine pour se retrouver avec le reste du groupe. La soupe populaire avait bien fonctionné et seul un incident mineur fut à déclarer. Un jeune homme, imprudent, c'était fait voler son téléphone portable alors qu'il donnait des vêtements. Malgré tout, ils partirent avec le sentiment du devoir bien fait.

HRP: