l’Ode de l’appel

Q

u'est-ce que-

《 Je suis perdu là non ? 》

Tous les chemins se ressemblent dans cet endroit, je ne comprends pas. Tu parles d'une balade apaisante : cette forêt est un vrai labyrinthe…!

《 J'ai du louper un croisement. 》

Non en fait j'en sais rien.
Bon, restons calme. Il y a forcément un moyen de sortir… enfin… ce serait déjà moins chiant s'il n'y avait pas toute cette foutue brume.
La forêt verte est pas sensée être “accueillante” ?
Faut croire que non, on dirait une de ces forêts glauques dans les films/jeux vidéos où les protagonistes peuvent se faire tuer à tout moment, en résumé : un endroit pas très rassurant… Et dire que je voulais juste me promener tranquillement…

《 C'est bien ma veine tiens… 》

Mon premier réflexe est donc assez simple, je sors mon portable et commence à pianoter dessus mais surprise : Internet ne fonctionne pas.

《 C'est une blague ? 》

Comment peut-on avoir aussi peu de chance putain ?! Je fais quoi moi maintenant ? Je ne vais pas rester paumé ici pour toujours quand même ?
Instinctivement, je me met à chercher mes contacts avant de m'assoir sur un tronc d'arbre tout en priant pour que ça fonctionne. J'ai plusieurs choix… Mais j'appelle d'abord John par habitude.
J'entends la tonalité du téléphone mais étrangement il ne répond pas. Je tombe sur la messagerie : je lui laisse donc un message vocal même si j'ignore s'il le recevra. Je réitère l’action avec d'autres personnes mais personne ne me répond…

《 Ils sont tous occupés…! 》

Quel poisse… J'allais abandonner mais je fini par tomber sur un dernier numéro. Un que je ne pensais pas appeler de sitôt.

《 C'est celui de ce gars… 》

Je devrais vraiment l'appeler…? Je ne sais pas… Je l'ignore…
Fixant longuement le téléphone sans bouger, je fini tout de même par appuyer doucement sur la touche appel avant de diriger l’appareil près de mon oreille, j'entends la tonalité encore et toujours… mais rien… Encore une messagerie…

《 Je suis vraiment mal là… 》

Je me contente donc de laisser un autre message vocal sur son numéro, j'ai beaucoup hésité en parlant car je ne sais pas si j'ai fait le bon choix en l'appelant… mais je lui ai décrit globalement que j'étais dans un étrange bois brumeux de la Forêt Verte comme avec tout mes contacts.

《 Et si…? 》

Les lignes téléphoniques buguaient…? Ça voudrait dire que ce n'est pas sûr que les autres reçoivent mes messages ?!
Qu'est-ce que je vais faire ? Je n'en sais rien… Je me contente donc de soupirer avant de ranger mon appareil alors que je suis toujours assis.
Mieux vaut attendre avant de paniquer.
Et puisque j'en ai pour un bon moment, j'allais d'ailleurs ressortir mon appareil pour m'occuper mais c'est une mauvaise idée : si la batterie se vide… là… je serais vraiment dans la merde. Alors je préfère patienter en regardant autour de moi.

《 En fin de compte… 》

Cette forêt n'est pas repoussante. L’ambiance est étrange et un peu stressante mais c'est plutôt beau. La purée de pois donne un effet assez unique à l'endroit et les plantes fluorescentes font comme des lumières qui contrastent bien avec la végétation sombre.
Aussi, après un moment à regarder autour de moi, je fini par fredonner et ce, inconsciemment, l'ennui peut être ? Je ne sais toujours pas mais sans m'en rendre compte je me met doucement à chanter :

- omoide wa... itsudatte... kokoro wo... semetateru… jibun no... yowasa wo… fis-je toujours lentement en regardant les feuilles de l'arbre qui se tient en face, apposant mes deux mains derrière moi pour me tenir plus confortablement puisque mon regard reste à fixer les hauteurs tandis que je referme doucement les yeux, kinou... ga... tsukisasari... kuchibiru... kitsuku kamu… yamanai... doshaburi… zutto... sagashi... tsuzuketa… daiji...nakoto... wasureta mama…

Petit à petit je ne fais plus attention à ce qui m'entoure comme si chanter me détendait. Au moins, c'est déjà mieux que de perdre son sang froid. Et puis je suis tout seul alors c'est bon… enfin… je croyais l'être.

Spoiler:

l’Ode de l’appel

C

ombien de temps je suis resté ainsi à me soucier de rien ? Je n'en sais toujours rien mais chanter lorsque je suis seul… Ne me dérange étrangement pas. Au contraire, je me laisse porter par le rythme tout en gardant les yeux fermés. Ça rend surtout la situation plus agréable en fait. Je suis donc toujours en train de chantonner sans faire attention à ce qu'il se passe autour de moi jusqu'à ce que la sensation d'être attrapé me stoppe net.

《 Are…? 》

J'ouvre les yeux, surpris en apercevant Bibi qui m’enlace avant de me parler de ma voix…

《 Quoi ? 》

Il me faut bien plusieurs secondes pour me rendre compte que mon comparse m’a entendu. Et tel une cocotte minute, je ne tarde pas à exploser de gêne, si bien que j'en oublie presque l'étreinte.

- T-t-t… Tu as tout entendu…? Bégayé-je écarlate.

Intérieurement je crois connaître la réponse mais je n'ai pu m'empêcher de poser la question tant je suis perturbé.

l’Ode de l’appel

S

ans m'en rendre compte, mon comparse resserre l'étreinte alors que je reste coit d'étonnement tant ce qu'il me dit me gêne.


《 Il m'a… bel et bien entendu… 》


Mon sang ne fait qu'un tour : ça fait deux fois qu'on me surprend et je n'aime pas du tout me sentir aussi humilié.


- N-n- n’y compte pas, fis-je tout honteux.


《 Je-je recommencerais plus ! 》


Plus jamais ! C'est ce que je pense et j'ignore si je le ferais vraiment mais je ne suis pas prêt de me redonner en spectacle de sitôt.
Seulement… Après avoir bien cogité, je me rend compte que Bibi et moi… sommes un peu…


《 Trop proches…! 》


Pensé-je aussi rouge qu'une tomate avant de le repousser instinctivement en tentant de respirer doucement. C'est trop pour aujourd'hui…


《 Laissez-moi souffler… 》


Mais je n’en ai pas le temps que Bibi m’annonce qu'il sera difficile de rentrer puisque la nuit tombe.


《 Il est pas sérieux…? 》


- Quoi ? Demandé-je par réflexe avant de m’exclamer, t-tu veux dire qu'on est coincé ici pour la nuit ?!


Merde… Je n'avais pas du tout remarqué avec cette atmosphère mais en levant les yeux, on peut clairement voir que le jour se dissipe peu à peu.


《 Quelle poisse… 》


Je veux rentrer au plus vite moi ! C'est déjà assez gênant comme ça ! Mais si on se perd on ne pourra plus jamais rentrer…
Quel dilemme atroce...
Je regrette déjà d'être sorti me promener.

l’Ode de l’appel

D

’après Bibi, on peut essayer. Mais ya des chances que ça foire…


《 C'est pas vrai… 》


Seulement, il dit avoir confiance en ses capacités. Je veux bien mais… Est-ce que je devrais lui faire confiance du coup ? Je n'en sais rien… Enfin… Après tout… Je l'ai appelé lui aussi donc… Eto….
Je reste silencieux tant le choix me paraît difficile alors que mon acolyte me tend une lampe torche comme si c'était normal.
Pourquoi c'est à moi de choisir ?! Mooo….


- Très bien, soupiré-je exaspéré en attrapant la lampe, on essaie si tu es si confiant.


Je ne veux pas rester ici et puisqu'il semble savoir ce qu'il fait… je vais le suivre… Enfin… J'espère qu'il sait.

l’Ode de l’appel

M

on comparse regarde un instant son portable et je ne remarque rien d’anormal pour le moment : je me contente de le laisser faire, acquiesçant de la tête lorsque Bibi est prêt. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il attrape ma main… Ça… me gêne un peu… Mais j'essaie de ne pas le montrer même si je dois être un peu rouge. Et… on avance. Je ne saurais dire combien de temps j'ai passé à le suivre d'ailleurs mais je n’ai rien dit. Seulement, au fur et à mesure que mon acolyte semble vérifier quelque chose sur les arbres, la nuit ne tarde pas à tomber.


《 Super… 》


Enfin… Tant qu’on avance… Je suppose que c'est bon mais quelque chose me surprend.


《 C'est moi ou…? 》


La main de Bibi s'est resserré ? Non, je n'ai pas rêvé. C'est… la première fois que je le vois ainsi. Il n'a pas l'air en forme.


- Ça ne va pas ? Demandé-je doucement même s'il ne semble pas avoir écouté puisqu'il enchaîne en me demandant si je n'ai pas entendu quelque chose.


- Eto… Avoué-je un peu gêné, ce n'est qu'une branche… Terminé-je en lui montrant le bout de bois cassé à terre.


Il a juste marché dessus. Mais maintenant j'en suis sûr : il y a quelque chose qui ne va pas.


- Hé, Fis-je en le tirant par le bras pour lui faire face, tout va bien ?


Autant lui redemander au cas où.

l’Ode de l’appel

I

l semble hésitant… Je ne comprends vraiment pas ce qu'il se passe.


- Tu es sûr que ça va ?


Il est presque tremblant, je sens sa paume se resserrer sur la mienne.


《 Ne me dites pas que- 》


Il a peur du noir ? Alors ça… Il avait tellement l'air sûr de lui les autres fois c'est, surprenant. En habitude j'aurais certainement remué le couteau dans la plaie pour blaguer mais… Je sens qu'il ne vaut mieux pas.
D'ailleurs, le voir hésiter sur le chemin ne laisse plus aucun doute là-dessus et bien que je sois un peu confus puisqu’apparemment on ne peut pas rentrer, là maintenant, je me penche plus sur le cas de mon partenaire désorienté.
En un instant, je le retourne une nouvelle fois vers moi en lui tenant fermement les épaules, restant silencieux quelques secondes.


- On peut s'arrêter ? fis-je sérieusement avec un air gêné.


Je fais croire que c'est moi qui ai besoin de repos de cette façon mais ça me va.


《 Intérieurement… 》


Je suis un peu inquiet par son attitude donc c'est plus judicieux qu'il fasse une pause.

l’Ode de l’appel

H

eureusement, il accepte de s'arrêter mais je vois bien qu'il est toujours déstabilisé. Qu'est-ce que je peux bien faire ? Rien pour le moment si ce n'est le suivre là où il m'emmène et attendre en espérant qu'il se calme.
Seulement…


《 Ça ne suffit pas. 》


Bibi est toujours angoissé, je le vois bien, sinon il ne serait pas aussi alerte. Ça ne pouvait pas être aussi simple.
Aussi, je fais la seule chose qui me vient à l'esprit pour rassurer mon comparse: j’appose une main sur sa joue avant de lui dire doucement :


- Tout va bien.


Ça ne servirait à rien de continuer à marcher. Et pour reporter son attention ailleurs, je décide de passer mes bras autour de lui et de rapprocher sa tête contre moi. Len et moi on se rassurait de cette façon et puis… même si ça me gêne un peu, je lui dois bien ça pour la dernière fois.

l’Ode de l’appel

S

ur le coup, mon action était peut être déplacée mais j'ai pensé que ça pourrait aider ne serait-ce qu'un peu à calmer son état. D'ailleurs il n'a pas résisté et s'est laissé faire.
Je n'ose moi-même plus bouger tant l’atmosphère est étrange. Aussi, lorsque Bibi semble plus apaisé, ce dernier me propose d'y retourner mais…


《 Est-ce vraiment utile ? 》


Je ne sais pas mais…


- Pas que j'ai spécialement envie de passer la nuit ici c'est vrai, fis-je d'un ton faussement bougon avant de continuer plus timidement, le regard fuyant, mais comme on risque d'y passer un bon moment… autant continuer demain.


Je sais reconnaître mes torts même quand je ne les assume pas et en l'occurrence : c'est de ma faute si on est perdu dans cette forêt et c'est encore de ma faute s'il a paniqué puisque c'est moi qui ai choisi de continuer.
Avec ce que je viens de lui sortir, ma gêne ne fait qu’augmenter et c'est d'ailleurs pour ça que je ne me suis toujours pas rendu compte que je ne l'ai pas lâché.

l’Ode de l’appel

J

e reste un moment silencieux, ne sachant pas quoi dire d'autre jusqu'à ce que mon comparse fasse une demande qui me fait virer à l'écarlate une nouvelle fois puisque j'avais complètement oublié que je le tenait toujours.


《 S-si c'est pour qu'il dorme tranquille… 》


J'ai du mal à garder mon calme après ça mais j'essaie de me reprendre en me disant que je fais une bonne action : je répare mes torts en rendant service, rien de plus !


- D'accord… répondé-je faiblement et mort de honte de surcroît.


Là je me sens vraiment gêné… l’ambiance a vraiment prit une tournure étrange…


- N-ne te fais pas d'idées, bégayé-je d’embarras, je fais ça parce qu'il fait froid…


C'est vrai que maintenant que j'y pense… Cette forêt est vraiment glaciale. Heureusement qu’on est deux… D'ailleurs, l'initiative de Bibi m’a fait frémir un instant lorsqu'il a passé ses mains sur mon dos : je ne m'y attendais pas et surtout… Je n'ai pas l'habitude qu'on me touche ici donc j'ai réagi assez rapidement.


《 Du calme 》


Il fait juste ça pour m’aider à me réchauffer… enfin je crois. Surtout qu'il décide d'aller chercher du bois pour faire un feu et je ne peux qu'acquiescer à sa demande : je ne vais pas le laisser faire tout tout seul.

l’Ode de l’appel

U

ne fois que le feu prend enfin, je le laisse coller sa tête contre mon épaule et ne sachant pas quoi dire, je me contente d'observer les braises, toujours gêné.
Seulement, Bibi vient rompre le silence assez rapidement même si sa question est un peu étrange.


《 Si j'ai “encore” besoin ? 》


C'est vrai que je dors moins et que l’envie de manger s’est un peu amoindrie mais de là à dire que je n'en ai plus besoin… Ça voudrait dire qu'un jour je n'en aurais plus l'utilité ? Je n'y avais jamais réfléchi… Les contractants… Est-on toujours humains en fin de compte…? Je ne peux y répondre et peut être que je ne pourrai jamais le faire…


- Ah, Eto, oui je veux bien, lui répondé-je un peu hésitant.


Je n'ai rien avalé de la journée je crois.


《 Attends une seconde… 》


Si mon acolyte me parle de tout ça… C'est qu'il est contractant lui aussi ? Ou bien juste humain mais bien informé ? Je sais pas… Mais je ne préfère rien savoir pour l'instant et bien que j'ai quelques doutes à son propos : il est quand même venu m'aider alors c'est très bien comme ça pour le moment. J'y penserais plus tard.
L’atmosphère reste donc la même que tout à l'heure : sans un bruit si ce n'est la végétation environnante.


- Ano… commencé-je pour briser la glace à mon tour même si mon comparse ne m'en laisse pas le temps une nouvelle fois.


Il a semblé vouloir me dire quelque chose mais il s'est arrêté en cours de route en sursautant. Il me pointe une direction et je regarde instinctivement mais je ne vois toujours rien.
Je soupire un instant après avoir penché la tête, intrigué puis je me tourne à nouveau vers mon camarade qui n’est décidément pas du tout rassuré.


- C'est rien, fis-je doucement avant de relever ma main libre, perplexe tandis que je l'appose gentiment sur la tête de Bibi.


C'est… Il me fait penser à un chiot apeuré. Et étrangement… Je trouve ça mignon…
D'ailleurs cette pensée pourrait me faire virer au rouge mais je me contente d’essayer de le rassurer comme je peux, l'enlaçant machinalement comme pour le consoler.

l’Ode de l’appel

L

'étreinte a bien prit un petit moment mais j'ai l'impression que ça fonctionne ou du moins… je l'espère. Le feu crépite toujours et la forêt reste telle quelle, seul le silence semble troublant mais je me sens plutôt bien comme ça sans savoir pourquoi.


- C'est pas grave, répondé-je à Bibi en l’entendant s’excuser.


J'ai bien compris qu'il avait peur : tout le monde à ses phobies donc je ne vais pas en faire tout un plat. Enfin, pas dans cette situation en tout cas.
Seulement… Je ne m'attendais pas à ce qu'il me demande une chanson. Et sa requête ne fait que renforcer ma confusion. Je-... ne me sens vraiment pas à l'aise quand on m'écoute… Mais… S’il me le demande comme ça, avec ce ton et ces yeux-là… J’ai du mal à refuser…


- D-d’accord…

Je resserre l'étreinte par réflexe pour cacher ma gêne et respire un bon coup, très embarrassé avant d'ouvrir la bouche.


- Omoide wa… Commencé-je à nouveau en fermant mes yeux depuis ma position.

l’Ode de l’appel

J

’essaie de ne penser à rien, d'ignorer que je suis écouté… c'est assez difficile d’ailleurs mais je m'efforce de me concentrer sur la chanson, la fredonnant toujours aussi lentement au passage. Je suis tellement focalisé dessus que j’en fini presque par ignorer tout le reste jusqu'à ce que Bibi me pose une question alors que je m'interromps doucement, rouvrant les yeux un instant en repensant à la dernière fois avec Alice… Elle aussi ne semblait pas comprendre pourquoi je réagissais comme ça et moi-même j'ai du mal à saisir pourquoi je suis autant gêné…
C'est plus fort que moi… Ça me déstabilise. Je ne suis pas quelqu'un de particulièrement timide et pourtant je ne me sens pas à l'aise dans ces moments-là…


- C’est un peu… embarrassant… fis-je écarlate en tournant mon regard ailleurs.


Je me demande ce qu'il peut bien penser de cette réponse peu confiante… mais je fini tout de même par continuer la mélodie en refermant les yeux une fois de plus : malgré ma honte, j'ai accepté donc j’essaie de ravaler ma confusion pour clore ce que j'ai commencé.
Et une fois la chanson terminée, je n'ai pas le temps de l'entendre me remercier que mon acolyte m’attrape délicatement avant d’approcher son visage du mien. Ma poitrine brûle, je deviens écarlate encore une fois et son geste me surprend à un tel point que je ne réagis pas sur le coup.

l’Ode de l’appel

T

oujours aussi stupéfait, je ne pense plus à rien pendant les secondes qui suivent et… c'est le trou noir : Bibi m’embrasse déjà au moment où ma conscience me rappelle à l'ordre alors qu'il me fait tomber à terre. Je reprend mon souffle en essayant de comprendre ce qu'il vient de se passer même si ce baiser m’a surpris.


《 Putain. 》


Malgré la dernière fois, je ne m'y attendais pas du tout. Je suis vraiment troublé par la situation, en particulier lorsqu'il vient effleurer mon buste puisque je commence doucement à percuter la situation.


《 H- He ? 》


- M-att-...! Me coupé-je médusé tandis que je frémis sous la sensation.


J'ai- je me sens vraiment bizarre : je peux sentir mon poul s’accélérer ainsi que la chaleur de mes joues…
Et lorsque mon comparse me demande si c'est embarrassant, je crois que même lui répondre positivement serait moindre comparé aux émotions qui me traversent actuellement.
Je suis totalement paumé et c'est peu dire…


- Attends-... D-deux secondes-...! Fis-je en attrapant le bras sous mon haut en haletant légèrement.


《 Temps mort là…! 》


J'ai- ça va trop vite, j'ai du mal à comprendre… Comment en est-on arrivé là ?!

l’Ode de l’appel

E

ssayant de me reprendre un peu, je n'arrive pas à me calmer en repensant à tout ça et heureusement, Bibi s'arrête mais ce qu'il me dit ne fait que renforcer ma gêne.


- C’est-...! répondé-je d'un air revêche, C'est pas ça le soucis.


Surtout que la manière dont il le dit est très embarrassante… Enfin, ce n'est pas que j'ai jamais expérimenté la chose… mais… Ça fait longtemps que je ne me suis pas laissé aller donc je réagis assez rapidement et puis…


《 Merde, j’ai l'impression d'être stupide... il m’a surpris voilà tout ! 》


Je tente de me redresser lorsqu'il se relève, restant toujours aussi rouge et surtout silencieux : je ne sais pas du tout quoi dire de plus en fait et ça devient de plus en plus gênant puisque je ne peux que le fixer sans rien faire. Seulement, un bruit vient briser le silence. Une sonnerie je crois.
Machinalement, je sors mon portable de ma poche et… J'ai reçu une notification.
Bizarre… cet endroit fait buguer les lignes téléphoniques pourtant non ? Surtout que… Une envie irrépressible de balancer l’appareil me survient au moment où je me rend compte que ce n'était qu'un spam.


《 Saloperie ! 》


Ça rechigne pour les choses utiles mais pour une foutue pub aucuns soucis ? … Quel saleté. Je soupire de dépit et verrouille la machine avant de la ranger alors que je me sens encore plus honteux à cause de ce blanc qui s'intensifie.

l’Ode de l’appel

A

près ce qu'il vient de se passer, je ne sais pas trop quoi dire ou faire mais ce que mon comparse me sort ne fait que renforcer mon air abrupt.


- N-nimporte quoi ! Répondé-je gêné.


Mais je n'ai pas le temps de continuer à protester que Bibi se rapproche à nouveau… comme s'il allait recommencer son geste de tout à l'heure.


《 Wo wo wo wo wo ! 》


J'allais d'ailleurs le stopper mais ce qu'il me dit me laisse perplexe.


- He ?


Comment ça mal à l'aise ? Mais c'est lui qui se comporte bizarrement !


- Pas du tout ! Fis-je toujours bougon.


Seulement... avec cette expression qu'il affiche… J'ai l'impression d'être celui qui agit étrangement ici… Punaise quoi… Je me sens vraiment bête !

l’Ode de l’appel

C

e qu'il me dit me laisse sans voix, je ne trouve pas grand-chose à répondre à ça en fait… Surtout que je me retrouve à nouveau à terre en restant toujours aussi silencieux et surtout… toujours aussi écarlate.


《 Attends une seconde… 》


Pourquoi c'est à moi de ??? J'ai- mais- Je suis totalement confus, la situation est tellement perturbante que je ne sais pas quoi faire.
D'un côté je trouve ça très embarrassant et surtout inapproprié et de l'autre j'ai l'impression d'être con. Il se moque de moi ou…? Je sais plus…


- Je-... Eh bien… Bégayé-je en l’esquivant du regard.


Est-ce que ça me rebute parce que c’est un peu trop licencieux ? Étrangement je me sens un peu pathétique à penser de cette manière.. Qu'est-ce que je devrais faire ? Je n'en ai aucune idée. D'ailleurs, j'étais perdu dans mes pensées mais Bibi vient les interrompre en marmonnant.


- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?


Je suis toujours irrité par le fait qu'il me fait me sentir idiot mais sa réflexion me laisse perplexe. Depuis quand il me vouvoie ? Ou alors il parle de…?


《 Cette autre personne ? 》


Celui qui est responsable de tout ce foutoir...
J'ai toujours du mal à y croire même maintenant et… J’ignore comment m'y prendre de ce côté là..
Raaah ! J'en ai marre de ne jamais savoir quoi faire.

l’Ode de l’appel

B

ibi ne répond pas à ma question sur son murmure étrange… Je me demande bien pourquoi même si la suite de sa phrase ne fait que me sentir plus troublé.
Je n'ai même pas le temps de dire quoi que ce soit que mon acolyte vient plaquer ses lèvres contre mon cou tandis que je tressaille, réagissant presque immédiatement à son action.


《 Est-ce que c'est bien ainsi ? 》


Je ne sais toujours pas mais… au point où on en est…


《 Pourquoi je me prend la tête pour ça ? 》


Je décide avec une certaine réserve de lâcher prise et reste silencieux.
Mon coeur palpite de plus en plus bruyamment alors que mon visage devient rapidement plus brûlant.
Merde… Je suis nerveux… Pourtant ce n'est pas la première fois.

l’Ode de l’appel

A

lors que son simple toucher me fait frémir, je le laisse faire d'un air toujours embarrassé puisque je suis un peu plus réceptif. Surtout que l'entendre dire tout ça… Ne fait pas diminuer ma gêne : bien au contraire. Je ne fais que détourner les yeux sans rien ajouter après avoir repris mon souffle suite au baiser avant de le regarder droit dans les yeux, saisissant doucement son visage au passage. Mon corps tremble légèrement lorsqu'il défait ma ceinture mais j'essaie de rester calme malgré tout.


…


Faut croire qu'il avait raison… Ça m’a fait me sentir plutôt bien même si repenser à ma façon d’haleter me fait mourir de honte. (Jetons vite ça aux oubliettes.)
Aussi, je respire lentement, un peu épuisé après ça et tente de ne pas étouffer mon partenaire vu que je ne l'ai pas encore relâché.

l’Ode de l’appel

J

e souffle toujours, encore fatigué. Les paupières fermées, mes mains tiennent toujours Bibi, seulement, je fini par rouvrir les yeux lorsque ce dernier me ramène vers la réalité.


- Ah… P-pardon, fis-je doucement entre deux expirations avant de desserrer ma prise, me relaxant un peu.


D'ailleurs, je ne suis pas le seul à être un peu épuisé puisque mon acolyte décide de se reposer également. Je referme donc les yeux, prêt à m’endormir jusqu'à ce qu’une réaction vive de la part de mon comparse ne me réveille.


- Do- Qu’est-ce qu'il y a ?


J'ai failli demander en japonais par habitude mais je me suis repris même si sa réponse ainsi que la direction dans laquelle est figée ses iris m’indiquent qu'il y a en effet quelque chose. Instinctivement, je tourne la tête pour tenter d’en distinguer la source et surprise : une ombre.
Décidément… Elles savent choisir leurs moments ces choses...
Mais je ne m’attendais pas à ce que Bibi s’élance en faisant apparaître…


《 Une arme…!? 》


La nature de mon partenaire était incertaine… Je ne savais pas du tout si il était humain ou quoi que ce soit d'autres et même tout à l'heure j'hésitais encore mais maintenant… Avec ce que je viens de voir… Aucuns doutes possibles : Bibi est bien un contractant.


《 Reste à savoir de quelle faction il fait partie… 》


Pas que ce soit capital mais… Inconsciemment je repense aux paroles de cette fille… qu'on a pour Élue… Bien sûr je ne l'ai pas vraiment cru mais ses mises en gardes sont quand même bien resté. Après tout… Je me souviens de cette… Naoto je crois, elle était Seraph et pourtant… Elle ne nous a pas tué. Ce jour-là c'est ce que j'ai compris en tout cas : quel que soit le camp, il n'y a ni bons ni méchants. Juste des personnes enrôlées de force dans une stupide guerre. Seulement… Ma manière de penser n'est pas unanime… Bien au contraire…
Toujours est-il… que je me demande bien de quel côté est Bibi.
J’en oublie d'ailleurs presque la présence de cette chose.

l’Ode de l’appel

J

e cogite encore sur la nature de mon acolyte. Surtout que…


《 Je rêve ou c'est un Kanabo ? 》


J'avais déjà vu plusieurs sortes d'armes même ridicules mais en voir une d’aussi massive...
Qui est-il en fin de compte ? Je l'ignore et je ne sais toujours pas si je dois lui faire confiance mais je dois avouer que...


《 Qu'il m'est quand même venu en aide donc… 》


Aussi, lorsque Bibi s'apprête à foncer vers l’ombre, je ne retiens qu'une seule chose de sa tirade.


- Faru-fallina ? Pensé-je à voix haute interloqué.


J’avais cru comprendre que Bibi avait un léger accent… Eto… Hispanique…? Je ne sais pas, je ne suis pas très doué pour différencier les langues européennes mais j’ai l’impression qu'il s'agit d'un surnom… Rien de ridicule j'espère…! Et je n'ai pas le temps d’essayer de chercher une signification que le combat commence mais… ce qui me surprend le plus… C'est l’aisance avec laquelle Bibi est en train de repousser la chose…


《 Comment- ? 》


Avec cette arme ce n'est pas étonnant mais… il la maîtrise bien… Et il s'en sort très bien même…
Non… Sérieusement… Qui est-il ?

l’Ode de l’appel

J

’avais remis mon pantalon au préalable alors que j’observe toujours Bibi, un peu inquiet tout de même. Mais le monstre a semblé plus en difficulté que mon camarade… Savoir qu'il est capable de se défendre aussi facilement… me rassure et me fait réfléchir en même temps d'ailleurs…
Seulement, ce que je remarque pendant le combat me surprend. Pendant quelques secondes… J'ai cru apercevoir sa marque, elle brillait mais surtout… Ce n'était pas celle des Nephils.
Bibi est un Seraph apparemment… Et je ne sais pas ce que je devrais faire…


《 Et qu'est-ce que ça change ? 》


Qu'il soit contractant ou pas… Il ne m'a rien fait. Il n’a pas porté atteinte à ma vie tout comme l'autre Seraph. Et l’Élue Nephil ne détient pas la vérité absolue, c'est certain. D'ailleurs… mon comparse n’a pas vraiment demandé quelque chose en retour pour tout ce qu'il a fait… Mais mes réflexions se stoppent au moment où mon acolyte se prend un coup avant de se débarrasser de l’ombre. Le choc est tel que je n’ose rien dire pendant un instant avant de percuter la situation lorsqu'il me parle comme si de rien n'était avec sa blessure béante.


- Mais qu'est-ce que tu racontes…?! Fis-je alarmé en me relevant précipitamment.


Je me dirige près de lui pour constater l'étendu des dégâts et la griffure n'est pas jolie à voir.


- Faut qu’on se dépêches de soigner ça, continué-je avec le même air tout en surveillant son cas.


C'est un peu étrange mais… je suis inquiet pour lui… Je ne sais même pas du tout si on a quelque chose pour traiter ça.


- T’as des bandages dans ton sac ?


J'essaie de rester calme bien qu'un peu affolé : j'espère qu'il en a…

l’Ode de l’appel

A

pparemment Bibi a effectivement tout le nécessaire dans son sac, très bien, pas de temps à perdre. J'acquiesce devant lui avant d'aller chercher la trousse en question.
En revenant avec l’objet, je reste tout de même alerte à la moindre réaction alors que mon acolyte semble s'être installé. J’ouvre ensuite rapidement le contenant et commence à sortir le nécessaire pour désinfecter la plaie même si… sa dernière question me préoccupe. Bien sûr… Vu le quartier où j'habite, pas étonnant que je sois plus ou moins habitué à voir des blessures mais... Un flash me revient à l'esprit, celui de l'époque où… j'étais encore humain. Juste avant que je ne rencontre Bey j'avais eu cette vision sanglante… au final, je ne sais toujours pas si ce souvenir est vrai ou pas mais en y repensant, je suis bien incapable d’y apporter des réponses. Ce souvenir revient me hanter parfois… Et j'ai peur qu'il soit réel...


- Non, fis-je doucement en tentant de rester focalisé sur sa griffure pour ne pas avoir à montrer mon expression à demi préoccupée alors que j'applique une compresse dessus.


Je continue d'ailleurs de désinfecter et reste silencieux un moment avant de me stopper quelques secondes.


- Donc… Tu es un Seraph c'est ça...?


Est-ce qu'il va agir différemment après avoir entendu ça ? Je trouve ça stupide de se battre sous prétexte qu'on a signé avec une créature différente… Mais… Chez le chat noir… J'ai l'impression d'être le seul à penser comme ça...
Mais malgré tout je reprend les soins : quoi qu'il décide, je ne vais pas changer d'attitude pour une raison aussi conne.

l’Ode de l’appel

J

’applique toujours le produit en attendant sa réponse mais apparemment, il a encore assez de forces pour se moquer.


- Aho, fis-je doucement en prenant un air à la fois revêche et rassuré tout en continuant de désinfecter.


Une fois ma tâche terminée, j’attrape les bandages et commence à recouvrir la blessure de Bibi en réfléchissant.
D'ailleurs, sa dernière tirade me fait rougir à nouveau.


- Toi alors… Répondé-je d'un air abrupt avant de serrer l'attache tandis que j'essaie de passer outre, Mais bon, je suppose que tu te sens bien si tu peux encore rigoler.


Seulement, lorsque je remarque qu'il a sorti un drôle de produit de sa poche de manteau, je ne peux m'empêcher d'être perplexe.


《 Qu'est-ce que- 》


Ne me dites pas que c'est ce que je pense tout de même ? Au vu de la gaieté du Seraph... Eh bien si.
Je soupire, lassé et n'essaie même plus de comprendre avant de dire à voix haute :


- Libre à toi de détruire ta santé avec cette saleté.


Mon ton sonne clairement comme un reproche déguisé mais c'est fait exprès. Je ne suis pas du genre à juger les autres sur des consommations en stupéfiants mais… En ingurgiter quand on vient de se blesser quoi...

《 Nan mais j'vous jure… 》

l’Ode de l’appel

J

e ne pense pas que consommer ces choses soit la meilleure solution pour se sentir mieux mais je ne juge pas vraiment ce côté, enfin je crois… Non, c'est plutôt les produits en eux - mêmes que je juge au lieu des consommateurs. Mais bon, c'est comme ça, ils existent, après chacun est libre de se détruire avec ou pas même si ce que me dit Bibi m’inquiète un peu. Il a beau dire qu'il est solide, ça ne l'empêchera pas d'avoir des soucis à force de consommer ces trucs. Les humains ne sont pas invincibles.


《 Ah… oui c'est vrai… 》


J'oublie encore qu’on est contractant… C'est sûrement pour ça qu'il se fiche des répercussions sur sa santé : il n'y en a peut être pas...
Et d'après ce qu'il m'a dit... Sans ça il peut devenir fou…? Maintenant que j'y pense, je ne le connaît pas si bien. Il doit avoir de sacré problèmes pour en arriver à tenir avec ces choses et… moi ?
Je ne suis pas si important que ça, si ? Il y a tellement de choses que j'ignore… Mais lorsque le Seraph appose une main sur ma joue avec un regard presque suppliant, un pincement au coeur m’empêche de continuer sur ce terrain.


《 Idiot… Comment je peux te juger si tu fais ces yeux-là. 》


- Je n'ai jamais dit que je te jugeais, fis-je doucement en détournant les yeux, essayant de tempérer mon air revêche, je m'inquiète juste…


Tiens, je lui ai dit que je me faisais du soucis… Pourtant, on ne se connait pas assez pour ça. La situation est assez étrange mais bon, je m'y fait.

l’Ode de l’appel

B

ibi me dit que je n'ai pas besoin de m'inquiéter pour lui, personne d'ailleurs et que c'est son rôle de s'inquiéter mais… N’avoir personne pour se soucier de soi-même… Il devrait être le seul à en pâtir ? Le seul à souffrir ? Même si on ne se connait pas vraiment…


- Oui mais… fis-je doucement en tournant mon regard vers lui, ce n'est pas un peu triste ? Je veux dire… toi aussi tu mérites qu'on s'inquiète pour toi non ?


C'est… Je ne sais pas… Tout le monde a droit à un minimum d'attention même si… le Seraph préfère enchaîner en me disant que je devrais faire attention.
C'est comme tout. Dans chaques camps il y a des gens bons comme des mauvais. Non en fait, cette loi est présente partout : il n'y a pas d'homogénéité. Et malgré tout… Je ne sais pas si je réussirai à me tenir éloigné. Mon expérience en tant qu’humain m'a bien montré que je suis loin d'être un individu chanceux… et… Je suis redevable envers quelques Nephils… Je-... J'ai choisi de devenir contractant pour ne plus voir des gens mourir autour de moi mais au fond… Je sais bien que ce n'est pas aussi simple…
Seulement… Si je peux éviter de me mettre dans le pétrin… Je veux bien... “essayer”…


- D'accord, lui répondé-je doucement en hochant la tête alors que je regarde toujours Bibi.


C'est étrange de voir à quel point je m'attache facilement… même quand je tente de rester méfiant… J'espère juste que je ne le mettrais pas en danger non plus même si… Je sais que ça ne sera pas si simple vu ma façon de penser et la faction à laquelle j'appartiens. Enfin… Pour l'instant… Tant que je suis encore tranquille tout va bien je suppose… On verra bien.