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Actée avait reçu un appel de Juliet. Elle avait envie de boire un café avec lui, sa dernière visite remontant à quelques jours. Il avait accepté avec plaisir et elle lui avait donné rendez-vous dans un petit café non loin de chez elle, qui servait de délicieux éclairs. Cela finit de convaincre Actée, mais aussi le fait qu'elle avait envie de parler avec lui de la fête foraine. Il ne disait pas non, mais serait prudent, il ne pourrait pas échappé aux questions sur les personnes qu'il avait soigné, dont bien-sur il garderait l'anonymat.

C'était dimanche, en milieu d'après-midi. Il faisait plutôt froid, et Juliet lui avait donné rendez-vous directement à l'intérieur, elle leur avait réservé une table. Il entra donc et la chercha un moment du regard avant de la repérer, assise près de la vitre donnant vers l'extérieur. Il s'approcha d'elle.

"Bonjour Juliet, comment vas-tu? C'est très gentil à toi de m'avoir invité"

Après une bise, il s'assit en face d'elle, posant sa veste sur l'arrière de sa chaise.

"Alors, comment ça va depuis la dernière fois?"

Juliet avait besoin de parler et voulait avoir le médecin en face d'elle. C'était une oreille plutôt compétente et elle savait qu'elle n'avait rien à craindre de lui. Il soignait des ennemis, potentiellement, alors la journaliste pouvait toujours le dénoncer à Manori, ça passerait bien compte tenu du contexte. Elle l'attendait depuis quelques minutes et lui serra la main. Elle avait déjà un café et lui sourit

- "Et bien, beaucoup de chose et pas que des positives. Tu as du voir que Glaad et Samuel ont été promus? Et bien devine quoi, moi j'ai rien, nada, nichts. Je me suis cassé les pieds à trouver tout plein d'infos et tout, mais rien pas même une tape dans le dos ou un pins 'je suis quelqu'un de bien, félicitez-moi'. Alors c'est très désagréable. Depuis, je travaille à améliorer encore ce que je fais. Qui sait, peut-être qu'on me verra à ma juste valeur un jour"

Juliet but un peu de son café

- "A part cela, rien de bien spécial. Je prépare quelques choses de gros, mais je dois garder cela secret... Oh et j'ai publié nos premiers traitres, tu as eu l'occasion de les lires?"

J'avais rendez-vous au Cup of sugar avec un vieil ami à moi. Je m'étais garé pas trop loin, et allait bientôt arriver à destination. C'était une froide journée d'automne, le vent soufflait fort et je mis rapidement mes gants de cuir beige.

Je fus content de pénétrer enfin dans le café. Je regardais autour de moi, cherchant une table de libre, avant de voir un visage familier. Je me rapprochais alors et reconnut ce bon docteur.

"Monsieur Vasilis, vous, ici? Comment allez-vous?"

Je pus ensuite voir le visage de la personne l'accompagnant et je fus encore plus surpris de reconnaître la journaliste de la dernière fois.

"Mais ne serait-ce pas mademoiselle Hopkins? Belle journée n'est-ce pas?"

Et bien, je n'aurais jamais cru pouvoir les croiser ici. Ni les voir ensemble. Quelle surprise.

Actée s'assit et commanda un café, en écoutant Juliet. Il comprenait qu'elle ait de la peine, et compatissait pleinement, lui touchant l'épaule amicalement.

"Je comprends ta déception. Oui j'en ai vaguement entendu parlé, mais j'étais un peu trop occupé à l'infirmerie pour vraiment m'y attarder. Et ne t'inquiète pas, tu fais un excellent travail, je suis sûr que tu finiras par être récompensée"

Il sourit et but une gorgée avant de presque s'étouffer. Il espérait ne pas compter dans ces traitres...ni quelqu'un qu'il connaissait ou avait soigné...

"Des traites?? De qui tu parles? Et quel genre de projet?"

Essayant de calmer son stress qui était monté d'un coup, il leva les yeux et quelle ne fut pas sa surprise quand il vit Rakart, souriant face à lui. Il se leva et lui serra la main, son bras allait nettement mieux apparemment.

"Monsieur Rakart, comment allez-vous? Vous vous rétablissez bien?"

Il le vit ensuite saluer Juliet, et en fut tout aussi surpris.

"Je ne savais pas que vous vous connaissiez, c'est plutôt amusant comme hasard non?"

Juliet allait continuer quand soudain une connaissance s'approcha. Il ne pouvait pas tomber moins bien. Elle qui était venu discuter avec un ami se retrouve à discuter avec quelqu'un qui ne pouvait rien connaître de la réalité. Si au moins Rakart avait envie de se transformer, ça serait intéressant.

- "Bonjour Monsieur Rakart, très belle journée effectivement" dit-elle avec un sourire de politesse "Quel bon vent vous amène ici?"

Juliet lui serra la main puis regarda Actée

- "Oui, on s'est connu il y a quelques temps après qu'il m'est convaincu de le rencontrer. Je lui ai expliqué brièvement ce qu'il voulait savoir. Il est donc au courant de la guerre liant nos deux clans. Il m'avait mentionné qu'il te connaissait ainsi que d'autres personnes"

Je serrai la main chaleureuse de Actée. Et de ma main valide. Je la ménageais toujours en l'utilisant au minimum, mais je n'avais plus besoin ni d’attelle ni d'écharpe.

"Mais très bien, je vous en remercie. Je dois dire que j'ai eu de la chance, je n'ai fait qu'une seule rencontre potentiellement fâcheuse depuis la dernière fois. Qui c'est très bien terminé d'ailleurs."

Plus je rencontrais de de contractant susceptible de m'aider, plus les choses seraient intéressantes.

"Je ne pensais pas que vous pussiez être proche non plus. L’aléa en effet, fait bien les choses."

Je serrais ensuite la main à la journaliste.

"Ce qui m'amène ici? Oh, et bien, j'ai rendez-vous avec un ami malgache-bolivien à moi qui...excusez-moi."

Je pris alors mon natel en main, constatant que ce dernier venait de m'envoyer un message pour annoncer qu'il avait eu un empêchement. Zut.

"Mince alors, il ne pourra plus venir. Attendez."

je pianotais ensuite furieusement, me renseignant sur les raisons de son empêchement.

Il sourit, peut-être faisait-il là référence au SMS qu'il lui avait envoyé. Ils en parleraient sans doute plus tard, il n'avait pas eu le temps ni l'occasion d'en parler à Juliet.

"Je suis content de voir que vous êtes en bonne santé, ça fait plaisir. C'est toujours intéressant de faire des rencontres comme ça, on est toujours surpris"

Il se rassit et sourit.

"Vraiment? C'est effectivement assez rare pour le souligner. J'y pense, j'ai un collègue avec les mêmes origines, un grand farceur, mais on le débusque toujours avant la chute. Ca n'en est pas moins drôle. Ce serait amusant que ce soit la même personne non?"

Il le vit assez énervé de cet empêchement, sans doute qu'ils avaient quelque chose d'important dont ils devaient discuter.

John avait encore eu une certaine chance dans ses rencontres. A croire que le monde lui souriait, c'était très frustrant. Juliet écouta les échanges d'Actée et de Rakart qui étaient pas spécialement intéressant. Ils mentionnaient un potentiel ami commun, un blagueur, mais ce n'était pas vraiment ce pourquoi Juliet était venue. La journaliste sirota son café, ruminant sa frustration.

En plus, cet ami avait posé un lapin à Rakart, ce qui ne voulait dire qu'une chose : John allait rester à leur table. A moins qu'il ne passe un contrat fissa, Juliet refuserait de raconter quoique ce soit en sa présence. Elle regarda les deux, et soupira. La discussion risquerait d'être longue.

Un collègue? Tiens donc.

"C'est très probable en effet, il ne doit y en avoir que trois des comme lui. Et se serait fort cocasse, car à malin, malin et demi comme on dit."

De plus, la description lui ressemblait bien.
Je regardais Juliet, cette dernière semblait un peu ennuyé par ma présence. Il est vrai que j'étais arrivé comme un cheveu sur la soupe.

"Et bien, mes excuses, ce dernier aura du retard. En attendant, pourrais-je me joindre à votre table? Il ne devrait pas trop tarder."

Enfin, j'espérais.

"D'ailleurs, mademoiselle Hopkins m'avait dit qu'elle vous connaissait cher docteur, mais n'avait pas informé que vous étiez si proche, si semblable."

Actée lui sourit et regarda Juliet. Elle ne semblait pas en être très contente mais ça lui faisait plaisir de voir Rakart...surtout s'ils se connaissaient aussi. Autant discuter un peu et après ils seraient plus tranquilles.

"Oui bien-sûr, asseyez-vous. Est-ce que vous voulez un café? Juliet tu aimerais quelque chose d'autre?"

Il avait bien envie de commander une petite sélection de pâtisseries, mais il fallait qu'il soit un peu plus raisonnable, ces temps il faisait pas mal d'écarts, il allait devoir aller plus souvent à la salle de sport.

"Ah bon? Je ne savais pas que vous aviez parlé de moi, mais oui, nous sommes amis. Et vous, comment avez-vous fait connaissance?"

Bien entendu, Actée le magnanime laissa John s'asseoir alors que ce n'était nullement ce qui était prévu. Elle lui aurait bien fait une remarque mais ce serait malvenu. Elle ne pouvait même pas lui faire divers signe vu qu'ils n'ont pas eu l'occasion de se connaître suffisamment. Elle regarda donc Rakart qui insistait de nouveau sur les contractants. Il n'avait toujours pas changé d'avis, alors pourquoi insister.

- "Vous savez John, Actée et moi n'avons que très peu de similitude. Il est bien plus gentil que moi. Mais je dois reconnaitre que nous aimons tout les deux les éclairs au chocolat et le bon vin. Comme vous le précise Actée, nous sommes de bons amis. C'est une personne de qualité qu'il est toujours bon d'avoir dans son cercle"

Juliet sourit aux deux. Si John voulait en savoir plus, il allait devoir se mouiller plus que cela. Elle n'allait d'ailleurs rien communiquer à ce sujet.

- "Monsieur Rakart m'avait invité à une conférence de presse sur son entreprise et m'a promis un scoop qui n'est pas vraiment venu. Mais il m'a communiqué sa spécialité et les quelques rencontres qu'il avait fait. C'était avant l'événement de la fête foraine si je ne me trompe pas. D'ailleurs, que savez-vous à ce sujet John?"

Je pris donc une chaise sur une table vide, et m'assis donc à leur côté. Ils aiment le vin et les éclairs aux chocolats? Miam, de l'info gratuite, haha.
Mais bon, cela confirmait définitivement ce que je pensais. Elle ne réfuta pas mon propos et sembla plutôt à exposer les différences de personnalités. Mais Juliet connaissait, et même bien, Actée, mais pas Eljiade qui elle était un séraph. Les probabilités pour que tous deux soit néphils étaient donc actuellement très forte.
Parfait.

"Je ne le connais encore que très peu mais c'est effectivement une bénédiction que de le connaître."

Encenser des gens en leur présence sans leur parler directement était toujours une chose sympathique et révélatrice du caractère de la personne. Bien que cela ne révèle rien de très cruciale.

"Malheureusement, je ne crains de devoir vous décevoir une fois de plus, je n'ai pas eu le moindre écho concernant cet événement. Je dois dire que ces dernières semaines ont été relativement calme. Et puis, je faisais mieux de rester chez moi vu mon bras."

J'en profitais pour commander un chocolat chaud, cela me ferait du bien par le temps qu'il faisait et s'avalait plus vite qu'un thé au cas où mon ami ne viendrait pas et que j'aurais à partir.

"Toutefois, j'ai un petit projet perso. J'ai récemment fait l’acquisition de 5 voitures. Des minis couleurs vertes olives"
je ne pus m'empêcher de regarder Actée à ce moment.
"Que j'ai déposé à des points stratégiques en ville. On ne sait jamais. Donc, si par hasard, vous avez besoin urgent de voiture, n'hésitez pas à vous servir."

Je bus longuement mon chocolat, ne voulant imiter Long Talon qui le laissa refroidir.

Actée reçu son café et le but, souriant aux propos flatteurs de John Rakart. C'était toujours agréable d'avoir quelqu'un de reconnaissant, même s'il en faisait un peu beaucoup pour le coup.

"Ce n'est rien, mais merci"

Ainsi il n'était vraiment pas au courant des affaires Nephils et Seraphs. Bon, d'un côté il n'était pas étonnant que cet incident n'ai pas fait beaucoup de bruit et que tout ait été fait pour le caché aux humains. Il ne savait pas trop ou Juliet voulait aller en lui parlant de cela.

Avant qu'il n'ait pu trouver quelque chose à dire à ce sujet, Rakart parla d'un projet personnel et de voiture. C'était assez étrange, que cherchait-il à faire?

"Un projet? Vous pouvez nous en parler? Enfin merci de la proposition, mais pour ma part j'ai ma propre voiture. Mais si jamais je se saurais"

Rakart ne savait rien de la fête forraine, les contractant et contracteur avaient fait un très bon travail pour manipuler les pensées et les souvenirs des gens. C'était impressionnant. Pourquoi ne pas l'utiliser plus souvent pour faire des humains ce que l'on désirait, peut-être pour une question d'éthique. Mais Rakart proposait enfin quelque chose d'utile et de très intéressant.

- "Votre idée est des plus astucieuses, bien que très couteuse j'imagine. Quel est votre but exactement? Vous permettre de fuir plus efficacement les ombres? Que feriez vous si une ombre vous attendait sur la banquette arrière, plongeant ses griffes acérées alors que vous conduirez paisiblement. "

Bien que l'idée de John soit des plus futée, il ne faisait que retarder l'inévitable. Mais ce n'agaçait plus beaucoup Juliet, au contraire, elle trouvait cela intéressant. Combien de temps arriverait-il à survivre? Allait-elle s'occuper de lui dans la rubrique Nécrologie ou dans le Recensement?

je regardais alors Juliet avec un air plein de compréhension, le même que je faisais jadis à ma fille lorsqu'elle demandait si les gens en Australie marchait sur la tête. Et que je répondais que c'est pour ça qu'ils avaient de grand chapeaux.

"Ma très chère, ce sont des minis, il n'y a pas de banquette arrière!"

Je ris doucement, trouvant cela très drôle, même si cela ne l'était pas tant que ça.

"Ce qui règle d'ailleurs en parti le problème du prix. Mais pour vous répondre à tout deux, oui, le but est de m'enfuir plus vite. Je n'aurai pas toujours la possibilité de semer une ombre, et si je suis à bout de souffle, il me faut un moyen de décamper rapidement. Surtout, que j'ai aussi une voiture, mais dans bien des cas, il est difficile d'y avoir accès au bon moment. Maudis soit les garages souterrains.
Et pour être honnête, si une ombre était assez intelligente pour me connaître, avoir repéré mes voitures que je n'utilise qu'en cas d'urgence, capable de se cacher dedans sans que je puisse la voir de extérieur, et bien, je ne crois pas qu'il existe quoi que ce soit pour me sauver."

Je checkais encore mon téléphone, presque machinalement.

"D'où ma volonté de vous en faire profiter. Elle sont ouvrable par simple usage d'un programme sur smartphone. Je suis sûr que cela vous serait utile un jour.
Mais donc, la fête foraine?"

Fis-je en les regardant tout deux. J'étais véritablement curieux, tant je n'en savais rien.

Actée l'écouta en sirotant sa boisson. Apparemment ça ne lui avait pas coûté si cher que ça, ce qui était très surprenant au vu des voitures dans lesquelles il avait investit. Mais son idée n'était pas si mauvaise, à un point près.

"Vous avez acheté des minis d'occasion? Ce sont généralement des voitures très coûteuses, leur taille est trompeuse. Et c'est vrai que votre idée n'est pas mauvaise, mais il vous faudra être extrêmement rapide car les ombres pourrons passer à travers la voiture, et venir sur le siège passager par exemple."

Autant lui montrer les points négatifs de son plan rapidement, c'était une question de survie. Mais c'était très bon de sa part de vouloir leur en faire profiter.

"Merci beaucoup encore une fois. Pour ce qui est de la fête foraine je n'y étais pas, j'ai juste du soigner quelques blessés."

Il ne voulait pas en dire plus, ne sachant pas jusqu'à ou Juliet voulait aller et surtout s'il avait le droit d'en parler ou non, ce dont il était vraiment pas sûr.

Juliet le regarda, le laissant rire. Il pouvait dire ce qu'il voulait, de toute façon il finira soit sous-terre, soit dans son recensement. Mais plus le temps passait, moins elle était sûre qu'il serait une bonne recrue. Il était plein de ressources, mais nullement motivés par la guerre. Et ses explications étaient malgré tout plutôt cohérentes.

- "Il y a toujours un moyen de vous sauver, vous savez lequel" dit Juliet en souriant avant d'ajouter "C'est très aimable à vous, peut-être que je m'acheterais un second smartphone juste pour cela alors. Je pense d'ailleurs, Actée, que tu devrais faire de même. Je n'ai jamais eu confiance en ces applications téléchargeables, c'est toujours trop facile de les utiliser pour avoir accès aux secrets du téléphone"

La plupart des secrets de Juliet se trouvaient dans son carnet, alors elle ne risquait pas beaucoup. Mais elle préférait ne pas avoir un logiciel espion sur elle, surtout si c'était Rakart le bénéficiaire.

- "Je ne peux pas tout vous dire, mais disons que la guerre entre les clans a plus ou moins gagné en température. Là où avant, nous étions en guerre froide, cette fois nous sommes plus proche du conflit ouvert. Il y a eut un conflit à la fête foraine, chaque clan y a perdu beaucoup. Alors je ne penses pas que vous pourrez encore profiter des membres de chaque famille pour vous protéger. Par contre, vous pouvez servir d’appâts pour attirer l'ennemi. Après, ce serait aussi risqué pour nous, car rien ne prouve que vous ne jouez pas un double-jeu" dit-elle avant d'ajouter "Tout cela pour dire que c'est encore plus tendu maintenant qu'avant "

Mmmh, il est vrai que je en savais pas vraiment à quelle point ces ombres étaient incorporels. Mais bon, ce nom ne leur avait pas été donné par hasard.

"Forcément. J'ai même pu avoir une réduction, vu que j'en achetais en quantité.
Mais oui, il me faudra être rapide, ça c'est sur. Mais je ne savais pas que les ombres pouvaient tout traverser ainsi. Je penserai à m'entrainer à démarrer rapidement tiens."

C'était ce genre de petit détails, de nouvelles choses à apprendre et expérimenter qui rendait tout ceci follement excitant.

"C'est une excellente idée que vous avez là miss Hopkins. On est jamais trop prudent. Et puis, un vieux modèle vous coutera moins cher."

J'écoutais la suite de son histoire avec grand intérêt.

"Mmh, les pacifistes auront encore plus de boulot. Un appât dites-vous?"

La proposition était particulière. Si l'idée d'attirer les ombres me paraissait tout à fait valide, être un piège humain me plaisait moins.

"Je vois. Cela semble bien regrettable que vous en soyez arrivé à là. Sinon, et bien, tout dépens de l'ennemi. Je sais bien que je n'ai que ma parole, mais je vous jure que je ne cherche pas à vous nuire, bien au contraire. Après tout, les vrais monstres sont les monstres, pas vrai?" fis-je en les regardant tout deux.

Evidemment, je savais très bien que c'était l'avis de Actée. Mais je me demandait où se situati Juliet dans ce clash de clans. Elle ne semblait pas particulièrement vindicative, mais il fallait toujours se méfier des gens motivés. Prêt à tout pour atteindre leur but.

Actée sirotait son café et devait faire un très gros effort de concentration pour ne pas se laisser aller à la contemplation des pâtisseries si appétissantes qui se trouvaient dans la vitrine. Il mourrait d'envie d'aller en chercher mais il ne pouvait pas quitter la conversation comme ça, ça aurait été impoli.

Il écouta un peu distrait les réponses de Rakart, mais saisit tout de même ses questionnements.

"Personnellement je pense que vous vous mettez bien assez en danger comme ça. Si vous serviez d'appât ce serait pour vous la mort assurée, enfin d’appât pour Ombre, car je ne vois pas trop quel autre genre d'appât vous pourriez être"

Les difficultés et la confrontation avec les Seraphs était toujours un sujet délicat ou, visiblement, il y avait de nombreuses écoles, et il n'était pas de la même que Juliet.

"Pour ma part je suis d'accord avec vous, ce sont les Ombres le problèmes. Les Seraphs devraient être des alliés au lieu d'ennemis mais visiblement ce n'est pas l'avis de tous..."

Il soupira, dans de dépit quand à cette situation que de son dilemme culinaire. À quoi bon résister après tout, elles étaient justes là...Tant pis! Il se leva alors.

"Je vais chercher quelques pâtisseries, vous en aimeriez?"

Parfait, John ne voyait nullement d'inconvénient à ce qu'elle soit prudente. Il n'était également pas totalement contre le fait de servir d’appât pour des humains, ce qui surpris légèrement Juliet. Elle imaginait qu'il avait plus de moral que cela, mais si il acceptait de participer au meurtre indirect d'ennemi, ce n'était pas si mal que ça.

- "C'est totalement regrettable oui. Mais malheureusement c'est comme ça. On ne peut que choisir d'aller avec ou contre le courant. Mais ne vous en faîtes pas, c'était surtout une remarque comme ça, pour savoir"

Juliet regarda Actée qui ne semblait pas des plus attentifs, surtout qu'il mentionna encore une fois son histoire d'alliance avec les Seraphs. Non seulement il venait de donner leur Nature, mais en plus il disait des propos très dangereux. La journaliste hésita un moment à mentir.

- "Et bien, Actée, tu sais très bien que ce genre d'idée est plutôt risqué à exprimer, surtout devant un public. Tu sais que je suis quelqu'un qui me tait, mais ce n'est pas nécessairement le cas de tout le monde" réprimanda-t'-elle "Mais je prendrais volontiers un cheesecake merci beaucoup"

Juliet regarda ensuite Rakart. Il devenait de plus en plus dangereux...

"La mort assuré? Vous croyez vraiment? "

L'idée me chagrinait de manière visible. Je réfléchissais à comment éviter cela.

"Il est vrai que les endroits où l'on sait qu'il y ces monstres doivent pulluler de ceux là. Et qu'il vaut peut-être mieux éviter ce genre de lieu. Si ils existent."

Je hochais de la tête au commentaire du docteur. Il avait eu la grande bonté de clarifier la situation. Déjà leur nature à tout deux, bien que je m'en doutais. Mais surtout, j'avais enfin la confirmation que son altruisme ne tenait pas seulement à son désir d'aider et de soigner, mais voulait éradiquer ces abominations. Et par la voie la plus logique. Reste plus qu'à espérer que je ne m'étais pas fait entuber magistralement pour guider des pauvres Seraphs blessés dans ces mains.
Ce serait ballot.
Je me tournais ensuite vers Juliet.

"Pas faux. Toute ma vie, j'ai suivi le courant, qui m'a d'ailleurs été plutôt favorable. Y faire du surplace est donc un vrai changement. Maintenir le statu quo en quelque sorte."

Au fond, tout m'avait réussi dans la vie. Même mon divorce a été un succès sur tout les plans.
Je découvrais surtout à quelle point il y avait de la tension au sein même de leur bande. Si même les opinions étaient proscrites, alors les choses que j'apprenais prenait encore plus de valeur. Je ne parviens absolument pas à me rendre compte à quelle point les choses qu'ils m'apprennent sont sensés restés secrètes. Il ne faudra pas que j'oublie de les en remercier.

"Volontiers une boule de berlin pour moi."

Au moment ou Actée s'était éloigné je me penchais un peu vers la journaliste.

"Je ne m'en rend vraiment compte que maintenant, mais me révéler tant de chose ne vous mets pas tout deux en danger? Enfin, au delà de celui d'être banni de votre communauté?"

Cela ne semblait pas déjà une bonne chose, mais si ils étaient plus violent que je ne le pensais, je m'en voudrais de les avoir mit en danger.

Dans sa concentration intense sur les pâtisseries du café, Actée n'avait effectivement pas fait attention à sa phrase, et ne pu rien répondre au reproche de Juliet, un peu honteux de s'être laissé allé à une telle erreur. Il allait devoir être bien plus attentif à l'avenir et ne pas se laisser aller à de telles bassesses.

Il prit les commandes, hocha la tête et alla chercher le tout. Elles avaient l'air affreusement délicieuse...mais il ne fallait pas se déconcentrer! Il commençait à se demander sérieusement s'il n'était pas mono-maniaque sur les bords.

Il vit que Rakart et Juliet continuaient à discuter, et il se demandait de quoi. Il espérait qu'ils allaient lui en parler une fois qu'il reviendrait. D'ailleurs, le plateau était prêt, il paya donc le tout et alla les rejoindre.

Juliet écoutait Rakart, tentant de trouver comment justifier qu'elle n'était pas Nephil. Mais c'était de toute façon trop tard pour cela. De toute façon, les gens devaient bien savoir que la journaliste était Nephil. Elle avait rencontré Lenna qui était une vraie fanatique, alors elle avait probablement déjà tout raconté. Elle regarda John, surprise. Elle, bannie de la communauté? Aucun risque au vue des informations qu'elle détenait dans son carnet. Si on faisait d'elle une solitaire, alors elle partirait avec joie et donnerait toutes les informations à ceux qui le voudrait, aux plus offrant. Peu importe si ensuite on la pourchasserait et on la tuerait, car la famille ne s'en releverait jamais. Son carnet était sa bombe nucléaire, son arme de dissuasion qui entrainerait une DMA, destruction mutuelle assurée. Alors la journaliste dormait sur ses deux oreilles.

- "C'est gentil à vous de vous inquiéter de cela, mais nous ne vous révélons rien de bien confidentiel. La chose la plus secrète que l'on vous a dit jusqu'à maintenant c'est notre nature et vous n'avez de toute façon aucune preuve, alors nous ne risquons rien en vous parlant de cela. Notre famille ne nous bannira pas pour cela, le seul danger serait si vous deveniez un Seraph. Là, disons qu'il faudrait soit trouver un terrain d'entente, soit s'assurer que personne ne parle"

En y pensant, Juliet n'avait encore jamais tué personne, que des ombres. C'était bien moins intéressant. Elle ne voulait pas nécessairement du mal à son prochain, mais la mort d'un être humain, ou du moins Seraph, devait être une expérience des plus impressionnantes. Elle se rappelle bien la sensation de dégout qu'elle avait eut pour le corps du taximan. Avait-elle eut en même temps de la fascination? C'était dur à dire.

- "Merci Actée, tu es bien gentil" dit Juliet en se servant "John, juste entre nous, vous m'aviez parlé de votre envie de protéger votre famille. Ce que je propose est de vous prévenir en cas de danger et de la faire quitter la ville si cela est possible. Les ombres existent ailleurs, bien entendu, de même que les contractants, mais personne ne vous pourchassera si vous quittez Palema. Quant à votre problème d'ombre, en dernier recours, vous pourrez toujours souhaitez à Bey ne pas voir les ombres et vivre tranquillement loin de Palema"

Juliet ne pensait pas qu'il fuirait la ville, mais elle tenait à lui donner une échappatoire de la même manière qu'il avait offert une échappatoire en proposant ces voitures

Mon visage se détendit lorsqu'elle me dit que je n'avais pas à m'inquiéter. Tant mieux. Il est vrai que certaines choses semblaient être de notoriété publique. Enfin, dans le publique des chasseurs d'Ombres. Rendant la différenciation entre ce qui est secret ou pas difficile, vu que je ne trainais pas vraiment dans ce milieu.

"Pour tout vous dire, j'avais une idée quant à votre appartenance à tous deux. Mais, cela tenait plus de l'ordre de l’intuition. Je n'avais pas vraiment regardé Actée lorsqu'il avait tué cette ombre à l’hôpital."

En y réfléchissant, il est vrai que je n'y avais pas fait attention, mais j'aurais pourtant du remarquer sa marque. Surtout si cela brillait. Y avait-il moyen de la cacher?
J'eus ensuite un petit sourire à sa mention d'une entente. Nous en avions déjà une en quelque sortes. De ce fait, la fin de sa phrase sonnait comme un menace. Mais une menace factuelle, presque amicale. Afin que je me souvienne que leur monde était dangereux.

Et c'est à ce moment que les pâtisseries vinrent.

"Merchi beaucoup Actée." fis-je en enfournant rapidement la boule, affamé comme j'étais.

"D'ailleurs, Juliet me rassurait quant au fait que je ne vous posais pas trop de problème avec mes questions. Ce serait ballot d'avoir des bricoles par ma faute n'est-ce pas?"

J'écoutais ensuite attentivement Juliet.

"Et bien, ne connaissant rien quant aux règles territoriales de ce petit monde, je vais vous faire confiance et accepter votre offre. Être prêt en cas d'urgence est le minimum, merci."

En tout cas, si je devais fuir pour mener une vie normale, je demanderais probablement cela à Bey. Exclusivité, et puis, il me connaît déjà au fond.

"Mais dîtes-moi tout deux, avez-vous de la famille?"

Ma question était vague, car bien évidemment qu'ils en avaient. Actée en avait en Grèce et je m'étais un peu renseigné sur Juliet. Mais je ne savais pas si ils avaient leur propre famille ou des gens proches.

Actée revint avec le plateau et distribua les assiettes avant de s'asseoir et écouter Rakart qui le mettait au courant de ce qu'il avait loupé. Il lui sourit, c'était bon de sa part de se soucier de ces choses là.

"Ne vous en faites pas, ce n'est pas un problème et au vu de votre situation c'est normal qu'on vous informe un minimum. Et de rien, c'est normal."

Il s'assit et résista à mordre directement dans son éclair pour écouter. Il n'avait pas entendu la proposition de Juliet mais il n'allait pas interrompre la discussion maintenant, il préférait poser directement la question à son amie après le départ de Rakart.

Actée connaissait la situation familiale de John, en ayant parlé un peu avec lui au cabinet, et sans doute qu'il avait du en faire de même avec Juliet, ce qui pouvait expliquer un peu cette question sortie de nulle part. Sans doute que, du coup, il s'intéressait d'avantage à la situation de Juliet qu'à la sienne.

"Comme je vous l'avais dit toute ma famille se trouve en Grèce actuellement, et du coup je suis seul ici."

John fut, à juste titre, reconnaissant de l'explication de Juliet. Maintenant, la journaliste espérait qu'il garderait cela à l'esprit le jour où il devrait faire un choix. Mais ce jour viendrait peut-être dans un moment, alors autant se débrouiller de garder le DRH qui était très intéressant.

Actée resta, comme à son habitude, discret sur sa vie de famille. Quel dommage de ne pas discuter plus en avant de ça, mais Juliet pouvait comprendre, la famille pouvait vite devenir ennuyante.

- "Quant à moi, je suis fille unique et mes parents vivent dans cette ville. On s'entend plutôt bien et chacun vaque à ses occupations. Donc en pratique, je vis comme si je n'avais pas de famille, je dois avouer que c'est plutôt libérant de n'avoir à s'inquiéter que de soit"

Pas de famille, pas d'attache, c'était cela la vraie vie. Juliet voyait mal comment John pouvait accepter cela. Il aurait mieux fait de se couper totalement d'eux et faire un choix drastique. Mais chacun réagissait comme il pouvait. D'ailleurs, en y pensant, peu de monde semblait avoir de la famille proche chez les Nephil. Il y avait Rekor qui semblait proche de sa famille, mais tout le reste était soit distant, soit carrément orphelin...

L'attitude d'Actée me fit grandement sourire. Pour lui, il était si normal de m'aider, de m'informer, juste parce qu'il le pouvait. Je me demandais quelle était l'attitude la plus courante chez eux. Les prudents comme Juliet ou ceux plus ouverts, moins méfiants? Il faudrait que je rencontre d'autres des leurs. Je trouvais tout cela follement amusant. Même leur guerre, bien que triste et déplorable, était intéressante.

"C'est sûr, c'est pratique. Mais bon, je n'échangerais ma fifille pour rien au monde. J'aurai eu plus d'enfant si ma femme avait été d'accord. Mes nombreux oncles m'ont toujours fait rêvé d'une famille nombreuse, mais bon, on a ce qu'on a.
Et puis, je me sens plus trop d'aller faire des enfants ailleurs."

Je sentis mon téléphone vibrer alors dans ma poche, et je m'en saisis rapidement, m'éloignant d'eux alors qu'on me parlait.

"Mes excuses. Mon ami vient d'appeler, je vais donc bientôt vous quitter."

Avant de faire un clin d'oeil à Juliet. Le clin d'oeil typique du grand père souhaitant bonne chance à un jeune couple. Enfin, si je parvenais à transmettre tout cela, je serais probablement très doué.

Actée sourit. C'était touchant de voir un père aussi dévoué à ses enfants. Pour ce qui était de Juliet, il savait déjà à quoi s'attendre et ne s'en étonna pas. Après tout il ne pouvait pas lui reprocher cela, lui-même n'avait plus aucun contact avec sa famille.

Rakart se leva pour téléphoner à son ami, qui allait arriver. C'était sympathique en tous cas d'avoir pu discuter un peu avec lui. Il le vit faire un clin d'oeil à Juliet, chose qu'il ne comprit pas vraiment. Peut-être était-ce pour une raison qu'il ignorait. Il se tourna vers la journaliste pour continuer la discussion.

"C'était plutôt intéressant tu ne trouves pas? Je en pensais pas qu'il était si organisé. À mon avis, tant qu'il sera en vie il continuera ainsi, et changera d'avis que s'il est en danger de mort immédiat. Qu'est-ce que tu en penses toi?"

En attendant sa réponse, il prit une bouchée d'éclair. C'était délicieux, mais pas autant que ceux qu'il prenait dans l'épicerie proche de chez lui. Ils étaient un peu gras à son goût, mais feraient l'affaire.

Finalement, après une discussion qui fut étonnement agréable, John allait bientôt partir. Non pas qu'il dérangeait particulièrement Juliet, mais elle allait pouvoir parler de ce qu'elle avait sur l'esprit à Actée : son manque de promotion. Le clin d'oeil de Rakart était surprenant et dur à comprendre, voulait-il dire qu'ils avaient désormais un contrat non-dit d'aide mutuelle? Peut-être

- "Déjà? J'espère que vous vous amuserez bien avec lui"

Juliet se tourna vers Actée et acquiesça

- "Je pense qu'il est mieux que ce que je pensais et qu'il ferait sincèrement une bonne recrue pour nous. Il faudrait le garder sous la main pendant quelques temps et surtout s'assurer qu'il ne meurt pas... Sans trop l'aider également pour pas qu'il ne se repose sur ses lauriers" expliqua-t'-elle à voix basse

Je les entendis parler un petit peu, mais ne chercha pas à saisir la nature de leur propos. Mon appel finis, je revins vers eux.

"Apparemment, il n'aura pas le temps de venir se poser tranquillement ici, alors je m'en vais à sa rencontre, cela fait du temps que je ne l'ai plus vu.
Du coup, je m'en vais, merci pour tout et bonne journée à vos deux."

Avant de laisser un peu d'argent pour ma boule de Berlin.
Je me tournais ensuite et sortit, des affaires plus terre à terre m'attendait.

Actée réfléchit à la suggestion de Juliet. Effectivement, il avait l'air ingénieux et était déjà au courant de leur existence et des tensions existantes, il était donc bien préparé à formuler un voeu, surtout qu'il aurait le loisir d'y réfléchir bien à l'avance avant de le formuler.

"Oui sans aucun doute. Mais comme je l'ai dis je ne pense pas qu'il acceptera facilement de faire un voeu. Il a l'air de tenir à son indépendance tout en aimant le danger. Je pense qu'une option ou il pouvait formuler son voeu sans appartenir à un camps serait ce qui pourrait le convaincre, mais je ne crois pas que ce soit possible."

Il avait bien croisé Leeroy, le solitaire. Seulement il n'avait aucune idée de comment il l'était devenu, et s'il avait bien saisit les choses, il avait été Seraph auparavant. Mais sans doute Juliet pourrait-elle éclairer sa lanterne.

Rakart revint les voir pour leur annoncer son départ.

"Très bien, alors bonne journée et au plaisir" Dit-il en souriant

L'homme posa un peu d'argent sur la table avant qu'Actée ne propose de lui offrir sa consommation, puis s'en alla sans demander son reste. Le médecin se tourna à nouveau vers son amie.

"Bon, nous voilà seuls à seuls, tu voulais discuter de quelque chose en particulier avant que John n'arrive?"

- "Il ne va pas avoir trente-six milles solutions malheureusement. Mais il faudrait le convaincre que vivre avec nous serait tout de même signe d'indépendance. Mais j'y réfléchirais à comment le transformer"

Juliet salua Rakart, lui souhaitant bonne chance pour la suite et qu'elle espérait le revoir très bientôt. Maintenant que l'humain était partit, ils allaient pouvoir retourner au sujet qui tenait à cœur Juliet : se plaindre de l'injustice qu'elle vivait constamment.

- "Pour être honnête, je voulais me plaindre de la gestion de notre famille avec toi. Je trouve cela scandaleux que moi, qui pourtant m'occupe d'informer tout les Nephils, ne soit pas plus haut gradée. Je suis persuadée que si j'étais commandante, au moins, je gérerais tout comme une championne. J'ai recruté beaucoup de monde et je commence à être une référence dans la famille. Alors je ne sais pas pourquoi on refuse de me donner la place que je mérites. Parfois, je me demande si ils sont pas effrayé par moi. Je suis quelqu'un qui pourrait totalement les renverser et les éclipser rien qu'avec mes compétences. Alors, ils ont peur que je prennes le contrôle de la famille, et me mettent des bâtons dans les roues" expliqua-t'-elle, contenant sa colère "Je pourrais me plaindre là-dessus pendant des heures, décrire point par point ce qui ne va pas, mais j'ai d'autre chose à faire... Mais je vais préparer des missions et je vais tout faire pour prendre une place importante dans la famille, de grès ou de force. Je vais me débrouiller pour recruter des gens qui me seront fidèles à moi et court-circuiter totalement la hiérarchie. Bien sûr, tout cela sans le dire à personne sauf toi. Je vais développer mon propre réseau d'espion et couvrir ceux que j’estime important dans ma quête. Sache que tu en fais partis, j'aimerais que tu sois une personne importante de mon plan, qu'en dis-tu? "

Actée but son café en l'écoutant. Elle avait l'air de vraiment souffrir de la situation et ça lui faisait de la peine, sincèrement. La voir ainsi se démener sans atteindre ses objectifs, il comprenait que ce soit déprimant. Mais peut-être qu'elle en espérait un peu trop, enfin, il ne savait pas trop comment fonctionnait les nominations, mais sans doute que ça devrait être quelque chose d'assez fermé.

"je ne sais pas s'ils ont peur de toi mais peut-être qu'ils ont besoin d'un peu de temps pour se décider? Enfin, ce que je veux dire c'est que c'est peut-être une procédure plus longue que ce qu'on pourrait s'imaginer. Mais je suis sûr qu'il sont conscients de ton potentiel, et que tu seras récompensée à ta juste valeur"

Il dit ceci en lui souriant, espérant ainsi la rassurer en lui montrant qu'il avait confiance en elle. Seulement, sa soif de pouvoir semblait être un peu trop débordante, et Actée ne savait pas trop s'il serait d'accord avec tout ce qu'elle entreprendrait...

"Je comprend totalement que tu aies envie d'accélérer les choses, et je te remercie de te confier à moi. Seulement tu me connais, tu sais que je ne suis pas du genre à me lancer dans des choses trop grandes ou qui impliquent beaucoup de risques...mais je pourrais t'aider à mon échelle, si ça te convient. Je ne suis pas vraiment convaincu non plus par le fonctionnement de la hiérarchie mais...enfin, saches que je ferais de mon mieux pour t'aider à mon niveau."

Il pensa à Abygail. Il la trouvait très gentille, mais devait avouer qu'il n'avait rien vu de son travail de commandante. Peut-être que faire un peu bouger les choses permettrait de rendre les gens plus actifs...mais surtout, il comptait toujours sur Juliet pour le couvrir, et il ne pouvait pas la laisser tomber, pour le moment elle représentait trop pour lui d'un point de vue sécuritaire, et elle en était sans aucun doute parfaitement consciente. Qui sait, peut-être qu'en l'aidant il aura la paix et n'aurait plus à être aussi prudent avec ses patients.

Ce ne serait qu'une question de temps? Si c'était cela, alors Juliet en serait encore plus dégoutée. Si il suffisait de rester assis sur un siège, à se toucher les nouilles, pour qu'un jour une promotion lui tombe sur le bout du nez, c'était scandaleux et abject! Non, ce n'était pas cela. Samuel avait beau être là depuis plus longtemps qu'elle, il n'était pas l'un des membres les plus vieux qu'elle connaissait, alors il y avait autre chose.

- "Tu sais ce que je pense? C'est pas une question de temps, mais une question de copinage moi je te dis! La procédure, c'est des peanuts. Comme par hasard, Samuel et Glaad ont été promus d'un claquement de doigts juste après la fête foraine. Et tu sais ce qui me fait de la peine? C'est que je fais tout pour être amicale avec Manori! Merde, je l'ai aidé plusieurs fois et rien, nada, niet, nichts!"

Juliet s'emportait un peu, exprimant tout ce qu'elle avait du taire. Elle sourit en voyant que le médecin avait toujours sa même ambition et son même courage, c'est à dire relativement peu. Mais cela convenait bien à la journaliste. Avoir un allié qui ne cherche pas à grimper les échelles, c'était d'une grande valeur. Elle reprit son calme et précisa

- "Ne t'en fais pas, je ne vais pas te demander de faire un putsch avec moi. Je n'en ferais pas de toute façon, les révolutions c'est toujours le meilleur moyen de se faire tuer. Mais je ferais bien une prise de controle plus insidieuse... Enfin, là n'est pas la question. Je te demandais ton aide car tu es impliqué dans les soins et je sais également que tu n'as pas de problème à aider les ennemis. Franchement, moi ça me dérange pas tant que tu soignes pas quelqu'un qui souhaite me tuer. Alors, j'aurais besoin de toi pour étendre mon réseau d'information, est-ce que tu acceptes? En échange, je te couvrirais pour chaque Seraph, Nephil et Inconnus dont tu m'auras donner des informations."

Juliet semblait vraiment très affectée et surtout énervée, cela inquiétait un peu le médecin. Compte tenu de ses aspirations, il craignait qu'elle aille trop loin, et n'allait pas être déçu...

"Oui tu dois avoir raison. Qu'importe le domaine, être proche du chef, ou dans ton cas de l'Elu, est plutôt avantageux. Mais tu as des preuves que Glaad et Samuel étaient proches de Manori?"

La proposition de la jeune journaliste était assez embêtante pour Actée. Il devait choisir entre sa sécurité et son honnêteté...C'était un dilemme assez conséquent.

"Ecoute...ce que tu me proposes peux beaucoup m'aider et je t'en remercie. Mais je dois y réfléchir. Tu sais que je mets un point d'honneur à respecter le secret médical, et je peux difficilement aller à l'encontre de cela. Mais je vais y réfléchir, et je te remercie de ta proposition"

Glaad et Samuel n'étaient pas spécialement proches de Manori, personne ne l'était en fait... Juliet était probablement plus proche d'elle que les deux nephils.

- "Aucune preuve, mais ils étaient présent à la fête forraine? Ca pourrait expliquer, peut-être qu'ils ont combattu à ses côtés"

Secret médical, secret médical... Actée avait toujours ce mot à la bouche, mais au moins il acceptait de rentrer en discussion pour son levé

- "Merci à toi de considérer ma proposition, ça me fait très plaisir. Bien entendu, tu as le temps, mais plus vite tu feras un choix, plus vite on pourra conclure"

C'est vrai que aucun des deux n'étaient présents lors de cet événement, et que les grades avaient été attribués après ce dernier...

"oui tu as sans doute raison. Mais si une occasion de faire tes preuves de ce genre se présente, tu pourras aussi monter en grade comme eux. Mais c'est vrai qu'il faudra peut-être patienter...."

Elle avait vraiment l'air de ne pas du tout envisager l'attente trop longue, ce n'était donc pas du tout une solution qu'il lui proposait là. Il faisait de son mieux pour la consoler mais c'était plutôt difficile...

"Je suis certain que tu trouveras une autre solution pour ne pas devoir attendre jusque là"

Il lui sourit gentiment, pour lui exprimer son soutient. Et il apprécia aussi beaucoup qu'elle ne le presse pas. Il pourrait ainsi bien étudier la question avant de se lancer dans une quelconque entreprise.

"Merci beaucoup, j'apprécie ton geste. Dès que j'aurais pris une décision je t'avertirais. Mais en attendant, si ça te tente, on peut se prévoir une soirée pour aller boire un verre et se détendre un peu? Je pense que tu en as bien besoin, et faire une pause ne serait pas de refus pour moi."

Il espérait que distraire la jeune femme en lui offrant une soirée amusante et amicale autour d'un verre de vin pourrait l'aider à décompresser. Elle s'investissait énormément et il avait un peu peur qu'elle finisse avec un burn out.

- "Le problème est que je les ai fait mes preuves, maintes et maintes fois. Mais je ne suis pas une combattante, je n'ai pas la possibilité de foutre le feu à mon voisin ou de controller des cartes, je sais juste avoir un pistolet et faire bang bang" dit-elle, dépitée

Favoriser les puissances physiques étaient une erreur, car cela créait une sorte de course au pouvoir stérile. Alors que si on laissait simplement les logisticiens contrôler le tout, cela irait bien mieux. Mais Juliet aimait bien qu'Actée tente de lui remonter le moral, c'était agréable d'avoir quelqu'un d'amical.

- "Ouais, je dis pas non à boire un peu pour changer les idées. Tu penses à quoi toi? Ce soir?"

Juliet n'allait pas refuser une pause et une boisson, elle n'avait rien prévu. Mais elle ne se faisait pas d'idée, sa promotion (ou plutôt son manque de) allait lui trainer dans la tête jusqu'à ce qu'elle trouve une solution.

Actée la sentait de plus en plus déprimée et ça lui faisait de la peine, mais qu'elle accepte de sortir était bon signe. Et il comprenait son sentiment d'impuissance, il était dans le même cas quelle, à la différence que lui était satisfait de ne pas avoir un pouvoir offensif.

"Je te propose d'aller dîner quelque part de sympa, puis qu'on aille dans un bar pour finir la soirée? Ou tu peux aussi venir chez moi et prendre une bouteille, c'est comme tu veux."

Il avait bien remarqué qu'elle avait un certain penchant pour la boisson, mais pas encore suffisamment pour que ça en devienne inquiétant...du moins à ce qu'il en savait. Mais quitte à ce qu'elle se fasse plaisir ce soir, autant qu'il soit présent.

"Si tu as un bar que tu apprécies et ou tu aimerais aller ce serait pas mal, je ne connais pas trop les endroits intéressants dans le coin"

Juliet le regarda, un peu suspecte. Il n'était pas entrain de flirter avec elle tout de même? Elle serait flattée si c'était le cas, et un brin surprise. Actée ne semblait pas du genre à le faire. Elle scruta alors tout ses mouvements. Il était beaucoup trop doux pour vouloir la ramener dans son lit. Il semblait même plutôt suggérer qu'elle avait une relation avec ses bouteilles... Ce que la jeune femme ne pourrait pas nier, mais ce n'était que les moment où elle n'avait pas la forme, rien de plus.

Juliet réfléchit un moment. Quitte à s'ennuyer, autant aller quelque part qui bouge

- "Allons dans le quartier Sud, ça pourrait être marrant" dit-elle en souriant "Y a plein de folie qui s'y trouve"

Actée ne pensait absolument pas à mal, et espérait qu'elle ne pensait pas qu'il avait des intentions douteuses. Mais sa proposition d'aller au quartier Sud ne l'enchantait pas trop...

"Pour moi c'est plus un lieu de travail que vraiment un endroit pour s'amuser, mais si tu insistes allons-y"

Il dit ceci en souriant. Il se leva pour aller régler la note, puis se dirigea vers sa voiture avec la jeune femme. Il allait peu boire, très peu, pour pouvoir la ramener si besoin, ce qui serait sans doute le cas. Mais il espérait qu'il arriverait un peu à la faire parler pour la soulager, sans doute que ça lui ferait du bien de se confier, aidée par la boisson. Dans tous les cas, il ne lui voulait que du bien.

La soirée se passa plutôt bien et Juliet n'emmena au final pas Actée dans un bar du quartier Sud. Elle ne voulait pas non plus l’embarrasser outre mesure. Ce n'aurait pas été correct de sa part de se venger de son manque de chance sur le médecin qui était de toute façon le seul qui la soutenait et en était capable. Nelytsa la soutenait, certes, mais avec les capacités d'une enfant de 5 ans. Autrement, il n'y avait personne.

En fin de soirée, plutôt éméchée mais extérieurement contente, Juliet proposa à Actée de venir discuter un peu chez elle. Elle semblait disposée à poser le masque pour discuter un peu.

[Ce fut un plaisir, rendez-vous à l'appartement de Juliet ]