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Bien, le jeune homme cessait avec ses jeux et n'allait plus risque de se blesser. Juliet faillit se précipiter pour le rattraper alors qu'elle crut qu'il allait tomber. Heureusement, il s'était restabilisé tout seul. Il fallait vraiment qu'ils arrivent rapidement chez elle, où elle risquait de devoir le porter... Et ensuite, il tenta d'articuler quelques chose, qui était finalement une simple question.

- "C'est là-bas, tout droit pendant 10 longue minute. C'est un immeuble assez beau, on pourra pas le rater"

Le silence était un peu pesant pour Juliet qui ne savait pas trop à quoi pensait Jason. Promis, elle ne fera plus boire le jeune homme. Elle se tourna vers lui quand il mentionna des amis. C'était une bonne question, à laquelle elle n'allait pas répondre avec sincérité bien évidemment. Elle n'allait probablement pas lui répondre qu'elle n'avait personne... Enfin, était-elle vraiment sûre de n'avoir aucun ami? Peut-être que Nelytsa, Actée et Rekor pouvaient rentrer dans cette catégorie, voire Russel?

- "J'ai quelques amis proches que je vois de temps à autre. On n'a pas du tout les mêmes travaux, alors chaque rencontre est intéressante. Autrement, j'ai pas mal d'autre connaissances autour de moi avec qui tout se passe bien" dit-elle en souriant

Elle avait plus ou moins deviné que pour le jeune homme, la question ne serait de loin pas autant facile. Entre l'école et les influences qu'il a sur lui, probablement qu'il risquait de ne pas aimer la question. Juliet, pour que le jeune homme cesse de zigzaguer, lui prit le bras amicalement. Au moins, il risquait pas de tomber.

- "Et toi? J'ai cru comprendre que c'était un sujet assez important pour toi. Est-ce que tu as des amis, à part ceux qui consomment de la drogue?"

Lentement, le duo allait s'approcher de l'immeuble, Juliet allait le mettre sous une bonne douche froide et le faire boire un peu d'eau pour lui éviter un réveil difficile le lendemain

Jason Reed arrêta de marcher lorsque Juliet le prit doucement le bras. Elle lui relança sa question en pleine figure. Jason avait alors deux options, mentir, ou dire la vérité. Puisque la vérité ne le ferait pas bien paraître, il choisit plutôt pour la première option.

« Moi j’ai plein d’amis. » Jason levait ses deux mains, les pouces dans les airs et les index pointant vers Juliet, exactement comme les enfants qui font des pistolets avec leurs mains. Le mensonge de Jason était tellement évident que lui même se rendait compte qu’il n’avait aucune crédibilité à ce moment-là.

Jason se mit alors à rire bruyamment, comme si son plan initial était de dire cela à la blague. Encore une fois, il n’avait aucune subtilité. Il reprit donc sa route vers l’appartement de Juliet. Il voulait éviter que Juliet pense qu’il n’était pas un garçon honnête. La gorge de Jason se resserra un peu. Il n’aurait pas dû aborder le sujet. Il devait répondre à Juliet.

« Non je n’ai pas vraiment d’amis. » Étonnement, les propos de Jason étaient très clairs et faciles à comprendre. Quelques instants plus tôt, il ne pouvait même pas poser une simple question, mais maintenant il pouvait parler normalement. Jason avait trop le sujet à cœur pour ne pas faire attention à sa diction. « J’ai plutôt des connaissances, des gens avec qui je discute, mais si j’avais des problèmes, aucun d’eux ne m’aiderait. » Jason respirait lourdement. Il venait de retirer un gros poids de ses épaules. C’était la première fois qu’il parlait de ça avec quelqu’un. Jason regarda Juliet. C’est ma première vraie amie…

« Mais bon, je sens que le futur va être meilleur. J’ai le sentiment qu’on va devenir de bons amis ! » Jason frappa amicalement l’épaule de Juliet. Après la soirée qu’il venait de passer, Jason était très optimiste. Pour détendre encore plus l’atmosphère, le vandale posa une question à la journaliste.

« Si tu avais un million de dollars, qu’est ce que tu en ferais ? »

Ainsi, ceux qu'il avait appelé ses amis, les junkies, n'en étaient pas vraiment. Le pauvre jeune homme essayait péniblement de faire bonne figure devant Juliet, elle en était presque touchée d'autant de considération. Son rire sonnait faux, et au final il avoua la vérité. Elle ne regrettait pas de l'avoir fait boire au final. Ainsi il était seul, peut-être qu'uniquement son père pouvait être là si quelque chose lui arrivait. La journaliste en était persuadée, Jason deviendrait un Nephil parfait. Il aurait un but dans la vie, et des personnes autours de lui. Restait plus qu'à attendre le moment opportun.

Juliet lui sourit à sa remarque. Il avait totalement raison.

- "Absolument, je suis persuadée moi aussi qu'avec notre rencontre, le futur deviendra radieux pour toi. Peut-être pas immédiatement, mais je te le dis, tu finiras par avoir de l'importance dans ce monde" dit-elle en souriant gentiment.

Elle était sincère dans ce qu'elle disait. Une fois Nephil, il aurait du poids dans les affaires de Palema. Certes, moins qu'elle, mais tout de même. Il pourrait faire des bonnes missions pour le compte de la Famille par exemple. Elle le regarda à sa question. Grâce à son carnet, elle n'avait plus besoin vraiment de gagner d'argent. Il lui suffisait de regarder les résultats de matchs du lendemain dans les pages de son carnet, ou les tirages du loto, et savoir sur quoi parier et elle pouvait gagner sans même prendre le moindre risque. Il fallait, bien entendu, ne pas trop en abuser pour ne pas attirer l'attention.

Dans tout les cas, le jeune homme semblait vouloir changer de sujet. Elle pourrait toujours revenir à l'attaque plus tard.

- "Un millions est trop peu pour pouvoir vivre confortablement à mes yeux. Je pense donc que je le réinvestirais dans des fonds pour pouvoir faire fructifier tout cela et me remplir les poches avec les dividendes. Et toi, tu ferais quoi de cet argent?"

Embaucherait-il un pilote pour écrire son nom dans le ciel? S'acheterait-il des amis? Ou peut-être quelque de beaucoup plus simple. Dans tout les cas, Juliet était impatiente d'avoir la réponse. En même temps, ils arrivèrent à l'entrée de l'immeuble. Juliet montra qu'elle était propriétaire d'un appartement puis rentra, montant lentement les escaliers accompagnées de Jason, il n'y avait que 3 étages à monter.

Le commentaire de Juliet fit réagir Jason intérieurement. Il ne comprenait pas pourquoi elle disait qu’il allait avoir de l’importance dans ce monde. Le vandale était touché par ce commentaire, mais il ne comprenait pas d’où il venait. Il balaya ces pensées assez vite, après tout, ce n’était surement rien d’important. Le duo s’approcha d’un immeuble très chic selon Jason. Il comprit rapidement que Juliet habitait à l’intérieur de ce bâtiment. Son attention fût rapidement déplacée vers Juliet et il posa sa question.

Il écouta Juliet répondre à celle-ci. Une question banale, mais la réponse de Juliet l’était encore plus à ses yeux. D’habitude quand on fait cet exercice de pensée, on dit ce qu’on voudrait. On imagine, on fabule ! La réponse de Juliet a donc un peu déçu Jason. Elle était censée, réfléchie et surtout, très banale. Réinvestir l’argent, c’est un peu comme tricher à la question ! Mais bon, Jason n’allait pas en faire tout un plat quand même. Il lui a dit simplement ce qu’il pensait.

« Ta réponse est nulle ! Tu étais censée voir les choses en grand ! » Jason appuyait tous ses mots avec des gestes. Jason s’aventura dans les escaliers, côte à côte avec Juliet.

« Moi, si j’avais un million je m’achèterais une charrette en or et des chats en diamants pour la porter ! Ça, c’est une bonne réponse ! » Jason se mit à rire, la tristesse qu’il ressentait quelques instants plus tôt avait complètement été effacée. L’alcool était en grande partie responsable de cela.

« Imagines-tu à quel point ce serait drôle une charrette en or tiré par des centaines de chats en diamants pour la faire avancer ? » Jason se mit à rire à nouveau. L’image créée dans sa tête était hilarante dans sa tête de jeune en état d’ébriété. Jason s’arrêta quelques instants au deuxième étage, car il était incapable d’avancer à cause de son fou rire. Jason expira, puis il reprit sa montée vers l’appartement de Juliet. Jason avait plusieurs questions possibles en tête. Celle qu’il voulait le plus lui poser était la suivante : quelle est ta plus grande peur ? La flèche ne voulait pas lui demander, car il ne voulait pas lui même y répondre. Il avait remarqué que Juliet lui relançait presque toutes ses questions, il ne voulait donc pas risquer de devoir répondre. Jason s’aventura dans le dernier escalier et il remarqua que même les escaliers du bâtiment avaient du style. Il se rappela alors de l’allure du bâtiment. Il prit la parole.

« Bon, je vais te poser une autre question. Comment as-tu fait pour louer un appartement ici ? Tu as les moyens ? »

Réponse nulle, réponse nulle... C'était Jason qui était nul. Pour qui se prenait ce petit garçon à insulter une réponse qui était infiniment intelligente et réfléchie. C'était pas la faute à Juliet si avec un millions, on faisait rien dans la vie. Voir les choses en grand, elle le faisait constamment. Que croyait-il? Que de devenir commandante ou bras-droit de Manori c'était un manque d'ambition? Que de stalker un jeune tagueur dans le but de lui soutirer des informations exclusives c'était un manque d'ambition. Si la journaliste n'avait pas tout intérêt à garder Jason, elle lui aurait probablement fait regretter ses paroles.

Et voilà qu'il était repartit pour le délire. Des chat en diamants tirant une charrette en or. Outre le caractère impossible de la situation, bien que cela était relatif en vue des possibilités magiques qu'elle connaissait, c'était des millions de fois plus cher qu'un millions. Le pauvre homme n'avait aucune idée des valeurs de l'argent, ou alors il était trop occupé à rire pour réfléchir. Elle eut un petit rire, pour lui montrer qu'elle partageait sa bonne humeur.

- "Ce n'est pas le genre de choses que j'imagine facilement, mais ce serait très insolite, effectivement"

Juliet espérait vraiment qu'il ne gache pas un voeu avec Bey pour une idiotie pareil... Et la machine a question était repartie de plus belle. Alors qu'ils arrivaient au troisième étage, elle lui sourit

- "Tu sais, j'ai un salaire et je vis seule. Donc c'est pas très dur d'avoir un appartement un tant soit peu correct. On n'est pas dans le quartier Nord ici, donc les loyers sont abordables" dit-elle en s'arretant devant sa porte. Elle l'ouvrit puis fit signe à Jason d'entrer "Je gagne assez en tant qu'éditorialiste pour le Wake Up Palema, et j'ai mes petites astuces pour économiser de l'argent"

L'intérieur était très joli, mais également très impersonnel. Tout ou presque semblait sorti d'un catalogue d'aménagement intérieur. Elle posa le sac plein de bonbonne juste à l'entrée et avança tranquillement.

- "Ca a beau avoir de la gueule, ce n'est pas si cher que ça. Y a la grande rue juste à côté, donc on a le bruit. J'ai presque aucun autre frais à côté. Je m'arrange pour prendre des plats au travail, moins cher, je n'ai qu'un scooter à payer et autrement je prends le moins d'assurances possible" dit-elle en s'étirant "Tu as besoin de quoi pour dormir? Pyjama, duvet, coussin?"

En même temps, Juliet partit prendre une bouteille d'eau dans son frigo.

- "Est-ce que le canapé te convient? Autrement, je peux te prendre dans mon lit si tu restes sage" dit-elle, voulant le taquiner légèrement "Oh et j'y pense, bois beaucoup d'eau, tu me remercieras demain"

Juliet lui lança la bouteille d'eau de manière à ce qu'il puisse facilement la rattraper.

Jason n’avait pas réalisé qu’être journaliste pouvait donner autant de revenus pour une personne. Juliet semblait trouver son appartement correct, mais pour Jason c’était un véritable palais. Un garde de sécurité à l’entrée de l’immeuble représentait pour lui un luxe immense. Dans tous les appartements où il a habité, jamais Jason n’avait eu ce genre de protection. Jason entra dans l’appartement aux côtés de Juliet.

L’appartement semblait tout droit sorti d’un magazine, les décorations étaient en harmonie. Jason pensa simplement que Juliet avait eu affaire avec une styliste. Après tout, c’est les stylistes qui font ce genre d’aménagement ! L’esprit alcoolisé de Jason se perdit à travers les décors. Il observait les couleurs, les murs, les lampes et même le plafond. C’était vraiment trop la classe ! Les complaintes de Juliet été censées, il est vrai que le bruit peut être super dérangeant, mais pour Jason, cet appartement était une vraie merveille. Juliet lui demanda ce dont il avait besoin pour dormir.

« Euh, une couverture et un oreiller ou un coussin me suffisent. Je vais dormir dans mes vêtements. »

Jason était un peu déçu intérieurement. Il s’était imaginé que Juliet l’inviterait dans son lit. Mais bon, les fantaisies de jeune homme n’arrivent que très rarement.

« Est-ce que le canapé te convient ? Autrement, je peux te prendre dans mon lit si tu restes sage ».

Quoi ? Vient-elle vraiment de m’inviter dans son lit pour dormir ? Oh merde qu’est ce que je fais… Jason était devant un véritable dilemme, du moins, c’était un dilemme pour le Jason en état d’ébriété ! Il avait deux options.

Option 1 : Il dort sur le canapé, seul, où il passerait une bonne nuit de sommeil. Par contre, il pourrait regretter de ne pas avoir dormi aux côtés de quelqu’un. C’était l’option facile et il ne risquait pas d’avoir l’air trop intrusif.

Option 2 : Il dormirait avec Juliet, où il serait extrêmement stressé de faire un contact physique. Mais au moins, il aurait dormi avec une fille pour la première fois. C’était l’option avec beaucoup de risques, mais avec grande récompense.

Et merde qu’est ce qu’elle voulait dire par « si tu restes sage » ? Si je ne fais rien, ou si je le fais doucement ? Ahh merde ! Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Qu’est ce qu’elle veut de moi ?

Jason fut ramené à la réalité par la bouteille d’eau qui se percuta sur son ventre. L’impact ne lui fit pas mal, s’il avait été attentif, il aurait pu l’intercepter. Il avait cependant une autre chance, attraper la bouteille avant que celle-ci ne percute le sol. Jason se pencha pour attraper la bouteille. Ses doigts frôlèrent la paroi de plastique mouillée et il l’attrapa par le bouchon. Il avait réussi à éviter de faire tomber la bouteille par terre, et c’est ce qui importait. La flèche se releva et ouvrit la bouteille. Il prit une petite gorgée et il fut rafraichi.

Jason avait peut-être eu l’air fou aux yeux de Juliet à cause de cet incident. Le jeune vandale ne voulait pas risquer de perdre sa nouvelle amie alors il trouva une réponse pour son dilemme. C’est un peu à contrecœur qu’il répondit :

« Le canapé me convient. » Jason enleva ses chaussures et il les déposa à l’entrée. Avant de s’aventurer vers le salon, le vandale remercia Juliet.

« Merci. » Il prit une courte pause. De toute évidence, Jason n’avait pas l’habitude de dire merci. Ça faisait tellement longtemps que Jason n’avait pas été aussi bien traité par quelqu’un. Ses amis ne le traitaient pas avec respect, ses collègues non plus, et que dire des clients…

« Merci de ne pas avoir appelé la police, merci pour la bière et merci de me laisser dormir ici. J’apprécie vraiment. » Jason était sincère.

Juliet ne put s'empêcher de rire, sincèrement amusée, face au regard de Jason et de sa réaction. Il faut malgré tout suffisamment rapide pour empêcher la bouteille de tomber. Même dans les nuages, il était compétent. Mais l'idée était à creuser. Si le jeune tagueur pouvait être convaincu de la sorte, la journaliste n'allait nullement hésiter.

- "Canapé ce sera alors, je vais te chercher les affaires"

Elle se dirigeait également vers sa chambre pour prendre les affaires demandées quand elle l'entendit dire merci. Ce fut un plaisir pour Juliet qui ne cessait jamais d'aimer entendre les gens la remercier, surtout quand c'était sincère. Elle avait l'impression que les gens prenaient son travail comme acquis, alors que c'était de loin le cas. Elle travaillait dur sans être récompensée avec les titres correspondants. Pour pouvoir se prétendre être au minimum traqueuse, il lui fallait organiser encore une autre mission, et ce malgré les nombreuses personnes qu'elle a recrutée ou les missions effectuées! Mais mieux valait ne pas trop y penser, cela finirait par l'agacer. Juliet se tourna donc vers Jason.

- "Merci de tes remerciements. Tu m'avais l'air de quelqu'un des plus intéressant alors j'ai décidé d'en savoir plus, d'où le fait que je n'ai pas appelé la police et que je t'ai offert la bière. Voyant que je ne m'étais pas trompé, et que tu pouvais avoir besoin d'aide, je t'ai invité chez moi pour que tu puisses te reposer sans t'inquiéter et continuer d'en savoir plus sur toi" dit-elle en souriant "Je reviens vite avec le nécessaire"

Juliet prit donc un coussin et une couverture basique, dans des tons bleu foncés. Puis revint chargée avec le tout qu'elle posa sur le canapé.

- "Est-ce que tu aimerais te doucher par hasard? Pour pouvoir être un peu réveillé"

Toujours régler les questions d'organisations en premiers, ils auraient tout le temps de discuter après.

Pour pouvoir être un peu réveillé ? Il faut que je sois réveillé pour aller dormir ? Jason était un peu surpris de la question de Juliet. Soudainement, il tira la conclusion qu’il sentait probablement mauvais. L’alcool avait dû lui donner une mauvaise odeur. C’était sûrement une façon gentille et détournée pour qu’il aille se laver. À moins que ce ne soit la même invitation que plus tôt ? Est-ce que je dois « rester sage » dans la douche ? Jason Reed étouffa ces pensées avec une gorgée d’eau froide. Décidément, la bouteille d’eau lui était très utile.

Jason bégaya « Oui je vais aller faire ça, je pense ». Le jeune vandale retourna vers son sac à bandoulière, celui que Juliet avait gentiment porté pour lui. Il enleva son chandail à manche longue et capuchon et il le déposa sur le sac. Celui-ci contenait quelques canettes de peintures de différentes couleurs. La plupart des couleurs étaient foncées, du noir, du bleu marin et même du vert forêt, mais il y avait aussi une canette blanche, encore intacte. Jason l’avait acheté la journée même pour un prochain coup. À part la peinture, il y avait deux autres objets. Le premier était le masque de Jason, celui qu’il enfile avant de passer à l’action. L’autre objet était un couteau. Une petite lame d’environ 10 cm était renfermée dans le manche du couteau. Pour rendre l’arme opérationnelle, il suffit de tirer sur la lame jusqu’à ce que le loquet se fasse entendre. Le vandale ne s’en était jamais servi, mais il préférait avoir un plan B si les choses tournaient mal. C’est l’un de ses « amis » qui le lui avait donné. Jason vida aussi les poches de son pantalon en prévision du sommeil qui l’attendait. Il sortit ses clés et son portefeuille. Son portefeuille contenait deux billets de 20 $, une carte bancaire, une carte de crédit et une carte d’employé Walmart avec sa photo.

La flèche se rendit à la salle de bain, il ferma la porte (sans la barrer au cas où les choses se passeraient), puis il observa la douche. Quel mécanisme complexe ! Il regarda les robinets plusieurs secondes avant de finalement comprendre le fonctionnement. Le vandale régla la température de l’eau pour qu’elle soit chaude, mais pas trop. Il se déshabilla puis il entra dans la douche. Il regarda les différents produits qui se trouvaient à l’intérieur. Évidemment, sa marque de shampooing habituel n’y était pas, il allait se contenter de celui de Juliet. Après s’être lavé les cheveux, un éclair de génie lui vint à l’esprit.

Juliet voulait que je prenne ma douche pour que je sois réveillé pour qu’on puisse parler, pas parce que je sentais mauvais.

Jason regarda ses mains encore savonneuses à cause du shampooing. Il ne pouvait plus faire marche arrière, ses cheveux allaient sentir comme ceux de Juliet. Dans un élan de désespoir, il frotta sa tête de toutes ses forces pour essayer de faire partir l’odeur.

Le jeune homme paraissait vraiment perturbé. N'avait-il vraiment jamais passé une nuit chez une quasi-inconnue? C'était presque mignon, une personne aussi pure de tout pêché. Alors que Juliet avait depuis longtemps embrassé le plaisir personnel sans chercher à suivre une morale autre que la sienne, c'était toujours agréable de rencontrer des gens qui pensaient un brin différemment. Elle n'allait pas être intéressée à le corrompre outre mesure. Mais pour un individu qui se targuait d'être libre de tout, Jason était relativement sage.

- "Très bien, les linges sont dans la salle de bain. J'ai aussi un peignoir si tu préfères être détendu après une douche, il est à côté des linges"

Juliet ne l'utilisait pas fréquemment. Elle se lavait et se séchait rapidement avant de se glisser au lit pour les deux petites heures dont elle avait besoin. Donc le peignoir n'était pas spécialement utilisé. Elle le regarda se préparer et se dirigea vers la cuisine. Elle fouinerait un peu une fois l'homme sous la douche. Dans la cuisine, elle prépara un bol de chips nature et mit un pop-corn au micro-onde. Entendant la douche couler, elle fonça discrètement pour enfin savoir le nom de Jason. Elle examina les cartes et rangea le tout comme prévus. Invoquant son carnet, elle nota tout immédiatement. ça pouvait toujours servir si elle voulait tomber 'par hasard' sur le jeune homme.

Elle s'étira, révoqua son carnet et sourit, fière d'elle. Il ne restait plus qu'à tomber sur Jason au moment opportun pour qu'il puisse faire un voeu utile. Elle vint toquer à la porte de la salle de bain.

- "Tout va bien Jason?"

Au vue de ce qu'il avait bu, et parce qu'elle ne le connaissait pas assez, Juliet ne voulait pas que le jeune humain s’assomme après s'être évanoui ou avoir glissé à cause de son alcoolémie. Ca serait plutôt bête qu'après tout ça, il meurt dans sa douche...

Jason entendit la voix de Juliet à ce moment-là.

« Tout va bien Jason ? »

NON ! Ça ne va pas du tout ! J’ai mal compris ce que tu m’as dit alors maintenant je sens comme toi, je sens la fille ! Je vais avoir l’air d’un parfait imbécile qui a une odeur de fleurs féminines ! Ma crédibilité est à 0.

Évidemment, Jason pensa tout ça, mais il n’en dit pas un mot. Au pire, il inventerait une histoire si ça gênait Juliet. Il aurait le temps d’y penser.

« Oui tout va bien j’ai fini. »

Jason sortit de la douche et il agrippa une serviette. Il avait honte et il n’avait que lui à blâmer. Instinctivement, il commença par se sécher les cheveux. Avec un bref moment d’hésitation, Jason décida de renifler la serviette. Ses pires craintes s’avéraient exactes. Le monde sembla s’écouler pour le jeune en état d’ébriété. Il pensait que sa vie était fichue, que tout était fini. Il était sur le bord des larmes. Le vandale avait vraiment peur que Juliet lui en veuille pour ça, mais bon, ce qui a été fait est fait. Il devait passer à autre chose.

Il essuya le reste de son corps puis il considéra le peignoir. Jason n’en avait jamais porté, et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait changer cela. Il remit ses sous-vêtements et son pantalon. Il attrapa son chandail et s’apprêta à l’enfiler puis une idée lui vint en tête. Pourquoi ne pas affronter mon odeur féminine avec mon corps d’homme ? J’ai beau sentir comme une fille, avec mes abdos et mes bras, ça montre que je suis un homme !

Il est vrai que la carrure de Jason ne laissait aucun doute, c’était bien un homme. Il décida donc de simplement ramasser son chandail plutôt que de le porter. Il ouvrit alors la porte et il se dirigea vers le salon. Une douce odeur de beurre se faisait sentir dans l’appartement.

Jason fut plutôt rapide au final. Entendant que tout allait bien, Juliet était partie chercher les pop-corn du micro-onde. La bonne odeur commençait à se répandre un peu partout. Qu'est-ce que le gras sentait bon quand même. Elle versa le tout dans un bol et se dirigea vers le salon avec tout ce petit festin. Elle posa le tout sur la table basse et se posa sur le fauteuil.

Juliet sourit en le voyant revenir à moitié nu. Aurait-il prit un soudain de courage sous la douche? Il n'était pas physiquement dégueux, bien que de presque 10 ans son cadet. Mais si il était à l'aise, c'était tant mieux.

- "Tu as l'air en meilleur forme par rapport à tout à l'heure. Comme quoi, une bonne douche ça permet de réveiller un peu l'esprit" dit-elle en lui faisant signe de s'asseoir sur le canapé, sur lequel était posé les affaires de sommeil pour Jason "Je nous ai fait du pop-corn et un bol de chips. Me suis dit que tu avais peut-être faim"

Juliet mangea un peu, s'attaquant au popcorn. Elle observa encore un peu Jason. Le seul problème risquait son envie de montrer qu'il était fort. Il risquait de vouloir être l'actif et ce n'était pas vraiment ce que préférait la journaliste. Elle aimait être celle qui dirigeait dans ces moments-là... Elle aimait diriger tout cours, dans chaque aspect de la vie au fait. De plus, il risquait de s'attacher émotionnellement ce qui inclurait beaucoup trop de problème à gérer.

- "Si jamais tu es fatigué, hésite pas à me le dire. J'ai l'habitude de peu dormir donc c'est pas un problème pour moi" dit-elle en souriant. "Comment est-ce que tu te sens au fait, dans la vie? Ca m'a pas l'air tout les jours facile n'est-ce pas? Enfin, si tu veux pas en parler, je comprends. On se connait à peine et on n'est pas nécessairement là pour être triste"

Autant chercher à confirmer l'impression que Juliet avait. Cela rendrait son recrutement d'autant plus facile. Quel chance il avait Bey de pouvoir directement scruter l'esprit de la personne pour connaître ses désirs.

Jason arriva dans le salon et il sourit timidement à Juliet. Non pas parce qu’il ne se sentait pas à l’aise de se tenir à moitié nu, mais plutôt à cause de toute la saga du shampooing. Heureusement pour lui, le hasard avait bien fait les choses. En effet, Juliet avait eu la brillante idée de faire cuire un popcorn aux micro-ondes. Une douce attention pour Jason qui commençait effectivement à avoir faim. Non seulement le popcorn allait lui remplir l’estomac, mais il allait camoufler (un peu) l’odeur de ses cheveux. Si Juliet ne se collait pas trop, elle ne risquait pas de remarquer.

Juliet lui désigna amicalement le canapé pour qu’il vienne s’asseoir. Il est vrai que Jason était en meilleure forme que tout à l’heure. La douche l’avait réveillé et elle l’avait aussi aidé à reprendre quelque peu ses esprits. Ses mouvements étaient plus fluides. Il avait passé d’un état de « complètement bourré » à « pompette avancé ». S’il continuait à boire de l’eau, le lendemain ne serait pas trop mal. Jason s'installa sur le canapé.

La flèche attendit que Juliet se serve puis il fonça vers le popcorn. Il prit quelques morceaux et il se les enfonça dans la bouche. Son estomac apprécia particulièrement le geste. Il laissa d’ailleurs échapper un son de satisfaction, un léger grognement. Juliet était particulièrement attentionnée d’avoir pensé à faire à manger ! Ça paraît que ce n’est pas sa première expérience avec un gars saoul. Elle sait bien comment s’occuper de moi.

Alors comme ça, Juliet dormait peu. Jason se demanda pourquoi. Était-ce parce qu’elle avait l’habitude de prendre des sujets en filature durant les petites heures du matin ? C’était tout à fait plausible. Après tout, elle semblait passionnée par son travail et elle s’investissait beaucoup. Cette soirée en était d’ailleurs la preuve.

« D’accord j’hésiterai pas. J’ai l’habitude de me coucher tard aussi, et je ne travaille pas demain alors je devrais être capable de rester réveillé encore quelques heures. J’irai me coucher quand tu seras trop fatiguée. » Même s’il était fatigué, Jason ne voulait pas dormir. Il voulait profiter pleinement de cette soirée (ou plutôt matinée) assez unique et inusitée.

Juliet enchaina avec une question personnelle. Jason aurait évité la question, mais Juliet avait bien formulé sa question. Elle a commencé avec sa question claire et directe avant d’enchainer avec une sorte de défi. Si tu ne veux pas en parler, je comprends, ça sonnait dans la tête de Jason comme : de toute façon tu ne me le dirais pas. Le vandale ne reculait devant aucun défi, il peut tout faire. Il est libre.

« Non ça c’est sûr que ce n’est pas facile. Je n’ai personne. J’ai un travail que je déteste. » Jason se rappela rapidement de cette fatidique journée au Walmart où les problèmes se sont enchainés les uns à la suite des autres. Des clients impolis aux dégâts dans l’allée des cosmétiques, il en avait vu de toutes les couleurs.

« J’ai une mère… » Jason attendit un instant. Il ne parlait jamais de sa mère. « J’ai une mère que je n’ai pas vue depuis des années, je ne sais même pas comment elle va. » Jason commençait à être en colère. La question de Juliet avait animé plusieurs émotions chez lui.

« Pourquoi est-ce qu’il faut trouver un travail dans la vie ? Qui a décidé ça ? Pourquoi est-ce que les errants, ceux qui n’ont pas de buts, doivent-ils être mis à part ? Pourquoi est-ce que les gens ne font pas ce qu’ils veulent ? » Jason avait haussé le ton sans le vouloir. Pas de façon violente ou agressive, mais simplement parce qu’il parlait du cœur.

« Alors ouais, la vie, c’est de la merde. Du moins, tant qu’on ne fait pas ce qu’on veut. » Jason se leva et il alla chercher la bouteille d’eau qu’il avait entamée avant sa douche. Il but la bouteille en entier.

« Je suis vivant quand je fais ce que je veux. Je suis vivant que j’écris sur les banques. Je suis vivant quand je me suspends d’un pont. Je suis vivant quand je laisse ma signature. Je suis vivant quand je laisse ma marque. » Le ton de Jason était revenu calme comme avant. Il s’était laissé emporter. Ça n’arrivait que très rarement à Jason, Juliet avait définitivement touché à une corde sensible.

Jason prit quelques secondes.

« Désolé, je n’aurais pas dû hausser le ton... J’espère que ça répond à ta question. »

Juliet n'allait pas pousser le vice au point de faire une nuit blanche car elle avait l'opportunité de dormir deux heures n'importe quand. Elle n'était pas cruelle à ce point là. Dès qu'elle percevrait des signes important chez Jason, elle mimerait la fatigue pour soulager un peu l'égo mis à rude épreuve du jeune homme. Après tout, elle savait un peu ce que c'était d'en avoir un peu trop.

Mais elle était contente qu'il se livre plus qu'avant. Au final, le faire boire était une plutôt bonne idée. La question semblait avoir libéré une cascade de remarque et d'émotions. Jason luttait contre sa vie, ou plutôt contre la Vie. Tous ses poids, toutes ses règles à suivre, toutes ces choses à accepter sous peine de ne pas être satisfait de la vie. Juliet sentait qu'il était touché par ça, et elle ne prenait pas ça pour de l'agressivité. Il lui arrivait également de s'emporter, alors ce n'était pas un problème. Et elle n'allait pas répondre à ses questions. Il ne cherchait pas vraiment de réponse, juste une solution à sa révolte. La journaliste l'avait. Une fois Nephil, il n'aurait à répondre qu'aux ordres de Manori, mais surtout à ceux de Juliet qui prévoyait de diriger par derrière, de manière officieuse.

Bien entendu, tout ce qu'il disait était motivé par une réaction émotionnelle intense. Si il restait logique, il aurait déjà la réponse à la plupart de ses questions. On ne pouvait pas être libre ouvertement, il fallait tricher pour obtenir ce que l'on voulait. La révolte ne menait qu'à une chose : la mort. Juliet aimerait bien pouvoir faire tout ce qu'elle veut, mais elle a choisie d'être du côté du plus fort. C'était toujours plus simple quand on vivait du côté le plus vert de la barrière.

Juliet sourit gentiment à Jason.

- "Ne t'excuse pas pour ça. Ça fait toujours plaisir de voir quelqu'un plein d'énergie et d'envie comme toi. Si ça peut t'apporter une once d'espoir, sache que notre partenariat te permettra de donner forme à cette envie de pouvoir faire ce que tu veux sans devoir faire face aux conséquences"

Souvent, les gens finissaient par se plaindre de leur voeu. Ce n'était soit pas ce qu'il désirait ou le prix a payé était trop élevé selon eux. Juliet remerciait tout le temps Bey de lui avoir donné cette possibilité. Et elle était sûre que Jason serait également reconnaissant de sa transformation.

- "Au travers de mes écrits, tu seras vivant et même immortalisé. N'est-ce pas génial" dit-elle en souriant, amusée "Mais je suis désolée que tu vois ta vie comme ça. Est-ce que tu as d'autre manière de te détendre que les actions de révoltes?"

Les jeux, cela ne semblait pas être le genre de Jason. La drogue, il en prenait pas pour des raisons évidentes. Le sexe, s'y connaissait-il au moins? L'alcool, peut-être que Jason voyait cela comme la drogue. Pour Juliet, c'était les deux derniers qui lui permettait de relâcher la tension accumulée.

Il est vrai que les écrits de Juliet permettraient de l’immortaliser, voire même d’augmenter sa notoriété. Cela pourrait même avoir pour effet de motiver les gens à faire ce qu’ils veulent réellement, à être libres de leurs actions. Avec un effet papillon, il pourrait peut-être être un véritable pionnier d’un changement de société. Les probabilités étaient faibles, mais le commentaire de Juliet le fit rêver pendant un instant à son utopie.

Un autre moyen de se détendre ? Jason n’en avait qu’un, et il était directement relié au crime. Il aimait particulièrement s’entrainer pour faire du parkour. Est-ce qu’il pourrait considérer ça comme un sport, se promener sur des bâtiments, faire des acrobaties et faire des séries de répétitions pour être assez en forme pour tenir ? Sûrement, puisqu’il terminait toujours en sueur et à bout de souffle. Maintenant qu’il y pensait, il aimait bien se pousser à fond pour tester ses capacités.

« Ouais y’a bien un truc. Quand je m’entraine ou quand je fais du parkour, c’est une sorte de détente pour moi. Pas vraiment de la détente puisque je suis actif, mais ça me permet de décrocher. »

Jason se rendit compte qu’il n’avait pas explicité son entrainement, Juliet n’avait probablement aucune idée de ce qu’il faisait.

« Quand je parle d’entrainement, je fais une série d’exercices pour me tenir en forme pour que je sois capable de me déplacer sur les bâtiments facilement. Je peux rester suspendu dans le vide pendant plusieurs minutes, même si je n’ai qu’un bras pour me tenir. Je fais régulièrement des pompes et autres. Ce n’est pas très intéressant, mais je fais ça à mon quartier général. C’est le nom que je donne au garage abandonné où je passe la plupart de mon temps. C’est aussi là que j’ai rencontré mes am… » Jason hésita une seconde avant de finir sa phrase. Après tout ce qu’il avait dit à Juliet, il ne pouvait pas vraiment les appeler « amis ».

« C’est là que j’ai rencontré ces gens. C’est un peu le lieu de naissance de la flèche. »

Jason prit une seconde, il commençait à s’égarer, qu’est ce que Juliet voulait savoir déjà ? Ah oui, comment faisait-il pour se détendre ?

« Donc ouais, je dirais que le sport c’est la plus grande source de détente pour moi. »

Pour une raison inconnue, Jason se sentait léger, comme si on lui avait enlevé un grand poids de ses épaules. Jason se dirigea vers le réfrigérateur.

« Les bouteilles d’eau sont bien là dedans ? »

Le sport, en particulier le parkour. C'était une réponse logique en vue du trop plein d'énergie que Jason avait en lui. Ca devait lui permettre de se défouler et de s'abandonner un peu. Et au final, il liait l'utile à l'agréable.

- "Bouteille d'eau, mais y a aussi des bières et un ou deux plats micro-onde"

Le frigo était vide, contenant que ce que Juliet avait besoin. Ne mangeant qu'une fois par jour, elle profitait de n'avoir qu'à prendre un plat, le lancer dans le micro-onde et se poser sur le canapé en attendant qu'il soit préparé pour elle, ou elle sortait au restaurant. Juliet n'était pas une bonne cuisinière, du tout.

- "Il faudra que tu me montres une fois ton quartier général, je t'ai bien montré le mien" dit-elle en souriant "J'ai fais moi aussi une journée de parkours. Je n'ai probablement pas ton niveau, après tout tu t'entraines constamment, mais c'est un point commun amusant. Je l'ai fait pour un interview avec un individu un peu dérangé, Heisenbomb. Je pense par ailleurs qu'il m'a donné un faux nom. Dans tout les cas, c'est une discipline des plus amusantes et pratiques. C'est avec plaisir que j'apprendrai si tu veux bien m'enseigner un peu"

Bien que Juliet n'aimait pas le sport, elle reconnaissait que c'était toujours utile de savoir grimper et sauter un peu partout, en cas de fuite par exemple.

- "Moi, je décompresse de manière plus calme. Un bon verre de whisky par exemple."

Jason écouta Juliet. C’était quand même drôle qu’elle lui ait encore proposé une bière. Le vandale en avait bu assez pour la soirée, s’il en prenait une autre il risquait sérieusement de tomber malade. Sa dernière bière finirait hors de son estomac, avec tout ce qu’il avait mangé précédemment. Jason ouvrit alors le réfrigérateur. Elle ne lui avait pas menti, son frigo était presque vide. Il n’y avait pas de légumes, pas de lait, bref, l’alimentation de Juliet ne contenait sûrement pas tous les groupes alimentaires.

Mais bon, Jason s’en fichait, il voulait seulement étancher sa soif. Il empoigna alors une bouteille d’eau. Il referma le réfrigérateur tranquillement. Jason se retourna vers Juliet. Le vandale était d’accord avec elle, il fallait qu’il lui montre son quartier général. Quand ? Cela n’avait pas vraiment d’importance pour lui.

« Ouais c’est sûr que je vais te le montrer ! » Jason était content. Cela voulait dire qu’il allait revoir Juliet.

Jason était plutôt surpris. Juliet a déjà fait du parkour ? Ça, c’est génial ! C’était la première femme que Jason connaissait qui avait déjà pratiqué ce sport peu conventionnel. Si on peut dire que le faire pendant une journée peut être considéré comme « pratiquer ce sport ». La journaliste donnait vraiment son 100 % pour rédiger des articles de qualité. Elle en apprenait sur son sujet le plus possible pour pondre un texte des plus représentatif. C’est l’impression que Jason avait de Juliet, peut-être devrait-il en lire quelques-uns avant leur prochaine rencontre ? Simplement pour en apprendre un peu plus sur elle par le biais de son écriture ? Cela semblait être un bon plan, mais Jason n’était pas un bon lecteur il n’aimait pas lire. Il allait quand même chercher cet article sur ce Heisenbomb.

Juliet enchaina avec une petite demande, un cours de parkour par monsieur Reed lui-même. Jason était très flatté, c’était vraiment un grand honneur que quelqu’un veuille suivre ses pas pour apprendre. Avant même que Jason n’ait eu le temps de répondre, Juliet lui lança qu’elle aimait le whisky.

Ce n’était pas très étonnant que Jason n’en eût jamais pris, un alcool un peu plus raffiné, déjà qu’il n’avait pas l’âge légal de consommer… Est-ce que c’est bon du whisky au moins ? Il avait cette question en tête, mais il n’osa pas la poser, après tout s’il en prenait il risquait d’être encore plus malade que s’il avait pris une bière plus tôt. Au lieu de cela, il dégusta son eau embouteillée. Il envoya alors une petite vanne à Juliet.

« Eh bien, je n’ai pas vu ton whisky dans ton frigo. Tu ne pourras pas décompresser ! » Jason était fier de sa blague même si elle était très mauvaise de façon objective. La chute de la blague n’était pas surprenante, et d’ailleurs la prémisse était aussi douteuse. Personne ne laisse son whisky dans le frigo ! Si Jason n’avait pas été en état d’ébriété, il se serait senti mal d’avoir dit cela. Il était souriant et son regard se perdit vers le plancher.

Jason réfléchissait à la demande de Juliet précédente. Il remonta son regard vers Juliet.

« Ouais… Si jamais ça te dit, je pourrais te faire ton cours… Enfin, te montrer le parkour en même temps que je te fais visiter le QG qu’est ce que tu en dis ? »

Elle pourrait un jour voir où Jason passait son temps. Un QG rien qu'à lui. Ce n'était probablement pas aussi flamboyant, vivant ou même puissant que le QG Nephil, mais devait bien y avoir quelque choses d'intéressant. Il devait être plein de possibilité d'entrée et de sorties, de cachettes et autre. Y avait-il également des armes? Est-ce que Jason était armé? Au vue du contenu du sac, non probablement pas.

Juliet resta un peu perplexe à la blague de Jason, elle ne comprenait pas du tout. Etait-ce même une blague? Le ton semblait l'indiquer, mais cela pouvait aussi trahir une méconnaissance de la conservation du whisky. Mais autant rester prudent et diplomate.

- "Ha ha, t'en fais pas. Là, je suis pas spécialement stressée donc pas besoin de me décompresser"

Ce qui était vrai. Elle était très heureuse d'avoir trouver un nouveau futur Nephil, et elle espérait pouvoir le rajouter à sa collection d'allié qui pourrait l'aider à gravir les échelons dans le monde des contractants.

- "C'est une très bonne idée Jason, lier l'utile à l'agréable. Je prendrais alors des habits adéquats pour l'occasion. Je pense que des tenues assez souples pour permettre des mouvements rapides et libre sont le meilleur choix. En échange, je pourrais t'apprendre deux trois truc aussi" dit-elle en souriant "De manière général, comment fais-tu pour te défendre? En admettant que tu n'arrives pas à fuir, tu sais utiliser une arme à feu?"

Juliet pourrait lui en trouver sans trop de problème, c'était sûr. Et elle pourrait également lui apprendre à se servir de son arme, si nécessaire. Sa propre arme faisait partie de son âme et elle savait tirer plutôt bien avec.

- "Ou peut-être des armes non-léthales?"

Au vue de la surprise lors du coup de poing, l'intuition de Juliet lui disait que le jeune homme ne devait pas se battre souvent... Juliet aussi au final avait évité la plupart des problèmes.

Ce que Jason faisait pour se défendre ? Excellente question de la journaliste. Le vandale n’avait jamais vraiment eu besoin de faire cela. Il avait déjà été impliqué dans quelques batailles, mais jamais rien de sérieux. Il savait bloquer des coups grossièrement et se battre comme tout le monde. Il avait suivi un cours de karaté alors qu’il était jeune, mais il n’était pas resté longtemps. Il avait atteint le niveau de la ceinture jaune, rien de bien impressionnant.

« Ouais… Disons que ça ne m’est jamais arrivé que je n’arrive pas à fuir. Un mur c’est juste un endroit pour grimper pour moi, alors je ne pense pas qu’il y ait un moment où je n’arriverais pas à fuir ! » Jason était confiant de ses capacités. À s’entrainer comme il le faisait, il connaissait ses forces et ses limites. Si le vandale était bon à quelque chose, c’était bien de se tirer des mauvaises situations. Cependant, il joua quand même au jeu de Juliet.

« Mais ouais, si je ne peux pas m’enfuir, non, je ne pourrais pas utiliser une arme à feu. J’ai déjà fait du tir, mais c’était il y a bien longtemps. » Bien longtemps, c’était il y a deux ans alors qu’il a eu ses 16 ans. Il était allé dans un champ de tir pour essayer un pistolet. Tenir une arme comme ça l’avait stressé, il avait utilisé les balles et il avait quitté l’endroit. Les pistolets, ce n’était pas trop son truc.

Jason ajouta « De toute façon, je n’ai pas de fusil, alors même si je savais m’en servir je ne pourrais pas. Donc, si je me retrouvais dans une position de faiblesse comme ça, j’utiliserais mes poings ou bien mon couteau. Je ne m’en suis jamais servi pour me défendre, mais je sais bien couper un steak. » Jason ria un peu. « Je devrais pouvoir me débrouiller ! » Le jeune ria de nouveau et il baissa son regard. Il remonta sa tête pour regarder Juliet.

« Pourquoi cette question ? Tu possèdes une arme ? » La flèche repensa à l’échange qu’ils avaient eu plus tôt, Juliet possédait-elle autre chose qu’un taser ?

Pour le moment, Jason n'était pas tombé sur quelqu'un de plus retord ou costaud que lui, quelqu'un qui saurait l’empêcher de fuir. Mais il suffisait qu'il manque de respect à une mauvaise personne et il serait probablement dans la mouise. Pas nécessairement qu'il serait en danger de mort, mais un petit séjour par la case prison n'était pas à exclure à l'avenir. Surtout si le jeune taggueur visait le quartier Ouest ou alors un casino... Pourquoi ne pas lui suggérer ceci comme 'défi'? Voir de quoi il était capable? Ce n'était pas correct, pour le moment Jason n'était encore qu'un humain. Mais Juliet gardait cette idée pour plus tard.

L'humain avait une sacré confiance en lui, ou du moins en façade. Pour quelqu'un qui s'était fait rétamé tout à l'heure et qui ne savait 'que couper un steak', il avait du courage. Mais tout ceci se réglerait dès qu'il passera un peu d'entrainement avec Juliet, ou un autre Nephil. Arriverait-il à tuer pour se défendre? Ou même à le faire juste car on le lui demande? Jason, futur espion ou futur assassin?

Juliet rit gentiment aux petites blagues de Jason et le regarda.

- "Je pense que ça peut valoir la peine que tu t'entraines, avoir une arme sur toi peut vraiment te sauver la vie si tu tombes sur une mauvaise personne ou si une de tes cibles décident de se venger des tags"

Elle hocha ensuite la tête et tendit la main avant de s’arrêter. Elle avait failli invoquer son arme par réflexe. Elle se leva.

- "J'ai un pistolet, fait rien que pour moi par un ami" dit-elle en s'éloignant "Je te le montre"

Juliet ne put s'empêcher de sourire. Elle avait tant l'habitude de l'invoquer immédiatement qu'elle avait faillit se révéler. Elle mima d'aller fouiller dans son sac et revint avec son arme, sa belle Synoplia. Au style proche d'un taser, l'arme était ergonomique et légère. En s'approchant de Jason, elle ne put se demander si c'était une bonne idée de lui montrer, c'était une partie de son âme quand même...

- "Voilà le pistolet que je prends toujours avec moi. En tant que femme, qui plus est journaliste, il va de soit qu'il faut que je puisse me défendre" dit-elle en souriant, lui tendant la crosse "Tu peux prendre si ça t'intéresse, mais ne met pas le doigt sur la gachette"

Juliet était très curieuse de ce qu'il pouvait arriver. Elle avait une petite idée, et ça serait probablement négatif, mais après tout faut bien découvrir des choses dans la vie.

Juliet tendait à Jason une arme étrange. Jamais le vandale n’en avait vu de telle sorte. Ça ne ressemblait définitivement pas aux revolvers que l’on voit dans les westerns. Le style s’approchait plus d’un pistolet de type Glock, une arme typique qui est utilisée dans presque chaque film hollywoodien. Mais même cette comparaison s’éloignait de la réalité. Le pistolet ressemblait à un taser, mais avec un style particulier, unique. Jason empoigna délicatement l’arme en faisant bien attention de garder son doigt loin de la gâchette. Il le tourna de chaque côté pour pouvoir bien l’observer. Jason était quelqu’un de curieux. L’arme semblait tout droit sortie d’un film de science-fiction. Une chose est sûre, c’est que ce n’était pas manufacturé par une compagnie. Son ami avec définitivement beaucoup de talent. Bien que l’arme était spéciale, Jason la trouvait fascinante. Le sentiment de fascination de Jason était aussi mélangé avec une sensation de stress. Il tenait quand même une arme mortelle. S’il le voulait, il pourrait l’utiliser et blesser quelqu’un. Encore une fois, le stress monta, comme lorsqu’il avait 16 ans. Ses mains devinrent moites et il tremblait légèrement. Il les essuya puis il essaya de se calmer. Tout va bien aller. Je suis en contrôle. C’était vraiment cela qui faisait peur à Jason, perdre le contrôle. Utiliser l’arme sans le vouloir, sans en avoir conscience.

« C’est vraiment spécial comme arme… Ton ami a beaucoup de talent. J’ai jamais rien vu de tel… Ça n’a même pas tant l’air d’une arme… »

Jason remarqua que le pistolet ne semblait pas avoir de chargeur. Cela amena une autre question au vandale : quelle sorte de balle cette arme utilise-t-elle ? Après tout, une balle de mitraillette ne va pas dans un pistolet. Et même entre pistolets, il faut que les balles soient du même calibre pour qu’elles soient compatibles.

« C’est quel calibre comme arme ? » Jason prit le pistolet par le guidon et le tendit à Juliet comme elle l’avait fait précédemment, de façon à ce qu’elle le prenne par la crosse. Jason n’était visiblement pas à l’aise avec les armes, et il s’en rendait compte.

« Je crois que tu vas devoir me montrer comment tirer… J’ai de la difficulté à tenir le pistolet sans trembler. » Encore en disant cela, les mains de Jason tremblaient faiblement. Il les essuya à nouveau sur son pantalon. « J’imagine que ça vient avec l’habitude. »

Jason regarda Juliet dans les yeux. « Ça fait longtemps que tu sais tirer ? »

Elle savait probablement tenir une arme depuis beaucoup plus longtemps que lui.

La sensation était à peu près la même que ce que Juliet aurait pu imaginer : affreusement désagréable. C'était comme si Jason la touchait au fond d'elle-même, effleurant son âme de ses doigts. Elle eut un frisson et cacha un haut-le-cœur. Il ne fallait surtout pas qu'elle se jette sur Jason pour récupérer son arme ou qu'elle la révoque.

Elle hocha la tête et sourit poliment au compliment concernant le forgeron. L'homme aurait probablement rien à cirer de ce que les gens pensaient de ses œuvres au vu de son mutisme. Plus les secondes passaient, plus Juliet se disait qu'elle avait été une grande idiote à prêter l'arme à Jason. Ainsi, quand il la lui rendit, elle le prit avec vitesse. Une fois en main, elle ressentit un certain soulagement, se sentant à nouveau pleine.

- "C'est un 9mm, mais il a une manière spéciale d'être rechargée. Secret défense" dit-elle en souriant, heureuse d'avoir récupérer son arme. Elle la rangea dans le dos, la coinçant entre son pantalon et sa peau "Ne t'en fais pas, je t'apprendrai à tirer, c'est pas si difficile une fois qu'on prend l'habitude"

Juliet sourit au pauvre Jason encore effrayé par les armes. Cela allait changer à l'avenir.

- "On pourra en acheter une plus tard, une rien que pour toi. Mais ça fait plus d'un an que je sais vraiment bien tirer. Disons que j'ai remarqué que je n'avais pas le choix de savoir me défendre. Les gens ont tendances à sous-estimer les petite femmes dans mon genre, alors fallait bien que je puisse montrer les crocs" dit-elle en souriant "Je te rassure, je n'ai jamais tué ni même tirer sur un humain ou un animal"

Ce qui n'était pas totalement vrai. Elle avait tiré lors de combat, mais ce fut si rare qu'elle ne pouvait pas en citer un. Et, presque à son malheur, elle n'avait jamais tué quelqu'un. C'était quelque chose qu'elle avait bien envie d'expérimenter, et C4 serait la cible idéale pour cela.

- "Tu verras, je vais t'aider à devenir ce que tu recherches"

Même si Juliet lui avait dit qu’elle avait déjà tué quelqu’un, jamais Jason ne l’aurait pas cru. Elle ne concordait pas du tout avec le profil d’une personne qui a déjà enlevé la vie à quelqu’un d’autre. Dans les films, ces gens ont toujours regard vide, ou alors des cicatrices montrant leurs passés douloureux. Ce n’était pas du tout le cas de Juliet. Elle semblait totalement inoffensive aux yeux de Jason. Il comprenait d’ailleurs pourquoi Juliet se promenait avec une arme.

Jason était cependant perplexe à l’idée de posséder un fusil. Il n’aimait vraiment pas la sensation de tenir une arme, mais il vaut mieux être prudent. Il vaut mieux avoir un plan B, et ce n’est pas avec son petit canif qu’il pourrait se défendre… Juliet avait raison, Jason doit lui faire confiance. Elle semble le connaître si bien, même s’il y a de ça quelques heures ils n’étaient que de parfaits inconnus !

« Tu verras, je vais t’aider à devenir ce que tu recherches »

Ces mots résonnaient dans la tête de Jason. Il pouvait lui faire confiance, en fait, il devait lui faire confiance. Juliet semble savoir ce qui est bon pour lui. Jason considéra Juliet en silence un court moment. Elle avait quelque chose de spécial, un esprit rassembleur peut-être ? Non, c’était plutôt l’étoffe d’un chef. Elle peut l’aider à devenir ce qu’il recherche.

Elle peut m’aider à devenir ce que je recherche.

« Je n’en doute pas. » fini par dire le vandale, confiant.

« Alors maintenant on a un plan. On me trouve un pistolet et tu me montres comment m’en servir et ensuite on change les rôles. Je deviens le prof et tu deviens l’étudiante. »

Jason eut un petit haut-le-cœur en s’imaginant professeur. Jamais il ne voudrait rester planté devant une classe à expliquer des conneries à des élèves et à essayer de les endoctriner. Cette idée le répugnait.

« Je te montre mon QG et je t’apprends comment faire du parcours. Et ensuite… »

Jason prit un petit moment pour réfléchir. Et ensuite quoi ? Il n’allait tout de même pas l’inviter quelque part ! Un cinéma était hors de question ! Elle était trop vieille pour lui.

« Et ensuite on ira se chercher à boire, un soda ou de la bière, histoire d’étancher notre soif après l’entrainement… »

Jason arrêta de parler quelques secondes avant qu’une idée lui vienne à l’esprit.

« À moins qu’on ait d’autres leçons à donner ? À part le tir, penses-tu pouvoir m’apprendre quelque chose d’utile ? »

Bien que sa formulation de phrase puisse sembler arrogante, le ton de voix de Jason était complètement neutre.

Juliet sourit, ils lui trouveraient un bon petit pistolet. La question serait de savoir si il allait sélectionner une bonne grosse arme bien virile qui défonce le bras en tirant, ou quelque chose de plus discret? L'arme révélait souvent beaucoup de secrets. En particulier l'arme d'âme du futur Nephil, que pourrait-elle être...

Elle écouta son discours un peu fractionné, le voyant réfléchir alors qu'il parlait. Il était presque attendrissant. Mais il avait bien résumé les plans.

- "Ca me paraît parfait comme plan. Je suis curieuse de voir quel type de prof tu seras" dit-elle en souriant "On pourra probablement aller dans un bar dans le coin pour se désaltérer. On en aura probablement besoin. Je préparerais des affaires plus agréables que celle que je porte actuellement. Et éventuellement de quoi dormir à ton QG, selon comment"

Juliet sourit au jeune homme tout en réfléchissant à ce qu'elle pourrait lui apprendre de plus. Peut-être la vérité derrière le monde, l'existence des Nephil... Mais il faudra voir si, d'ici là, il était plus stable mentalement. Hors de question de recruter une personne qui fuirait à la moindre menace, ou qui pourrait être contrôlé par quelqu'un d'autre qu'elle-même...

- "Je connais plein de chose. Mais je doute pouvoir te montrer quelque chose de physique. Je ne suis pas spécialement une grande combattante, même si je peux tenir tête à un certain nombre, et je ne suis pas spécialement agile, pas comme toi. Mais je sais bien cerner les gens, mais c'est pas vraiment enseignable. Donc je pense que tu as bien résumé tout ça" dit-elle en souriant "La question est, maintenant, où et quand on se retrouve?"

Jason eut un petit moment d’hésitation lorsque Juliet mentionna qu’elle apporterait éventuellement de quoi dormir à son QG. Bien qu’il donnait à cet endroit le nom affectueux de QG, ce n’était pas très accueillant. Son QG est un garage abandonné entre plusieurs bâtiments. Pour accéder à la cour, il faut soit passer la clôture qui condamne l’endroit ou passer par les toits des bâtiments avoisinants. La cour est meublée de montagnes faites en vieux pneus usés et de diverses carcasses de véhicules. Le garage lui-même est en mauvais état. Les entrées conventionnelles sont condamnées, pour entrer il faut passer par la fenêtre. L’intérieur est poussiéreux et il y a une faible odeur d’huile à moteur partout à l’intérieur. Sinon, côté meubles, il y a quelques tables et un vieux matelas qui sert probablement d’abris pour des rats. Jason hésitait à dire à Juliet que son QG était dans un tel état. Est-ce qu’elle serait déçue ? Jason devrait-il le nettoyer ? C’était définitivement une possibilité.

Jason écouta Juliet. Elle n’avait donc rien d’autre à lui enseigner. Ce n’était pas très surprenant, il est difficile de transmettre un talent naturel à quelqu’un qui n’a pas ce talent. Le vandale était satisfait de la réponse de Juliet. Apprendre à se servir d’une arme allait être assez. Mettre plus d’une leçon lui aurait été difficile, surtout s’il y avait eu une partie théorique.

« Où et quand… »

Jason prit une seconde pour réfléchir.

« Je suis libre pas mal tout le temps. Je travaille de jour à temps partiel au Wal-Mart, mais je peux toujours m’arranger pour prendre congé. Donc je vais plutôt m’accommoder à ton horaire. J’imagine qu’être journaliste demande beaucoup de travail… Par contre je crois que ce serait mieux d’y aller en soirée, histoire de ne pas trop attirer l’attention. Et pour le où, je crois qu’on peut se retrouver devant l’entrée principale. Pour se rendre, c’est facile. C’est sur la rue Willow. Tu avances jusqu’à la cabine téléphonique, et puis tu tournes à gauche. De là, c’est une ligne droite. »

Jason bâilla, la fatigue commençait à prendre le dessus sur sa conscience.

Au final, ce serait Juliet qui choisirait quand ils se retrouveraient là-bas. Bien, elle s'arrangerait pour se dégager une soirée. Elle se promit de noter l'adresse dès que Jason dormirait, pour ne pas éveiller de soupçon. Elle était déjà impatiente d'y être, pour pouvoir enfin faire de lui un Nephil et son petit soldat, accessoirement. Mais ils allaient devoir laisser passer quelques temps.

- "En soirée, parfait. Ca me convient. Je vais nous arranger ça d'ici un mois je pense, voire peut-être un peu plus, pour ne pas trop attirer l'attention. Je te contacterai dès que j'ai une date et une heure, et je te retrouverai sans problème devant. Je connais un peu le coin"

Est-ce qu'il y aurait les 'amis' de Jason également? Ce serait intéressant, pour voir l'influence qu'ils avaient sur lui. L'idéal serait de réussir à l'extirper de ces mauvais gens et de l'incorporer dans la Famille, ainsi il aurait toutes les raisons d'aider les Nephils, sans avoir de gros points faibles comme des proches. Il restait encore son père, mais ils pourraient le protéger un jour ou l'autre.

- "Tu devrais dormir, tu commences à sombrer" dit Juliet en souriant "Je me réveillerais vers 8 heures demain, libre à toi de rester ou de partir dès ton réveil. Je dois avoir du lait et des céréales. Tu peux te faire un café sans problème, et réutiliser la douche. Autrement fait comme chez toi, tu peux aller où tu veux, je suis une petite dormeuse donc ne t'en fais pas si tu me réveilles"

Juliet se leva

- "Ce fut un plaisir de te rencontrer en tout cas, à demain alors?"

Juliet avait raison, Jason commençait effectivement à s’endormir. Toujours éveillé, il combattait le sommeil à chaque fois qu’il clignait des yeux. Ses paupières devenaient de plus en plus lourdes. Jason releva la tête lorsque Juliet se leva.

« Oui, à demain. Merci encore. » La voix de Jason se cassait à cause de la fatigue. Pour la première fois depuis longtemps il pouvait dire qu’il était heureux. Il ne savait toujours pas ce qu’il allait faire dans la vie, ses angoisses ne sont pas mortes, mais il les a quand même oubliés pendant l’espace d’une soirée.  

Jason n’attendit pas une seconde de plus. Il s’étira lentement vers la couverture bleu foncé que Juliet avait apportée précédemment. Il s’enroula de la couverture avant de s’étirer encore une fois pour prendre l’oreiller. Il le déposa sur un coin du canapé et il y posa sa tête. Le vandale avait un peu froid, mais ça ne l’importunait pas trop. Il repassa sa journée en vitesse. Jamais il n’aurait pu prévoir ce qui s’est passé. Il s’était fait un ami, mais pas n’importe quelle sorte d’ami. Le genre d’ami qui s’écrit avec un « E » à la fin. Non seulement ça, mais en plus ils avaient déjà prévu se revoir.

Quelle journée incroyable.  

Jason s’endormit presque immédiatement. Il allait dormir jusqu’à 10 heures.

Juliet lui sourit gentiment. Elle hésita un peu à le taquine, mais estima avoir suffisamment fait pour la journée. Elle le laissa donc se coucher et se reposer. Il en avait bien besoin après tout ce qu'il s'était passé. Elle partit donc se coucher, invoquant son carnet une fois tranquille dans son lit. Elle y nota la journée passée ainsi que tout ce qu'elle avait pu glaner sur la Flêche.

Elle pensait bien se faire un scoop, elle avait même envisagé à engager la Flèche avant même de le rencontrer, si il n'était pas Seraph bien entendu. Après tout, un humain capable de se faufiler partout sans même utiliser des capacités spéciales, ça valait la peine de recruter. La journaliste avait toujours eu le goût pour sélectionner ses favoris, et cette journée n'était pas différente. Les principaux problèmes de Jason étaient son manque de stabilité émotionnelle et son envie de prouver qu'il était quelqu'un. Pour le second, cela serait fixé dès qu'il deviendrait Nephil. Pour le premier, ils avaient probablement des filles célibataires de son âge pour l'intéressé et le stabiliser. Bien entendu, il faudrait bien sélectionner la personne, pas qu'elle tente de manipuler Jason, ce ne serait pas raisonnable.

Juliet dormit ses deux petites heures et se leva à 8 heures. Elle sortit, rhabillée par politesse, et vit que le jeune homme dormait encore. Elle prépara un verre d'eau avec une pastille d'aspirine, juste au cas où il avait mal à la tête. Elle profita de se laver puis d'attendre qu'il se réveille pour le raccompagner à la porte. Hors de question de le laisser seul dans son appartement, c'était son territoire et elle ne partageait pas.

Jason rêvait. Il était au milieu d’une classe avec plusieurs camarades. Aucun visage ne lui était familier. Il était entouré d’inconnus. Il remarqua soudainement que ses camarades de classe le fixaient avec un regard réprobateur. Il l’observa quitter la classe un à un. Lorsqu’il fut seul, Jason entendit quelqu’un cogner à une porte qui était située derrière lui. Il s’approcha pour prendre la poignée, mais il se réveilla.

Jason entrouvrit ses yeux. La lumière lui perçait les pupilles. Ses yeux brûlaient. Il avait tellement mal qu’il dût les refermer. Il pouvait sentir chacun de ses battements de cœur dans sa tête, lui donnant de la douleur au front. Jason pouvait sentir son haleine. Il eut alors un léger haut-le-cœur. Il pensait qu’il allait vomir. Le vandale avait la gorge terriblement sèche, il avait besoin de boire quelque chose.

Merde… Qu’est-ce qui s’est passé hier ?

Jason se remémora sa soirée de la veille. Il avait vraiment abusé sur la quantité de bière qu’il avait bue. Il n’était pas du tout habitué à ce genre de consommation alcoolisée. Jason tenta de nouveau sa chance, il ouvrit les yeux. La lumière lui faisait encore mal aux yeux, mais il devait étancher sa soif. Il scanna rapidement la pièce, mais couché sur le côté il ne vit rien. Très tranquillement, Jason se redressa. Le processus a pris 5 minutes. Il relevait son corps, puis il prenait une pause. Il ne voulait pas vomir. S’il se relevait trop vite c’était sûr qu’il allait salir le plancher ! Sa tête hurlait de douleur à chaque mouvement qu’il faisait. Une fois assise Jason regarda de nouveau dans la pièce et il aperçut Juliet.

Juliet dut se retenir de rire en le voyant si mal. Le pauvre, il ne savait pas du tout gérer sa consommation. Elle ne dit rien, le laissant émerger tout seul de l'inconscience. Elle était tranquillement assise à la table à manger, lisant son carnet. Elle lui sourit.

- "Salut la belle au bois dormant" dit-elle en se levant "Dur réveil on dirait. Ne bouge pas, prend ton temps. Je t'apporte ce qu'il faut"

Juliet s'approcha de lui et lui tendit la pastille et le verre d'eau.

- "Tiens, pour tes maux de tête, ça devrait aider. Et vu ton air blafard, je pense que tu vas avoir quelques peines à avaler tout ça et le conserver dans l'estomac"

Elle se releva donc et partit dans la salle de bain, pour prendre une lingette humide et des anti-vomitifs. Elle se remit en face de lui.

- "Met cette pastille sous la langue, ça te coupera les nausées. Et tiens, pour essuyer un peu ton visage. Mon pauvre, tu as l'air de décéder"

Elle lui donnait le tout puis s'assit à côté de lui sur le canapé.

- "Comment tu te sens?" demanda-t'-elle une fois qu'il se soigna

Juliet s’approcha avec le verre d’eau et la pastille. Jason prit les deux tranquillement. Il écouta attentivement les conseils de Juliet. Il avala tranquillement la pastille pour le mal de tête. Il inclina faiblement sa tête vers l’arrière pour l’aider à boire l’eau. Il se sentait tellement mal. Il avait l’impression que sa tête allait exploser à tout moment. Il remit sa tête droite. Il écouta Juliet de nouveau, il plaça les anti vomitifs sous sa langue avant de frotter la lingette humide sur son visage. Juliet trouvait qu’il avait l’air mort, c’est exactement comme ça qu’il se sentait. Il aurait pu mourir à cet instant et ça ne l’aurait pas dérangé du tout.

Les médicaments ne prirent pas trop de temps à faire effet. Bien que Jason se sentait mal, il se sentait déjà beaucoup mieux qu’à son réveil.

« Je vais bien merci. Je crois que j’ai trop bu hier… En tout cas, merci pour les pastilles. »

Jason termina son verre d’eau. Il était complètement déshydraté. L’eau lui faisait un bien énorme. Quand Jason se sentit en forme, il se leva et il se dirigea vers son sac pour s’habiller. Il remit son t-shirt et ses chaussures.

« Merci beaucoup, Juliet. Tu m’appelleras pour le QG. »

Jason se sentait encore mal, mais il ne voulait pas non plus imposer sa présence chez Juliet. Elle avait un article à écrire à son sujet après tout !

Juliet espérait que les médicaments feraient rapidement effets, ou alors qu'il vomisse loin de chez elle. Cela ferait mauvaise presse qu'un jeune homme sorte de chez elle avec une gueule de bois monstrueuse. Normalement, les anti-vomitifs étaient suffisamment fort. Mais parfois, ça suffisait pas.

- "C'est normal, je vais pas laisser souffrir le martyr un ami"

Juliet sourit et s'approcha de lui. C'était vrai qu'il sentait l'alcool. Pauvre jeune homme, il avait si facilement succombé à la pression.

- "Oui, je t’appellerai. Prend ton temps et soigne-toi bien Jason. Fais pas de bétise, je compte sur toi pour avoir encore plein de scoop" dit-elle en souriant, attendant qu'il finisse de s'habiller "De ton côté, n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin d'aide, même si ça te parait fou. Je suis capable de sortir les gens de presque n'importe quel problème"

Bon, c'était surtout Bey qui le pouvait. Elle pouvait tout au plus demander de l'aide à d'autre Nephil ou tenter d'utiliser son passe pour outre-passer la justice, mais ce n'était pas des miracles. Elle le serra et lui tapotant dans le dos avec amitié avant de l'amener à la porte.

- "A une prochaine, c'était très agréable" dit-elle avec un petit sourire.

Une fois Jason partit, elle pourrait s'occuper de l'article. Rien de très compliqué, elle parlerait en terme mystérieux de la flèche, le taggeur incapturable sachant déjoué la plupart des sécurités. Elle mentionnera avoir réussit à avoir quelques mots avec l'individu, mais qu'elle protègera ses sources, et elle parlera de son 'message'.

Bien entendu, elle passera sous silence le tempérament impulsif du jeune homme.

[Ce fut un plaisir ]