Description du lieu:

Cela faisait bien une petite heure à peine que la princesse était rentrée dans sa demeure en compagnie d'une autre personne que son cher prince, Rekor Veroth. Comme Russel n'avait pas répondu au téléphone pendant que la demoiselle était en train de verser toutes les larmes de son corps, c'était ce Nephil qui s'était chargé de la raccompagner chez elle. Il avait mesuré son état assez grave pour ne pas la laisser rentrer seule, peut-être de peur qu'elle ne fasse une bêtise ou qu'elle ne se perde.

Assise sur le bord du lit appartenant à John, ses pieds rasaient le parquet de peu et la jeune femme avait les yeux rivés sur ce même bout de parquet. Dans les mains, il y avait une montre cassée qui appartenait à son petit-ami maintenant décédé. La jeune femme finit par la mettre autour de son poignet après l'avoir regardé pendant une trentaine de minutes. Puis encore une fois, son regard frôlait le parquet, ne préférant pas regarder le reste de la chambre qui était encore rempli de ses affaires.

Elle avait l'air étrangement calme, du moins, jusqu'à qu'elle finisse par entendre une voix qu'elle connaissait, hors Cassandra qui était de sortie pour une fois. Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux encore une fois, puis d'une voix qu'elle essayait de faire presque normale, elle l'appela.

- Russel !

Cependant, réussir à appelé quelqu'un en essayant d'agir « normalement », c'était plutôt compliqué dans ses conditions. Alice était encore une fois prête à éclater au sanglot, et rien que de devoir annoncer la nouvelle à son dernier garde du corps allait forcément lui briser le cœur encore une fois.

La question de Russel lui fit l'effet d'une aiguille qui transperçait son cœur déjà en débris à cause de la scène qu'il y avait eu plus tôt à l'infirmerie. La main que posa Russel sur son épaule avait eu un effet réconfortant de sa part, cependant, ce n'était pas assez pour combler sa peine. C'était en baissant les yeux qu'elle avait décidés à dire le mot qui répondrait à la question du Nephil.

- Mort…

Alice se mordit doucement les lèvres, ses épaules sursautant que très légèrement, signe de ses larmes peu nombreuses qui continuaient de couler. La pauvre avait déjà épuisé un bon stock tout à l'heure. Une des mains de la princesse vint se mettre sur celle de son garde du corps, espérant qu'il puisse aussi la protéger de cette maladie sociale qui s'était emparée de son esprit.

- J-Je m'assurerai de trouver un moyen pour le faire revenir.

Elle y croyait fermement. La magie existait, les deux chats étaient là pour remplir les souhaits des humains. Il devait bien en avoir un, qui serait attristé de sa mort… non ? Avec ce récit qu'il lui avait raconté, elle voyait mal un humain faire un vœu pour lui. C'était en y réfléchissant de plus en plus qu'elle se rendit compte que seule la violence envers un pauvre humain extérieur à l'histoire pouvait régler les choses simplement.

Ses mots étaient secs et sans émotions. Elle s'était attendue à un peu plus de malaise de sa part, pas une indifférence totale. Elle croyait que Russel et John furent deux bons amis et deux bons collègues, pourquoi réagir comme cela ? Peut-être qu'elle s'était trompée autant de temps et qu'ils n'agissaient vraiment comme s'ils le faisaient que pour la faction ou leur boulot. Malheureusement, les pensées et les émotions négatives de la jeune femme l'empêchaient de réfléchir ou de comprendre la raison de ce comportement. Tout ce qu'elle pouvait voir était un Russel indifférent à la mort de John, comme s'il n'avait jamais rien été pour lui.

Alors qu'elle avait recherché en Russel un proche capable de l'apaiser et de la rassurer, il fit justement tout le contraire en écartant sa main de la sienne. Ce geste paraissait tellement distant, qu'elle avait relevé son regard vers lui avec un air à la fois étonné et attristé. Quant à la main de la jeune femme, elle resta sur son épaule sans bouger.

- Les morts ne reviennent pas Alice.

Les mots étaient tellement crus et durs qu'elle n'avait pas réussi à les avaler. Comment pouvait-elle supporter le comportement de l'homme tandis qu'il commençait à partir de la chambre ? Sa main droite qui était posée sur l'épaule gauche commença à se transformer en poing et ses yeux se fermèrent. Elle voulait échapper d'une manière ou d'un autre à la réalité. Seulement, fermer les yeux et espérer ne pouvait pas l'aider. Le seul qui était capable selon elle de l'aider venait de lui tourner le dos comme si de rien était, voulant l'abandonner dans cette chambre froide et noire.
Il avait même eut le don de réduire à néant tout espoir de revoir son amour perdu. « Les morts ne reviennent pas Alice » pensa-t-elle plusieurs fois de suite. Jamais une phrase n'avait eu l'effet d'un écho aussi important dans sa tête.

Avant sa mort, Alice était capable de compter uniquement sur Russel et John. Mais, maintenant ? Sur qui pouvait-elle se reposer si l'un était mort et si l'autre lui tournait le dos ? Doucement, elle se laissa tomber de côté sur le lit de John, et avant de d'entrouvrir les yeux, elle mit son visage face à l'oreiller qui appartenait avant au défunt. Elle était dans l'incapacité de dire si son garde du corps restant était parti ou non. Elle s'abandonna simplement dans ses pensées et dans la folie.

Comment faisait-elle pour vivre avant d'avoir connu Russel et John ? … Ce n'était pas une vie. Toujours à obéir à son père et à ses désirs pour conquérir le monde de l'entrepreneuriat avec ses musiques et son cinéma. Il avait pourtant réussi là où beaucoup avaient échoué, mais il avait toujours reposé beaucoup de pression sur sa fille. Rare était les amis qu'elle se faisait puisque de toute façon son père les choisissait à sa place, allant même jusqu'à vouloir choisir qui serait son mari par intérêt. Et elle devait s'avouer qu'elle n'était pas appréciée beaucoup de par son comportement. Pour son père, elle avait renoncé à sa passion. Avant tout ça, elle avait dévoué sa vie entière à son paternel, comme s'il n'y avait que lui qui avait existé. Sa vie était désagréable, pouvait-elle vraiment penser qu'il s'agissait de SA vie puisqu'elle ne l'avait jamais contrôlé ?
John et Russel avait eu la patience de la supporter et de rester avec elle pour lui faire goûter aux joies des relations humaines autres que professionnels, plus qu'ils n'y croyaient. En somme, Bey y en était pour quelque chose. Mais sans ces trois-là, elle n'aurait jamais à souffrir comme aujourd'hui. Les liens qu'elle avait noués avec eux étaient tellement fort pour elle que maintenant, elle se sentit complètement vide, rien, le néant absolu.

Son corps se tourna pour se mettre sur le ventre et elle fit glisser sa main vers sa poitrine, au niveau de son cœur. Elle redécouvrit un sentiment qu'elle n'aurait jamais voulu redécouvrir un jour : la solitude.

« Les bonnes choses ont toujours une fin, n'est-ce pas ? Mais n'est-ce pas un peu trop cruel et un peu trop brute ainsi ? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire de travers pour en arriver là ? Était-ce une erreur de retrouver ma voix ? En restant muette, je n'aurais probablement pas connu ces deux-là et ma vie aurait pris une autre tournure. Je suis curieuse… Est-ce que dans une autre vie, j'aurais pu être plus heureuse ? Est-ce que John pourrait être encore vivant ? Si les choses ne s'étaient pas passées comme ça… Si... » Pensa-t-elle en frappant de sa main libre le lit sur lequel elle était.

Visage contre oreiller, c'était sûr qu'au bout d'un certain temps, la jeune femme allait manquer de souffle et fut obligé de tourner la tête légèrement sur le côté. Bien évidemment, cette action lui donnait une très mauvaise idée.

« … C-C'est lui qui m'a poussé à penser à ça. C-Ce n'est pas ma faute. Je ne peux juste plus supporter cette douleur. Je pensais qu'il allait pouvoir m'aider, m-mais c'est de sa faute si j'en arrive à là. Il n'y a qu'un seul moyen pour y mettre fin à cette histoire… » fut une autre de ses pensées.

Elle était incapable de supporter de perdre Russel en plus de John, et tenta de se trouver une justification à ce qu'elle s'apprêtait à faire bientôt. Elle avait pris sa décision, que si rien ne se passait, toute cette histoire pouvait très mal se terminer. Dommage, elle l'aimait bien, ce petit trio qu'ils formaient tous. Jamais elle n'aurait pu penser un jour qu'il se terminerait aussi tragiquement.

Au final, elle se rendit compte que la folie l'avait gagné…

« C'est de sa faute… C'est forcément de sa faute si j'en arrive à pleurer sur cet oreiller... », recommença-t-elle à penser, « S-Suis-je en train de le détester ?… J-Jai peur. ».

Une de ses mains glissa dans sa chevelure pour l'attraper durement. Alice ne savait plus ou donner de la tête. Il n'y avait plus qu'une seule chose qu'elle pouvait faire, une solution très simple que beaucoup de monde pouvait comprendre en ce pauvre monde. Pour ce faire, elle avait besoin d'un instrument. Ce dernier se trouvait dans sa propre chambre plus précisément sous son lit, mais comment se lever alors que l'odeur que porte cet oreiller était beaucoup trop agréable ? C'était bien trop dur de dire au revoir à cette chambre qui avait trop servi à ce jeune homme maintenant mort.

Ses bras vinrent serrer ce pauvre coussin, subissant toute la force de la princesse, puis elle lâcha un long soupire, comme si le calme avait repris le dessus sur elle en quelques instants. Elle l'avait compris, ce qu'elle avait besoin de faire. Encore un tout petit effort et tout était fini. Il ne suffirait que de quelques pas pour aller dans sa chambre, que d'un geste du bras pour chercher l'objet voulu, et d'un mouvement du doigt pour tout finir.
Lentement, avec l'esprit vide, le visage avec un calme incomparable, elle se redressa légèrement pour s'asseoir sur le lit.
« Allez… Encore un peu... » Pensa-t-elle de nouveau.

Un bruit lourd se fit ressentir contre le mur pour briser le silence mélancolique. Peut-être qu'Alice avait mal jugé Russel. Était-il finalement énervé par la mort de John ? Pendant encore un long moment, la jeune femme resta inerte sur le lit de son amant disparu.
Alors que sa volonté l'avait décidé, elle comptait se lever du lit pour retourner dans sa chambre, mais c'était sans compter un frappement sur la porte de chambre. La princesse resta donc là où elle était et répondit d'une petite voix.

- O-Oui ? …

Le silence fusait pendant plusieurs secondes depuis qu'elle avait donné sa réponse, pourtant Russel était toujours derrière la porte. Sur la petite ouverture qu'il y avait toujours eue sur le bas de l'encadrement, elle pouvait voir l'ombre de ses deux pieds. Ce silence était suspect, mais au final, il avait fini par répondre.
Alice avait eut du mal à définir la nature et la raison de cette voix si monotone. Elle l’inquiétait… mais avec ce qu'elle voulait faire, avait-elle vraiment le droit de s'inquiéter pour lui ? Elle avait déjà tout abandonnée.

Lentement, la jeune femme se leva du lit et avança pas à pas vers la porte qui allait la mener à Russel. Elle s'approcha tellement doucement que ses pieds ne faisaient presque aucun bruit sur le parquet.
Une fois arrivée à destination, la main d'Alice, avec la même lenteur, approcha sa main de la poignée de portes. Elle ouvrit alors la porte pour découvrir le visage d'un Russel qu'elle n'avait jamais encore vu jusqu'à présent. Rapidement, la jeune femme lâcha la poignée pour reculer d'un pas seulement.

- …

Elle n'osa simplement pas parler ou dire un seul mot. Les yeux de cet homme faisaient étrangement peur, et elle avait placé cette distance exprès.

Alice avait beaucoup de mal à soutenir le regard de son garde du corps. Quelque chose clochait chez lui et elle l'avait remarqué. Cette façon qu'il avait de se tenir, cette façon qu'il avait de la regarder… Il ne préparait rien de bon. Les battements de cœur de la jeune femme commencèrent à s'accélérer, prise d'adrénaline par la peur. Elle-même ne savait pas s'il se rendait pleinement compte de l'état dans lequel il était.

- Un problème ?

Le pas qu'il fit ensuite, était un de trop, il était maintenant à portée de bras, et c'était sans doute pour cela qu'il avait commencé à lever le sien en direction de la jeune femme. Avant qu'elle ne se rende vraiment compter, ses jambes tremblotaient déjà. D'habitude, elle n'était pas gênée par le fait que Russel pose sa main sur elle ; il suffisait de voir tout à l'heure que sa main sur son épaule ne l'avait pas dérangé. Néanmoins, dans cette situation, il y avait quelque chose de bien différent qui rendait la scène effrayante.
Encore une fois, les larmes lui montèrent aux yeux. Elle qui croyait qu'elle n'allait pas avoir à pleurer plus que cela en ressortant de l'infirmerie, elle se mettait bien le doigt dans l’œil.
« Jo-John ! ... », pensa-t-elle aussi fort qu'elle le pouvait. Alice ne se voyait pas faire face à Russel. Au niveau de la force physique, elle perdait bien au-delà de ce qu'elle pensait. C'était le moment de fuir de la réalité d'une manière la plus simple qui soit. La peine, et la peur… Au revoir.

Alors que la main de Russel n'était qu'à quelques centimètres d'elle, la princesse claqua brutalement cette main pour la repousser. De plus, elle se permit de pousser le trentenaire avec toute sa pauvre force pour le pousser clairement du passage de la sortie. Ceci fait, elle courra directement en dehors de cette chambre dans un léger sprint. Avant de tourner sur la droite pour rentrer dans sa chambre, elle avait dû s'arrêter de force avant de se prendre un mur.

Une fois en face de son lit, elle ravala nerveusement sa salive. Sa décision, elle l'avait prise, et avant qu'il ne lui arrive quelque chose, elle préféra s'en aller. John était mort, Russel l'avait abandonné et était devenu complètement fou. Qu'est-ce qui lui restait ? Presque rien… Si sa famille… Son père qui ne vivait que pour ses propres plaisirs personnels.
Elle récupéra alors cet objet en dessous du matelas. Ses mains tremblaient follement. Pourtant, elle n'avait pas l'air de regretter un seul de ses gestes jusqu'ici.

Elle mit une balle à l'intérieur pour le recharger. L'engin dans ses mains, elle le regarda encore un peu jusqu'à entendre des pas qui venaient par ici. Le temps pressait, alors après l'avoir correctement réglé, elle dirigea vers sa tempe, le canon de l'arme à feu et passa son doigt vers la détente.
Alors qu'elle avait pris sa résolution, elle fut incapable de tirer pour le moment. Sa respiration fit de plus en plus courte, son cœur accéléra encore un petit peu plus. La main qui portait l'arme tremblait, comme si finalement, elle hésitait à le faire.

Cette histoire pouvait-elle vraiment se terminer aussi tragiquement ?

Si elle ne se dépêchait pas, Russel allait réussir à l'attraper. Une fois morte, tout s'arrêtera, tout s'arrangera. C'était une solution comme une autre. Pourtant, alors qu'elle essayait de se convaincre qu'il s'agissait d'une bonne décision, son corps tremblait, en particulier sa main qui tenait l'arme.

Lorsqu'elle entendit quelqu'un être sur le pas de la porte, elle dirigea ses yeux vers cet endroit pour observer Russel. Mais ses yeux, bien trop humides, ne lui donnaient que des images beaucoup trop floues pour qu'elle s'aperçoive de quoique ce soit. Elle ne remarquait juste qu'il s'était avancé bien trop rapidement d'elle et sans qu'elle ne puisse vraiment réagir, vide de toute décision et d'émotion, elle s'était laissée enlacé par Russel.

- Alice... Pardonne moi ! Ne fait pas ça.

Lentement, elle baissa son arme et laissa son bras pendre. Dans un autre élan de folie, ce fut à son tour de ricaner le plus faiblement possible. Elle riait de sa pauvre bêtise et à la fois de son mal-être qu'elle n'arrivait pas à combattre. Par la suite, elle jeta simplement son arme sur le sol après avoir remis la sécurité. La jeune femme n'arrivait pas à se résoudre à prendre une seule et même décision sans hésiter. Elle était tout simplement perdue et elle ne pensait pas pouvoir s'en tirer seule. C'était pourquoi l'idée de suicide lui était venu en tête après avoir constaté le caractère indifférent de la dernière personne qui lui restait, et de la personne qui pouvait avoir la même peine qu'elle. Ce qu'elle avait ressenti ? Une forme de trahison et d'abandon.

Elle avait eut précédemment peur de ses yeux, mais la jeune femme portait actuellement les mêmes à cause de ses états d'âme, ils étaient rouges. Alice se donnait l'impression d'être lunatique et extrêmement faible.

- J-Je ne sais pas quoi faire. Qu'est-ce que je dois faire ? Donne moi une bonne raison de ne pas vouloir me tirer dessus. Si... tu oses me répondre que c'est pour toi, j'ai une deuxième balle dans mon revolver...

Enfin, elle avait réussi à trouver refuge dans les bras de Russel. Ce dernier ne lui donnait pas la réponse qu'elle souhaitait entendre, malgré ça, ses paroles lui faisaient chaud au cœur. C'était cette chaleur que la jeune femme recherchait tout à l'heure quand elle avait annoncé la mort de John à Russel. D'une certaine façon, il s'était rattrapé cependant, ce n'était pas pour autant que son état mental était redevenu comme avant. Et il ne le serait peut-être jamais. La seule chose qu'il pouvait faire, était de l’atténuer pour éviter qu'elle ne se tire réellement une balle.

- Mh-mh...

C'était ensuite dans le silence de la scène qu'Alice voulait rester encore plus longtemps, réfléchissant, pensant. Malgré les paroles de Russel, elle se sentait presque obligée de devoir se mêler à la mort pour une tentative de résurrection. Ce serait perturbé l'ordre naturel des choses… mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser.

Le silence finit par être cassé par un sanglotement de la part d'Alice. Il ne fut pas spécialement fort puisque la jeune femme commença à être fatiguée de sa journée. Les pleurs et la peur lui avaient consommé beaucoup trop d'énergie. Telle qu'elle était, elle avait besoin de quelques heures de sommeils et ces heures dont elle avait besoin approchaient grandement.

L'étreinte de Russel avait eu le don de la calmer et de faire redescendre la tension qui tenait à vif les nerfs de la princesse suicidaire. C'était contre son épaule qu'elle laissa les yeux se fermer. Ce sentiment de solitude s'était légèrement évaporé. Le vide qu'elle ressentait dans son cœur n'était pas prêt d'être rempli et ce même si Russel lui donnait toute l'affection dont elle avait besoin. La mort de quelqu'un d'aussi proche que John ne permettait pas à son cœur d'être réparé pour le moment.

Alice était encore un peu consciente lorsqu'il la déposa sur son lit avec une impression d'être retombé en enfance. Quelle image donnait-il ? Une sorte d'oncle sûrement. L'oncle qu'elle n'avait jamais eu puisque ses deux parents étaient enfant uniques.
Lorsque Russel commença à partir, la demoiselle tourna légèrement la tête sur le côté pour le regarder, à moitié aveuglé par la lumière qu'il y avait dans le couloir.

- Russel, ne me laisse pas seule… s'il te plait, D'accord ?

Ce n'était pas quelque chose qu'elle disait pour ce moment précis, mais c'était plutôt comme si elle lui demandait de ne pas mourir, lui aussi.

Cette personne qui venait de sortir de sa chambre, elle avait envie de l'appeler, de crier son nom, mais seulement les lèvres s'étaient ouvertes. Aucun son n'était sorti, comme si elle était redevenue cette faible muette humaine. Ceci dit, il ne s'agissait pas de mutisme, mais de courage à employer pour appeler la personne qui n'avait pas répondu à sa demande. Elle voulait tout dire, et elle ne pouvait pas s'empêcher de penser au pire. Avait-il vraiment prévu de mourir à son tour ?

Elle refermait doucement ses lèvres, toujours tremblotante à cause de l'émotion. Une toute dernière larme coulait le long de sa joue. Pour ce soir, s'en était fini. Alice s'était laissé rattrapé par la fatigue, et sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle était déjà dans les bras de Morphée dans son lit de princesse.