Usine d'armement:

Dans l'usine de production d'armes à feu, tout est calme ce soir. Les ingénieurs sont rentrés chez eux se reposer, ne restent que quelques gardes qui patrouillent toujours à l'extérieur. Cela fait maintenant deux mois que les Nephils sont venus ici et ont perdu l'un des leurs. Depuis, le responsable de l'usine s'est rendu à leur QG pour leur expliquer, ce qui n'a en rien effacé ses actes bien entendu.

Alors que le calme règne dans l'usine, une petite lueur apparaît dans la salle contenant la chaîne de production. A l'endroit exact où John Fallen a totalement disparu, exterminé par des flammes et une impressionnante explosion, une silhouette se forme et laisse rapidement la place à un homme un peu maigrichon et pâle. Sans un seul vêtement sur lui.

Un peu plus loin, un homme resté dans la salle de contrôle aperçoit le phénomène sur les caméras de sécurité. Stoïque, il quitte la salle pour passer dans le sas de sécurité. Dans quelques instants il sera dans la grande salle où se trouve un certain Nephil ramené d'entre les morts grâce à une inconnue...

Les portes du sas de sécurité s'ouvre alors que John pose sa question. Une silhouette en uniforme militaire en sort et s'avance vers lui sans hésitation ni précipitation.

Non.

Le Major Barnes s'approche du Nephil sans faire de gestes brusques, encore moins d'étincelles cette fois. Il tient une veste d'uniforme assez grande et n'a pas l'air offensif. Quelques cernes s'affichent sous son regard noir clairement fatigué, nullement hostile, quoi que méfiant.

Êtes-vous John Fallen ?

On lui en a parlé plus d'une fois depuis les tristes évènements, mais rien n'indique que ce soit bien la bonne personne. Après tout il pourrai s'agir d'une illusion, d'une tentative de s'infiltrer ici.

Le Major Barnes observe John en s'arrêtant à une petite distance de sécurité. Il essaye de vérifier qu'il s'agit bien de ce Nephil qu'il a tué et non pas une illusion ou, allez savoir pourquoi, une hallucination de son propre esprit fatigué. Mais non, il ne croit pas à cette dernière théorie. L'homme ne bronche pas quand John invoque un carreau et le menace. C'est somme toute assez normal, et cette réaction tend à prouver qu'il n'y pas d'illusion derrière cette scène. Ou une très réaliste.

Barnes est patient et attend que John se calme. Enfin autant que possible. Il n'a jamais été tué pour être ramené à la vie, alors il ne peut pas imaginer ce que c'est, seulement supposer que l'expérience doit être... difficile. Surtout quand on se retrouve face à son propre assassin et qu'on ignore tout de ce qui s'est passé depuis.

Deux mois se sont écoulés depuis votre mort.

Il y a beaucoup à dire, et le Major préfère commencer par le temps. Cette information lui semble la plus pratique à partager en priorité, afin que John se rende compte qu'il ne se trouve plus au moment de sa disparition, et que par conséquent beaucoup de choses ont pu se produire depuis. Une fois cette notion comprise, le reste sera déjà moins difficile à raconter.

Vos compagnons ont pu régler la situation de cette usine et rentrer chez eux. J'ignore comment vous êtes arrivé ici, je ne peux que supposer qu'il s'agit du pouvoir d'une personne, ou du voeu d'un nouveau Contractant.

Cela lui semble fort probable à bien y réfléchir. Après tout, il avait lui-même vu plusieurs personnes frappées par la mort de John Fallen. De là à obliger un humain de souhaiter son retour il n'y a pas grand chose.

Barnes pourrait presque décrire les rouages du cerveau de John tant ses émotions sont visibles. L'écoute, l'analyse des mots, leur compréhension, leur refus, puis leur acceptation par la force de la logique et de la réalité. Non ce n'est définitivement pas une illusion. Elle ne s'embêterait pas à en faire autant. Alors il attend, laissant tout le loisir au Nephil de l'observer à son tour. Peut-être que ça peut l'aider. Peut-être pas. Le regard noir du militaire ne cille pas, se contentant de renvoyer celui de John sans laisser paraître grand chose à part sa fatigue et sa lassitude.

Je n'ai aucune raison de vous tuer. La dernière fois n'était pas de ma volonté, bien que j'en sois totalement responsable.

Le Major porte clairement un poids sur les épaules, et la mort de John en fait sans conteste partie. Il ne compte pas nier ses responsabilités. Ombre ou pas, il avait tué cet homme, ce Nephil. Et bien d'autres encore. Sans compter son propre ami et homme de confiance.

Je fais partie de votre faction. Et si vous me laissez vous donner de quoi vous couvrir, je peux vous le prouver.

Parce que bon mine de rien la grande veste qu'il a prise l'encombre un peu et n'est pas des plus pratiques pour dévoiler sa marque.

Apparemment John peut sentir la Nature du Major. Sans doute a-t-il atteint le degré de détection que chaque Contractant semble pouvoir posséder un jour. Tant mieux, ça n'en rend que les choses plus faciles. Enfin au niveau de l'identité. Le reste est encore loin d'être évident. Hochant la tête et en veillant à ne pas faire de gestes brusques, Barnes s'approche de son compatriote pour lui tendre la grande veste qu'il a. Ce n'est pas une tenue complète mais c'est toujours mieux que rien, et l'habit est assez grand pour couvrir quasiment toute la longueur du Nephil.

Je vous ai tué.

Clair, concis, efficace, et vrai. Le Major tient à ce que ce soit bien compris avant de préciser les évènements.

Deux Ombres avaient pris possession du Staff-Sergent Musher et de moi-même. Lorsque vous êtes venus avec vos amis, elles ont décidé que vous étiez un obstacle et devez vous éliminer. S'en est suivi notre combat et votre mort.

Le ton de Barnes est clair, sa voix résonne dans le vide de la salle déserte. Il parle comme un militaire, faisant son rapport, allant à l'essentiel et aux faits.

Le Major Barnes recule un peu une fois la veste donnée, et hausse légèrement un sourcil à la curieuse question de John. Puis il se rappelle qu'avant sa mort le Nephil n'a pas pu confirmer son identité, seulement la supposer. Il est donc temps de corriger ce détail.

Je suis le Major Barnes.

Voilà, ça c'est fait. Quant à la suite, le militaire n'a pas spécialement envie d'en parler au vu des souvenirs que cela fait ressurgir. Mais il n'a pas vraiment le choix, car il doit bien ça à celui qui l'a tué. Stoïque, il continue donc de répondre aux questions de John.

Nous avons subi des blessures importantes, ainsi qu'un contrecoup émotionnel trop puissant pour que les Ombres conservent leur emprise sur nous. Nous avons ainsi pu les éjecter et reprendre le contrôle de nous-mêmes.

C'est presque amusant de voir que tout ce qui s'est passé il y a deux mois peut être résumé aussi facilement. Sans transcrire toute la souffrance psychiques comme physiques qui a pu être subie, y compris chez les amis de John. Après tout, Diechi avait bien morflé, Juliet avait eu son lot de blessures également, et Rekor avait goûté aux flammes du Major.

Depuis j'ai fourni toutes les explications au QG, où vous pourrez sans doute consulter mon rapport et retrouver vos amis.

Parce que mine de rien il doute fortement être la meilleure personne avec qui John aime discuter, que ce soit de ce sujet comme d'un autre. Le Major préfère lui indiquer où trouver toutes les réponses à ses questions sans être obligé de soutenir le vision de son assassin. Il comprendrait très bien que le ressuscité veuille en savoir plus d'une autre façon.

Le Major Barnes garde son regard sur John, et si l'évolution du visage de celui-ci le touche, il n'en laisse rien paraître. Il ne s'attendait pas à ce qu'une de ses victimes reviennent à la vie, surtout à côté de lui, mais il peut imaginer le ressentiment et la confusion que cela doit apporter. Se considérant de toute façon comme coupable et responsable, il ne commente pas et attend simplement la suite.

Celle-ci vient vite, claire, simple et efficace. Peut-être que John aurait fait un bon soldat ? Allez savoir. Barnes hoche la tête, ne s'attendant absolument pas à la moindre politesse, encore moins à un remerciement. Il n'a absolument rien fait pour.

Je m'occupe des caméras de sécurité, il n'y aura aucune trace de votre passage.

Une disparition un peu moins définitive et plus facile à gérer. En attendant, il se met en route pour guider John dans l'usine déserte jusqu'à l'entrée par où étaient passés Diechi et Juliet deux mois plus tôt. Là, Barnes s'arrête et invoque son Kekkaï aussi loin qu'il peut, ce qui couvre largement la zone pour permettre au Nephil de quitter la base et de s'abriter à l'extérieur sans être vu par quelqu'un.

Dès que vous serez contre la limite de mon Kekkaï, je le révoquerai et vous pourrez rejoindre le QG sans risque.

Le Major ne s'embarrasse pas non plus de grands au revoir émotifs, et se contente de regarder John disparaître à l'extérieur. Une fois qu'il le sent contre son Kekkaï, il le révoque, libérant le Nephil au monde réel, et à sa "nouvelle" vie. Il soupire, puis retourne au centre de contrôle où il prend le temps de repasser toutes les images des caméras des derniers instants. Puis il veille à tout effacer sans autre forme de procès, ne laissant aucune trace de la présence de John ici, comme promis.

Maintenant... Il en entendra sans doute parler à nouveau la prochaine fois qu'il ira au QG. Est-ce à lui de prévenir les autres de ce retour imprévu ? Non. Mieux vaut laisser le principal intéressé gérer lui-même. Barnes lui a bien assez fait de mal comme ça.

[Finito \o/ C'était bien fun, même s'il a fallu censurer le meilleur passage snif snif]