La cascade:

  Diarmuid avait rencontré un chat noir la veille. Pas ceux qui portent soi-disant malheur, non, non. Le genre de chat noir qui propose des contrats et qui semble parfaitement occulte. La discussion avec la créature n'a pas réellement bien tourné, et sans contrat le Celte était rentré chez Samantha, sans parler de la rencontre hasardeuse qu'il avait fait sur le chemin du retour. Au final rien n'avait vraiment changé, mais avec cette rencontre il avait senti le besoin d'aller décompresser, méditer en somme, et quel meilleur endroit que la cascade que lui avait présenter justement Samantha, alors qu'il avait le mal du pays.

  C'était une bonne idée en somme, jusqu'au moment ou une forme noire est apparue dans le coin du champ de vision du chevalier. Le regard attiré par le mouvement de cette forme, il s’arrêta pour regarder, découvrant une sorte d'Ombre, mais rattaché à aucun être humain ou animal. Elle ne mit pas longtemps à sentir le regard du Celte, et devant les griffes déjà pointées vers lui, et sans arme, il comprit que son option numéro une, et la seule, était de partir au plus vite.

  Alors c'est ce qu'il fit, l'Ombre bloquant son chemin de retour vers la ville, il partit droit vers la cascade, espérant pouvoir se camoufler avec le décor, et profiter d'une ouverture pour déguerpir vers la ville, où il serait facile de perdre le monstre... Logiquement. Courant de toute ses forces, il se faisait petit à petit rattraper par la créature, alors il essaya de tourner autour de quelques arbres, pour regagner quelques mètres d'avances. Compliqué, et il se retrouve rapidement avec quelques estafilades sur le corps, forcé d'esquiver comme il pouvait les coups de griffes qui l'attendaient au détour.

  Sans autre option, il continua ceci dit la course, priant dans sa tête pour que son passage ne se termine pas de façon aussi inutile, avant d’apercevoir au loin la fameuse cascade.


[Ombre de niveau 3]

"A terre !"

  Une voix autoritaire et sure d'elle retentit alors que Diarmuid arrive tant bien que mal à la cascade. Il avait d'abord espéré que l'endroit serait désert, préférant ne pas risquer la vie de qui que ce soit avec ce monstre aux trousses. Mais oubliant toutes ses réflexions, il obéit rapidement, se jetant rapidement au sol, se rattrapant bien sur ses bras. A peine au sol qu'une silhouette se jette sur le monstre, et lorsque le chevalier retourne la tête pour voir ce qui se passait, elle était déjà coupée en deux, de bas en haut, lâchant son ultime râle avant de disparaitre comme une fumée balayée par le vent.

  Il resta quelques secondes surprit au sol, avant de se relever. La silhouette est rapidement repartie vers la cascade, rejoignant celle qui devait être à l'origine du cri.

"Le danger est passé, à présent. Comment vous sentez-vous?"

  Bonne question. La douleur avait été parfaitement endiguée par l'adrénaline de la fuite. Revenant à des sensations normales, les griffures avaient laissées de belles marques tout le long de l'avant-bras droit, et une belle entaille sur le ventre, qui avait définitivement détruit le pauvre T-shirt récupéré il y a quelques jours. Les blessures étaient bien rouges, mais ne saignaient pas gravement.

"Je survivrai à ces blessures, donc dans l'ensemble je vais bien."

  Finalement débarrassé du mauvais esprit, et de son topo sur ses blessures, il prit le temps de regarder ceux qui venaient de le sauver. Un homme, étrangement vêtu, celui qui a coupé le monstre. Et une femme, clairement enceinte, et celle qui a crié "A terre" juste avant l'attaque de son compagnon. Ce sont donc surement des contractants, comme Samantha, mais peut-être des Nephils, hors le chat avait dit qu'il parlerait du Celte à ses Nephils si jamais il venait à vouloir se faire recruter par le blanc...

"Merci de m'avoir ahem... sauvé."

  Il s'inclinait légèrement, la main à plat au milieu du torse, en direction des deux, appuyant son remerciement de ce geste, même si le fait d'être sauvé par quelqu'un ne lui plaisait pas vraiment, simple fierté.

"Vous êtes donc tous les deux des contractants n'est-ce pas ?"

Oui, c'est normal en soit, combattre les mauvais esprits lorsqu'on devient contractants. Mais il était tout aussi normal de remercier un sauveur, qu'il soit naturel ou non de sauver l'autre. Enfin bon, elle explique rapidement que son compagnon est en fait la "manifestation" de son pouvoir. Quoi que cela veuille dire, il disparait rapidement de la vue du chevalier, le surprenant un peu, mais pas au point de lui arracher la réaction qu'il a eu avec Wilfried à l'époque.

  La femme restante soulève ceci dit un point intéressant, l'eau de la cascade sera parfaite pour nettoyer les blessures. Aussi infime soit-elle (ce qui n'était pas totalement le cas d'ailleurs), n'importe quelle blessure peut s'infecter. Sans même avoir besoin des paroles rassurantes de sa sauveuse, le chevalier s'approche rapidement du bord de l'eau, s'agenouillant pour pouvoir arracher un bout de T-shirt, et l'utiliser pour laver la blessure du bras. Une fois bien laver, il déchira une bonne partie du reste de son habit, pour éponger celle au ventre, et finalement l'enrouler sur la blessure pour la tenir plus fortement. Tout en faisant tout ça, il ouvrit la discussion.

"Puis-je vous demander à quel chat vous avez fait votre vœu ? Je répondrai bien entendu à vos questions si vous en avez, mais sachez que je n'ai pas choisi de camp pour ma part. Ce mauvais esprit devait probablement me poursuivre suite à ma rencontre avec le chat noir."

  Il finit rapidement le bandage de fortune avant de se rendre compte que c'était tout sauf discret pour son retour en ville. Il pesta un petit peu devant son réflexe, à l'époque ils ne s’embêtaient pas à cacher des blessures, c'était leur quotidien. A cette époque, arriver avec un bandage soulevait des tas de questions de toutes les personnes qu'on pouvait croiser. Et ça forçait même les gens à s’inquiéter ou se poser des questions, quelle plaie de risquer des blessures contre ces créatures désormais.

Sans changer de place pendant tous les premiers soins, la femme répondit à la question sans vraiment hésiter. Chat blanc donc, elle est du même camp que Samantha. Diarmuid ne put s'empêcher de se demander si cette femme faisait partie des amis de celle avec qui il vivait, ou bien au contraire si elle faisait partie de ceux qui voulaient entretenir la guerre.

  Il écarta rapidement cette question, alors qu'elle écartait ses soupçons sur les Ombres qu'il voyait désormais. Elle le pressait d'ailleurs à choisir un camp, pour sa propre survie, et quel qu'il soit. Et donc, même avec une arme il n'aura aucune chance... C'est donc pour ça que Samantha avait pu invoquer ses armes étranges, elles lui permettent de toucher ces esprits. Alors le choix serait surement plus rapide, le tout était d'en parler avant de passer au contrat.

  Finir dans le ventre d'un monstre n'était pas quelque chose qu'il espérait voir arriver en tout cas, alors il presserait surement la suite.

  La question suivante était classique, et bien qu'il soit là depuis un moment, il ne savait toujours pas trop comment y répondre. Alors cherchant ce qu'il allait dire il laissa un petit silence de quelques secondes. Montrant un visage pensif. En tout cas, alors que les mots sortaient finalement de sa bouche, il ne lui était même pas venu à l'idée de mentir ou de ne rien dire sur son identité. Il avait de toute façon dit qu'il répondrait à ses questions en échange plus ou moins de la sienne.

"Je me nomme Diarmuid Ua Duibhne, premier chevalier de l'Ordre de Fianna. Je viens de l'Irlande du 3ème siècle."

  Il la regardait dans les yeux, pour appuyer ses dires, faire comprendre que tout ceci n'était pas une blague. Bien sur elle y croirait surement, connaissant l'étendu des vœux, mais pour lui c'était encore assez compliqué de croire que les gens pouvaient entendre ce genre d'histoire et ne rien remettre en question. Ça ne l’empêcha pas de retourner la question après ceci dit, par curiosité et pour noter ce nom dans sa tête pour plus tard.

"Et vous Ma dame, quel peut être votre nom ?"

Un vœu, elle a vu juste rapidement. Elle est contractant d'un autre côté, alors il est logique qu'un miracle du genre ne puisse lui apparaitre possible que par ce moyen. Quand à l'adaptation... Il hésitait à lui parler du début, mais il la sentait honnête et de confiance, et puis c'est une Seraph, aucune raison de lui cacher ses actes.

"L'homme qui a fait ce vœu m'a raconté ce que je faisais là juste après ma soudaine hum... "apparition". Pensant à de la magie noire, je l'ai exécuté à la première occasion après son histoire. Je n'ai appris que plus tard l'histoire des chats, et qu'il était lui même un Nephil."

  Elle se présente ensuite. Na..o..to... Autant abandonner le nom, pour le chevalier, ça a l'air tout aussi imprononçable que son nom l'est pour les autres. Tandis que le Japon lui disait vaguement quelque chose, surement grâce aux petits "cours" que lui faisait Samantha sur la géographie de temps en temps. C'était quelque chose qu'il appréciait, découvrir à quoi ressemble le monde dans son intégralité.

  Pour son métier, il ne comprit pas exactement à quoi cela correspondait. Surement un travail d'enquête, mais hormis le côté "privé", il n'imaginait pas vraiment la différence avec la Police, qu'il évite en général, sans papiers ce serait difficile de converser avec eux. Il posa les yeux sur le ventre rond, comprenant rapidement ce que ce nouveau rôle pouvait bien être.

"Félicitation, je vous souhaite qu'il ou qu'elle soit un enfant fort."

  Fort n'était peut-être pas le meilleur terme à cette époque, mais c'était sa première rencontre avec une femme enceinte depuis son arrivé, alors il lui souhaite ce qu'on souhaitait à son époque. Un enfant résistant serait plus juste, mais ça a été raccourci.

  La voyant aller s'assoir sur un tronc non loin, le Celte en profite pour s'assoir aussi de façon plus confortable au sol, juste à côté du bord de l'eau toujours. Face à elle pour écouter sa question. Le monde actuel et des amis ? Oui on peut dire qu'il s'en sort. Disons qu'il n'a pas beaucoup de personne avec qui il peut comparer comment ça se passe, c'est pas tous les jours qu'un guerrier de l'ancien temps apparait à cette époque. Mais globalement il était satisfait de ses progrès.

"Et bien si l'on omet les dizaines de choses que je continue à découvrir chaque jour, oui je pense m'en sortir. Je travail, je suis logé, et quelqu'un m'aide à découvrir ce monde petit à petit. C'est une Seraph qui m'aide, Samantha, peut-être la connaissez-vous."

  Il avait sorti son nom facilement. Peut-être que la femme devant lui mentait, mais il pensait pouvoir lui faire confiance. Après tout il lui devait déjà probablement la vie, et elle semblait parfaitement sympathique.

L'histoire que le chevalier raconte ne semble pas choquer son interlocutrice outre mesure. Il trouve ça plutôt rassurant au final, c'est donc qu'on ne le considérera pas comme un tueur si il vient à rejoindre en effet les Seraphs. Puisqu'il avait tué l'homme avant de devenir Seraph on aurait pu ne pas lui faire confiance.

  Il et Elle. Il leva un regard étonné, avant de comprendre ce qu'elle voulait dire. La médecine permettait peut-être de savoir ce genre d'information, à l'époque on croyait uniquement aux druides pour la divination. Il pensa à donner une deuxième félicitation, mais ce serait un peu trop, pas besoin non plus d’exagérer la chose.

  Elle a donc entendu le nom de Samantha, bien qu'elle ne la connaisse pas personnellement. Il nota ça dans un coin de sa tête. Il y avait donc peu de chance si c'était vrai qu'elle fasse parti des ennemis internes de Samantha. Mais elle a raison, c'est un soutient parfait que Diarmuid avait trouvé en elle, même si il ne parlera pas du serment qu'il avait passé, et de son idée de volonté des Dieux qui l'avaient mis sur son chemin, et pas l'inverse.

  Ce dont elle parle ensuite lui fait écho à sa prudence habituelle. Ne pas parler de tout ce qui concerne le monde magique, c'est ce qu'il s'était dit de toute façon. Et même à ceux qui en font partie, éviter de donner trop d'informations.

"J'évite d'en parler ne vous inquiétez pas. J'ai connu ma part de guerre et de trahison à mon époque. Vous me semblez simplement digne de confiance, et puis vous m'avez sauvé la vie, ça vaut bien une discussion honnête."

  Naoto lui propose ensuite de répondre à ses questions, puisqu'il venait finalement d'entrer dans le monde magique. Il est vrai qu'il avait quelques interrogations sur ce qui déterminait leurs pouvoirs, leurs armes, leurs forces, et ce qui leur permettait de tuer les Ombres. Mais d'abord une première question.

"Comment est-il possible que tout ce qui concerne ce monde magique reste secret, alors que pour tuer ces mauvais esprits vous devez les affronter ? Pour les humains normaux vous tapez dans le vide, mais cela paraitrait bizarre de voir tant de gens devenir fous."

  Dire ça lui rappela le moment où Samantha l'avait sauvé. Elle avait frappé de ses deux mains le vent juste devant un mur... Enfin un mauvais esprit, mais pour lui à ce moment il ne voyait que de l'air, et il lui avait d'ailleurs fait la remarque.

Un petit remerciement pour ce qu'il venait de dire, et le chevalier fit un léger signe de tête pour montrer que ce n'était rien, simplement une légère vérité. Mais la réponse à sa question l’intéresse beaucoup plus, Samantha ne lui avait pas parlé de ces fameux "Kekkaï", mais la démonstration lui fait tendre un peu ses muscles. Il n'aimait pas la sensation d'être enfermé dans cette chose, même avec quelqu'un de confiance. Peut-être un reste de ses années passées à fuir ?

  Ça ne l’empêche pas d'entendre attentivement ce qu'elle lui explique, la partie sur les humains pour qui la barrière n'existe même pas. Et le fait que celui qui le crée, contrôle les allés et venus, partie qui ne le rend pas plus sécurisé dans cette dimension.

  L'apparition soudaine de l'arme le fait poser un genou au sol, prêt à se relever. Avant de se calmer et se rassoir, voyant que l'endroit visé était simplement un arbre, qui tombe peu de temps après. Il comprit rapidement que cette arme était l'une de ces fameuses armes à feu. Il en a entendu parler depuis qu'il est revenu d'entre les morts, mais le Celte en voit maintenant une pour la première fois. Projectile petit et très rapide, c'est tout ce qu'il retint de cette démonstration. Excepté l'explication qui suit sur le Kekkaï. La voir se blesser légèrement ne l'inquiète pas vraiment, il comprit que cela faisait également parti de la démonstration, sans vraiment comprendre l'intérêt dans l’immédiat.

  Pour finalement voir la différence entre ce qui ressort dans son ancien état, et ce qui ressort dans l'état dans lequel il était dans le Kekkaï. Ça explique encore mieux la discrétion des contractants.

"Que se passe t-il si la personne qui crée cette barrière meurt dedans ? Toutes les personnes entrainées dedans reste t-elle bloquées, ou bien la barrière disparait, laissant apparaitre un corps sans vie au milieu de notre monde ?"

  Il a bien comprit que c'était un monde de guerre, et que donc les combats entre les guerriers blanc, et les guerriers noirs se déroulaient dans ses Kekkaï, que ce soit par surprise ou dans un duel. Mais si un cadavre venait à apparaitre au milieu de la rue, ça remettait en question la discrétion de ce monde à nouveau, tandis que rester bloquer dans un Kekkaï voulait dire qu'il était dangereux d'affronter quelqu'un dedans.

"Et peut-on forcer l'entrée ou la sortie dans ce Kekkaï ?"

  Ça aussi c'était une question importante. Si il était possible de fuir malgré le désaccord du créateur, ça pouvait donc permettre les combats sans problèmes, ou bien de survivre si on est enfermé avec quelqu'un de plus fort.

Donc inconscience et mort force la barrière à disparaitre. Et ensuite, chacun pouvait soit tenter de fuir, soit ouvrir un nouveau Kekkaï pour être maître de la zone de combat, au risque de voir les feux se concentrer sur lui. Concentrer par sa réflexion, le Celte ne vit pas la mine chagrinée de son interlocutrice, jusqu'à ce qu'il pose une nouvelle question, qui la sortit de ses souvenirs et de ses pensées. Il préféra ne pas poser de question sur ce qu'elle avait pu vivre, dans cette guerre elle avait dû connaitre sa part de morts. Au moins maintenant elle allait connaitre la vie également se disait-il.

  Alors il se contenta d'écouter la réponse, qui lui semble étrange. Pas moyen donc de forcer une entrée ou une sortie dans cette barrière, à moins que l'un soit débutant et l'autre expérimenté... Donc si on était le débutant et qu'on se retrouve bloqué avec un expert, il ne reste plus qu'à attendre la mort ? L'idée déplaisait fortement au chevalier, car cela bafouait un peu son code d'honneur, bien qu'en temps de guerre il soit de toute façon souvent mit à la trappe.

  Quand à forcer le créateur a la révoquer, si on était la proie, il semble difficile d'y arriver, et une fois la barrière fermée, il serait parfois plus avantageux de partir en retraite que de continuer le combat en inversant potentiellement les rôles.

"Après, cela reste une guerre alors... malheureusement, tous les coups sont permis, même les plus bas. Mais cela devait déjà exister à votre époque, non?"

  Tout comme elle il y a quelques minutes, lui aussi avait sa part de souvenir en effet. Les coups bas, les traitrises, la fuite... Et Finn et sa dernière partie de chasse. Se rendant compte du blanc qu'il laisse installer en recherchant tous ces moments dans sa mémoire, il reprit donc.

"Oui, on peut dire que dans ma vie précédente j'ai connu ma part de jeux de trahison, surtout quand elle se termine justement par cela."

  Il laissa un simple sourire forcé aux coins de ses lèvres. Il n'avait toujours pas de regrets vis-à-vis de son premier passage sur cette Terre, si ce n'est de ne pas avoir eu d'enfants avec Graïnne, comme semblait le lui rappeler l'apparition de cette femme enceinte. Il essaya donc de recentrer la discussion sur ces fameux pouvoirs.

"Qu'en est-il de votre arme, est-il possible d'invoquer une arme différente à chaque fois ? Ou bien dépend-elle de la personne ?"

  Puisqu'il avait déjà décidé de rejoindre ce monde magique désormais, autant savoir si il allait pouvoir choisir son arme, ou bien si ce serait aléatoire, ou son âme qui déciderait pour lui.

Naoto ne connaissait rien de l'histoire de Diarmuid, et ça ne le surprit pas. Il savait qu'il était dans un tout autre pays que le sien, et que de l'eau avait coulé sous les ponts depuis sa mort. Même les plus grandes légendes finissent par s’éclipser, alors la sienne ce n'était pas étonnant. Mais il ne la racontera pas si ce n'est pas demandé, sa vie avait beau ne pas avoir duré excessivement longtemps, il s'était passé suffisamment de chose pour que ce soit trop long à raconter à tout le monde.

  La discussion recentrée sur les armes des contractants, la jeune femme explique rapidement que chaque arme représentait en soi ce que nous étions, il n'y avait donc pas de choix, ni de changement possible. A part des amélioration qu'elle image avec sa propre arme, l'invoquant dans sa forme qu'elle avait il y a quelques minutes, puis la transformant, l'agrandissant un peu. Il retint l'histoire de l'énergie des armes à projectiles, et le fait qu'il fallait de toute façon de l'énergie pour manipuler son arme.

  En même temps qu'elle révoque son arme, le chevalier tend ses paumes devant lui, s'imaginant tenir ses lances de l'époque. Refermant ses mains dans un diamètre qu'il connaissait encore par cœur, il poussa un léger soupir. Si tous ces gens avaient ces fameuses armes à feu, il se demandait bien comment il pourrait rivaliser avec les armes de son époque. Dans un second soupir, un peu plus long, il reposa ses mains sur ses jambes, toujours assis sur ses genoux.

"Que pensez vous de cette guerre entre les deux camps ?"

  La question était directe, et elle ne l'aura surement pas vu venir. Mais il pensait que c'était important de se renseigner, même si elle doutera surement de l'intérêt d'en parler à un humain, ou de la sécurité.

"Je comprendrai que vous ne me disiez rien sur votre avis, mais je vais devoir bientôt me lancer dans une nouvelle guerre, et j'aimerai autant en savoir un maximum. Certains sont visiblement contre cette guerre, mais d'autres l'alimentent, pourquoi ?"

  Il recadrait un peu la question, ici la femme pourra parler de ces éléments sans donner son avis si elle ne le souhaite pas, cela lui permettra toujours de savoir pourquoi ces combats. Cela lui paraissait étrange que ces gens combattent les uns contre les autres pour une simple couleur de chat. Y sont-ils obligés suite à leur contrat ? Ou bien une simple soif de combat ?

"Que chacun peut y trouver ses propres raisons pour la partager comme la refuser..."

  Au moins c'était une réponse directe, se disait Diarmuid. Tout le monde a son avis sur cette guerre, et tout le monde essaye de sortir son épingle du jeu donc. Ça ne plaisait pas vraiment au Celte, ça voulait donc dire que les objectifs de Samantha risquait d'être... compliqués, à accomplir. Et par compliqué il pensait surtout extrêmement dangereux.

  Ceci dit ce que Naoto disait le rassurait un peu. Elle ne semblait pas portée sur la guerre, même si elle devait peut-être combattre pour sa survie et peut-être si son chef lui ordonnait. En tout cas elle lui fait part de pas mal de choses, et il était heureux de trouver à nouveau un personne encline à discuter et à lui partager ses informations. Ici ce n'était pas vraiment sur le monde moderne, mais c'était tout de même sur un monde qu'il allait bientôt rejoindre, tout comme cette époque il y a quelques mois.

  Certains se battaient donc pour garder leurs pouvoirs... Pourtant il y a quelque chose qui paraissait illogique dans ce qui venait d'être raconter au soldat. Même si il pouvait se tromper.

"Au risque de paraitre pragmatique. Si les Ombres sont issus des émotions négatives, ne peut-on pas considérer qu'elles sont infinies ?"

  Mais avec ce qu'elle rajoute après, il y a autre chose a prendre en compte. Si en effet il faut que les deux camps survivent, c'était au final très simple. Peu importe le nombre de morts dans un camp, il suffisait aux deux créatures à l'origine, de recruter de nouveaux humains. La balance entre humains et contractants semblaient de toute façon incapable de trop glisser vers le côté contractants. Alors les chats auront toujours de la chair nouvelle pour combattre et gagner leur fameuse énergie.

  Le chevalier restait pensif toujours sur les genoux. Il comptait toujours devenir Seraphs si tout se passait bien, mais il réfléchissait déjà à ce que cette guerre allait être pour lui, et à comment aider Samantha dans son but. Mais même avec les informations que lui fournissait cette femme, il était difficile de juger quoi faire à l'aveugle.

La discussion pouvait presque partir sur de la philosophie. Les sentiments et les émotions que les humains ressentent, et leurs liens avec les Ombres. Mais ce genre de question n'était pas pour le Celte, elles étaient laissées aux druides, pas aux guerriers et soldats. Surtout quand il n'était même pas encore un contractants, et que tester ces théories serait de toute façon impossible à ses yeux.

  Mais la suite lui donne encore plus l'envie de participer à ces combats. Des Ombres plus ou moins fortes, de quoi réveiller sa soif de combat, de défis. Il avait beau apprécier tout ce qu'il découvrait depuis qu'il était revenu d'entre les morts, il lui manquait encore un exutoire. Les cours de combats qu'il fournissait à la jeune noble du nom d'Alice lui avait permis de se détendre, et d'en profiter pour calmer cette soif, il lui manquait encore le frisson d'un vrai combat, des combats à mort.

  Même la question de leur évolution ne l'intéressait plus vraiment quand il pensait aux combats qui l'attendaient. Se faire poursuivre il y a quelques minutes avait beau être dangereux, cela avait réveillé une bonne part d'adrénaline, qu'il avait ressenti pendant sept longues années de fuite avec Graïnne, son corps y était dépendant depuis bien longtemps, et 1700 ans plus tard, ça semblait toujours être le cas.

"Toutes ces choses ont l'air compliquées, mais les chats ne vous fournissent pas d'information là-dessus ? Ils vous laissent combattre sans même vous donner de raisons en lesquelles vous pouvez croire ?"

  Visiblement ils n'étaient pas très bavard, et ne fournissaient les informations que lorsqu'on les demandaient. Pourtant, personne n'aurait posé les questions à ce sujet ? Ou bien ils refusent de répondre, préférant entretenir la guerre grâce à l'ignorance de leurs soldats. Une technique bien connu de l'époque, on entretient la haine, ou une raison d'aller combattre, en cachant de bonnes raisons de tenter une paix ou un cesser le feu. Le monde était finalement bien loin d'avoir changé dans le fond.

Parler par énigmes... Oui ça leur ressemble bien se dit Diarmuid. Les paroles de Bey le soir où il a tenté de le recruter était souvent pleine de sous-entendus. Mais la deuxième proposition de Naoto semble la plus proche de la vérité. Cacher des informations était le nerf de la guerre, même envers ses "alliés", cela permettait de tout contrôler au mieux... Tant que les mensonges ou les cachoteries n'étaient pas révélées ou découvertes au mauvais moment. Mais avec des chats qui apparaissent et disparaissent à volonté, tout doit aller selon leurs plans.

  Pour la suite oui, le Celte avait bien comprit que le but premier des chats était leur propre intérêt. Le noir ne semble pas avoir compris en quoi le ramener à la vie avait été vu comme une insulte, ou en tout cas un déshonneur.

  Condamné à les rejoindre... Le chevalier avait déjà décidé de rejoindre un camp avant que le noir n'apparaisse, cela va juste précipiter les choses. Mais il imagine facilement comment des gens qui n'ont rien à voir avec cette histoire peuvent voir leur vie chamboulée par ce vœu et cette guerre.

"J'avais déjà décidé de participer, avant que le noir n'apparaisse devant moi. Donc pour moi ce n'est pas vraiment une condamnation. Mais je comprend que certains peuvent voir leur vie changer à jamais, et j'ai du mal à comprendre comment les chats choisissent leurs soldats."

  Si ils peuvent lire dans la tête des gens, peut-être devraient-ils revoir les personnes devant qui ils apparaissent. Certains attendent surement avec envie que ce genre de vœu puisse leur tomber dans les mains, alors que d'autres cherchent peut-être simplement le calme, que la vision des Ombre viendra forcément troubler.

"Faites-vous partie de ceux qui auraient préférés ne jamais croiser la route de ces créatures ?"

  La question était surement déplacée, mais il ne s'en rendait absolument pas compte.

Le Celte fut d'abord heureux du compliment sur la sagesse. C'était une valeur très appréciée à son époque, et souvent la plus compliquée à obtenir. Mais il n’empêcha pas un léger pouffe de rire de sortir, en entendant la "fierté" des siens. Oui, c'était sans doute vrai, si on omet les seize années de fuite.

  Les chats voyaient donc des choses que les humains ne voyaient pas. Un "potentiel"... Oui, peut-être qu'ils pouvaient voir ce genre de chose et tentaient donc de faire changer d'avis à ceux qui ne voulaient pas les rejoindre. Et dans le pire des cas, une fois capable de voir ces mauvais esprits, ils étaient obligés de faire un vœu si ils ne souhaitaient pas écourter leur vie, alors les deux créatures y étaient gagnant.

  Oui ? Non ? Un peu des deux ? Difficile d'imaginer ce qu'il y avait dans la tête de cette femme lors du vœu. Il comprenait bien que ce genre d'évènement pouvait être compliqué à analyser, même pour soi-même. La suite surprit un peu le Chevalier. Globalement son vœu l'a déçue, ou en tout cas n'a pas été aussi bénéfique qu'elle le souhaitait. Mais au final, elle a pu devenir celle qu'elle est maintenant grâce à tout ces évènements. Il était difficile d'imager ce qu'elle disait.

"Je ne comprend pas parfaitement ce qui a pu vous mener jusqu'ici, mais vous semblez vous en être bien sortie, et être devenue une très bonne personne. Peut-être plus sage que vous ne le pensez."

  Il sourit au fait de réutiliser le compliment qu'elle lui avait fait il y a peu. Mais à sa façon de parler, elle était surement bien plus forte qu'il ne l'avait pensé au début. Une force intérieur en tout cas, elle était capable de réfléchir à ce qu'elle voulait, ce qu'elle veut maintenant, et aux évènements qui l'avait changée. Porter une sorte de point de vue extérieur sur sa propre vie n'est pas chose aisée.

"Peut-être avez vous été naïve, mais c'est en partie ce qui a fait de vous ce que vous êtes maintenant. Et vous semblez être une personne qui peut être fière d'elle-même."

  Il pensait ce qu'il disait, il lui avait fallut peu de temps pour considérer cette femme comme une personne de valeur.

Pas se permettre d'erreur ? Le chevalier ne voyait que trop bien ce qu'elle voulait dire. Il avait côtoyé Finn pendant des années, et ses erreurs à lui coutaient la vie à son peuple ou à ses armées. Ou bien les emmenait vers le malheurs. Mais c'était des erreurs faites par un chef, pas par une contractante d'un chat magique.

"Le tout est de regarder en arrière, et de se dire qu'on a fait les meilleurs choix, avec les informations qu'on avait à ce moment. Je suis mort déjà une fois, c'est un fait. Mais en regardant mon ancienne vie, je me dis que j'aurais pu faire de meilleures choses... Si j'avais su ce qu'il se passerait. Hors il m'était impossible de connaitre l'avenir de mes actions."

  D'un autre côté, les Celtes vieux de 1700 ans n'avaient pas peur de la mort. A cette époque ils seraient peut-être vu comme des fanatiques, mais de son temps, c'était simplement leur vision de la mort, et de ce qu'ils trouvaient après.

  Pour ce qui est d'autres questions, il pensait avoir fait le tour. Le reste était plus des questions inutiles qui ne l'avanceraient pas dans son choix.

"Non, je pense avoir fait le tour. Le reste je l'apprendrai surement dans l'action, c'est ce qui m'ira le mieux je pense."

  Il se releva tranquillement après cela. Les questions étant finies, il pensait à rentrer, il n'avait pas médité comme prévu, mais la discussion avait été intéressante, et il n'aurait pas besoin de parler à ses Dieux pour le moment. Certains y verraient le hasard dans la rencontre de cette femme, lui y voit un nouveau signe. Il ferait son vœu au chat blanc.

"Je vais rentrer maintenant. Et vous ? Peut-être souhaitez vous rester encore ? Sinon je peux vous accompagner jusqu'à la ville."

Le fameux débat du "est-ce que j'aurais pu mieux agir ?", cette femme était en plein dedans. Les enseignements du passé, mais les erreurs qui suivent tout de même. Il est difficile de ne pas se dire après coup, qu'on aurait pu penser aux suites de nos actions, mais c'est plus facile de dire ça une fois que cela faisait parti de notre passé.

Finalement elle n'était pas venue à pied, ou pas complètement, ce qui était logique, mais il avait encore du mal à prévoir ce genre de moyen de locomotion qu'était la voiture. On pouvait vraiment aller presque n'importe où avec, c'était assez impressionnant.

"Je vous remercie aussi pour les réponses et pour la discussion. Bon courage pour la suite également. Faites attention à vous."

Il parlait également des petits qui occupaient déjà une grande place dans la vie de cette femme. Et une fois les salutations faites, il repartie par le même chemin qu'à l'aller, priant pour que les Ombres soit souvent seules, sinon il devrait encore fuir et espérer croiser un autre contractant. Chose hasardeuse, et il détestait miser sur la chance.