Ma vie avait grandement changée depuis le jours où j'avais rencontrée ce satané chat noir. J'étais devenu un Nephil. J'avais acquérit des pouvoirs, une arme ainsi que des connaissances qui dépassaient de loin mon entendement. Seulement, il y avait une chose qui était restée immuable durant tout ce temps : Glen. Ce vieillard prenait toujours un malin plaisir à me faire tourner en bourrique. Les petits travails pour lesquels il m'engageait représentaient pour sûr le moyen de faire rentrer de l'argent le plus efficace que je connaisse, mais ses traitements étaient tout sauf agréables. Ses payements, aussi généreux soient-ils, ne pouvaient couvrir ses manières à traiter tout ses employées comme des sous-fifres dont il pouvait disposer en claquant des doigts. Surtout qu'il ne ratait jamais une occasion pour me rappeller à quel point la vie humaine était fragile.

La peur était certainement l'énérgie motrice avec laquelle il avait pris l'habitude de motiver ses troupes. Mais moi, cela ne faisait que m'irriter, me mener à bout. Cela me donnait juste envie de tout laisser tomber afin de le décrédibiliser, lui ainsi que son foutu bras droit, Jake. Mais, il fallait croire que je tenais encore assez à la vie pour ne pas le faire. Après tout, j'avais beau râler, je savais bien que je n'avais aucune chance de survivre en lui tenant tête. Lui, il avait toute une organisation pour le soutenir, et moi, personne. Ah oui, il y avait cet allié qui voulait m'aider. Russel, qu'il s'appellait. Je me demande ce qu'est devenu ce type. Il y a deux mois de cela, il était partit chercher des documents chez les flics dans le but démonter le groupe de Glen, et depuis plus rien. Sûrement mort, le gars. Je devrais aller visiter sa tombe un de ces quatre.

Le jours où je n'aurais plus les yeux de Glen dans mon dos, peut-être.

D'ailleurs, ma mission du jours m'avait également été confiée par ce bon vieux Glen. Ah quel homme, ce Glen ! Pour penser à moi même avec l'arivée de Noel. On sentait tout l'amour qu'il portait à l'égard de son petit chouchou !

Un légèr soupire m'échappait tandis que mon regard zyeutait rapidement le café dans lequel je venais de pénétrer. Vu le froid qu'il y avait dehors, ma cible devait sûrement m'attendre à l'intérieur, comme tout les autres clients de l'établissement d'ailleurs. Il ne me fallut pas beaucoups de temps pour le retrouver. Il avait pris l'initiative de s'installer dans un coin visible, sûrement pour que je puisse rapidement le retrouver.

D'un mouvement agile, je sortis la photo qui était logée au fond des poches de ma veste jaune pour comparer la tête qui y était déssinée avec celle de cet homme. Oui, c'était bien lui.

Les traits faciaux étant similaires, je rangeais aussi tôt l'image dans sa cachette pour me rapprocher nonchalamment du vieux professeur. Avant d'arriver ici, Jake m'avait un peu briefé au sujet du bonhomme, histoire de ne pas avoir à perdre trop de temps dans les présentations et pouvoir passer rapidement au sujet principale. Soit : le recrutement de cet homme dans la petite escouade de chimiste de Glen.

« Mike Law. Ravi de vous rencontrer, professeur Veroth. »

Le ton neutre, le regard fatigué et les doigts gelées. Je tendis calmement ma main droite dans sa direction dans l'espoir d'échanger une poignée de main avec lui. Histoire que nous puissions commencer notre entretien du bon pied.

Un petit sourire amical se dessinait sur mes lèvres, tandis que j'échangeais une poignée de main avec mon interlocuteur. A première vue, il semblait être plutôt du genre raisonnable. Honnêtement, je ne m'y attendais pas du tout en venant ici. Lorsqu'il s'agissait de représenter Glen, j'avais plutôt pris l'habitude d'être traité soit en paria, soit en monstre. Pas en tant que quelqu'un à qui on pouvait faire suffisament confiance pour lui serrer la main. Cela me changeait beaucoups. Veillons à ce que l'atmosphère reste aussi légère qu'elle l'est maintenant.

Suivant l'invitation de mon hôte, je m'installais sur la chaise qui était en face de la sienne tout en lui laissant le loisir de lancer le débat. Je devais tout d'abord savoir qu'elle était son point de vue sur la situation. Jake ne m'avait rien dit au sujet de sa personnalité, ni de ses motivations. Alors, j'allais devoir apprendre à le connaître sur le tas, tout en évitant de marcher sur des mines avant que l'affaire ne soit conclue.

« Avant cela, vous travailliez pour Katherine Beauchamps. Puis-je vous demander si l'offre qu'elle vous avait fait par le passé vous a satisfait ? »

Si la réponse était un oui, alors nous devrions bien nous entendre tout les deux. Sinon, il allait falloir suivre une autre voie afin de répondre à ses attentes. J'espérais juste qu'il n'allait pas renier son ancienne affiliation à elle. Au quel cas, notre discussion n'allait pas s'envoler très loin.

Si Jake m'avait prévenu que le professeur Veroth se faisait menacer par Katherine, alors peut-être aurais-je pu éviter de poser des questions stupides comme celles-ci et passer directement au coeur de notre affaire. J'aurais également pu préparer un bien meilleur plan d'approche, au lieu de venir lui causer à l'aveugle. Sérieusement, comment est-ce que je suis supposé le convaincre de me suivre jusqu'à la planque de Glen en ayant si peu d'information à son sujet ?

« Aucune idée. Je ne travail pas pour Katherine, alors je ne suis sûr de rien au sujet de son sort. Par contre, il y a des rumeurs qui circulent au sujet de sa mort, ou de son emprisonnement. Quelle que soit la vérité, Katherine n'est plus là. Pour le meilleur, comme pour le pire. »

Les flics n'avaient toujours rien communiqués à ce sujet jusqu'à maintenant. Mais, mon petit doigt me dit que cela ne va pas tarder à arriver. Il était impossible pour eux de cacher éternellement des informations concernant une personne aussi influente que l'était Katherine, une baronne de la drogue doublée d'une fournisseuse d'arme international. Leur silence avait sûrement d'éviter de créer une agitation inutile dans le milieu des gangs. Après tout, dès que la nouvelle sera officialisée, les chacales se jeterons instantanément sur les restes du groupe de Katherine. Ce qui a déjà été entamé, mais qui en moins pire que cela aurais pu l'être.

« Avant que vous ne me posiez la question : Mon employeur souhaite seulement discuter avec vous. Deux-trois mots, rien de plus, ne vous inquiétez pas. Cependant, il n'est pas du genre à cotoyer les lieux publiques. Alors, il souhaiterait échanger avec vous dans un endroit plus calme, si cela ne vous dérange pas. Alors, j'apprécierais que vous acceptiez de me suivre, s'il-vous-plait. »

J'étais bien conscient qu'il n'y avait pratiquement aucune chance à ce qu'il accepte de me suivre aussi facilement que cela. Mais, vu son air civilisé, je me devais d'au moins essayer la manière douce avec lui. C'est donc dans cette optique-là que j'ai gardé ma voix dans les tons bas, avant de me taire une fois que mon invitation avait été envoyée. Sa réponse allait certainement orienter l'attitude que j'allais employer avec lui lors la suite de notre échange.

La réponse du professeur Veroth s'était faite bien plus calme et posée que ce à quoi je m'attendais, et c'était tant mieux. Son refus de me suivre était prévisible, ainsi que compréhensible. Cela aurait été même étrange s'il avait accepté de le faire dans de telles conditions. Ce n'était que maintenant que mon travail allait véritablement commencer. Grace à sa réponse calme, j'allais encore pouvoir tenter de le persuader de me faire confiance en toute civilité. Et sincérement, je préférais encore cela plutôt que d'avoir à jouer la carte de la menace. Que je réservais aux brutes et aux malotrus.

Je devais donc essayer de le convaincre que travailler avec Glen n'avait absolument rien avoir avec ce qu'il faisait auparavant avec Katherine. Que contrairement à son ancienne affaire avec elle, il avait tout à gagner et rien à perdre en se joignant à l'organisation de Glen.

« Monsieur Veroth. Vous devez savoir que le fait que mon employeur souhaite vous rencontrer en personne signifie qu'il a quelque chose de très important à vous transmettre. Quelque chose que ni vous ni lui, ne voulez voir atterrir entre de mauvaises mains. Sachez qu'elle est là : la confiance ! Voyez en cette invitation... Non, voyez en le fait que ce soit moi qui se tient devant vous et non pas une brute qui vous tient par le col, un signe de confiance. De la confiance en votre sens des affaires, monsieur Veroth. Oubliez tout ce que vous a montré madame beauchamps de ce millieu par le passé. Nous somme différents d'elle. Nous savons coire et avoir confiance en nos partenaires. Venez avec moi, monsieur Veroth. Et si jamais vous n'aimez pas ce que vous entendez, alors vous n'aurez qu'à tout simplement oublier le tout et faire comme si de rien ne s'était passé. »

On pouvait dire que j'avais tout donné dans mon petit monologue. J'aurais peut-être également dû lui parler du fait que lui même n'aimerait pas qu'on le voit entrain de discuter avec un des plus importants baron de drogue de la ville, mais cela n'aurait pas allé en accord avec l'image que je souhaitais lui donner de nos affaire. Une image utopique, d'une vie où l'or coule à flot et où les inquiétudes s'écroulent sous nos pas. La voilà l'image que je voulais lui transmettre. Après, à savoir s'il l'entend de la même façon que moi était encore à vérifier.

Eh bien, eh bien. Moi qui croyais que l'affaire allait être réglée sans accro, je me suis lourdement trompé. Maintenant, la partie que je détéstais le plus dans ce métier était sur le point commencer. J'allais devoir lui faire comprendre à qui il avait affaire, ainsi que dans quelle position il se trouvait. Soit, pas dans une position où il pouvait refuser cette offre.

C'était vraiment triste qu'il n'ait pas pu s'en rendre compte tout seul.

« Est-ce vraiment la réponse que vous souhaitez que je leurs fasse passer, professeur Veroth ? »

Le regard grave, le ton neutre, je lui laisse une toute dernière chance de se rattraper, sans vraiment y croire. Pas du tout, même. C'était simplement par politesse envers lui.

Je soupire par la suite, en portant un regard las sur la table qui me séparait de lui. Après quoi, je me penche très légèrement vers l'avant afin d'aller chercher le petit téléphone portable qui était logé dans la poche arrière de mon pantalon. Je dépose ce dernier délicatement sur cette même table ronde qui était devant moi, bien visible aux yeux de mon interlocuteur avant de finalement reprendre la parole.

Mon regard ne change pas. Par contre, mon ton, lui, n'a plus rien avoir avec le ton curtois que j'employais avec lui quelques minutes plutôt. De la froideur s'en était emparé, sans pour autant devenir agressif, ma voix n'était plus du tout sympathique..

« Ce téléphone va sonner d'ici quinze minute. Et la personne se trouvant à l'autre bout du fil, s'attendra à ce que je lui demande où sera organisée la rencontre avec le patron. Autant vous dire que la dernière chose qu'il s'attendra à ce que je lui dise est : Rangez-tout, la rencontre est annulée. Réflechissez-bien, Professeur Veroth. Moi, je ne suis qu'un intermédiaire, je ne fait que passer le message. Et si jamais le message que je leur fait passer ne leur plait pas, alors des têtes vont tomber. La votre, comme la mienne. »

Le professeur Veroth s'était finalement rendu compte des enjeux de la situation. Il avait accepté de me suivre là où Glen l'attendait sans faire d'histoire. J'aurais aimé avoir eu l'occasion de rester courtois avec lui tout au long de notre échange, mais parfois, il fallait savoir elever la voix pour se faire entendre. Voyons donc plutôt le bon côté des choses, je n'avais pas eu à proférer de menace à son encontre pour lui faire changer d'avis, c'était une victoire en soit. En omettant bien sûr le moment où je le menaçais de mort, mais ça, c'était un peu comme des salutations pour ces bons vieux gentlemen du cartel. Alors, ça ne comptait pas vraiment comme une menace à proprement parler.

Cependant, je me demandais si le fait d'avoir ma vie entre ses mains n'avait pas également joué un rôle dans son changement d'avis. Ou peut-être s'était-il dit qu'il n'avait rien à gagner en s'opposant à quelqu'un qui n'avait plus rien à perdre ? Je n'allait sûrement j'amais le savoir, et de toute façon ça ne m'importait nullement, du moment qu'il acceptait de me suivre jusqu'au lieu de la rencontre.

« En effet, une voiture nous attend au coin de la rue. Suivez moi, je vous prie. »

Sans plus attendre, je décollais de mon siége et ouvrait, à pas lent, la marche en direction de la porte de sortie. Donnant ouvertement du dos au professeur Veroth. Je ne voyais pas ce qu'il risquait de faire dans un lieu publique de toute façon, alors je ne m'en faisait pas vraiment de ce côté-là. Seulement, pour ce qui était des tentatives de fuites, je restais spécialement à l'affût du moindre bruit de pas qui ne serait pas harmonieux avec les miens. Et puis, je ne cachais pas que j'étais assez confiant pour ce qui était de rattrapper un vieux professeur de fac si on en venait à la course poursuite.

Mais, heureusement, rien de tel n'eut lieu, et nous étions arrivé bien vite devant la voiture passe-partout qui était conduite par un molosse ayant une sale gueule rappelant les oeuvres d'art moderne. Après un bref hochement de tête à l'attention du conducteur, j'ouvrais la porte arrière du véhicule, puis libérais le passage à mon compagnon du jour. Je lui adressais une nouvelle fois la parole afin de l'inviter à monter dans le véhicule, mais également pour m'assurer qu'il n'avait pas changé d'avis en cours de route.

« Monte, cette voiture nous mènera jusqu'au lieu de la rencontre. Et, un petit conseil, essaye de ne pas trop adresser la parole au conducteur. Il a la gachette facile. Les bras aussi. Surtout quand il conduit. »

Le professeur Veroth se montrait plutôt coopératif, ainsi qu'étrangement calme depuis notre départ de Nothing Hill Coffee. Pas la réaction à laquelle je m'attendais de la part d'un «simple» professeur de fac. Qui plus est, il semblerait qu'il avait témoigné du tempérament chaud des mauvaises graines de notre milieu, de la part de Beauchamps, rien que ça. Je me serais plus attendus à une réaction antipathique ou craintive de sa part. Au lieu de ça, il gardait simplement une expression immuable, la voix calme et le regard neutre. Même pas d'insulte, s'en était choquant.

Je gardais ma réflexion pour moi-même, laissant les sénario les plus tordus surgir à l'intérieur de mon esprit paranoïaque. Mais gardant espoir sur le fait que Glen savait ce qu'il faisait et qu'il allait tout faire pour que rien ne nous retombe sur la tête.

En réponse à la question du professeur Veroth, je ne pu m'empêcher de jouer un peu avec les mots.

« Les vitres sont en verre, alors que je te le dise ou non, tu finira bien par le découvrir par toi-même. Mais, je préfère te laisser la surprise. »

Je n'allais tout de même pas lui dire que je n'en savais rien, n'est-ce pas ? Cela aurait totalement zigouillé ma crédibilité en tant que messager du ô grand patron mafieux. Lui dire que mon cou était vulnérable en cas d'échec était déjà assez fort comme humiliation, inutile d'en rajouter une couche maintenant.

Quelques courtes minutes plus tard, voire même une petite poignée de secondes. La voiture s'arrêtait finalement dans le dos d'un immeuble de taille moyenne qui cachait dans son dos l'entrée d'un petit bar aux allures sobres. «La dinde mexicaine», déclarait fièrement le panneau violet qui se tenait au dessus de l'entrée.

« C'est ici qu'on descend. » Affirmais-je, confiant.

Je suivais donc aussitôt mes propres instructions en quittant la voiture. Puis, en jetant vaguement un coup d'oeil vers mes deux camarades de route, je remarquais que le premier était toujours resté aussi coopératif, tandis que le second était partie chercher son couvre-chef façon Indianna Jones dans le coffre et semblait être d'attaque pour rejoindre notre petit cortège.

Le regard de ce dernier se fit pressant à mon égard, m'invitant implicitement à ouvrir la marche. Ce que je fis sans faire d'histoire, sachant pertinement que c'était comme cela que ça devait se passer. A gauche de la petite entrée, se tenait un seul homme, vétu d'une chemise simple, moyennement baraqué et à peine plus grand que moi. (et infiniment plus petit que le chauffeur de la voiture). Une fois arrivé en face de l'individu, il ouvrit machinalement la porte d'une main, puis nous invita à l'emprunter d'une voix ferme.

Ce que je ne tarda pas à faire. Un dernier coup d'oeil vers l'arrière, me permit de voir le molosse de deux mètre entrain de grogner dans le dos du professeur Veroth, une façon délicate de sa part pour l'inviter à passer devant. Laissant le professeur entre les mains compétantes d'Indianna Jones. Je détourna mon regard devant moi afin de distinguer quelques tête familière et d'autre qui l'étaient beaucoups moins.

A droite, se trouvaient quatre hommes, les plus gaies de la salle, entrain de jouer une partie de billard dans la joie et la bonne humeur. A gauche, trois autres personnes étaient assis au bar, entrain de se saouler sans gêne en plein milieu de la journée. Et pour finir, devant moi, étaient installés sur une table ronde à la couleur noire, le cercle très fermé de Glen. Le siége situé à droite du vieil homme était occupé par un borgne vétu d'un style militaire bleu et d'un cache oeil noir à l'orbite droit. Tandis qu'à sa gauche, se trouvait un blond au corps svelte et à la chemise blanche simple, fumant à son aise, mais faisant particulièrement attention à ne pas gêner son supérieur avec la fumée. Et pour finir, dans son dos, se tenait un homme à la peau métisse vétu d'un sous-vêtement blanc et au crane passé au zéro qui semblait être la seule personne de la pièce à faire attention à notre présence.

« Tu as pris ton temps, Mike. »

« Ca fait à peine dix minutes, arrête de chercher la petite bête, Warren. »

« Alors, il est où notre nouveau scientifique ? »

Un coup d'oeil vers l'arrière était suffisant pour répondre à sa question. Si je continuais à lui parler, ça allait encore une fois finir en insulte, et je n'avais pas envie de faire dégéner les choses en la présence de Glen.

« Maintenant que votre homme est là, je suppose que vous n'avez plus besoin de moi dans les parages. Du coup, que direz-vous de... »

Laissant ma voix s'effacer sous l'intonation calme des boules de billards, je tourne très légèrement mon regard dans la direction depuis laquelle je venais d'entrer, sans m'y avancer pour autant. Leurs affaires m'importaient peu, et à vrai dire, moins j'en savais mieux je me portais. Cependant, je savais pertinemment que contrairement aux apparances, la sortie m'était tout autant défendue qu'elle l'était au vieux chimiste qui m'accompagnait.

L'homme au cache-oeil grogne. Il hausse distinctement son sourcil en me regardant, avant de porter son attention sur le visage du professeur Veroth.

« Monsieur Veroth, je vous en prie, asseyez-vous. Notre boss aimerait vous parler. »

La paume grande ouverte, le borgne use de sa main droite afin de diriger l'attention de son invité sur une chaise noire qui venait tout juste de se faire déposer près de leurs table, pile devant Glen.

« Mike. Va chercher un verre pour notre invité. »

Cette fois-ci, c'est à mon tour de lever le sourcil. C'est moi, ou ce petit con vient juste de me donner un ordre ? C'est qu'il se sent pousser des ailes en présence de papa, ce salaud. Bordel !

Avant de me diriger ves le bar, je prend une petite seconde pour glisser un mot à l'oreille du vieux Rekor.

« Désolé. Mais, peu importe ce à quoi tu t'attendais en venant ici. Maintenant, il va falloir jouer leur jeu. »

De l'ironie. C'était étrange. Voire même déplacé, au vu du milieu dans lequel se déroulait notre discussion. Je pouvais encore comprendre qu'il puisse en rire avant d'arriver ici. Mais là, il était carrément dans la gueule du loup et pourtant ça ne semblait lui faire ni chaud ni froid. Ce devait être l'effet Beauchamps. Il s'était sûrement habitué à se faire menacer de mort ou peut-être qu'il n'accordait tout simplement aucune importance à sa vie. A moins encore, qu'il n'aie un plan de secours pour se sortir de ce bourbier. Auquel cas, je serais intrigué de voir ça.

Pour l'heure, je me contentais tout simplement de hocher de la tête à son attention, puis de me faire oublier en me dirigeant vers le comptoir du bar. Un verre et pas plus.

Au moment où l'ex-chimiste s'installe sur sa chaise, le blond qui jouait avec sa ciragette depuis notre arrivée écrase silencieusement son mégot sur le cendrier qui était devant lui. Puis, calmement, il libére le siége sur la gauche du patron pour se déplacer lentement jusqu'à s'arrêter dans le dos du nouvel arrivant. Ne lui adressant aucun mot au passage, ni même un simple regard.

Les secondes se succèdent, puis une voix roque se fait enfin entendre. Celle du vieil homme qui avait la main posée sur sa canne. Celle de Glen.

« Bien le bonjour, Professeur. J'espère que notre petit détective ne vous a pas trop importuné lors de votre transport. C'est qu'il a la dérangeante manie de toujours se faufiler quand il s'agit de donner des réponses à nos questions. »

Un petit sourire indéchiffrable se déssine sur ses lèvres. Un petit sourire que je découvrais moi-même. D'habitude, je le voyais uniquement entrain de me hurler dessus de vive voix ou avec une tête stoic de psychopathe devant ses prisonniers d'un jour. Le voir comme ça était une nouveauté. Son expression zen faisait presque croire qu'on avait affaire à un simple vieil homme, comme les autres.

« Alors, dites-moi, Professeur. « Vos produits ». Si vous deviez leurs donner un prix. Lequel complairait à votre personne ? »

Un léger soupire se fait entendre dans le dos de Rekor. Un soupire mitigé, exprimant à la fois le soulagement et la déception de son propriétaire. Le borgne lève son regard dans cette direction-là. Puis, deux secondes plus tard, il redirige son attention ailleurs, criblant des yeux Mike, cette fois-ci. Ce dernier ne tarde pas à revenir vers la table avec un cocktail alcoolisé entre les doigts.

«  Et un verre pour monsieur ! Un ! »

J'examine rapidement l'expression des personnes qui étaient attablées devant moi afin d'évaluer la situation. Glen souriait de plus plus belle. Le professeur semblait arborer une expression sérieuse. Tandis que Jake, le borgne, me dévisageait avec hardeur.

« Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ? »

Glen frappe légèrement le sol avec sa canne à ce moment-là avant de reprendre la discussion là où ils l'avaient laissée.

« Nous sommes tous des hommes d'affaires ici, Professeur. Ce que nous voulons, c'est le profit et rien d'autre. Tout le reste importe peu. Faite ce vous savez faire de mieux. Et vous obtiendrez un prix plus que convenable pour vos services. »

Après quoi, il se tu. Probablement pour réflechir à ses prochains mots. Au cours de ce petit laps de temps, une main gantée vient m'agripper par le col pour me tirer rapidement vers le bas. Avant que je ne puisse me rendre compte de ce qui m'arrivait, l'expression haineuse de Jake envahissait déjà mon champs de vision.

« Assis-toi et ne fait pas de bruit. J'ai encore du travail pour toi. »

Le regard confus, je me fis éjecter en arrière. Deux trois pas plus tard, je repris ma contenance et me mis à évaluer les pour et les contres de la situation. Mais, bien vite, en voyant que Glen était sur le point de reprendre la parole, je me mis en direction du siège qui avait été préalablement libéré par Aiden -le blond- afin de m'y installer.

Le vieil homme n'avait toujours pas posé son regard sur moi. Et quand il fait ça, ce n'est jamais bon signe. Je devais me tenir à carreau.

« Pour ce qui est des termes de notres accord. Je laisserais votre assistant vous faire part des détails. Avec ses qualifications ainsi que les votres, je suis certain que vous pourez accomplir des miracles tout les deux. Pour l'heure, ce que vous devez savoir, c'est que vous aurez libre accés à nos laboratoires de recherche, de jour comme de nuit. Vous pouvez continuer à faire ce que vous faite en temps normal, tant que cela n'interfère pas avec nos affaires. Vous aurez des quota mensuel à remplir, et tant que vous ne faite pas d'histoire, personne ne viendra vous dire comment faire votre travail. D'ailleurs, vous n'aurez à rendre de compte à personne, ici, seuls les résultats comptent. Ce sera à vous seulement de décider de votre propre emploi du temps. De même, si cela vous amuse, vous pourrez disposer comme bon vous semble des deux hommes que je mettrais à votre disposition. Mike, ici présent, se chargera de régler vos petits soucis quotidiens. Sa bouche ne se ferme que très rarement, mais à part ça, il sait comment se rendre utile, croyez-moi... Et puis, il y a Fox, l'homme qui se tiens derrière vous, il sera votre assistant. Ce petit gars a un don. Je suis sûr qu'il vous plaira. »

La tête calée contre mon bras, je me contente d'écouter vaguement l'échange qui avait lieu entre ces pseudo hommes d'affaires. Je fixe mon regard sur le bar qui se trouvait dans le dos de Jake, puis je laisse mes pensées s'évader.

Glen affiche un sourire à moitié contenu, qu'il affiche à chaque fois que son interlocuteur prend la parole. Il continu à le jauger du regard avant de hocher brévement de la tête suite à son affirmation.

« Bien. Cela devrait faire l'affaire. Nous comptons sur vous, Professeur. Je sais que vous allez tenir votre parole, je n'en doute guère. »

Le chef de gang ferme paisiblement ses yeux en écoutant les plaintes voilées de son futur acolyte. Il n'hésite pas à afficher ouvertement son agacement d'un froncement de sourcil, qu'il fait disparaitre aussitôt qu'il rouvre les yeux.

« Veuillez m'excuser, Professeur. Mais, je vais devoir laisser votre assistant répondre à vos autres questions. Ne vous inquiètez surtout pas, il est très compétent dans son domaine. »

Son regard se déplace par la suite, se posant tout d'abord sur les traits fermes de Jake, puis sur mon visage somnolant, pour finalement s'arrêter sur l'expression agacée de Leon, l'indiana Jones des grattes-ciel. Le regard du patron exprime différentes émotions à l'attention de ses hommes de mains, respectivement : il fait signe au premier pour le suivre puis, il exprime son dépit face au second avant de finalement afficher un étrange regard malsin à l'attention du dernier. Ce n'est qu'une fois tout ces ordres émit que le vieil homme décide de quitter la table, saluant au passage son invité d'un signe de tête. Rapidement, le vieil homme se fait suivre par son bras droit, qui prend néanmoins le temps de passer un dernier message avant d'emboiter le pas.

« Mike. Ne fait pas ta pleurnicheuse cette fois-ci, s'il te plait. »

A moitié endormit, mon esprit parvient à peine à capter les derniers mots de son message. Mon regard le suit vaguement tandis qu'il quitte la pièce, mais ma bouche ne s'ouvre qu'une fois la porte reférmée derrière lui.

« Quoi ? »

Des échanges de regard et des messes basses ont lieu un peu partout dans la pièce. Confus, j'examinais l'expression de chaque personne se trouvant dans mon entourage dans l'espoir d'obtenir des réponses à mes questions, en vain.

A ce moment précis, j'entendis un soupir las sur ma gauche. En me retournant, ce fut la mine déconfite d'Aiden que je remarquais, le blond qui se tenait debout juste derrière le professeur Veroth était vraisemblablement entrain de s'installer sur le siège libérée par le borgne. Calmement, la paume de sa main droite vint exercer une certaine pression sur le bras gauche du professeur. Puis, venus de nul part, deux énormes poignes vinrent s'abattre sur ses épaules depuis l'arrière, bloquant le scientifique sur place.

La gorille de deux mètre grogne dans son dos, puis la voix douce du blond lui adresse la parole :

« Vous vous croyez plus intelligent que les autres, Rekor ?»

Aiden commence tout d'abord par relacher la prise qu'il exerçait sur le bras du professeur Rekor. Il l'écoute silencieusement, en le fixant du regard. Puis, lui répond d'une voix plus ferme, une fois s'être affalé contre le dos de son siège.

« Ce n'est qu'une chaise, l'ami. Et tu as tord d'essayer de t'en prendre à moi. Je voulais simplement t'aider à t'en sortir avec un minimum de douleur. Tu aurais dû t'excuser, au lieu de le traiter de con. »

Dans le dos du Professeur, la gorille grogne à nouveau avant de le pousser violemment en direction de la table ronde. Celle-ci se faisant renverser par le choc, je me retrouvais également emporté par elle, les jambes coincées sous son poids.

« Bordel ! Leon, qu'est-ce que tu fout ? »

Le géant au visage balafré ne prête pas grande attention à mes plaintes, se contentant de faire craquer ses phalanges, puis de pousser la chaise qui lui barait la route sur le côté avant de se diriger vers le vieux professeur, ou vers moi. J'avais beaucoups de mal à distinguer qui était la cible de ce bizutage.

« Le gros bras, comme vous l'appelez, est le grand frère de Jake, le propriétaire de cette chaise. Alors, croyez-moi, si j'étais envieux de sa position, ce serait la dernière personne à qui j'irais demander de l'aide. Maintenant, repentez-vous sur vos erreurs. Car, plus vous metterez de temps à les avouer, plus vos souffrances s'éterniseront. »

L'énorme silhouette de Leon s'arrêta finalement au pied du brun. Il vomit une dernière phrase avant de s'accroupir vers sa proie afin de l'empoigner par le col.

« Bridger. C'est le nom du gros-bras, ducon. »

Un coup d'oeil jeté vers l'arrière et un autre sur le côté, me permirent de constater que les autres membres du gang ne comptaient pas se joindre à la mêlée. Ils se contentaient simplement de nous fixer du regard depuis leurs positions respectives. Quatres gars autour du billard, et trois devant le comptoir.

C'était peut-être pour le mieux. Mais, cela n'égaillait en rien mon état d'âme. Rapidment, je tenta de pousser sur le côté le meuble en bois qui bloquait mes mouvements, en vain. Le corps du professeur Veroth était alongé par-dessus, ce qui rendait toute tentative de dégagement futile.

Une grimace exprimant mon incompréhension se dessina sur mon visage au moment où Aiden se mit à extérioriser ses pensées. Ce n'était pas vraiment son travail de porter assistance à Leon dans sa besogne. Et, à ma connaissance, ce n'était pas son genre de se soucier du sort des autres. Mais pourtant, il commençait à s'investir bien plus que nécessaire dans son échange avec Rekor.

« Mes excuses, je ne souhaitais nullement détourner le sens de vos paroles.... Mais, dites-moi, c'est facile, vous ne trouvez pas ? De demander pardon, je veux dire. Essayez pour voir, vous aussi. »

En voyant que Leon était entrain de porter le scientifique par le col, Aiden s'exclama d'une voix légèrement plus émotive que précédement, mais restant néanmoins bien installé sur son siège.

« Du calme, Leon ! Son travail nécessite de la précision, alors il vaut mieux éviter de l'amocher. »

Le géant tourna à peine son visage du côté du blond, puis pile à ce moement-là, je professeur Veroth eut l'idée de génie qu'était de foutre un coup de pied dans le genoux de son agresseur, faisant perdre son équilibre à ce dernier.

Comme transporté par une volonté commune, quatre chaises se firent ejecter vers l'arrière à ce moment précis, dont celle du blond qui s'était précipitement relevé pour regarder Rekor d'un regard choqué. Quatre autres silhouettes semblaient se mouvoir dans le côté droit de mon champs de vision. Suite à cela, le professeur décida d'envoyer un second coup de pied dans la table ronde qui bloquait mes mouvements, me permettant ainsi de me remettre sur pied et de reprendre contenance.

La confusion me fit grimacer d'avantage. Cet homme est définitivement stupide. Après s'être attiré des ennuis en agressant Leon, il se met maintenant me libérer moi, son ennemi. Ok, je ne sais pas à quoi il s'attend, mais j'espère vraiment qu'il finira par regrêter sa décision. Car, que cela se voye ou non, j'étais également un membre de leur gang, sans foi ni loi.

« Fuyez ! »

Le hurlemement d'Aiden m'extirpa de mes pensées, pile au moment où les septs silhouettes qui nous entouraient se mirent à foncer dans notre direction. Ma main aggripa rapidement celle du brun afin de le tirer vers moi. Courant sans pousser ma réflexion plus loin, dans la direction des toilettes et des escaliers, à l'opposé du bar.

Sachant à priori que les fenêtres des toilettes étaient barricadées, j'opta dans ma course pour l'autre option. Tirant derrière moi la source de mes problèmes et espérant pouvoir m'en débarasser dans le bureau de Jake.

A terre, Leon grognait quelques insultes tout en se remettant sur pied. Plus près, dans mon dos, les voix de nos poursuivants hurlaient mon nom de rage, alors qu'une petite minorité s'était arrêtée au niveau de leur mentor afin de l'aider à se relever. Aiden, lui, tentait de calmer les troupes en se mettant au travers de leur chemin, mais malheureusement, personne ne lui accordait de crédit.

Quelle idée, quand même ! De s'attaquer au type qui avait personellement entrainé la totalité des membres du gang, moi y compris. Ce scientifique devait certainement considérer Leon comme étant un vulgaire homme de mains, mais ce qu'il ne savait pas, c'est que cet homme de main était un peu la maman poule de tout ces grands garçons. Leur père spirituel ! L'homme qui se prenait les coups de fouet du boss à leur place. Leur rage était parfaitement compréhensible à mes yeux. Mais, je n'allais pas pour autant les laisser passer leur colère sur un innocent. D'autant plus que c'était de ma faute, s'il s'était retrouvé dans cette situation.

Puis, il y avait Aiden, aussi. Qui semblait vouloir le protéger. Je ne m'y attendais pas vraiment. Mais, même après avoir rejoint la bande de Glen, ce type avait toujours gardé une âme de héro au fond de lui. Moi qui pensait qu'il avait passé cet âge-là...

Au moment où ma silhouette fit un tour sur elle-même pour prendre les escaliers, la main de Rekor me glissa d'entre les doigts. Un rapide coup d'oeil vers l'arrière me permit de le voir s'enfoncer à l'intérieur des toilettes. Je grimaçe, mais je ne bouge plus.

La horde de mafieux pénêtre aussitôt la petite salle blanche, puis rapidement, le bruit d'une porte qui se fait fracasser parviens jusqu'à mes oreilles, en harmonie avec les insultes qui déferlaient toujours avec autant de ferveur. Après cela, plus rien. Le silence totale. Mon regard se tourne lentement vers l'endroit où Aiden et Leon devaient se tenir, mais je ne voyais rien de plus qu'une table défoncée à même le sol.

Ma langue se claque, puis je fais apparaître mon arbalète de chasse entre mes doigts. Le viseur pointé vers le sol. Le timing était beaucoup trop parfait pour que ce ne soit qu'une coincidence. J'avais beaucoups de mal à y croire, mais il n'y avait pas trente-huit solution. Rekor était un contractant.

Mon arme se pointe lentement vers la porte des toilettes, tandis que mes pieds descendaient lentement les quelques marches que j'avais préalablement monté.

« Sors de là. Les mains en l'air. »

La voix fébrile, le ton ni trop fort ni trop bas. Je tentais de calmer les battements de mon coeur, en espérant au fond de moi qu'aucun seraph n'allait me tomber dessus depuis mon angle mort.

C'était donc bien lui, le contractant : Rekor Veroth. Le fabriquant de meth avait, semblerait-il, une triple vie. Chapeau, l'artiste.

Ma seconde main vient lentement se poser contre la manche de mon arbalète, tandis que ma silhouette se mettait silencieument à couvert derrière les escaliers. Là où aucun de nous deux ne pouvait voir l'autre. N'ayant aucune idée du type d'arme qu'il utilisait, je devais me préparer à tout les sénario envisageables. Rester à couvert, au cas où il aurait une arme à distance et rester loin de sa portée dans le cas inverse.

« Bien sûr, l'ami ! Tu n'est pas assez stupide pour sortir les bras en l'air, mais tu l'est quand il est question de rester en vie. Sors de là, maintenant, où tu risque d'avoir de très mauvaises surprises ! »

Il se trouvait dans un territoire inconnu, mais ce n'était pas mon cas. Je devais mettre à profit mon avantage.

« Aiden et Leon parviendront bientôt de l'autre côté de ces murs, et si tu reste là-bas, tu te fera exploser comme une petite merde. Alors, arrête de faire le con et sort de là ! »

Raconter des histoires était ma spécialité, maintenant, il fallait juste espérer qu'il n'allait pas avoir dans l'idée de foncer dans le tas en usant ces fameux pouvoirs de contractants. Auquel cas, je ne risquais pas de faire long feu avec mes capacités qui se limitaient à parler à moi-même.

Pour le moment, la situation n'avait toujours pas dégénérée. Le professeur avait décidé de sortir de sa cachette et de faire la discussion avec moi. De là où j'étais, je pouvais facilement le voir entrain de zyeuter la pièce depuis l'entrée des toilettes. Il devait sûrement chercher du regard mes fameux acolytes. Si cette pause dure plus longtemps, il risque de commencer à se poser des questions. Je devais trouver une solution et vite !

Tout d'abord, qu'est-ce que je dois faire ? Le tuer ? Il était dangeureux, certe. Mais, je n'allais pas me mettre à penser comme ces pouritures de mafieux. Je ne vais quand même pas tuer quelqu'un juste parce qu'il représente une menace à mes yeux. Non. Mon but n'était définitivement pas de le tuer, mais seulement de m'assurer qu'il ne risquait pas de venir après moi plus tard. Conclusion, le combat était à éviter, sinon il risquait de devenir rancunier par la suite.

J'avais menti, en parlant d'Aiden et de Leon. Mais, ce n'était pas tout à fait un mensonge, dans le sens où j'avais bel et bien un allié sur lequel je pouvais compter en ce moment.

Accroupis et dos callé contre les escaliers, je décidais dare-dare d'activer mon pouvoir pour la première fois depuis le jour où je l'avais découvert.

« Eh, tu veux bien me donner un coup de main ? Dis-moi, c'est quoi son pouvoir ?  »

Faiblement, je murmurais mes questions à l'attention de la voix mystérieuse. Celle-ci me répond instantanément d'une voix inhumaine. Si je devais la décrire, je dirais qu'elle était roque et vieille. Mais, cela ne collait pas tout à fait à l'image qu'elle me laissait.

- Sur-humain, l'alchimiste est. Réflexe, force et guérison. Telles sont ses qualités.

Ok... En gros, c'est un monstre.

Tremblantes, mes deux mains se mettent hâtivement à charger mon arbalète de chasse. Après quoi, je tournais lentement mon visage dans la direction du professeur remarquant au passage les deux changements qu'il avait opéré sur son style vestimentaire. Un fusil de précision et des lunettes de soleil étaient venus compléter son accoutrement de guerrier du dimanche. Sans oublier les venules bleues qui vont avec. Bien évidemment, tout le monde sait que quand un contractant se bat, il a des vénules bleues qui apparaissent partout sur le corps.

Ok. Non, vraiment. C'est qui ce mec ?

« Ma marque ? Il en est hors de question. Je suis quelqu'un de très malchanceux, alors en général, j'évite de mettre ma vie entre les mains du destin. Et tu dois t'en douter, mais ton affiliation ne veux rien dire ici. Maintenant, tu as deux choix qui s'offrent à toi. Un, tu pose ton arme et on fait comme si de rien n'est arrivé. Et deux, tu dégage de là avant que les deux autres ne reviennent. Ton dossier est beaucoup trop chargé pour y ajouter la mention de gangster. »

Bon dieu. Faites qu'il sorte d'ici rapidement. Je n'ai aucune envie de me battre contre ça !

Je ne savais pas si je pouvais avoir confiance en cette voix. Mais, la dernière information qu'elle m'avait fournit c'était révélée être vraie, alors je ne voyais pas pourquoi cela changerait maintenant. Et puis, même en laissant de côté les capacités spéciales de cet individu, son arme ainsi que ces compétences propres devaient être dévastateurs en soit. La totalité des contractants que j'avais rencontré jusqu'à ce jours s'étaient imposés comme étant des armes de destruction massive même en étant à main nue.

David Desange était le premier dans cette liste. Sans oublier cette comandante Seraph qui avait faillit faire exploser la fête foraine et qui, finalement, s'était faite dézinguée à coup de hache de la part du français. A côté de cela j'avais également témoigné des forces spéciales des contractants. A l'instar de cet homme qui pouvait invoquer un serpent, ou cette femme qui pouvait contrôler un vampire.

Non. Je n'avais absolument aucune chance contre cet alchimiste. Pas dans mon état actuel. J'étais beaucoup trop faible comparé à la moyenne des contractants.

« Je te remercie de ta sollicitude, l'ami. Mais, tu remarquera qu'on ne fait pas trop dans le conventionnel par ici. »

Les nephil étaient définitivement une organisaiton puissante. Mille fois plus que le petit groupe de Glen. Et pourtant, je n'arrivais toujours pas à m'en détacher. Mais, contrairement à ce que je laissais croire, c'était simplement dû à ma faiblesse.

Voyant que le scientifique avait décidé de quitter la pièce sans demander son reste, je fis en sorte de contourner les escaliers de façon à lui libérer la voie. Ou plutôt pour me mettre à l'abri face à de potentiels coups de feu. Mon regard ne le quitta pas une seule seconde tout au long de son avancé, et il en fit de même. Je gardais le silence, bien accroupis dans mon coin, jusqu'au moment où il finissait par entièrement quitter mon champs de vision.

Après quoi, je me mis à courir à toute allure jusqu'à atteindre le bureau de Jake, au second étage, afin de me dégotter un petit couteau qu'il gardait toujours entre ses affaires.

« Et merde. »

J'allais devoir me poignarder moi-même si je ne voulais pas être considéré comme un traitre par le reste du groupe. Mon histoire était déjà écrite dans mon esprit. Je suivais les ordres d'Aiden qui voulait garder le scientifique en un seul morceau, mais le vieil homme a fini par me poignarder dans le dos. Résultat, il s'est enfuit sans que je n'ai rien pu y faire.

C'est avec ce plan en tête, que l'arme métallique me trancha vivement la chair.