Commissariat

- Mon mari... a été assassiné... Ils disent qu'il est mort à cause d'une hyperglycémie... Mais... c'est juste impossible !

Nombreuses sont mes affaires à avoir commencée avec ce genre de propos.

“Il a été tué, tout le monde pense qu'il est mort naturellement, personne ne me crois, vous êtes le seul cappable de résoudre ce mystère.”

Des cas de paranoia basiques et qui finissent tous, à chaque fois, par se révéler être des affaires creuses. Cependant, c'est grace à ce genre de cas-là que je pouvais vivre une vie convenable. C'était même mon principale moyen de revenu avant que je n'ai pénétré dans le monde de la drogue avec Glen. La meilleur chose avec ces affaires-là, ainsi que la pire, c'est que l'ont sait depuis le début comment ça va se terminer. ça va finir en choux blanc, voilà comment ! La police laisse rarement filer des détails sur les cas de décès prématuré. Encore moins lorsque la victime est l'un de leurs employés. Ce qui fait que même si les doutes de cette jeune femme se révélaient être fondés, il état plus que probable que je ne parvienne jamais à satisfaire sa requête. Cependant, j'allais tout de même accepter le travail. Après tout, la somme d'argent que je reçevais en avance dans ce genre de cas était tout à fait honorable.

Aujourd'hui, la cliente que je reçois dans mon agence est une rousse quadragénaire portant une tunique et un cache-col imprégnés par la couleur de la nuit. Ses petites mains blanches interceptèrent le mouchoire que je tendais dans sa direction. Elle essuya vite fait ses larmes puis repris la parole en optant pour un ton plus calme.

- Mon mari s'appelait Aaron Sawyer. Il était commissaire de police. D'après les spécialistes, une très haute concentration de sucre aurrait été retrouvée dans son sang et que ce serait ça l'origine de sa mort. Seulement, moi, je sais que ce n'est pas vrai ! Mon mari suivait correctement sa rééducation alimentaire ! Il ne pouvait pas avoir pris de sucreries dans mon dos. Je le sais, quand il fait ça ! Je vis avec lui ! Et il est impensable qu'il ait pu en consommer suffisament pour se faire tuer en aussi peu de temps ! On l'a tué, c'est sûr et certain !

- D'accord, d'accord. Calmez vous, je vous prie. Madame... ?

- Shane Davidson.

- Madame Shane Davidson. J'aurais quelques questions à vous poser au sujet de votre mari. Pour commencer, qui aurait pu le tuer à votre avis ?

- Je n'en sais rien. Peut-être notre voisin ? C'était quoi son nom déjà ? Richard ? Rigg ? Non, ce n'est pas ça.

- Pourquoi l'aurait-il tué ?

- Ils étudiaient ensemble au lycée, il étaient amis. Et Ricks.. Riggs..

- Oui ?

- Il avait une petite amie. C'était également une amie proche d'Aaron, il la connaissait depuis pas mal de temps déjà. Et tout les trois, ils s'entendaient très bien. Cependant, du jour au lendemain, sans que rien ne l'ait laissé présager, les parents d'Aaron et ceux de la petite amie du voisin ont décidé de fiancer leurs deux enfants. Cette nouvelle avait fait un choque pour le couple qui avait été forcé de se séparer. Les parents de la filles n'admettaient qu'elle ait une relation avec un autre garçon maintenant qu'elle avait un fiancé. Pourtant, elle avait été en couple avec lui depuis plusieurs années. Et ses parents le savaient aussi. Mais cela n'avait nullement changé leur avis sur la question. Suite à cela, notre voisin avait déménagé, on entendit plus jamais parler de lui. Cela jusqu'au moment où moi et mon mari, on s'est installés dans notre nouvelle maison, il y a quelque mois de cela. Et autant vous dire qu'il n'était pas du tout heureux de voir Aaron.

- Et la fille dans tout ça ?

- Elle s'est suicidée.

- ...Et vous ? On pourrait presque croire que vous avez vécu tout cela, est-ce seulement une impression ?

Elle hocha négativement de la tête avant de reprendre la parole d'un ton monotone.

- La fille qui s'est suicidée s'appelait Lily Davidson. C'était ma soeur.

Puis, vint le silence. Un silence de mort qui m'obligea, après quelques secondes de vide, à mettre un terme à l'interrogatoire. Je le repris deux jours plus tard dans un lieu plus calme, un café en l'occurrence, afin de mettre les points sur les "i" et démarer véritablement cette affaire.

Le lendemain. En début d'été, les rayons du soleil frappaient lourdement sur ma tête. Mon corps partait chercher réfuge à l'intérieur du commissariat du quartier Est. Là où la victime travaillait avant qu'elle ne soit allée rencontrer le créateur. C'était mon point de départ. Vingt silhouettes pouvaient facilement être comptée à l'intérieur du batiment. La majorité était en uniforme, le reste en civile.

L'air perdu, je m'avanca lentement dans la direction du représentant de la loi qui se situait le plus près de moi.

Carnet de Mike - Résumé de l'affaire :

Nom de la victime : Aaron Sawyer.

Cause officiel du décès : Hyperglycémie.

Objectif : Découvrir la véritable raison du décès.

Suspect numéro un : Le voisin.

Notes diverses : Victime âgée de 45 ans, atteinte de diabète de type 2, ancien commissaire de police.

Commissariat

- Si vous avez une plainte à déposer, alors veuillez vous rendre au guichet prévu à cette effet monsieur.

Je n'avais même pas encore eu le temps de lui dire bonjour qu'il m'avait déjà envoyé cette phrase préfabriqué dans la face. Par réflexe, mon regard se déplaça en harmonie avec la main droite du policier pour se poser sur l'un des guichets vides.

- Euh, non. Je ne suis pas là pour déposer une plainte. C'est... Au sujet de mon cousin. Peut-être que vous le connaissiez, il se nomme Aaron Sawyer.

Le regard desinteressé du représentant de la loi fut soudainement submérgé par une étrange lueur, à la fois colérique et apeurée. Je venais sûrement d'aborder un sujet sensible. J'en été intérieurement désolé, mais je ne pouvais pas faire autrement. Si je voulais qu'il réponde à mes questions, je me devais de me faire passer pour un proche de la victime. Et pour que tout se passe bien, j'avais préalablement interrogé ma cliente au sujet de tout ce dont j'aurais potentiellement besoin de savoir pour me faire passer pour le cousin d'Aaron.

- Je me présente. Shawn Sawyer, cryptozoologue. J'aimerais en apprendre plus au sujet de... Vous savez, mon cousin.

Le brun continua à me regarder en silence, j'éleva légèrement ma tête afin que mon regard puisse rencontrer le sien. De la peur en émanait. Je restais également immobile, le regard inexpressif. Après une poignée de seconde, il se pinca rapidement l'arête du nez, lâcha un petit soupire, puis m'adressa finalement la parole.

- Commissaire Giovanni Ferrari. Allons parler dans mon bureau, je vous prie.

*Commissaire ? C'est lui, le remplaçant d'Aaron ? On dirait bien que j'ai une bonne pioche.*

Plusieurs discussions avaient lieu au même moment dans cette large piéce. De ce fait, peu de personnes avaient été attirées par l'échange que j'avais eu avec le nouveau commissaire de police. J'essayais de n'accorder aucune importance à leurs regards, seulement cela ne diminuait nullement le poid de leurs yeux. Mentir était loin d'être facile, surtout face à une personne qui se sentait coupable.

J'avais désormais le dos du prénommé Giovanni devant mes yeux. Il s'était mis en marche vers la direction de son bureau, quand à moi, je m'apprêtais à en faire de même. C'est à ce moment-là que des mots intriguants s'étaient fait interceptés par mon ouie.

C'était la voix féminine d'une jeune asiatique qui souhaitait délivrer sa commande de gâteaux. En temps normal, je n'aurrais eu aucune raison de prêter attention à ce genre de détail, mais dans ce cas précis, il m'était impossible de passer à côté de genre de mot sans que mon interêt ne soit éveillé.

*Ce n'est peut-être qu'une coincidence que cette livreuse de gâteau soit présente ici en ce moment, mais je préfère ne laisser aucune hypothése de côté. J'interrogerais l'homme qui tiens le guichet à son sujet lorsque j'en aurais fini avec ce bon vieux commissaire.*

Pour ce qui était de lui, l'homme qui m'avait demandé de le suivre, remarqua assez vite que les bruits de pas qui étaient derrière lui s'étaient arrêtés. Il se retourna vers moi en conséquent. Intrigué, il dirigea ses yeux vers la jeune femme que j'étais entrain d'observer. Après quoi, il cria à l'égard du policier qui se trouvait près d'elle.

- Ron ! Emmêne la petite japonaise jusqu'au bureau de Jack. Et emmêne l'autre connard avec toi tant que tu y est ! Bon, monsieur Shawn, allons-y.

Je jeta un dernier regard vers la petite silhouette de la livreuse avant de reprendre ma marche. Prochaine étape, faire regretter à cet incompétant de commissaire d'avoir laissé mon pauvre cousin mourir d'une hyperglycémie.

~~~~~~

Quelques instants plus tôt, un homme assis sur l'un des siéges en plastique de la salle d'attente adressa la parole à la jeune asiatique. Usant de mots qui n'avaient jamais su atterir jusque dans les oreilles de Mike.

- Boucle-la, gamine. Ou alors, je te découpe en petits morceaux et je te ronge les os pour mon quatre heure.

C'était une voix roque, celle d'un fumeur ou d'un cancéreux très certainement. C'était tout, sauf naturel. Ses mains étaient jointes sous un manteau de policier, n'importe qui pouvait facilement deviner que s'était dans le but de cacher les menottes qui lui étaient passées aux poignées. Ses cheveux étaient grisés, son teint était pale, ses yeux vides, rivés vers le sol.

A ses côtés se tenait un jeune homme habillé en polo blanc et vert qui le gardait à l'oeil sans jamais le lacher des yeux. Sur la carte qui était collée sur son torse était marqué un nom, celui de Ron.

Commissariat

Il faisait chaud dans la piéce, c'est le moins qu'on puisse dire. Pendant que Jack s'amusait à mettre la livreuse dans tout ses états, Ron, lui, regardait sa montre avec empressement. A ses côtés, l'homme au teint pale se tenait à carreau. Ses deux mains étant toujours emmaillotées dans un manteau de policier et son épaule gauche retenue par la main de Ron, il n'y avait pas grand chose qu'il pouvait faire face à sa situation.

Ne pouvant plus supporter l'attente, le jeune policier affirma sa présence à haute voix.

- Jack, ce n'est pas que j'ai envie de te déranger mais, ce serait bien si tu me filais les papiers de ce type que je puisse enfin passer à l'interrogatoire. On n'a pas tous le loisir de passer nos journées entières à draguer et à manger des petits gâteaux, malheureusement.

L'homme derrière le bureau ne laissait parraitre aucune irritation face aux remarques cinglantes de son acolyte. Il se contenta simplement de relever ses yeux pour rencontrer les regards des deux hommes qui lui faisaient face.

- Ringston ? Je croyais qu'on avait pas pu avoir le mandat pour l'interroger.

- Oui, effecti--

- Ringingston !! C'est Ringingston, enfoiré ! s'exclama soudainement le captif.

La personne à côté de lui ne pu se retenir d'afficher un rictus de mécontentement.

- Ce n'est pas ce qui était marqué sur ta carte d'identité. Mais, on s'en fiche un peu en faite. Allez Jack, les papiers.

Sans brancher face à la réaction brutal du type menotté, Jack envoya sa main fouiller les dossiers qui étaient posés sur son bureau pour y piocher une seule feuille blanche qu'il posa devant lui.

- J'aurrais besoin de sa signature avant.

Le papier fut poussé jusqu'à l'autre bout du bureau tandis que Ron se rapprochait en compagnie de son camarade pour finalement s'arrêter devant le large meuble en bois. Un regard. Et le criminelle partait déjà se pencher vers le petit bout de papier. Il attrapa un stylo qui était posé là puis se mit à parler à haute voix.

- Vous connaissez l'histoire de l'homme qui a fuit de prison grâce à des petits gâteaux ? On raconte qu'au Mexique, un homme aurait prévu son incarcération et qu'il aurait par conséquent préparer son coup à l'avance. Il avait soudoyé le livreur de gâteau d'un des patrouilleurs de la prison afin qu'il rajoute des somnifères à sa recette. Il n'avait rien laissé au hasard. Il avait tout chronométré à la seconde près pour que le livreure arrive pile au bon moment et livre son poison au bon garde. Le reste, c'était un simple jeu d'enfant à côté du boulot qu'il avait fait auparavant. Il n'avait plus qu'à empreinter les vêtements du flic qui somnolait à ses pieds et s'en servir pour sortir de prison, ni vu, ni connu.

Racontant son histoire à son propre rythme et faisant mine de lire ce qui était marqué sur le papier en même temps. Les deux autres flics ne prirent même pas la peine de le faire taire, ils patientaient en silence le temps qu'il finisse son discours. A la fin, le prisonnier jeta un regard à Ron par dessus son épaule et lui dit tout en souriant.

- Vous ne voulez pas prendre un gâteaux ? Ils sont très bon, je peux vous le certifier.

Les deux policiers se regardaient l'un l'autre, le regard confus. Après un petit instant, Ron tira sa main vers la boite de gâteau et apporta l'une des sucreries jusqu'à son nez pour la renifler. Seulement, ce qui n'avait pas était prévu est que le dénommé Ring s'était littéralement jeté sur la livreuse de petits gâteaux. Faisant au passage tomber la glacière qu'elle tenait entre les mains. En l'espace d'une seconde, il s'était retrouvé derrière elle, la menacant à la fois de l'étrangler avec ses menottes mais aussi, de la blesser avec le stylo qu'il tenait entre ses doigts.

Surpris, Ron fit tomber son petit gâteau au sol avant d'essayer de dégainer son arme qui était cachée dans son dos. Mais cela était sans compter sur la voix menacante du preneur d'otage.

- Ne bouge pas ! Ne bouge pas !

- Ne fait pas de connerie, bordel ! Qu'est-ce que tu crois faire comme ça ? Tu ne crois tout de même pas que tu va pouvoir sortir comme ça ? Tu n'est pas aussi con que ça, rassure-moi ?!

- Sur la feuille !! Il y a écrit Ringston sur la feuille !! C'est Ringingston !!! Rin-ging-ston !

~~~~~~

Dans la piéce d'à côté, il faisait moins chaud qu'au bureau de Jack. Beaucoup moins. Il fallait dire que la climatisation du bureau d'un haut gradé de la police se devait de marcher comme il se doit.

Assis devant le bureau du nouveau commissaire, je laissais silencieusement le temps s'écouler. Presque une minute, maintenant. Le commissaire venait de me demander ce que je voulais savoir au sujet d'Aaron. Alors, je fis mine d'être perdu dans mes pensées. Après tout, le jeu d'acteur était très important dans ce genre de situation. Il était sûrement très proche avec la victime au vu de ses réactions, je ne devrais pas me jeter dans la gueule du loup sans le sensibiliser un peu à ma cause. Sans quoi, il risquait de ne pas répondre honnêtement à toutes mes questions.

- Comment est-il mort, monsieur le commissaire ? Lui demandais-je enfin.

- Il faisait sa patrouille au Nord. On n'avait pas reçu de nouvelle de sa part pendant deux heures. Alors, on avait décidé d'aller voir ce qui n'allait pas. Une fois arrivé sur place, on avait retouvé son corps, sans vie, à l'intérieur de son véhicule. Il était stationné devant un fastfood, au cas où vous aimeriez le savoir. Après cela, on a ramené son corps aux spécialistes  pour qu'ils jetent un oeil à lui. Les analyses ont été très clair là-dessus, une très grande concentration de sucre se trouvait dans son sang à sa mort. Et au vu de ses prédispositions, nous pensons que c'est sa maladie qui est venu à bout de lui.

- Je vois... Et vous, qu'en pensez vous, commissaire ?

- Je vous demande pardon ? Je crains de ne pas comprendre votre question, monsieur Shawn.

- Vous êtiez son ami, n'est-ce pas ? Je peux le voir dans vos yeux. Vous êtes triste pour lui. Pas comme n'importe quel collégue l'aurrait été, mais comme un ami auquel vous teniez ! Alors, vous deviez le savoir ! Aaron suivait son traitement à la lettre ! Il est impossible qu'il soit allé manger dans un fast-food.

- ...

Giovanni se contentait de me regarder droit dans les yeux, en silence. Avais-je dis quelque chose qu'il ne fallait pas ? Aaron ne suivait pas bien son traitement au final ? Ma couverture est foutue ?

- Je vais vous dire une chose, monsieur Shawn. Mais, que cela reste entre nous. L'affaire a peut-être était bouclé par nos supérieurs, mais 'nous', nous n'abandonnons pas pour autant. Aaron était notre grand frére à tous. Il était un homme juste, bon et droit. Alors, si quelqu'un l'a tué nous le retrouverons à tout prix, nous avons tout mis en place dans ce but. Et il se trouve justement que nous avons retrouvé quelqu'un qui aurait pu commettre le crime. Mes hommes l'interrogent en ce moment même.

- Vous avez attrapé le tueur ? Je pourrais savoir qui c'est ?

- Je vous en pris, ne l'appellez pas comme ça. Rien n'est encore sûr pour le moment. Nous savons juste qu'il a de bonnes raisons pour le tuer, rien de plus. Peut-être le connaissez vous déjà ? C'est son voisin. Il s'appelle Ringston.

Commissariat

Un brouhaha presque assourdissant provenant de l'exterieur était venu nous géner durant notre entretien à moi et au commissaire Giovanni. La chose ne semblait pas du tout naturel, des voix aiguës, presque des cris, émanaient de la pièce d'à côté. Ce n'était pas le genre de bruit qu'on entendaient tout les jours dans un commissariat. On voyait ça plutôt dans les bars, ou encore les boites de nuit, dans lesquels les bastons avaient pour habitude d'éclater à la moindre étincelle.

- Restez ici ! Je vais aller voir ce qui se passe.

Ce fut les derniers mots que j'entendis de la part de Giovanni avant qu'il ne sorte de la pièce dans le but de calmer ce cahut. Il ne me falut pas plus de quinze secondes afin que je me décide de sortir à mon tour du bureau pour m'assurer que tout allait bien pour le commissaire.

Dehors, plusieurs agents de police semblaient s'être rassemblés devant l'entrée d'un autre bureau d'officier, situé à une bonne dizaines de mètre de ma localisation actuel. Leurs silhouettes m'empêchaient de voir ce qui se passait à l'intérieur. De ce fait, j'ignorais toujours ce qui avait déclenché ce bourbier. Cependant, je savais une chose. Je savais que je devais rester loin de tout ce bordel.

Les flics avaient dégainés leurs flingues et étaient entrain de les braquer sur quelqu'un qui m'était invisible de là où je me trouvais.

*Un attentat ? Des terroristes ? Il se passe quoi dans ce foutu commissariat ?*

Une discussion semblait avoir lieu là-bas. J'en entendais quelques petits bouts à intervalle réguliers. Mais, c'était insuffisant pour comprendre de quoi il s'agissait. Il me manquait des parties importante pour cela. La majorité de leurs paroles étant noyées par les voix des autres poulets qui étaient plus près de moi.

Je me contentais donc de rester à l'écart, à tenter de trouver un meilleur endroit pour distinguer ce qui se passait dedans. Après tout, ça avait peut-être quelque chose avoir avec mon enquête en cours, je ne devais rien rater à ce sujet si c'était le cas. Le mot Ringston fut évoqué à ce moment-là, mettant ainsi fin à mes doutes. Cela avait définitivement un lien avec mon enquête.

Je claquais de la langue en entendant des voix encore plus aiguës provenir de l'intérieur. Des cris stridents, puis plus rien. C'était terminé. En bien ou en mal, mon champs de vision ne me permettait pas de le savoir.

- C'est terminé ! Tout le monde retourne à son poste ! Jack, occupe-toi de la livreuse. Ron, dans mon bureau, immédiatement ! Toi, raméne ce forcené dans la salle d'interrogatoire.

La foule commença dès lors à se dissiper. Les petits soldats revenaient à leurs occupations routinières et les autres suivaient à la lettre les directives que leur boss leur avait assigné. De bon petits soldats, je vous dis. Maintenant, il était temps pour moi d'aller cueillir les informations tant qu'elles étaient encore chaudes.

- Vous, là-bas ! Allez vous occuper de la livreuse. Et surtout ne la laissez partir sous aucun prétexte. Je veux qu'elle soit toujours là à mon retour !

- Quoi ? Mais, je ne suis pas--

- Pas de "mais" qui tienne. Exécution !

Un grand gaillard en costard noir s'était rapproché de moi puis avait commencé à me donner des ordres. Sûrement qu'il me prenait pour un flic ou un de ses subalternes. Il ne m'avait même pas laissé le temps de mettre au clair les choses qu'il était déjà reparti après m'avoir endossé d'une charge que je ne voulais pas spécialement mener à bien.

*Un instant. Il a bien parlé de la livreuse ? Je vais avoir l'occasion de l'interroger sur Aaron dans ce cas.*

- Chef. Oui, chef. Me dis-je à moi-même, ironique.

J'entra dans la salle de repos, comme il m'avait été indiqué par contact visuel. Mon regard tomba du premier coup sur la fine silhouette de la femme que j'étais venu chercher. Mes yeux restaient inexpréssifs, alors que mes pas me guidaient petit à petit jusqu'à elle. C'était visiblement une jeune asiatique dans le début de la vingtaine. Brune, qui plus est.

Je m'amusais moi-même en faisant un portait mental de la livreuse qui entrait parfaitement dans la catégorie que je qualifiais comme étant mon type de femme préféré. Un léger sourire enjoué commençait à prendre place sur mes lèvres à cette pensée.

Déplacé. On me le disait souvent.

- Il semblerait que vous ayez passée une sale journée. Pas trop mal, j'espère ?

Je m'étais arrêté net avant de lui adresser la parole, à deux mètres d'elle. Je restais loin de ma locutrice, afin de ne pas risquer de la mettre mal à l'aise. Si je ne me montrais pas adroit dans mes interactions avec elle, il y avait de grandes chances qu'elle finisse par se renfermer sur elle-même. Surtout qu'elle ne semblait pas être dans son assiette. Une vraie petite bête acculée.

*On dirait presque un petit chat apeuré. Je me sens mal de devoir l'approcher en ayant une si mauvaise foi.. Ce boulot n'est vraiment pas fait pour moi.*

Commissariat

La livreuse de gateaux se montrait être particulièrement sur la défensive. Ses mots étaient évasives, ses gestes gênés. C'était à prédire, au vu de ce qu'elle venait tout juste de vivre. En quelque sorte, ça me rappelait mes débuts en temps que détéctive privé. Non pas mes premières ridicules petites affaires de filatures. Mais, mes vrais débuts ! Ma première fois dans une scéne de crime, ma première balle tirée ailleurs qu'à l'entrainement. Ces expériences me permettaient en quelque sorte de me mettre dans la peau de mon interlocutrice. Je comprenais le fait qu'elle se sente mal à l'aise en ce moment, et c'est pour cela que j'essayais de me montrer le plus attentionné que possible avec elle durant notre échange.

Aussi, je ne voulais pas qu'elle commence à se rétracter sur elle même et qu'elle refuse de répondre à mes questions. Mon tact n'était pas du premier choix, mais j'allais tout de même essayer de faire de mon mieux avec le matériel à bord.

Pour commencer, sourire. Un visage souriant était toujours plus cordial qu'une tête indéchiffrable.

- Le doc' va bientôt passer vous voir, ne vous inquiétez pas. On m'a chargé de m'occuper de vous en attendant qu'il ne vienne. N'hésitez surtout pas à me le dire, si jamais vous avez besoin de quelque chose.

Je ne savais pas si mes mots avaient eu le bon effet sur elle. Mais, de mon point de vue, la situation ne semblait pas du tout partir dans le bon sens. La jeune asiatiaque semblait chercher à s'enfuir le plus loin que possible au fond de sa chaise. Je devais essayer de la réconforter un peu avant qu'elle ne commence à réellement chercher à s'enfuir.

Je repris alors la parole, dans l'espoir d'améliorer son état d'âme, qui était actuellement au bord du désespoir.

- Vous livrez souvent dans cette commissariat, dites moi ? Je viens de gouter à l'une de vos créations et je les ai trouvées particulièrement réussies ! Je crois bien que vous venez d'acquérir un nouveau client.

Je gardais le ton de la discussion au plus bas, c'était presque des murmures, à vrai dire. Alors que je l'interrogeais sur son métier, mon corps se penchait tout doucement vers la table pour s'y affaisser à terme. Mon regard, lui, se baladait tout autour dans la piéce, évitant au maximum de fixer la brune des yeux.

On pouvait dire que c'était ma façon à moi d'essayer de la mettre à l'aise. En baissant moi-même ma garde, et l'invitant ainsi à en faire de même à son tour.

Commissariat

La livreuse commençait peu à peu à lacher prise. Elle m'avait même fait part de quelques informations sur le lien qu'elle entretenait avec le commissariat. Rien de bien utile pour l'instant. Mais, bientôt, je pourrais savoir avec certitude si cette jeune femme avait un quelconque lien avec le cas sur lequel j'étais entrain d'enquêter. Ce n'était pas le témoin le plus prometteur que j'avais sous la main, mais c'était un bon point de départ. Plus tard, je pourrais retourner interroger le reste des policiers. Sans oublier le coéquipier de la victime, je devais toujours découvrir son identité et recueillir sa version des faits.

Pour le moment, je devais commencer par mettre les choses au claire avec cette jeune demoiselle afin de savoir, une bonne fois pour toute, si elle avait vendue quoique ce soit à Aaron Sawyer. Seulement, je ne pouvais toujours pas jouer franc jeu avec elle pour le moment. Il était beaucoup trop tôt pour lui poser des questions aussi directes que cela. Pour commencer, je devais trouver un moyen pour faire tourner le sujet de la discussion autour de mon affaire. Et, ce n'était pas gagné d'avance.

Mais, avant cela, j'allais tout d'abord faire de mon mieux afin de gagner sa confiance. Sans quoi, sa coopération ne me sera pas dûe.

- Au faites, moi c'est Mike. Et, pas besoin de me vouvoyer tout le temps. Ça rend la discussion plus sérieuse qu'elle ne l'est réellement.

Un son violent de claquement attira mon attention dans la direction de la porte d'entrée. Un simple coup d'oeil vers le côté me permit de distinguer deux silhouettes qui se rapprochaient rapidement de nous. L'une d'entre elles était une femme en tenue de policier et l'autre était l'homme en costard de tout à l'heure. Ce dernier pris la parôle tandis que la fliquette posait une boite de premier secours aux pieds de la livreuse et lui demandais son autorisation pour jetter un coup d'oeil à sa blessure.

- Vous pouvez disposer.
- Ah, euh... Comme je voulais vous le dire tout à l'heure, monsieur. Je ne suis pas un policier. Alors, s'il-vous-plait, arrêtez de me donner des ordres.
- Comment ? Qu'est-ce que vous faites ici, alors ?
- Mon frére est mort. Il travaillait ici. Mais, si vous êtes entrain de me demander ce que je fais dans la salle de repos. Eh bien, c'est vous qui m'avez chargé de m'occuper d'elle. vous ne m'avez même pas laissé le temps de m'expliquer.
- Je vois. Vous pouvez disposer, maintenant.
- Ma parole ! Vous le faites exprès, c'est ça ?

La discussion n'était pas très cordiale. C'est le moins qu'on puissent dire, mais j'essayais tout de même de garder ma voix dans les tons de l'humour. Lachant quelques petites rires gênés par moments. Mon expression était restée souriante tout au long de l'échange. Jusqu'au moment où il lâcha tout son venin en un seule instant.

- Vous et votre frère, vous pouvez bien aller pourir en enfer. Je suis sûr que vous aussi, vous êtes comme lui. Un voleur qui fait main basse sur tout ce qui croise son regard. Je vous en prie, ne vous gênez surout pas. Vous voulez mon poste ? Allez-y ! Servez-vous. Vous voulez mon affaire ? Elle est toute à vous !

- Ah, euh... excusez-moi. Je...

L'homme en question semblait se déchainer dans sa rage. Son teint devenait de plus en plus rougeâtre. Il donnait l'impression d'être sur le point d'exploser. Aussi, il avait l'air de revivre dans sa tête tous les mauvais moments de sa vie. La haine le consumait intérieurement, et je n'avais rien à lui dire pour le calmer. Rien qui ne mettrait pas en péril ma couverture, alors je me contentais de me taire et de noter mentalement cet individu comme étant un cas d'instabilité mentale avancé.

Une fois sa petite crise achevée, l'homme repris sa prestance en ajustant sa cravate. Puis, il donna du dos à notre petit groupe en lachant un grognement accompagné d'un simple :

- Faites-vous une raison. L'arrogance de votre frére fut la cause de sa déchéance.

Une grimace désemparée se forma sur mon visage alors le flic fermait violemment la porte derrière lui. Je tourna ensuite ma tête dans la direction des deux femmes pour remarquer le regard colérique de l'une des deux.

- Ne faites pas attention à lui. Jack aime faire son petit chef. Votre frére était un grand homme, à peine est-il arrivé au poste qu'il à su tapper dans l'oeil des supérieurs. Il a fait ravaler sa fierté à Jack en s'emparant du grade de commissaire avant lui. Il n'a toujours pas su faire passer la pilule à ce que je vois.

- Jack... C'était le coéquipier d'Aaron ?

- Ah, non. Avant d'être affecté à la police scientifique, Jack était le coéquipier du commissaire Giovanni. Pour votre frére... Si je me rappelle bien, son partenaire était Ron. Il est au poste en ce moment, si vous avez envie de lui parler.

J'hocha de la tête en réponse à son offre puis dirigea mon regard vers le visage de la livreuse.

- Hm, ça va ? Je... Je suis désolé pour ça.

J'avais toujours une dernière chose à faire avant de rendre visite au dénommé Ron. Et même si ce n'était pas vraiment mon genre de m'inquiéter pour les gens. Je devais au moins montrer un peu de sollicitude à l'égard de cette demoiselle qui en avait vu de toutes les couleurs durant les quinze dernières minutes de son existence.

Commissariat

C'est mauvais pour le coeur de jouer un rôle qui ne sied pas à notre personnalité, me disait mon psychologue. Je comprend maintenant de quoi il voulait me parler. Je n'avais jamais autant eu envie de cogner la trogne de quelqu'un qu'en cet instant-là. Ce n'était vraiment pas bon pour moi de retenir tout ma rage à l'intérieur de moi. J'aurais dû lui en coller au moins une.

- Haha.. Frapper un flic ? Dans un commissariat ? C'est vraiment l'idée du siècle, mon vieux.

Le sanitaire de ces poulets avait de biens étranges vértus sur mon mental. Alors, que j'étais venu seulement pour me tremper le visage dans l'eau, je me retrouvais maintenant à réfléchir à la meilleure façon possible pour casser le nez d'un agent de la loi.

*Et si je payais un des hommes de Glen ? L'idée de refaire le portrait à un flic devrait les ravir.*

-...

Je finis par fermer le robinet et quitter ce purgatoire de malheur. Prochaine destination, Ron. Le jeune homme ne fut pas très dûr à retrouver. Tout ceux qui passaient à côté de lui lui donnait une petite tape sur l'épaule, un peu comme pour lui remonter le morale. Ce devait donc être lui, celui qui venait tout juste de perdre son meilleur ami.

Je fis rapidement le topo avec lui. Sa version des faits était quelque peu biaisé en comparaison à celle du commissaire Giovanni. D'après lui, le corps de Sawyer avait été retrouvé devant une patisserie et non pas un fastfood. Et que le défunt avait pour habitude de se rendre régulièrement à ce fameux établissement afin de se procurer son quatre heure durant ses jours de patrouille. Deuxiéme fait notable, Ron avait reçu un coup de fil pile quelques secondes avant que le meurtre n'ait lieu, et ce fut donc à son retour qu'il retrouva le cadavre.

*Un coup de fil, hein. Son alibi se situe donc dans les registres de son agence téléphonique. Ce sera donc ma prochaine étape.*

Au moins, je n'allais pas m'ennuyer. Mais, c'est vraiment étrange. Pourquoi cette appellation ? La carte de visite que je venais tout juste de recevoir avait le même nom marqué dessus.

- Melting Bakery.