Cimetière de Sad Hill Street

C'est dans une atmosphère morne et rechignée que mes pas me guidérent lentement vers le coin le plus morbide de la ville. Du moins, c'était ainsi que mon coeur interprétait ce lieu. Une place pour rendre hommage aux défunts, pour vider son coeur et laisser ses regrêt derrière soit. C'est ici que se trouvait les cadavres en décomposition des gueux et des pouilleux. Que venais-je faire là d'ailleurs ? Je ne portais même pas le respect qui se devait à cet endroit. Ah, oui, je suis venu dans le but de leurs faire part de mes condoléances. Après plus de trois ans durant lesquels je ne m'étais jamais recueilli devant leur tombe. Pourquoi venais-je ici maintenant et pas auparavant ?

Merde, je vais bientôt les rejoindre à ce train-là, oui, c'était peut-être pour cette raison-là que j'étais venu ici. Pour faire de la reconnaissance dans mon futur habitat. Aujourd'hui, je suis vivant, mais demain, je ne le serais peut-être plus. Je léve mon visage vers la lune qui guidait mes pas en ce lieu rongé par la mort tout en songeant à ce qui allait m'arriver demain. J'avais prévu de rencontrer Beauchamps le lendemain, tout comme elle me l'avait demandé il y a 4 mois de cela. J'avais fait de mon mieux pour éviter de devoir compter sur elle, mais je n'avais plus d'autre choix. Si je ne lui demandais pas son aide, j'allais tôt ou tard me retrouver avec des executeur de Glen à mes trousses et ce n'était pas le petit détéctive privé que j'étais qui allait pouvoir les abattre. J'avais besoin de son support, non seulement pour rester en vie, mais également pour renverser ce gang. J'allais me venger de toutes ces mois de menaces et d'exploitation, j'allais leur montrer que moi aussi je savais montrer mes crocs. Mais, cela n'était que le meilleur des résultat possible. Le paroxysme de mon optimisme inéxistant. Car au fond de moi, je savais que rien ne me prouvait que Beauchamps allait m'aider ni même que son aide me serait d'une quelquonce utilité. J'étais un homme mort. Un homme mort, mais qui pouvait encore réspirer.

Mes jambes s'arrêtérent finalement devant une tombe à moitié détruite. Ni le nom du défunt, ni même sa date de naissance et de décès n'étaient lisible. Mais, moi, je savais que j'étais au bon endroit alors je m'accroupis et je lui parle sur un ton mélancolique.

- Désolé... Vraiment.... Désolé...

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Toujours dans la même position, replié contre mes genoux, je laissais mon esprit divaguer dans l'éspoir de me remémorer du visage de ma connaissance, ou plutôt de «mes» connaissances. Mon regard partit se balader à ma droite en passant par les deux tombes qui se situaient à côté de moi. Une à une, tentant au passage de lire les petits caractères illisibles qui se trouvaient au dessus d'elle, sans résultat. Mais, je le savais, c'était eux, même si je n'étais jamais venu ici physiquement, j'avais souvent vu des photo des lieux, histoire de garder l'oeil sur eux sans devoir m'impreigner de cette atmosphère macabre. Mais, cette fois-ci je me devais de venir ici en personne, je voulais faire en sorte que ce soit la dernière bonne chose que j'aie faite dans ma vie.

C'était un choix que moi-même trouvais bizzare, j'avais choisis de venir ici plutôt que de partir me recueillir sur les tombes de ma famille, je n'étais pas non plus allé poster d'affiche pour retrouver mon père. J'étais là, à me lamenter sur mon sort devant les tombes de personnes que j'avais connu sur une durée d'à peine quelques mois. Cependant, cette relations-là était beaucoups plus spécial pour moi que n'importe quelle autre. C'était les premiers amis que je m'étais fait dans cette ville et ils avaient clamsés par ma faute. L'essence de cette relation, la chose qui la rendait aussi unique, n'était pas le lien que nous partagions durant leurs vivant, c'était plutôt mes remords et mes regrêts qui avaient cristalisés mes sentiments à leurs égard.

C'est alors que je méditais sur la raison de ma venu ici qu'une voix éraillée s'éleva derrière moi. Une insulte ? Dans un tel endroit ? Non, je devais me tromper. Il se parlait sûrement à lui même, ce n'était pas rare de se rabaisser soit même dans un tel endroit. Le chagrin et les remords pouvaient faire perdre la tête au plus sain des hommes.

Je n'avais pas réagi sur le moment, j'étais resté immobile, la bouche cloitrée, mais ce n'est qu'une fois que le bruit des bottes s'était estampé et que mon coeur en arriva à un point où il était à deux doigts de cesser de battre, que mon corps tout entier se releva d'un seul coup puis d'un pas vif je me dirigea vers le vieille homme qui venait de m'insulter et fini par m'arrêter devant lui.

La frénésie qui s'était emparée de mon corps un instant plus tôt se calma instantanément. Après quoi, je pointa du doigt la bêche qui était calée entre les genoux de mon locuteur puis lui adressa la parôle d'une voix fade.

- Je peux.. Vous l'emprunter.. S'il vous plait... ?

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Un refus. Je suppose que j'ai affaire à ce genre de personne, ceux qui tiennent à leurs instruments plus qu'à leurs propre vie. Ou alors, c'est tout simplement un connard. Peut-être même les deux tiens. Je relache un léger soupire puis d'un mouvement lent, je baisse la main que j'avais tendu dans la direction de la pelle pour la faire revenir dans une position plus relachée. Je léve ensuite mes yeux pour rencontrer ceux du vielle homme sans lui livrer autre chose qu'un regard mi-las mi-haineux.

Un court instant de silence s'installe entre nous deux avant que je ne détourne finalement le regard vers les tombes sur le côté.

- Je voulais juste vous épargner de la peine.... Vous aurez bientôt un nouveau locataire.

La tête toujours penchée sur le côté, mes yeux se refermèrent tandis que mon esprit s'attendait à recevoir une nouvelle insulte. Je n'avais rien d'autre à faire de toute façon et puis parler m'aidais un peu à oublier le déséspoir. Les jurons étaient mille fois mieux que la solitude. J'étais juste navré pour celui qui devait me supporter.

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Oui, ça aurait vraiment été étrange de recevoir autre chose que des jurons de la part de ce vieille homme. Autant dire que je n'avais pas été déçu par ses parôles. Seulement, il aurait beau essayer de me virer d'ici en usant de chaque mot illustré dans son dictionnaire de bourru, il n'y arriverait pas. Encore devait il user de force, pour avoir un début de réaction de ma part. Mais, même avec ça, je doute que mon corps veuille sortir de ce cimetière.

J'ouvris mes yeux après un court instant, puis décontracta les muscles de mes jambes pour laisser mon corps tout entier s'abattre au sol. Une fois par terre, je repris mon équilibre en plaquant mes mains contre le sol, puis fit en sorte de m'asseoir en tailleur. Cela devrait lui donner un apércu de mon obstination.

Lentement, je leva mon regard vide pour le poser sur le visage assoupis de l'ancêtre puis relanca la discussion.

- Vous ne vous sentez jamais seul ici ?

De la curiosité... De la simple curiosité. Ce n'était même pas pour le travail. Mais, alors pourquoi voulais-je le savoir ? Non, je ne voulais pas le savoir, je voulais simplement parler, écouter, ne pas sombrer... Le mal m'affublait toujours autant et mon coeur s'obombrait de plus en plus de par ses ténèbres. Je me demande bien quand est-ce que je pourrais à nouveau sourire ? Quand mes amis césserons de me tourmenter ? Quand Glen me tuera ? Quand les crocs de Katherine s'abatterons sur moi ?

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Toujours pas une once de cordialité ne se faisait ressentir dans les interactions du vieillard, ne parlons même pas de bienveillance. Je m'étonnais moi-même à rester ici après tout ce qu'il m'avait servit comme condescendance. Quelque part, peut-être me voyais-je en lui, désireux d'obtenir la paix de l'âme, évitant toute confrontation inutile avec le reste du monde et élevant une façade d'impolitesse pour se faire. Avait-il peur des vivant ? Peut-être... Et peut-être que non. Son métier aussi ne devait pas lui faciliter la tâche, rester tout le long de ses journées ici à creuser des tombes avec sa bêche devait progressivement lui faire oublier la manière dont il pouvait ouvrir son coeur aux autres.

Et encore une fois, peut-être me trompais-je sur toute la ligne à son sujet. Pour le moment, ce qui importait pour moi est que je n'avais personne d'autre à qui parler, alors j'allais devoir faire en sorte de le satisfaire afin de ne pas me faire éjecter d'ici. Je vais même lui répondre sincérement, tiens. Il ne ressemblait pas au genre de personne à aller témoigner chez la police.

- Je me suis mêlé à de sales affaires et maintenant, je le regrette. Mais, il est trop tard, je vais sûrement y passer demain. Désolé de vous déranger avec mes histoires, vous devez certainement en avoir ras-le-bol de m'entendre chialer... En vérité, je n'en ai aucune idée de ce que je viens faire là.

J'aurais bien aimer pouvoir trouver les bons mots pour le faire réagir à ma cause, mais plus j'entendais sa voix et moins je croyais en la possibilité d'obtenir de la sympathie de sa part.

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Eh bien, à quoi est-ce que je m'attendais avec toute la merde que je lui avais sortit ? Injure sur injure, les impolitesses continuaient à s'amasser dans cette discussion la rendant plus proche d'une chamaille de délinquant qu'une entrevue entre deux adultes. Ce n'est qu'au moment où je croyais que mon locuteur allait se calmer, qu'il se releva lentement pour m'assener un violent coup de bêche sur ma tête qui commenca aussitôt à saigner. Confus par son action pas des plus inatendu, mon corps déjà bien engroudit par mes émotions ne pu réagir autrement qu'en se penchant sur le côté.

Mon agresseur se pencha juste après pour me porter jusqu'à ce que j'atteigne son niveau avant de me plaquer avec force contre le sol. En temps normal, j'aurais certainement commencé à jurer à ce moment-là, mais son premier coup m'avait beaucoup trop déstabilisé pour que je puisse faire le moindre petit geste. Et pour tout dire, je n'avais même pas remarqué que j'avais été débarassé de mon arme jusqu'au moment où mes yeux s'étaient posés sur elle un peu plus loin de moi.

Les yeux fermés et le visage éxprimant toute la douleur physique que je ressentais, mes oreilles interceptèrent alors une menace de mort. Un fossoyeur qui voulait tuer un visiteur de son cimetière, très cliché comme individu. Je me demande bien si c'était sa première fois à s'atteler à ce genre d'activité, mais en tout cas je n'allais sûrement pas me laisser faire, ça non.

J'étais abattu, oui, mais nullement suicidaire, alors s'il voulait jouer au malotru avec moi, j'allais dans lui montrer qui de nous deux avait la plus grosse gueule. Usant de mon arme favorite, je me mis à emettre de légers ricanement avant de répondre à ce très cher creuseur de trou sur un ton qui se voulait sarcastique.

- Oui, c'est ça. Et après, on se demande pourquoi les gens n'aiment pas pique-niquer dans les cimetières. Tire-toi de là, gros lard, si tu crois que je suis venu là tout seul alors tu te trompe lourdement sur mon compte. Dégage de là, si tu ne veux pas finir troué de balle...

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Des insultes et encore des insultes. Mais où est-ce qu'il est allé chercher pour faire son éducation, celui-là ? Je tente lentement de me relever tout en gardant ma main gauche sur l'entaille qui s'était crée sur ma tête qui saignait de plus belle. Puis remarqua par tout ce sang qui coulait entre mes doigts que ma blessure était bien plus grave qu'une simple entaille.

Une fois remis sur pied, je continua à ignorer les parôles du vieille homme tout en cherchant des yeux l'arme qui m'avait été dérobée quelques secondes plut tôt. S'il n'était pas impressionnable par le bluff, alors peut-être que le plomb saura mieux le convaincre. D'un coup d'oeil, je distinguai les balles qui jonchaient le sol aux côtés de mon revolver. Je n'allais pas pouvoir l'armer et aligner ma cible avant de recevoir un coup de bêche de sa part. C'était un plan foireux, à oublier. Il ne me restait plus qu'une chose à essayer.

La tête alourdit par le choc, je garda ma main au dessus d'elle puis fit un léger pas en arrière avant de lancer d'un voix calme à l'égard du vieille homme.

- Vous savez.. Tout les vivants ne sont pas comme vous le croyiez.. Vous devriez essayer de leurs laisser une chance.. Peut-être trouveriez-vous ainsi la chose qui vous complétera.

Une fois mes parôles émises, je jetta un rapide coup d'oeil à l'égard de la sortie du cimetière avant de faire un second pas en arrière, bien plus grand que le précédant. Je n'avais aucune envie de me prendre un second coup de sa pelle, alors autant rester sur mes gardes afin de pouvoir me casser loin de cette endroit au plus vite.

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D'un côté, je haïssais le vieillard pour toutes les agressions qu'il m'avait fait subir et de l'autre je lui en était reconnaissant. Grace à lui, j'avais à nouveau les idées en place, j'avais compris que rester ici à me lamenter sur mon sort n'allait rien me rapporter de bon. J'avais également compris que si je ne me défendais pas comme je le pouvais contre les hommes de Glen, j'allais simplement devenir une proie facile. Alors, si j'avais du temps à perdre ici, autant le mettre à profit pour monter un plan qui allait m'aider afin de m'en sortir dans cette foutu ville.

La main gauche toujours posée sur ma blessure, j'essaya tant bien que mal de garder ma tête relevée afin d'écouter les parôle du vieillard. Toujours pas une once de sympathie ne ressortait dans ses mots, en se retournant, il m'avait même fait part d'un magnifique geste du doigt. Sympa, le vieux.

- Tu sais où te le mettre ! ... Et oui ! On se reverra demain ! Mais pas dans les circonstances auxquelles tu t'attend ! Je vais aller les réeduquer, ces macaques, moi ! A la prochaine, le vieux !

D'un pas hasardeux, je me retourne pour faire face à la sortie, puis lentement je titube dans sa direction. Primo, aller à mon agence pour soigner mes blessures. Deuzio, me rendre jusqu'au siége de la société de Katherine afin de lui demander son aide. Demain, allait devenir un jour décisif dans ma vie.