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Alice m'a appelé. Au sujet de John. Il est mort. Au lieu de pop dans son appartement armée d'une bouteille de champagne, je me suis démerdée auprès d'un confrère Nephil pour lui emprunter sa voiture. J'imagine que le transport de cadavre doit pas être tout ce qu'il y a de plus discret. M'enfin. J'aurai preféré qu'elle vienne directement. Que je ne cogite pas pendant mes 20 minutes de transport sur la mort de mon frere. Si jamais j'échouais.

Alors pour ne pas avoir a le faire. Je rage. Sur ce connard de vieux qui conduit trop doucement, sur ce pieton vulgaire qui me fait piller alors qu'il n'a pas vraiment le droit de traverser. Sur tout ces détails de la vie qui prennent une envergure insupportable quand on est de mauvaise humeur.

Et puis une fois arrivée du coté des richetos. Je me précipite dans un parking, vole deux stationnement handicapés avant de me diriger vers le bâtiment. L'ascenseur m'agace. L'attente est trop longue. Alors je me précipite dans les escalier pour arrivé a l'étage. A peine essouflée de cette apnée de 20 minutes, a envisager le pire.
Ma main cogne nerveusement la porte jusqu’à qu'elle s’entrouvre. Je me glisse dans l’embrasure avant même que le chemin se dégage.

- Montre le moi. Je vais le tuer. Dès qu'il revient à la vie. Je te jure, je vais le tuer s'il a pas une bonne excuse

Sans accorder de salutation à mon hôte, je marmonne presque pour moi même quelques mots vengeur. Mon regard suit les mouvement Alice jusqu'a arriver la ou il est. Puis passé un laps de temps. Je m'installe pour faire mon office

Je dépose la caisse de matériel a coté du lit. Mon regard inspecte avec un calme apparent ses blessures mortelles. Calme, juste en apparence. D'accord ? Parce que je bouillonne

- Au vu de ce que je vois. L'Aorte est touchée. L'artere fémorale aussi. C'est a dire qu'il est mort d'un choc hémorragique. C'est pas une bonne idée de le cogner dès son réveil. Il va être très faible. Je préconise qu'il voit un soigneur avant que tu puisses le giffler.

Apres. La nature de john arrive a le faire vivre avec peu de sang sans problème. Mais il sera fébrile pendant un petit temps. Pour sur que durant cette période, il va douiller pour se téléporter sans avoir le tournis. Donc admettons que ca compense mon envie de le tuer imédiatement. Le fait que pendant une petite semaine, il sera condamnée à dormir et se reposer.
Je commence a mettre mes gants, a saisir une aiguille et du fil. Et mon oeuvre commence peu a peu. Mue par l'habitude du geste. Parler en même temps a Alice ne me gêne pas vraiment.

- Je vais prendre un peu de temps. Tu peux aller lui chercher de la nourriture et de l'eau ? Et de quoi suspendre une perf quand il se réveillera. Faudrait aussi rameté un soigneur entre temps.

Peu a peu. Mes doigts s'activent. La premiere plaie est cousue. La seconde -plus petite, plus profonde, prend davantage de temps. Mais ma patience ne cede pas. Et une dizaine de minutes plus tard. Me voilà en train de couper le fil.

Je regarde les autres plais avant de comprendre que au final, elle sont superficielles. Le sang coagulé fait son office. Bon. Je commence a chanter. Mélusine se case dans le creux de ma paume

"On a dans notre pays
Le pouvoir de changer de vie
Demain si nous le voulons
Tous ensemble nous réussirons"

« - Euha ! »

J'ouvre brutalement les yeux, les referme sous le coup de la lumière aveuglante. Ma tête hurle, les migraines fusent - bordel, j'arrive pas à suivre mon corps. D'un coup, je sens mes poumons qui se gonflent, mon sang qui vient percuter les parois de mes veines ; je perçois tout un tas de pensées auxquelles je n'ai d'ordinaire pas la primeur qui se chamaillent dans ma caboche.
Lentement, mon halètement se calme, je reprends peu à peu le contrôle sur cette enveloppe blessée. Les idées se calment doucement dans mon crâne, mes nerfs cessent de s'agiter dans tous les sens et, à mesure que la fatigue m'enrobe tout entier, je me souviens.

Putain, mais je suis pas mort, moi ? Je veux dire, une seconde fois, quoi. Je vois encore Lenna qui me perce le thorax avec sa faux, puis l'instant où je me suis écroulé sur le toit. C'était pas un évanouissement, pas avec autant de sang éparpillé sur le sol. Non, je le sais, elle m'a buté.
Alors, presque habitué à la luminosité, je soulève mes paupière. Oh, tiens, Luna. Je crois que je saisis un peu le déroulé des événements, maintenant.
J'essaie de lui offrir un sourire, mais l'élan est coupé par mon ouïe qui revient.

« - Jacques Chirac Président ♪ »

…

Abrutie. Et comment tu connais mon trip chelou sur lui, d'ailleurs ? C'est, je veux dire … Intime, quoi. Tu m'as vraiment entendu siffloter l'air sous la douche, ou c'est tes super sens de jumelle qui t'ont permis de deviner l'affaire ?
A moins que ce soir encore ce diable des coïncidences qui s'amuse avec nous. Va savoir.

« - Merci, j'crois. Et désolé. »

Doucement, ma vision quitte le flou pour s'approcher du net, et cette fois je plonge toutes mes forces dans une mine convenable. Quel con, bordel. Mourir encore une fois, alors qu'elle a déjà cramé un vœu pour me ramener, c'est rajouter une extension à mon échelle de connerie. Déjà que j'atteignais la Lune avec, là je crois que je vais finir par être le premier homme à marcher sur Mars.
J'approche lentement quelques doigts, vers mes yeux, me les frotte, pour identifier l'autre silhouette qui me cible. Ce serait pas …

Alice. Oh bordel de putain de merde de je suis con et je vais crever une troisième fois sur le champ. C'est vrai que c'est elle que j'ai appelé pour venir me sauver le cul. Parce qu'elle est la première de mon répertoire. L'idiot. J'aurais juré allégeance à ma sœur pour qu'elle ne lui dise rien sur l'accident, mais je crois que c'est trop tard. Bigre. Vite, un plan de secours.
Ah, euh, je tiens un truc. Ce serait maladroit de le faire comme ça, hein ? Mais c'est mon genre, pas vrai ? Après la limace, j'ai le droit à tout.

« - Euh, salut, Alice. Je … Euh... Suis désolé ? Mais attends avant de me frapper, j'ai besoin que tu attrapes un truc dans ma poche gauche. »

Il y a une bague en plastique dedans, une breloque que j'ai chopée dans un distributeur de jouets. Je sais, je sais, c'est de la merde, mais … Je me rattraperai, ok ? Juste que c'est symbolique de lui proposer ça ici, une référence à notre premier baiser, tout ça.
Attends. Un instant. Je viens vraiment de faire ça, là ? De lui demander de sortir une bague de ma poche, avec le message sous-entendu ? Oh, merde.