L’appartement modeste des Corbeau

Spoiler:

Il est 13h et comme tous les samedis, Benjamin prépare le repas du midi pour quand sa mère reviens du travail. Ayant une famille française, il se débrouille plutôt bien en cuisine et est capable de préparer autre chose que des pâtes. Aujourd’hui, c’est soupe à l’oignon, un repas fort bien apprécié en hiver. Le seul inconvénient, c’est de couper les oignons. Le jeune cuistot n’a toujours pas trouvé de technique pour ne pas pleurer toutes les larmes de son corps.

- "Merde ! Je me suis coupé !"

Entre son œil défectueux et les pleures, ce sont des choses qui peuvent facilement arriver. Et comme toujours, ça saigne plus qu’habituellement.

- "Fais chier ! J’ai mis du sang sur les oignons…"

Le couteau dans la main, le sang dans l’autre ; Benjamin est soudainement pris d’un frisson inexpliqué. Un sentiment très sombre lui prends à la gorge.
Il peine à ouvrir sa main et lâcher le couteau pour se diriger vers la salle de bain. Il rince ses mains et s’asperge le visage d’eau glacé afin de reprendre ses esprits.

- "C’était quoi ce bordel ?"

Tant pis pour la tarte, il va faire avec ce qu’il a préparé. Il est hors de question pour lui de reprendre le couteau dans ses mains après ce qu’il vient de se passer.

Il n'y a pas de bon whisky qui se déguste avec un glaçon. Voilà le dernier article sur le net d'un amateur de whisky qu'avait lu l'ivrogne. Il partageait plus ou moins l'avis de ce dernier. Comment apprécier toutes les saveurs d'un bon whisky si on change la température de ce dernier ? Car oui, coupé un whisky avec un peu d'eau, afin d'extraire les différents parfums et appréciés ainsi au mieux ces derniers, n'étaient pas blasphématoire. En revanche, changer la température enlevait des saveurs et ça, c'est concrètement mal.

Acquiesçant intérieurement en lisant l'article depuis son téléphone portable, Russel avançait dans le Quartier Est, se dirigeant vers le prochain arrêt de bus. C'est à ce moment là que le reflet de l'écran captèrent une silhouette particulièrement connu pour le Nephil de part une lueur jaune au niveau des yeux. Instinctivement, le trentenaire leva la tête pour confirmer cette silhouette qui était au deuxième étage d'un immeuble. Se faisant la bête noire également réalisa l'existence du contractant.

Pas une minute à perdre, l'homme s'engagea dans l'immeuble afin d'échapper aux regards des autres puis créa un kekkaï et invoqua Caelus Angelus. Du peu qu'il avait vu, l'ombre n'était pas des plus faibles, loin de là. Mais l'ivrogne avait vaincu plus grands ennemis par le passé. Il devrait...s'en sortir. Malheureusement pour lui, dans la journée, sa malédiction s'était déjà activée, il n'y avait donc pas de seconde chance possible. Il allait donc devoir faire preuve d'une grande prudence contre cette ombre. Rapidement, il se dirigea vers l'appartement où se trouvait, enjambant les marches aussi rapidement que possible et alors qu'il se trouvait devant la porte du théorique appartement où se trouvait l'ombre... Russel eut un sursaut. Il défonça la porte, s'ôtant ce malaise de la tête, braquant son arme en observant le nouveau champ de vision qu'il avait.

*RAS*

L'avait-il rêvé ? C'était possible... Il s'avança un peu plus à l'intérieur, toujours prudemment. Il visita l’appartement, toujours à l'intérieur du kekkaï.  Dans la cuisine, des oignons qui n'étaient pas encore terminé dans leur préparation ainsi qu'un couteau en sang. Le Nephil plissa des yeux, il y avait pas mal de sang, mais insuffisant pour que ce soit mortel. Cela ressemblait davantage à un accident avec le couteau.

"Fuuu..." Souffla l'ivrogne qui détendit ces muscles.

Il était beaucoup trop sur le qui-vive. Il avait probablement rêvé. Il s'en allait pour révoquer son arme quand soudain, il sentit une présence dans son dos. Aussi rapidement que possible, le trentenaire tenta de réagir, mais c'était trop tard. L'ombre lui coupa littéralement le bras qui tenait son arme. Serrant des dents, Russel ne perdit pas de temps à révoquer son arme pour la faire apparaître dans son autre main. Pendant ce temps, son corps se mouvait pour éviter les autres attaques de la bête ombreuse, mais se faisant, l'accélération des battements de son cœur augmentait sa perte de sang. Il ne tiendrait pas longtemps, déjà sa vue se troublait.

Son arme braqué sur l'ombre, il pressa la gâchette alors que le corps du Nephil tombait au sol, au niveau du couloir à l'entrée de l'appartement.  La balle touchait la tête de l'ombre qui sur le coup, recula légèrement alors qu'elle allait délivrer l'attaque décisive. Bien entendu, le trentenaire savait pertinemment qu'une seule balle ne suffirait jamais contre cette bête. Utilisant son bras restant qui tenait son arme, il se releva puis sous un ultime effort, il tira en continue. Une...Deux...Trois... Régulièrement, inlassablement, il poursuivit ses tirs jusqu'à ce que l'ombre se dissipe totalement dans le néant. A la fin seul un brouillard lui permit de conclure à l'annihilation de cette ombre. Un soupir, l'ivrogne se laissa tomber en arrière, son dos se heurtant au mur du couloir, l'empêchant de tomber complètement. Il se laissa glisser jusqu'à ce que son derrière touche le sol, son arme se révoqua d'elle-même. Il prit sa chemise, tenta de faire un garrot pour empêcher le sang de se vider davantage. Avec un seul bras, l'opération semblait quasi-impossible.

*Quelle blague.*

Il avait perdu trop de sang. Il n'arrivait plus à bouger. Son bras tremblotant chercha néanmoins à s'emparer de sa drogue douce, son vieux paquet de cigarette qui contenait des roulées. Il posa l'une d'elle sur ses lèvres qui n'étaient pas des plus sereines également, il chercha ensuite son briquet mais le temps de cette recherche, il perdit sa roulée.

*Bon sang*

Lentement, il tenta de reprendre cette dernière, mais sa vue trouble n'aidait, finalement, le Nephil craqua et son kekkaï se révoqua, faisant disparaître la roulée qu'il souhaitait prendre.

*...*

"PUTAIN !" Jura-t-il.

- "PUTAIN !"

Ces murs sont vraiment inutiles. Ils coupent tellement mal le son qu’on a l’impression que ça vient de chez soi. Enfin bon, Benjamin ne semble plus trop angoissé au final. Il désinfecte son doigt et met un vieux pansement Pokémon pour enfant qu’il trouve dans la trousse de secours. Il se regarde une dernière fois dans la glace de la salle de bain, histoire de voir s’il n’a pas une gueule de déterré. Il est un peu pâle mais peu importe, faut pas trop traîner, il reste 45 minutes pour finir de faire à bouffer avant que sa mère arrive.

Benjamin sors d’un pas décidé à finir ces maudits oignons. Traversant la pièce de vie, les yeux fixés sur l’établi en face de la salle de bain, il reprend le couteau d’une poigne ferme, il saisit un oignon et commence à poser la lame dessus.

Tout semble OK, il ne semble plus perturbé, il n’hésite pas et coupe finement le bulbe qu’il tient de sa main gauche. Il est totalement concentré sur sa tâche.

Russel n'avait pas le choix, il devait abandonner l'idée de s'en griller une. Cependant, il aurait apprécier fumer une dernière taffe avant de rendre l'âme. Bon, se laisser mourir dans l'appartement d'un inconnu n'était pas non plus l'idée du siècle. Sans oublier que lever son bras amputé vers le haut pour éviter la perte de sang commençait à se faire fatiguant. Et pis mince quoi, y a des limites à mourir de façon pathétique. Tandis que le trentenaire agonisait, un bruit de pas se faisait entendre. Peut-être qu'avec un peu de chance, le propriétaire ou locataire des lieux allaient pouvoir lui faire un garrot ? Il observa le bout du couloir, regarda l'homme passé d'une pièce à l'autre sans le remarquer.

*Sérieux ?*

Il y avait des limites à être aveugle, ne serait-ce que l'odeur de sang que devait dégager le Nephil aurait du alerter le jeune homme qui venait de passer. Ou alors, l'odeur des oignons fraîchement découpés étaient plus fortes ? Allez savoir ! Mais bon sang, l'ivrogne n'avait d'autres choix que d'appeler l'inconnu s'il voulait survivre. Ce qui en soi le dérangeait, puisqu'il n'y avait pas moyen que le jeune homme laisse passer ça sans poser de question. Cela allait être affreusement pénible.

"Hey ! Besoin d'aide !"

Cet appel à l'aide le fit grimacer. Un simple effort était suffisant pour lui faire souffrir le martyr par accoue. Si ce n'était pas pour sa nature de contractant, il serait probablement déjà évanouie à cause de la douleur. Dans tout les cas si l'humain ne le remarquait pas, Russel allait se voir mourir à cause de la perte de son sang. Si seulement il était capable de se faire un garrot à une main...

Une voix étouffée provenant du vestibule (oui !) interpelle Benjamin. Elle semble demander de l’aide mais le jeune garçon n’a pas l’air d’interpréter la phrase dans l’immédiat. Il est plutôt occupé à savoir si la porte était fermée à clé ou non. Pourtant il est certain de l’avoir fermé, de plus il ne l’a pas entendu grincée.
C’est plutôt louche, mais il y va sans véritable crainte d’un potentiel agresseur.

- "J’arrive, j’arrive, qu’est ce qu’il va p…"

Ses yeux se posent sur l’homme assis contre le mur. Le bras coupé, le sang dégoulinant sur le carrelage. Comme si il ne s’était pas arrêté, il continu sa marche vers la salle de bain, attrape la trousse de secours et l’apporte immédiatement.
Ses yeux sont grands ouverts et ne cligne même pas. Il est blanc comme un linge mais le garçon tient le choque et ne s’évanouit pas face à ce sang. Tout en gardant ses distances, il dépose la sacoche près de cet inconnu dont la présence reste un total mystère.
Il est debout et se tient face à lui, le regard plongé dans celui de cet étranger. Il ne parle pas, il ne bouge pas, sa main droite tremble inhabituellement.

OK, l'inconnu l'avait enfin remarqué, mais plutôt que de s'arrêter, il s'était directement barré, l'ivrogne ne savait où. Bien assez tôt cependant, il revint avec une trousse de soin qu'il déposa près de lui.

*Oh...Il sait ce qu'il fait.* Songea le Nephil, légèrement surprit par une telle prise de décision.

Néanmoins, ses yeux troubles ne parvenaient pas à voir avec exactitude l'expression du jeune homme en face de lui. En réalité, il était bien incapable de voir que la personne dont il dépendait à l'heure actuelle était en état de choc.

"Tu sais faire un nœud ? M'en faudrait au niveau du bras. Ça... pisse le sang depuis un moment et je pense que je vais pas tarder... à clapser si tu soignes pas ça. Tu peux le faire ?"

Russel ne mâchait pas ses mots, il avait grandement besoin d'aide et honnêtement il lui était extrêmement difficile de rester conscient.

Qui est cet homme ? Qu'est ce qu'il fait là ? Comment il est rentré ? Pourquoi il est aussi gravement blessé ?
Toutes ces questions qui trottent dans la tête de Benjamin qu'il est incapable de pouvoir poser. Surtout que vu l'état du blessé, il ne serait pas en mesure de répondre convenablement.

Il n'a pas vraiment compris ce que cet homme lui a dit mais il comprend clairement qu'il veut des soins d'urgence. Il s'approche tout doucement, intimidé par la situation. Il ouvre la trousse et sort quelques pansements et un spray désinfectant, clairement rien d’utile pour stopper l’hémorragie.
Son regard se perd à droite à gauche, il est un peu désemparé mais remarque la chemise du trentenaire qui avait été retiré. Il s’en empare d’un geste très vif et nerveux, la pression et la peur se voit dans ton son corps.  Il saisit le restant de bras et noue de façon sèche et violemment la chemise.

- "Pardon !", dit il en fermant les yeux de peur se prendre un coup.

Le jeune homme semblait comprendre ce que lui demandait Russel. Heureusement qu'il est tombé sur un débrouillard sinon aujourd'hui aurait été son dernier jour. Honnêtement, il apprécierait si une clope pouvait lui être donner au bec, mais ce serait sans doute trop en demander. Un certain soulagement tandis qu'il sentait que quelque chose pressait son bras, en même temps qu'une douleur vive qu'il tenta d'encaisser en serrant des dents.

"Serre...Bien..." Articula-t-il alors qu'il sentait sa conscience s'en aller de plus en plus loin.

Le combat, sa blessure au bras ainsi que la douleur qui en découlait l'avaient épuisé. Il ferait bien un petit somme, mais ce n'est pas comme s'il pouvait s'évanouir chez un inconnu comme ça. En soi, c'est un miracle que cet inconnu ne l'ait pas laissé mourir, trop choqué pour réagir. Mais malgré tout ses efforts possibles, son corps avait atteint largement ses limites. Au moins, avant l'inéluctable, il devait préciser quelque chose.

"N'appelle pas... les secours..."

Sur ces mots, l'esprit du Nephil s'en alla complètement, laissant son corps totalement au soin de la volonté du jeune homme.

Quoi ? Ne pas appelez les secours ? C'est qui ce mec à la fin ? Un voleur ? Un assassin ? Pourtant, il ne semble pas être spécialement mauvais. Mais qu'est ce que Benjamin doit faire ? Appelez quelqu'un d'autre ? Le voisin peut être ? Non trop risqué, il serait probablement obligé de déménager après. Il reste environ 40 minutes avant que sa mère rentre, il ne faut surtout pas qu’elle voit ça, ça risquerait de dégénérer.

Il se souvient de cette fille qu'il a rencontrée à la maison de retraite, elle lui avait donné son numéro. Elle a probablement des connaissances en médecine. Mais c'est vraiment pas cool de l'impliquer dans cette histoire tordue. En plus s’il s'avère que cet homme est recherché, ils risquent d'avoir des problèmes. Aucune solution ne lui vient à l’esprit, alors il faut tenter ! Ça devrait aller si cette fille décide de venir, elle doit être à 5, 10 minutes d'ici à pied.

- "Euh ! Je vais appeler une amie, elle pourra surement nous aider. OK ?"

Merde ! Il est inconscient ! Il n'y a plus une seconde à perdre, le téléphone sonne 5 secondes, 5 secondes qui paraisse une éternité.

Le téléphone sonne. Je ne reconnais pas le numéros. Premier mauvais signe. Je cale doucement le combiné entre mon épaule et mon oreille. Mon regard se perd dans la foule qui m'entoure. Et malgré le bruit, je reconnais la voix de ce type. Cet humain qui semblait subir les ravages d'une ombres.

"Allo ? "

Réponse de l'interlocuteur. Mauvais signe sur mauvais signe. Il est pas serein. Je ne doute pas qu'il y a un truc mauvais qui se trame.

" Qu'est ce qu'il se passe ? Ou es tu ?"

Ma voix monte d'une octave. Mais j'essaie vraiment de maintenir un ton égal. C'est dur. Sa panique me contamine a travers la simple intonation de sa voix. Et maintenant, on est deux a ne pas savoir quoi faire. Merde.
A mesure que la situation s'explique. Mes pas commencent doucement à accélérer, jusqu'à finalement courir vers le lieu qu'il m'a indiqué. J'hésite même a voler une voiture avant de me raviser. C'est pas si loin. Et je suis capable de maintenir le rythme de cette course au moins une dizaine de minutes nan ?

La jeune femme aux cheveux verdoyants devrait arriver d'ici peu. Seulement 8 minutes sont passés mais on aurait dit une éternité.
Benjamin n'a pas cessé d'imaginer ce que peut être cette homme et au fur et à mesure que les minutes passes, il alterne entre "dois-je le sauver ?" ou "dois-je appeler la police ?".
Il décide donc de le fouiller pendant qu'il est inconscient. Il trouve un portefeuille en cuir, un peu abîmé par l'âge, ça correspond pas mal à la dégaine du bonhomme. Il tombe enfin sur sa carte d'identité.

- "Russel ?"

Par de réponse de ce dernier. En même temps, avec le sang qu'il a perdu, plus la douleur, qu'est ce qu'il peut espérer. Il est encore vivant d'ailleurs ? Benjamin saisie le poignet restant du trentenaire. Il est gelé seulement à cause de la température ambiante. Pour ce qui est du pouls, il est faible mais régulier, ce qui rassure le jeune homme.

Je suis un brin essoufflée. Mais j'entre dans la maison en trombe après une éternité à courir. Si je n'étais pas en urgence. Je me serais félicité d'avoir tenue ma course sans faillir. Comme à chaque fois que je constate que mes capacité physique sont tellement différentes depuis.... Depuis mon contrat passé il y a une éternité. Bientôt 6 mois j'dirais. C'est à la fois réconfortant et étrangement dérangeant. Mais soit. L'ambivalence est devenue un sentiment habituel. On va dire que je m'y suis adapté

Si je pouvais. Je me serais quand même mentalement félicité de ne pas avoir volé de bagnole, mais je ne peux pas. Simplement parce que je sais ce que ca va impliqué pour repartir. J'ouvre la porte sans délicatesse. Par chance elle est ouverte. Je ne hausse pas la voix, mais je parle assez fort pour que la maisoné m'entende.

- Yo. C'est Luna. Ou il est ?

Je navigue dans les salles de la maison à la recherche d'un visage familier. Quoique... Familier est un peu fort comme mot. Je rencontre beaucoup de gens tous les jours. Je me souviens surtout de ce type qu'il avait un regard vairon et qu'il semblait paumé. C'est tout

Je tombe sur lui. Je le dévisage un instant en me rappelant ce qui m’amène ici. Quand je vois le type amputé d'un bras, je flippe... J'hésite un instant avant de me rendre compte que je ne rêve pas... Je murmure comme pour moi même.

- Russel ?

Je regarde le type vairon dont je ne connais toujours pas le nom. Il... Il fait quoi ? Mon regard devient un instant féroce. Est il contractant ? J'ouvre un kekkai avant de le refermer immédiatement en constatant que non... Il ne l'est pas. Bon... Ce n'est pas un piège. On repassera pour la discrétion. J'ai autre chose chose a penser.
Mes mains viennent tâter le pouls. Merde, il est filant C'est jamais bon signe.

- Il est en choc hémorragique.

Je le regard avec un brin de mépris. Mais c'est normal. Y'a putain de Russel a terre. Je stresse. J'ai besoin de... Je sais pas. Paniquer.
- Attend ? T'essayais de prendre le pouls, on le prend pas comme dans les films. T'as juste senti ton propre coeur... Et puis... Un garrot... Ca se fait avec une ceinture bordel... Un élastique a la limite mais... Mais pas du tissus ! Je.. Putain. Il va crever

Je regarde Russ' Il est pale. Et le garrot est imbibé de sang. J'ai peur. Je sais pertinemment que j'ai pas un taux de 100% de réussite. Je veux pas risquer qu'il crève...
Merde. Merde. MERDE !

- Tu as une bagnole de dispo ? tu peux conduire ?

Benjamin pensait avoir bien fait mais les mots de la jeune femme ne le rassure pas trop, lui qui arrivait péniblement à rester calme plutôt. De plus, il n'a ni le permis, ni de voiture à disposition vu que sa mère est au travail. Mais il y a des choses plus intrigantes qui taraudent l'esprit du jeune garçon, des questions plus importantes que la vie de cet inconnu.

- "J'ai pas de voiture et de permis mais vous pouvez m'expliquer pourquoi on appelle pas les secours vu que vous avez l'air de le connaître ? Et puis faudrait retrouver son bras mais j'ai essayé de suivre les traces de sang dehors mais y'en a pas ! C'est quoi ce bordel !?"

Sa voix monte. Il n'arrive pas à canaliser toute la pression et c'est compréhensible et même impressionnant qu'il ai su réagir un minimum. Il a peut être un moyen d'obtenir une voiture mais il ne connait pas les horaires du samedi et il veut savoir ce qui se trame avant de s'embourber dans une situation qui le dépasse encore plus.

En voyant le type s'agiter. Je commence doucement a me calmer. C'est comme me tendre un miroir. Ca me permet de me rendre compte instantanément que je suis aussi a cran que lui. Ca fait ressortir le ridicule de notre comportement. A s'agiter et gesrticuler sans rien faire.
A cette constatation, un lambeau de blouse commence a revenir sur mes épaules. Une ombre de soignant calme que je suis, vient de réapparaitre du néant. Je m'exprime pour la premier fois de manière calme.

- Mec. Russel va mourir si on ne fait rien. Il t'as rendu un gros service j'pense et tu vas constater dans pas longtemps que ca va probablement aller mieux au niveau des voix, de ta tristesse ou de ta peur du noir. Alors, je te raconterai un jour une jolie histoire qui t'expliquera tout ça. Mais on a pas le temps.

Je me redresse pour le regarder dans les yeux. Espérant que mon calme de soignant soit assez convainquant pour faire office d'autorité.

- En attendant, sache qu'il t'a rendu service. C'est le plus important. Et que c'est a ton tour de lui renvoyer la balle. Va chercher une ceinture de cuir et refais moi un vrai garrot cette fois. Moi, je me charge de... "Trouver" un véhicule pour le transporter en lieu sûr. D'acc ?

Je tourne le dos vers la porte et me dirige vers le voisinage d'un pas rapide. Un petit kekkai se déploie. Je défonce la porte pour fouiller rapidement. Mon regard chope rapidement une clef de voiture a porté de vue. Un petit switch risqué d'une demie seconde et j'ai dans les mains la clef de notre transport.
A nouveau dehors, j'appuie sur le bouton qui ouvre a distance la bagnole, et j'identifie la voiture qu'ouvre la clef. Me reste plus qu'a revenir sur mes pas, vers la maison de... Merde, je connais toujours pas son prénom a l'aut'. Il me l'a encore jamais donné. Tss

Une fois sur le seuil des lieux, j'annonce.

- C'est bon. J'ai de quoi le transporter.

Mes pas m’amènent vers la pièce ou se trouvait Russel.

Le nouveau garrot est bien mieux en effet et ça remet en confiance Benjamin qui était perdu depuis au moins une bonne demie-heure. La jeune femme rentre à nouveau dans l'appartement, clé de voiture à la main. Il hoche la tête, sans un mot, il est presque prêt à partir.

Mais avant ça, il doit au minimum laisser un mot à sa mère et nettoyer rapidement les quelques gouttes de sang sur le carrelage. Il attrape un post-it et note dessus :

Désolé ! il reste encore pas mal à cuisiner !! J'ai oublié le porte-monnaie au supermarché comme un gros niggo ! Je reviens vite




Pendant qu'il écrit, il enfile ses chaussures et son manteau pour ne par perdre de temps et revient dans le couloir avec une éponge. Il pousse légèrement le corps du blessé et essuie la petite flaque de sang sur le sol.

Il revient une nouvelle fois, cette fois-ci, c'est le moment d'y aller. Il n'ose pas prendre l'initiative de le porter de peur de faire une gaffe, il attend donc les directives mais quelque chose le chiffonne pour la suite.

- "J'espère que la voiture est dans le parking souterrain. Et on fait quoi si on croise quelqu'un dans l’ascenseur ou l'escalier ?"

Il est armé d'un manteau et est prêt a partir. Je vérifie le garrot. Ouais. C'est de la bonne cam. Dommage que ça se fasse trop tard. M'enfin. Avec moi. Rien n'est jamais trop tard Askip.
Je saisis Russel avec un peu de difficultés. mais j'arrive a supporter le poids de son corps. Soulever avec mes jambes et non avec mon dos. Histoire de ne pas me ruiner le dos.

- "J'espère que la voiture est dans le parking souterrain. Et on fait quoi si on croise quelqu'un dans l’ascenseur ou l'escalier ?"

Je lui sourie poliment. Genre de sourire de l'embarras... Quoi ? Je vais pas lui ouvrir la voie pour entrer au QG Nephil ? Pas besoin de trafiquer sa mémoir pour qu'il oublie ou de le forcer a faire un voeux pour qu'il se joigne a nous. Ce serait trop problématique pour moi, pour lui pour la faction. Et ca n'aidera pas Russel.

- Ecoute. La ou je vais. Vaut mieux que tu ne t'y trouves pas. D'acc ? J'ai pas le temps pour te baby sitter. Je te remercie pour avoir eu le bon réflexe. Mais...

Je soupire. C'est beaucoup trop d'information a lui fournir beaucoup. J’espère qu'il n'ai pas trop paumé.

-Mais vaut mieux pour le moment que tu te tiennes à l'écart de moi et de Russ'. Que tu reprennes ta vie sans problème. Il est primordial que tu ne parles de ça a personne. Tu risques d'attirer l'attention de gens mal intentionnés. Des personnes qui peuvent faire de ta vie et celle de ta famille un enfers. Dacc' ?
Invoquer la famille. Généralement ca calme les gens. Ils peuvent foutre leur vie en l'air si ca les éclate. Mais on évoque le potentiel danger sur papa-maman, ca se calme. D'autant plus que je ne ment pas. Attaquer les familles pour saper le moral. Ca se fait. Mon sourire disparait a mesure que j'envisage qu'un chat puisse apparaitre pour forcer le jeune homme a faire un vœu.

- Je te dis au revoir. Pardonne moi de te donner plein d'information comme ca. Mais le moment me permet pas d'offrir plus de détails. Dernier conseil. Ne fait pas confiance à quelqu'un s'il dit s’appeler Kyu. C'est un peu abstrait comme conseil, mais tu le reconnaitras très aisément si tu le vois. D'acc ? J'te l'souhaite pas. M'enfin, dans le doute appelle moi si tu penses que quelque chose va mal. T'as mon numéros.

Je lui sourie avec une assurance feinte, offrant un simple clin d'oeil a l'adolescent au regard vairon. Puis l'instant d'apres, je déploie mon kekkai pour disparaitre de sa vue. Embarquant Russel inconscient.
Une fois seule l'illusion s'en vas. Je panique. Putain... Comment j'ai fais pour paraitre aussi calme ? Bordel.. Russel ? Qu'est ce qu'il s'est passé pour te mettre hors d'état de nuire ? Est ce que c'est dans le coin ?
Les question s'entrechoque dans ma boite a cerveau.