Description du lieu.:

Après une petite course effrénée. Nous voilà rendu au théâtre abandonné du Quartier Sud. Tommy a gagné avec une centaine de mètre d'avance. Une fois à l'intérieur du bâtiment, j'invoque un kekkaï. En théorie les 'monstres' des alentours devraient venir rapidement.

"Bon par contre désolé Tommy, mais je suis un peu malade, je n'arrive pas à invoquer mon arme, tu pourras t'occuper des monstres sans moi ? Je te donnerai des conseils, d'accord ?"

Voyons voir quel est le niveau de ce petit garçon. Je suis sûre qu'il va m'épater, ou mourir. Enfin, je n'espère pas, ce serait une mort ennuyeuse. Après tout, il ne fera que disparaître sans laisser de trace. Luna ne peut pas être triste, si elle ne voit pas le cadavre. Après, il faut que des ombres arrivent, ce qui n'est pas une certitude en soi.

"Enfin, peut-être qu'il n'y aura pas de monstre aujourd'hui... Ce qui n'est pas plus mal, puisque je suis malade."

[1. Aucune ombre n'apparaît.
2-3: Deux ombres de niveau 1 arrivent.
4-5: Une ombre de niveaux deux arrive.
6: Une ombre de niveau 5 arrive.]

(Ne pouvant pas lancer de dés, je l'ai fait manuellement sur un autre site, et c'est un 6 qui est tombé... Bonne chance Tommy, Ta grande soeur te regarde !)

Se battre, tout seul ? Sans superviseur, sans sécurité, juste, face au danger ? Mais  c’était … Génial ! Le gamin trépignant encore plus, excité de pouvoir enfin montrer l’étendue de ses talents à sa grande sœur. Elle allait voir qu’il était un grand Ranger, et que c’était plutôt à elle de le voir comme son référent suppléant – même, permanent, soyons fou !

« - Pas de souci. Admire ! »

Et sur ces mots, Tommy matérialisa sa superbe épée, tandis qu’à travers sa visière il jaugeait du regard la silhouette qui se dessinait dans l’obscurité du théâtre. Tout bien réfléchi, ils étaient partis quand même sacrément loin, pour cette chasse. Luna qui d’habitude préférait ne pas trop s’éloigner de la maison, ou de l’école, venait de jouer gros en s’hasardant au Sud. Surtout qu’elle était malade – à croire qu’elle avait envie de ramener encore une fois le petit à la vie.

Enfin, l’ennemie fit son apparition, gigantesque. Comparée à l’enfant, il va soi. Il sera le manche de son arme, puis marcha, héroïquement, vers l’adversité. La toile valait le détour : ici, le gentil avançait calmement, et là, le monstre accélérait à chaque instant. Puis, le choc arriva, les griffes s’emmêlèrent sur la lame, et un instant, deux forces luttèrent pour remporter ce duel de force.
Jusqu’à ce que l’une prenne le dessus sur l’autre. D’ordinaire décidée, la tête brulée frémît quand elle aperçut la mandibule lécher son casque, et finir sa course le long de son torse, déchirant son précieux costume et arrachant à sa peau une couche de son épiderme.

Dans un réflexe, le marmot tenta de repousser l’Ombre avec sa main libre, mais ses muscles n’étaient clairement pas assez développés pour entraver les mouvements de celle-ci – et de l’autre bras, c’était comme s’il n’avait jamais eu de tranchant. L’ennemie était trop forte pour lui. Et il le réalisait là, brutalement. Ses pupilles s’écarquillèrent quand il vit la seconde griffe fondre sur lui, et il bondît en arrière pour l’esquiver, abandonnant à la fois son épée, et sa bravoure.
Parce qu’au fond de lui, demeurait un instinct de conservation. Aussi étrange que cela puisse paraître.

Là, à l’abri une seconde, il fit demi-tour et couru à grandes enjambées vers sa sœur, activant de toutes ses forces sa super course.

« - Aide-moi Luunaaaaaa ! Je peux pas la tueeeer ! »

Ce cri, sortait du cœur. Il détestait demander de l’assistance, mais il n’y avait pas d’autres choix.

L'ombre qui arriva, était plutôt forte. Ce sera une bonne occasion de constater la force de Tommy. Les deux adversaires s'avancèrent l'un vers l'autre, l'un plus lent que l'autre et un duel force se fit. Bien rapidement, le petit garçon peu âgé, se voyait perdre le combat. Obtenant comme seule trophée, une belle griffure. Diantre n'est-il pas mort ? Dans tout les cas, il y a tout à refaire dans l'éducation au combat de ce petit power rangers. Mais ce dernier à l'intelligence de fuir. C'est toujours cela.

"Je veux bien t'aider, mais tu dois me promettre deux choses. Tu ne demanderas plus à jouer au combat contre les monstres et tu devras aller à l'école."

Si le petit était paniqué, j'étais totalement calme. Perdre son sang froid était le meilleur moyen de faire des erreurs après tout.

"Accepte et va te cacher, d'accord ?" Demandais-je presque avec un ton maternelle.

Diantre, on pourrait croire que j'aide l'ennemi, mais ce n'est pas le cas, j'ai un visage Nephil ici, certes petit, mais tout de même Nephil. M'assurer qu'il ne meurt pas stupidement, est donc ma priorité.

Le marché que lui proposait Luna le fit s’arrêter net, la toisant avec des yeux plus ronds que le moins ovale des œufs d’autruche. Non, c’n’était pas possible, non ! Lui, arrêter de demander jouer à combattre des monstres ? Lui, ne plus faire l’école buissonnière ? C’était totalement délirant ! Il préférait mourir, que ça !
Et d’ailleurs … Eh bien, il pouvait, en fait. Sa sœur n’aurait qu’à le ramener à la vie une fois que l’Ombre serait vaincue, et il échapperait ainsi à la proposition tout à fait malhonnête.

Sauf que. Qui lui dit qu’elle accepterait de le ressusciter s’il ne jouait pas le jeu ? Tout devenait beaucoup trop compliqué, en fait. Le cerveau lent de l’animal humanoïde retourna à ses cogitations, et conclut qu’il valait mieux repousser le problème à plus tard. Comme dit l’adage, si tu ne sais pas comment faire, fais plus tard. Ou pas.

Le gamin reprit sa course, et alla se planquer dans un recoin. La tête tout à fait tournée vers le mur.

« - Euuuuh, j’irai tous les jours à l’école maintenant, même juste avant l’été, promis ! »

Intérieurement, il se surprit à prier divers dieux – dont certains dont le nom n’avait encore jamais été prononcé – que sa sœur ne saisisse pas qu’il avait occulté la moitié de l’affaire. Parce qu’il ne pouvait décemment pas accepter ça ! Sa vie n’aurait plus aucun sens sans cette fameuse activité, il ne serait plus que destiné à se mourir, lentement, et sous d’atroces souffrances ; grimées sous le simple et innocent mot d’ennui. Rien qu’à y penser, il frémissait déjà.
Vraiment, sa référente suppléante ne pouvait pas se montrer comme un tel être abominable. L’avait-elle trompé depuis le début, quant à sa vraie nature ? Serait-elle une personne qui souhaiterait qu’il … Tommy déglutit … Réussisse ses études aux prix de sa passion ?
Non. Il ne voulait pas y croire. Mais pour le moment, il ne pouvait plus faire grand-chose, de toute façon.

Terré dans son coin, Tommy demeura muet tandis que ses yeux inspectaient timidement la superbe griffure de son casque. Un seul coup avait suffi à le mettre au tapis, lui, le Power Ranger. C’était d’un ridicule. D’habitude, les très grosses Ombres, Luna s’en chargeait, ou ils le faisaient à deux. Mais il n’imaginait pas que leur force soit si gargantuesque aux côtés de la sienne. Il était faible, tout compte fait – tellement, qu’il n’était même pas capable de défendre sa sœur. Peut-être même encore moins fort que son frère, qui sait ?

Enfin, les swings cessèrent enfin, et une voix aimée l’appela, l’invita à sortir de sa cachette. Lentement, il émergea, honteux. Jamais on ne l’avait vaincu de la sorte ; même sa débandade le soir où David a fait du mal à sa maman avait été plus longue. Timidement, il toisa sa sauveuse, les yeux encore hésitants. Pourquoi les rôles étaient inversés ? C’était censé être lui le héros, lui ! Il enragerait presque, s’il n’était pas triste en premier lieu.

« - Désolé Luna, j’suis vraiment trop mauvais … En plus, t’étais malade, j’suis trop nul … Dis … Tu veux qu’on rentre ? »

En plus, sa sale blessure lui faisait si mal qu’elle lui donnait envie de pleurer. Mais ce serait rajouter encore plus de faiblesse en lui, alors qu’il venait déjà de faire une si piètre performance. Décidément, il était vraiment trop nul.
Il s’approcha encore un peu, et se jeta à bras perdu en quête d’un câlin vers Luna. Parce que, tout Ranger qu’il était, il demeurait un enfant – et donc, c’était un excellent moyen de le consoler. Collé contre elle, il ferma les yeux un instant, oubliant presque la visière qui le séparait du ventre chaleureux de sa sœur.
Il renifla, puis pleura discrètement.

Tommy revient, tout gêné. Diantre qu'il est mignon, j'ai envie de le serrer très fort contre ma poitrine et de le croquer. Mais n'oublions pas qu'il s'agit là d'un Nephil, ce serait triste que de l'oublier. Quel dommage, mais avec tout ceci, j'ai enfin une idée pour l'avoir rien que pour moi, sous mon vrai visage. C'est d'ailleurs là que le jeune garçon vint se serrer contre moi. Je l'accepte gentiment, tout en lui caressant le casque.

"Tommy..." Chuchotais-je. "Tout les super héros s'entraînent avant de chasser les monstres. Tu ne t'es juste pas assez entraîné. Je peux te proposer une personne qui accepterait de t'entraîner. Mais je veux que tu me promettes de ne jamais en parler, même à moi. Qu'en penses-tu ?"

Le côtoyer sous mon apparence initiale rendra les choses, beaucoup plus facile. Mettre main sur deux visages Nephils... Je suis gourmande, mais je pense pouvoir gérer la chose. Et puis avant toute chose, je trouve cela très excitant. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas joué avec le feu par simple amusement.

Une personne pour l’entraîner ? Dont il ne devrait jamais parler, même à Luna elle-même ? Alors que c’est elle qui lui en avait parlé ? Tommy fronça les sourcils, circonspect quant à la démarche. Mais il se savait dans une position peu propice à la discussion – elle venait de le sauver, et de passer l’éponge quant aux chasse aux monstres, alors il avait intérêt de se montrer gentil pour la suite.
Du moins, jusqu’à ce que l’enjeu retombe. Ensuite, il pourrait redevenir le sale garnement de toujours.

« - D’accord ! Si tu veux, j’en parlerai pas ! Elle a un super costume elle aussi ? Elle a une épée ? Elle peut faire des pirouettes ? Elle connait les postures ? Hein, dis, dis, dis ! »

Et voilà. Etant donné qu’il s’était pris au jeu, une flopée de questions avaient surgi de son petit cerveau et s’étaient décidées à harceler un peu plus sa sœur, la forçant à crouler sous leur poids. Ou pas. Parce que si toutes ces interrogations pouvaient être répondue par le simple mot typique de l’affirmation, ce serait simple. Et merveilleux. Vraiment, merveilleux.
Figurez-vous ça ! Peut-être allait-il enfin mettre la main sur un Ranger référent digne de son nom ; car si sa référente suppléante lui conseillait quelqu’un, c’était parce que cette personne était au-dessus de ses propres capacités. Qu’est-ce qu’il était excité à cette idée ! Il n’en tenait presque plus sur place, et commençait à frémir, toujours collé contre Luna.
Alors, il avait déjà oublié que la condition était étrange. Mais pas ce qu’elle induisait, en revanche.

Revenir, ici ? Tout seul ? C’était … Terriblement dangereux, et excitant. M’enfin, un détail clochait dans l’idée démentiellement géniale de sa sœur. L’heure du rendez-vous. Les petits sautillements du garçon cessèrent progressivement, tandis que son regard toisa d’un air étonné Luna. Il devait avoir mal entendu, évidemment.
L’enfant laissa un doigt se balader dans l’air, traçant un encéphalogramme plutôt correct ; et enfin, il s’arrêta, après dépeint plusieurs secondes de bande.

« - Mais, on est chez maman tous les deux à cette heure-là ! Je pourrai pas rien te dire, ça marche pas ! »

Un peu après la sortie de l’école, pareil mais avant les Power Rangers ; assurément un moment mal choisi. Sûrement son gros rhume qui lui brouillait un peu la tête.
Un brin de malice s’éclaira dans le regard du garnement, et un sourire se traça encore plus machiavélique.

« - Mais je peux y aller à quinze heures, si tu veux ! »

Il avait promis de ne plus faire l’école buissonnière. Mais si c’était elle qui le lui demandait, ça pouvait bien corrompre l’affaire, non ? C’était à tenter, peut-être. De toute façon, il fallait changer le programme, parce que ça semblait bien compliqué sinon, de respecter à la lettre les consignes données.

S’échapper de chez lui, sans qu’elle le découvre ? C’était une mission risquée et hautement ardue, mais l’idée plaisait bien à Tommy. Voilà un autre moyen de perfectionner son art du sprint, en somme – et aussi, il avait gratté quelques talents pour disparaître, lors de ses trop nombreuses tentatives d’école buissonnière.
Donc, il opina du chef, tout sourire, et sautilla à nouveau sur place, comme un vrai petit animal.

« - Ok d’ac’ ! Je vais faire tout ça alors, mais tu devras pas me voir, hein ? Sinon c’est de la triche … »

Bah oui. Si son adversaire se défendait, c’était pas drôle – le gentil devait toujours gagner, qu’importe l’objectif mis en place ; alors si Luna était de son côté, fallait qu’elle l’aide. Quitte à ce que ça lui desserve, tiens.

Clopinant tranquillement, l’énergumène se mit en route vers la sortie de la bâtisse, grimaçant de temps à autres lorsque son cerveau se souvenait de la blessure sur son torse. Mais c’était seulement par intermittence, alors ça allait encore.

« - A demain Luna ! Sois plus malade, hein ! »

Un ennemi conciliant, d’accord ; mais réduit, hors de question. Et puis, elle était bien résistante à ça d’habitude, non ? Ça devrait donc se soigner bien vite, si la logique du gamin fonctionnait correctement.
Parfait.