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Samantha avait besoin de parler. Elle avait hésiter à faire beaucoup de choses ces derniers temps et elle n'avait plus beaucoup de monde à qui les raconter. Son médecin, Nephil en plus, était partit vers d'autre contrée et ses 'alliées' ne la comprendrait pas. Elle était tiraillée entre plein de directions, un peu perdue. Alors elle contacta le seul avec qui elle pouvait parler sans problème : William.

- "Salut, c'est Sam'. J'aurais bien besoin de parler un peu, concernant divers choses... Est-ce que l'on peut se retrouver au même endroit que la dernière fois? Bunker Hill si je me trompe pas" fut le message envoyé au pestiféré.

La jeune Seraph y arriva en avance, sans même faire attention aux gens qui étaient présent. Habillée négligemment pour ne pas attirer l'attention, elle ne craignait pas beaucoup de monde. Elle se demandait même si ce n'était pas mieux de tomber face à un Nephil ni vu ni connu pour que cela soit rapidement terminé? Elle faisait les cent-pas, réfléchissant à ce qu'elle dirait et ce qu'elle ferait. William avait toujours été un phare dans la nuit sombre, il l'aiderait probablement une fois de plus...

Ca fait un peu moins d'un mois que je me trimballe avec un portable volé, il serait plus que temps que je m'arrange pour en avoir un à moi. J'ai réussi à trouver le code PIN et a bidouillé rapidement le portable pour avoir accès au réseau - c'est tout con, me suffit de retirer la batterie, d'enlever la carte PIN, de remettre la batterie, de glisser la carte PIN, et il me suffit ensuite de taper le mot de passe PIN. J'ai eus de la chance, c'était tout simplement 0000. J'étais donc en train de recharger mon portable avec un chargeur emprunté à la salle de détente, et je vois que j'ai un message. Je connais ce numéro par coeur : c'est celui de Samantha. Que lui est-il arrivé ? Il est rare que nous nous voyions, aussi, je suppose que c'est pour parler d'un sujet sérieux. Surtout si elle me donne rendez vous dans les bas-fonds...
Sans attendre, je me lève et pars pour Bunker Hill, emportant tout de même le téléphone aux trois quarts chargé.
Je finis par arriver au même endroit que la dernière fois, et repère rapidement mon amie dans le décor pauvre des environs. Je m'avance d'un pas rapide - il ne fait jamais bon trop s'attarder dans ce genre d'endroit - et arrive finalement à sa hauteur.

- Salut, Samantha. Comment vas-tu ?

Je détaille son expression et en profite pour juger rapidement sa tenue, essayant de récupérer le plus d'indices sur son état actuel.

Samantha vit arriver alors son ami de longue date. Elle lui sourit, un peu tristement. Sa gestuelle était bien moins enjouée que d'habitude. Elle n'avait pas spécialement l'air tendue, ou stressée, juste fatiguée et abattue. Elle se tenait droit mais ses épaules trahissaient sa fatigue. Ses yeux appelaient un peu à l'aide mais son visage restait relativement de marbre, comme devenu résistant. Mais le sourire qu'elle eut en voyant William était sincère et elle se sentait soulagée.

- "Salut William, ça pourrait aller mieux" dit-elle en haussant un peu les épaules "Mais je suis contente de te voir, comme toujours"

Lire William était absolument impossible à cause de son accoutrement qui cachaient, pour des raisons de sécurités, tout son corps. Samantha ne pouvait donc que supposer qu'il était comme à son habitude : blasé et un brin en retrait.

- "Merci d'être venu aussi vite en tout cas. Tout va bien, de ton côté?"

Samantha allait attendre de savoir si son ami allait bien avant de déballer ses propres problèmes. C'était important d'écouter les autres.

- Tout va... Tout va bien, de mon côté. La vie se déroule... Comme toujours. Mais ce n'est pas pour discuter de moi, que je suis venu. Il y a quelque chose qui te tracasse ?

Je m'approche un peu plus d'elle, et cherche un banc des yeux. Pas de bancs... Mais ce palier de porte fera parfaitement l'affaire.

- Viens t'asseoir.

Je nettoie rapidement la place de ma main, et l'invite d'un geste à prendre place, puis m'asseoit à côté d'elle.

- Alors. Quoi de neuf, depuis la dernière fois ?

Samantha sourit un peu, contente qu'il accepte de l'écouter. Ca lui ferait le plus grand bien. Elle s'assit à ses côtés et resta silencieuse quelques temps pour mettre ses pensées dans l'ordre. Le plus important d'abord.

- "Du bien et du moins bien. Actée est parti rentrer en Grèce. Il ne se sentait pas de vivre ici" soupira-t'-elle, triste d'y repenser "Tu as probablement du remarquer que nous étions ensemble"

Peut-être que ce n'était pas le cas. Mieux valait peut-être raconter depuis le début.

- "On s'est connu, je crois, au centre d'aide. On a mit du temps à se connaître mais on savait que l'autre était contractant. On s'est toujours caché la vérité, pour ne pas s'attirer des ennuis. Je savais bien qu'un jour, on devrait rompre, mais j'aurais espéré plus tard... Dans tout les cas, avant qu'il ne parte, nous nous sommes révélé nos natures. Comme je m'en doutais, il était Nephil..."

Samantha avait toujours eut de la chance face au Nephil, à part peut-être le gamin enflammé...

- "Et maintenant qu'il est parti, je suis perdue. Je n'ai plus vraiment d'énergie... Je tentes d'aider les gens, par-ci, par-là... Mais je sais pas si la vie de Contractant est faites pour moi... Trop de souffrances...."

A vrai dire, je m'en doutais un peu. Je l'ai tout de suite pas bien senti, le Actée. Je sais pas pourquoi, mais j'avais pas une très bonne impression sur lui, la première fois que je l'ai vus. Il semblerait - à mon grand dam - que j'ai eus raison.

- Je le soupçonnais.

J'écoute Samantha se confier à moi et mon cœur se serre. Je sens l'aura de fatigue qui semble s'échapper d'elle, et sens ma propre nature réagir à celle-ci : je veux la protéger. Samantha est comme un phare pour moi : elle a toujours éclairé ma vie, comme un espoir au loin. Elle ne perdait jamais espoir, restait déterminé. Sa volonté m'avait toujours impressionné... Et, ne serait-ce que pour moi même, je ne peux pas la laisser tomber.
J'ai été un jour psychanalyste, il est temps de vérifier si mon vieux cœur fonctionne encore.

- La vie est pleine de souffrances. Mais...

Je laisse un court silence, et la scrute du fond de mes yeux reptiliens.

- Mais tu as toujours sus surmonté ses épreuves en allégeant les souffrances des autres. A commencer par les miennes.

Je continue, parlant très librement.

- Tu as rompu avec ce garçon... Mais la vie continue. Que représentait-il pour toi ?

C'était bien entendu flagrant qu'ils étaient plus qu'amis lors de leur rencontre. Rien qui n'aurait échappé à l'oeil averti de William. Samantha sentait une partie de son poids s'enlever une fois son histoire terminé. Cela faisait au moins une personne à qui elle avait pu en parler. Il était hors de question d'en parler avec un autre Seraph. Leeroy et Elliade avaient disparus des radars. Sa famille était humaine et elle ne souhaitait pas l’inquiéter.

Samantha lui sourit gentiment. C'était vrai que le meilleur moyen qu'elle avait pour remonter la pente, c'était aider les autres. C'était même la seule chose qui l'intéressait désormais. Mais était-ce encore possible au vue des conditions? Elle n'avait pas vraiment réussi à se réintégrer. D'anciennes amies devenaient des ennemis et les choses ne semblaient pas s'arrêter.

- "On a rompu d'un commun accord. Il était trop difficile, et risqué, de faire une relation par correspondance. Il serait occupé à vivre là-bas et tenter de retrouver un semblant de vie humaine. Je savais dès le début que la relation ne pourrait pas durer, et que je devais en rester détachée autant que possible. Mais ce n'est pas si simple. C'est la première personne depuis plus de deux ans de qui je suis tombée amoureuse. Avec lui, je me sentais comme existante par moi-même, et ça me permettait de penser à moi, au moins une nuit par semaine" dit-elle avant de soupirer "Je sais que c'est égoïste, mais ça me faisait du bien. C'est surtout ça qui va me manquer"

Samantha s'en voulait presque de penser ça. Elle qui s'était dédiée entièrement à la vie des autres, avoir quelqu'un avec qui elle pouvait retourner 'comme avant' était quelque chose qu'elle n'avait pas imaginé possible.

- "Mais tu as raison. C'est probablement qu'une mauvaise passe. Le temps soigne toutes les blessures. Je n'ai qu'à me donner à fond pour le centre d'aide et tenter de continuer à m'intégrer parmi la famille..."

Mais sa voix était pleine de doute.

Je regarde mon amie, et ne peut m'empêcher d'éprouver de la pitié. Je ne l'ai... Jamais vus comme ça. Elle empeste la détresse. Et je ne supporte pas ça. Je n'ai jamais supporté ça. J'aurai dû être psy, plutôt que psychanalyste.
Enfin, trop tard pour changer de filière. D'une dizaine d'année. Je me mords la lèvre inférieur, puis essaye de poursuivre la conversation.

- Tu devrais plutôt essayer de... De prendre du temps pour toi.

Je réfléchis un instant, puis prononce la phrase suivante avec un peu plus d'entrain :

- Que dirais tu de dîner ensemble, à un moment de la semaine ? Au ronces françaises ? Ou bien à la cascade, comme pour un pique-nique ?

Je la regarde en souriant, puis reprends.

- J'insiste. Samantha, tu n'es pas à l'aise. Il faut que tu fasse une pause.

Prendre du temps pour soi... Ce n'était pas quelque chose qu'elle faisait avec plaisir. C'était arrivé avec Actée, mais c'était un pêché mignon dès le début. Et au final, elle n'était pas spécialement mieux qu'avant. Mais que désirait-elle au final?

Samantha le regarda, un peu hésitant.

- "Tu sais, je ne mange plus depuis longtemps. Je n'en ai plus besoin. Mais merci beaucoup"

Mais William insista.

- "Je... Pourquoi pas. Je suis pas sûre que ça va apporter quelque chose de neuf. Je ne peux pas me reposer tranquillement sachant tout ce qu'il se passe dans notre ville... On peut aller à la cascade, c'était un joli coin, un peu vierge de tout la violence" dit-elle en souriant gentiment "Peut-être que cette fois-ci, on ne tombera pas sur un Nephil qui cherchera à nous éliminer"

Samantha soupira. Elle aimerait bien au moins une fois ne pas devoir s'attendre à ça.

- "Mais tu sais, quand on parlait du fait que les Seraphs devenaient corrompus avec le temps. Tu n'as pas tord. J'ai récemment rencontré une amie, Stella. Je croyais qu'elle m'avait abandonné à la fête foraine mais elle a eu son propre lot de problème. Elle était de mon côté il y a de ça un an. C'était avec elle qu'on prévoyait de faire une trêve avec les Nephils. Maintenant... Maintenant elle devient lentement mais surement une psychopathe assoiffée de sang!" commença-t'elle. A mesure qu'elle parlait, elle s'emportait "Alors qu'elle le dit elle-même qu'elle n'est pas heureuse comme ça! Elle dit qu'elle n'a pas le choix, que c'est eux ou nous et qu'elle refuse de perdre d'autre Seraph. Mais elle sait que ça la rend malheureuse! Elle crie qu'elle a trop souffert, mais sans jamais vraiment penser à la vraie souffrance, elle ne pense qu'à elle. Aucune pensée pour ceux qui ont vraiment besoin d'aide, ou au fait qu'il y a des souffrances milles fois pire que n'importe laquelle des notres"

Samantha sentait de la colère monter, face à cette impuissance.

- "Le sang appelle le sang! C'est une des lois les plus connues mais les gens l'oublient. Ils croient pouvoir résoudre le conflit avec encore plus de violence. Comme si ça avait vraiment marché par le passé! Il n'y a personne sur qui on peut compter pour faire le bien autour de soi!" dit-elle un peu abattue. Elle se calma, bien que la colère soit toujours présente "Enfin, toi au moins tu ne cherches pas à rajouter à la souffrance de ce monde"

Aimer son prochain. Une règle si simple à appliquer, mais personne ne le faisait...

Samantha me fait remarquer qu'elle ne mange plus depuis longtemps. Mais... Ce n'est évidemment pas le problème.
Je soupire. Les vrais problèmes viennent quand une personne ne saisit plus l'intérêt de profiter de plaisirs simples. A partir de ce moment, on survit de petits instants de joie, si infimes... Qui se réduisent, se réduisent, disparaissent peu à peu pour ne rien laisser... Spirale de malheur qui vous appelle en son épicentre, jusqu'à vous absorber... Et là, vous êtes mort.

- Hé bien, allons-y pour la cascade.

Je la laisse continuer à parler, s'épancher de ce qu'elle ressent.

- Samantha...

Nouveau soupir.

- Stella est comme les autres seraphs, c'est une enfant perdue qui cherche son chemin. Il n'y a pas de méchants, à proprement parler. La paix entre nos deux camps me semble... Impossible. Et je comprends aussi le point de vue de Stella. Ce qui compte, c'est que toi, toi, tu te comporte de manière à ne pas être malheureuse. C'est compliqué. Très compliqué. Pratiquement impossible, à vrai dire. J'ai... Essayé... Mais le destin ne m'a pas beaucoup aidé. Il y a des souffrances milles fois pire que les nôtres, mais... Il y a surtout des milliards de gens qui vivent moins un enfer que vous. Pour ma part, je me refuse à comparer les souffrances physiques ou mentales des gens.
La vérité c'est que tu fais peut-être trop sacrifice de toi même aux autres, Samantha.

Je reprends mon souffle, puis détaille l'expression de Samantha.

- Le sang appelle le sang comme le malheur appelle le malheur. Malheureusement, l'inverse ne marche pas.

Sa dernière phrase m'a mise un peu mal à l'aise. Enfin, je crois avoir réussi à marier mon travail de seraph et mon état d'être non-violent sans trop de désagréments.

- Je ne cherche pas à rajouter de la souffrance à ce monde... Mais Stella non plus. Les seraphs, ainsi que les nephils... Les gens, en fait. Tous, ils ont besoin d'amours. Ils sont monstrueux, ces hommes qui se déchirent et qui sont égoïstes. Mais sans amour, ils ne sont plus rien. En tout cas, sache que moi, je t'aime. Tu restera toujours comme une sœur dans mon cœur.

Peut-être que passer un moment dans un endroit tranquille serait un bon moyen d'arranger les choses. Elle n'en était pas spécialement convaincue, mais faisait confiance à son ami.

Mais Samantha n'était pas d'accord avec William, pour qui il semblait ne pas exister d'absolu. Hors, il y avait un Bien et un Mal, des Gentils et des Méchants. Oui, la paix était très peu probablement, mais ce n'était pas une raison pour arrêter. Si tout le monde baissait les bras en pensant les choses impossibles, aucune lutte n'aurait été menée. Cela n'était pas important que Samantha elle-même se comporte à être heureuse, ce qui importait était que le monde devienne heureux. Et oui, Stella était une égoïste incapable de mettre au placard sa douleur... Tout comme beaucoup de Seraph.

Samantha sourit un peu à la dernière phrase de son ami. Au moins, il était de son côté même si il ne partageait pas ses idées.

- "Merci, toi aussi je te garderai dans mon cœur peu importe ce qu'il arrive. Mais l'on ne fait jamais assez de sacrifice personnel. Je le sais bien que l'on est tous rattaché au matériel et à soi, que l'on est tous plus ou moins égoïste, mais cela ne relativise pas les actions des gens. Qu'ils recherchent l'amour tout en faisant la guerre, ce ne diminue pas leurs actes et les conséquences qu'ils font. Un criminel qui tue, même par amour, mérite la même sentence qu'un autre"

Et la sentence était la mort. Elle resta silencieuse quelques instants avant de continuer. Elle s'était calmée, et sentait une nouvelle détermination.

- "Mais tu as probablement raison que la guerre n'est pas résoluble pour le moment. Pour la régler, il faudrait que Kyu et Bey arrêtent leurs crimes et arrêtent de l'alimenter. Ce sont des agents du Mal, et nous avons été séduit par leurs promesses. Il ne nous reste que deux choses à faire : sauver ceux qui peuvent l'être et trouver un moyen de neutraliser les Contracteurs. Je ne vois pas d'autres moyens"

Je ne sais même pas si il faudrait vraiment résoudre la guerre... Les enjeux sont trop importants. Comment peut-on se dire aussi librement que oui, Kyu doit nous mentir, et que quand il dit qu'une paix entre seraph et nephil serait la fin de l'humanité, il affabule, comment peut-on se dire cela ? Je suis saisis d'un immense doute dans mon coeur, chaque fois que je fraternise. Comment savoir si nos destins ne sont pas de nous battre à tout jamais, pour assurer la survivance du genre humain, au prix de massacre et de haine pour de faux ?
Comment savoir ?
Mais je ne peux pas l'expliquer à Samantha : elle y est imperméable. Elle ne voit que le bien dans ce qu'il a d'absolu, d'utopique. Je vois le bien dans ce qu'il a de grand, englobant l'espèce humaine dans son ensemble.
Qu'est ce que le prix de quelques vies humaines, de quelques existences détruites, en échange d'une vie stable et heureuse pour le reste des hommes ?
Mais comment faire abstraction de toute cette douleur, de se dire "Je fais ça dans une perspective plus large" ? Comment ne pas prendre en compte ce nephil que j'abats, dont je m'arroge le droit de vie ou de mort, simplement parce que c'est pour le plus grand bien ?
Au final, vaut-il mieux perdre son Humanité pour la survie de l'humanité ? Ou est-il préférable de rester humain dans un monde en décadence, condamné à la ruine ? Jean Paul Sartre dit qu'avec un choix, on engage l’entièreté du genre humain avec soit. Quel dangereux idéaliste... Mais Samantha n'est elle pas comme ça, elle aussi ? Est-ce que faire le choix de l'Humanité, ce n'est pas un peu être égoïste, ne pensez qu'à sa pureté ?
Mais est-ce que Samantha pense vraiment à sa pureté, quand elle pense à ses actions ? La bonté n'est elle pas, inconsciemment, motivé par un égoïsme primaire ?
Sujet intéressant si il en est pour un psychanalyste. Mais destructeur pour un tueur seraph, obligé de se battre chaque instant de sa vie.
Samantha tient parce qu'elle suit sa boussole morale dans ses plus strictes indications : son surmoi sur-développé lui indique la marche à suivre, sans avoir lutter contre d'autres influences.

- Je ne sais pas. Et si ils ne sont pas des agents du mal ? Si ils étaient bien des gardiens de la survivance de l'humanité ? Est-ce que les détruire ne serait pas un risque bien trop grand à courir, au regard de l'importance qu'ils se donnent ? Je veux dire...

Que tout ceci est compliqué. Pourquoi la ville n'est elle pas plus simple ? Pourquoi ai-je accepté le contrat que Kyu me proposa ? Si je ne l'avais pas fais, je reposerais dans le fleuve, ou dans ma tombe, seul, et je dormirai. Enfin.

- Je veux dire, peut-on vraiment risquer ça ?

[Désolé du retard!]

Samantha regarda William, un peu surprise. Les preuves de la maléficience des chatons étaient si grandes. Par le passé, milles histoires racontaient les destins tragiques de ceux qui passaient un pacte avec une puissance, bien souvent peu positive. Si c'était les contractants eux-même qui donnaient de leur foi aux contracteurs, elle aurait été d'accord d'imaginer qu'ils étaient des agents bons. Mais là, c'était hors de questions.

- "Il n'y a aucune raison qu'ils soient bons William. Aucun de leurs actes ne l'est. Ils n'ont rien à faire des humains, de nous et de tout ce qui se passe. Ils n'agissent que dans leur propre intérêt"

Elle soupira, puis regarda à nouveau William.

- "Pourquoi tu penses cela? A part un possible risque qui est alimenté par eux?"

[Pas de problèmes ^^]
J'hésite un instant. Elle ne comprend pas... Je m'y attendais.

- Ecoute... J'ai vus pas mal de choses... Enfin, je veux dire, pas mal d'humains différents... Des affabulateurs, des menteurs, des tricheurs, des sociopathes, des hystériques, des mégalomanes... J'ai côtoyé ce qu'on appelle les marginaux... J'en ai vus certains rentrer dans les rangs... D'autres, sombrer dans l'obscurité et la malveillance... Et dans de très rares cas, enfin, certains s'élevaient au dessus de ça, pour devenir des gens exceptionnels, ayant découvert leur potentiel. En tant que psychanalyste, je ne revois pas mes patients : une fois qu'ils m'ont consultés et que le traitement est fini, ils disparaissent. Humainement, il est nécessaire de garder une distance avec le malheur. J'ai bien obersvé les Chats. Et... Ils sont divins, donc je ne peux pas trop me prononcer, et puis, j'ai un peu rompu avec mon passé, donc je n'ai plus mon talent passé pour déterminer ce qui relève du vrai ou du faux. Mais ils n'ont pas l'air de mentir.

Je parle avec mon coeur, et fixe Samantha, cherchant à capter son regard comme je chercheà capter mes mots.

- Après la première apparition de Melkyor, ils ont acceptés de "tout nous dire". Ils ont donc mentis. Mais à ce moment là... Kyu n'avait pas l'air de mentir. Ho, il cachait et cache encore des choses, ça, j'en suis sûr. Mais je ne suis pas sûr que ce soit réellement notre ennemi...

Je secoue la tête, soupirant.

- On n'a toujours pas assez de cartes en mains pour savoir dans quel sens agir. Je suis toujours dans l'expectative. En attendant... J'essaye de sauver ce que je peux, et de vivre, autant que je le peux.

Hésitant, j'ajoute enfin une dernière chose.

- Un mal... Est parfois un bien si le choix est à réduire entre un mal immense et le mal suprême. J'ai peur que ce soit le dilemme des deux chats.

Samantha avait beau faire confiance au jugement de William, quelque chose ne tournait pas rond avec les deux Chats. Et il n'était pas impossible que des visages impassibles comme le leur puisse mentir même au meilleur des psychanalyste, ce dont Samantha ne doutait pas.

- "William... Je sais et je comprends ce que tu veux dire. Je ne suis pas idiote mais... Mais ça ne colle pas avec ce que je ressens au plus profond de mon âme. Mais, je vais arrêter de t'embêter avec ça"

Samantha lui sourit gentiment. Même si ils n'étaient pas d'accord, même si les Contracteurs étaient maléfique, rien ne changeait le fait que William était son ami. Et il ne fallait pas laisser des divergences les séparer.

- "Peut-être que tu as raison, que je prends les choses trop à coeur et que je recherche l'impossible : le Bien absolu. J'aimerais parfois y parvenir, fermer les yeux sur les actions des gens et me contenter de ma propre vie, profiter de la vie. Mais tu sais, outre le fait que les souffrances des autres ne quittent jamais mon esprit, je ressens un déchirement dans le coeur à chaque fois que quelqu'un succombe à une ombre, très violent. Je ne pourrais jamais ignorer ça"

Je soupire. Oui, c'est impossible pour elle d'ignorer la douleur des autres. Elle est dans un cas bien différent du mien : ce n'est pas son empathie qui est en cause, mais directement la douleur des autres, qu'elle ressent en elle.
Comment supporter qui que ce soit après ça ? C'est traumatisant.
Si cela doit être, ainsi soit-il. Mais, fais attention, Samantha. Fais attention à toi.

- Dans ce cas, suis ce que tu crois être le chemin du Juste. C'est mieux.

J'hésite un instant, puis pose une question.

- Mais dis moi, Samantha... Est-ce que tu ne doutes jamais ? Comment fais-tu pour t'accrocher à ta ligne de conduite sans jamais faillir ?

Samantha sourit, contente que son ami soit au final d'accord avec elle. Pas nécessairement d'accord, mais qu'il ne cherche pas à lui en faire dévier.

« Merci William »

Elle écouta sa question avec intérêt. Bien sûr, qui n'avait jamais douté. Mais elle avait son phare dans l'obscurité la plus profonde, une promesse d'avenir meilleur et de rédemption. Tant qu'elle restait sur le chemin du Juste, elle ne risquait rien. Parfois, bien sûr, des sentiments plus normaux l'envahissait : jalousie, doute, colère. Mais tant qu'elle n'y sombrait pas, elle survivrait.

« En toute honnêteté, oui j'ai douté de plein de chose. J'ai douté de moi après la mort de mon frère, j'ai douté de Dieu et de tout. Quand je suis devenue Seraph, j'ai douté de mon choix en rencontrant Johnny. J'ai hésité durant la fête foraine, de peur de mourir, ou pendant que l'on a chassé cette enfant toi et moi. Mais le doute est éphémère » expliqua-t'elle gentiment « Ce qui me fait tenir est à la fois si simple et à la fois complexe. C'est ma Foi. Ma Foi en Dieu qui me permet de me guider même parmi les ténèbres les plus profonds. Lorsque je doute, je pries pour Lui parler et réfléchir à ce que j'ai fait, ce que je pense. Je suis sincèrement convaincue, qu'Il nous a donné à chacun un rôle et j'essaie donc de rester sur ma lignée de Justice et de Bonté, car c'est un devoir »

Samantha fut un peu émue d'en parler comme ça. Mais elle se reprit et sourit à son ami. Elle savait qu'il n'était pas aussi croyant qu'elle.

« Mais je comprends que d'autres puisse douter. Il y a tant de choses qui peuvent nous faire perdre les pédales. Mais je suis convaincue que si chacun, peu importe ses croyances, se concentre sur le Bien, ils pourront continuer sur leur voie sans inquiétude »

Mais beaucoup de personne ne faisaient plus attention au Bien

Je pince les lèvres. C'est une vraie croyante.
Pour ma part, je suis agnostique.
Comment peut-on être convaincu de l'existence d'un Dieu sur cette terre après être devenu Seraph ? Ce serait une remarque intéressante à noter pour soi même, mais je me sens trop fatigué pour jouer au bon petit psychologue.
Perdre les pédales...

- J'ai parfois l'impression que je vais moi même perdre l'esprit.

Cela fait déjà quelques fois que je crois entendre des voix... Des bruits... Ou que j'entre-apercois, du coin de l'oeil, des formes qui ne devraient pas être là.

- Enfin, tant qu'on continue à se fréquenter...

Je regarde Samantha dans les yeux, souriant.

- On sera toujours là pour s'aider l'un l'autre, et on ne se laissera jamais tomber.

Samantha le regarda un peu tristement.

- "Je comprends. Ce qu'on vit n'est pas facile. Je serais là pour toi, pour t'aider"

Elle lui sourit gentiment. Elle allait le garder comme ami, pour aussi longtemps que lui, ou elle, vivraient. Ca c'était une chose sûre. Elle espérait surtout qu'il ne devienne pas fou.

- "On sera la béquille de l'autre. On trouvera un moyen de pouvoir profiter de la vie et en même temps accomplir nos devoirs."

Samantha regarda ensuite l'heure. Cela faisait un moment, et, cette fois-ci, aucun des Seraphs n'avait été agressé par un pyromane fou.

- "On devrait rentrer. Je vais bientôt devoir partir. Merci de m'avoir écouté. Tu m'as retiré un poids sur le coeur. Merci infiniment"

Je souris un peu. Samantha est probablement ma seule amie véritable, à laquelle je puisse tout dire.
Mais elle... Même elle...
Même elle est influencée par le conflit. Pas dans le même sens que Aleister et les autres, mais...
Elle l'est quand même. Et si nous nous trompons ? Si les nephils étaient bien une engeance démoniaque, qu'il fallait les détruire ? Que les choses ne sont pas ce que nous croyons, depuis le début ?
Je préfère ne pas y penser. Si nous avons faux sur tout depuis le début... Je préfère ne plus vivre.
Non, considérons pour l'instant que c'est nous qui avons raison. Le Monde ne peut pas être si méchant.

- C'était un plaisir, Samantha. Sens-toi libre de m'appeler, n'importe quand, si tu en as besoin.

Sur ces dernières paroles, nous nous séparons. Elle, elle repart vers la ville haute, comme un ange descendu du ciel, moi, je reste dans le quartier mal famé. J'aimerai tuer au moins trois ombres, ce soir. Ensuite, j'irai faire un tour, me promener... Peut-être passerai-je au camp Seraph.
Il y a tant à faire.
Et si peu d'espoir.