Reck-Foller Building:

Vous savez ce qui est le plus rageant que d'avoir cette impression de faire tâche dans un endroit aussi fastueux ? Être obligé de le faire parce que la faim est devenu un genre d'étau douloureux qui enferme mon estomac. Un triste quotidien. C'est donc presque à contre cœur que j'ai cédé a l'invitation de Terry il y a quelques jours. Il me l'avait envoyé depuis un petit moment et je n'avais pas osé répondre parce que j'étais paralysée. Ce que je m’apprête a faire me dégoute. Et au fond je me dis que la fierté que je m'amuse à conserver.. Bah elle remplis pas mon estomac.
Je me suis quand même fixé des limites. Un repas et c'est tout. Pas de fin de soirée ou le type me raccompagne chez lui. Pas non plus d'autres invitations. S'il me gene, je me casse sans taper de scandale, mais en laissant le mec baigner dans mon indifférence. Et surtout : Après cette soirée, je ne réponds plus à un seul de ces SMS. Le silence radio sera de mise.

J'ai veillé à avoir une hygiène impeccable pour aujourd'hui. Au centre d'aide j'ai même prétendu que j'avais un entretien d'embauche, les bénévoles m'ont filés une brosse, du maquillage, du déo, même un peu d'eau de toilette bon marché... que je me suis empressé de ne pas mettre pour le dernier. C'est bien gentil de leur part, mais je veux vraiment pas être le cliché de la pauvre qui essaie de se faire passer pour quelqu'un de la haute. Nan, j'ai encore assez de dignité pour ne pas me faire passer pour quelqu'un d'illégitime as fuck.

Alors c'est dans des habits presque pas trop bon marchés -Pas trop sale non plus. Mais rien n’empêche, dressé sur des basket, je me dissolvais autant dans la foule qu'un bout de verre dans de l'acide sulfurique. J'avoue, on le voix au premier regard que je "correspond pas". J'essaie d'être droite, de me draper dans un manteau de dignité imperméable à ces regards qui se posent parfois. Haters gonna hate, j'essaie de m'en foutre je m'en fout de leur regards insistants. Leurs expressions à mi chemin entre l'air renfrogné et consterné qui veut me rappeler que j'ai rien a foutre ici.

Comble de la connerie. Quelques employés de la sécurité m'abordent sur le trajet l'air de rien pour savoir ce que je fiche ici. Avec la subtilité d'un coup d'extincteur dans la glotte. Je soupire avant de lâcher une pique sarcastique, une excuse bidon ou la stricte vérité. Ca varie en fonction de mon moral qui semble s'estomper à mesure que je trouve le chemin dans le restaurant où m'a invité Terry. J'affronte une derniere fois un regard médusé. Celui du maitre d’hôtel, puis sa surprise en constatant que oui, je ne me suis pas gouré de lieu et que j'ai bel et bien une réservation.

Après un froncement de sourcil de sa part qui m'aurait fait probablement rire si ce n'était pas incroyablement blasant. Je le suis en silence jusqu'à une table relativement luxueuse, le laissant causer pour ne rien dire. Puis au bout d'un moment qui me semble trop long. Je reconnais la silhouette relativement frêle de Terry au loin.

Mon guide et moi passons brièvement devant la salle de la cuisine. La porte s'ouvre laissant filtrer les odeurs qu'ils y a à l'interieur. Le gouffre de mon estomac ne s'est jamais fait ressentir aussi fort depuis que j'ai captées les effluves de bouffe qui y flottent. C'est a vous fait saliver jusqu'à vous dessécher le reste du corps entier.
Une fois a la table, je salut poliment Terry.

"Bonsoir, merci de m'avoir invité. Comment allez vous depuis la dernière fois ?"

La politesse est de mise. Le maitre d’hôtel nous file deux cartes et une bouteille de vin français. Mais j'avoue qu'une partie de mon cerveau est resté devant la cuisine dans l'expectation du menu plus... solide .

Ce soir j'allais savourer un délicieux repas en compagnie d'une petite perle que j'avais trouvé. Pour tout dire, j'étais légèrement stressé, un peu comme lorsque j'ai renversé du café sur la paperasse de mon patron lors de mon premier emploi. Bon sang, ce jour là je m'étais caché dans les toilettes, en espérant qu'on ne retrouve jamais le coupable. En même temps, c'est normal, vu que c'était moi.

Bref, j'avançais avec une allure tranquille, dissimulant mon anxiété. J'avais rencontré cette femme par pure hasard. Elle m'avait sauvé la vie en quelque sorte. Je veux dire, c'est elle qui m'a fourni les premiers soins de la blessure. Y avait un autre qui l'accompagnait, mais j'ai pas pu lui demander son nom. J'espère que ma gratitude lui aura suffit...

Dans tout les cas, je m'étais fait beau, Eau de Cologne, costume convenable, je voulais faire en sorte que la soirée démarre bien. Du moins, donner une bonne impression. Après, j'ai cru comprendre que la demoiselle était pas tellement dans ce monde et je me suis dis que ce serait un bon point de lui donner un avant-goût. Est-ce que ça ira plus loin ? Pour tout avouer, j'y vais pas tellement dans cette optique. Je veux juste la remercier convenablement et si à la rigueur tout se passe bien, peut-être que ça ira plus loin... Enfin bon, je préfère ne pas m'avancer. J'ai jamais eut beaucoup chance avec les femmes.

J'attends ma compagne de soirée, en sirotant un verre d'eau alors que je la vois se faire conduire par un guide jusqu'à sa table. Je me lève pour la saluer.

"Bonsoir, non c'est moi qui vous remercie d'avoir accepté mon invitation. Grâce à vous je me porte très bien." Répondis-je invitant la jeune femme à s'asseoir, que je suivis aussitôt après.

Le guide nous fournit ensuite le bordelais que je lui avais demandé pour le repas ainsi que le menu. Bien entendu, il ouvrit la bouteille et me fit l'honneur de le goûter. Après une légère gorgée, j'approuve le vin. Puisque c'est du vin rouge, il apparaît évident qu'une viande rouge est nécessaire pour que l'harmonie se dégage parfaitement dans le palais. Mais après, je vais nullement forcé mon invité à choisir ce qu'elle veut manger.

"C'est la première fois que vous venez dans ce genre de restaurant ?" Demandais-je sans à priori alors que je posais mon regard sur le menu.

"C'est la première fois que vous venez dans ce genre de restaurant ?"

Ouais... Ouais... L'idée de me faire entretenir me donnait la gerbe. Mais de là à ce que l'homme en rajoute une couche avec ses questions rhétorique.. Tout ca me donnait passablement des pulsions de violence. Bien sûre que c'est écrit sur ma figure, mon attitude ou mes cheveux que je suis de rang social vaguement bas. Je sais même pas pourquoi il le fait ? Pour me rappeler que j'ai pas la légitimiter d'être ici ? De là à avoir le plaisir sadique de me rappeler cette information me donnait l'effet de recevoir cordialement un poing dans la figure. A moins qu'elle ne me de donne envie de le lui en donner un. J'arrive pas trop a distinguer la nuance.
Et j'ai surtout l'impression que je suis tellement à cran à cause de la traversé déprimante des lieux que je me fais probablement des films. Des films certes en Imax 3d avec la 7.1. Mais tout cette défausse de technologie pour rien...
Alors je reste extrement polie. Parce que je dois a tous pris ravaler les élans d'égo blessés qui commencent à doucement a remonter dans la gorge. Cracher sa bile, ca ne sert techniquement a rien.

"Oui, j'admets que c'est un peu intimidant."

En l'imitant, je jette un coup d’œil un peu inquiet à la carte. Beaucoup des formulations alambiqués employées pour les plats me semblent inconnus. Et comme le saint pragmatisme ne semble pas avoir effleurer la caboche de celui qui a conçu le menu, je décide de m’aligner sur ce que choisira Terry. Apres tout, je ne doute pas que tout ce qui est à la carte est délicieux mais la profusion du choix me paralyse un peu. Au fond qu'il y ait cinq étoiles ou une dizaine de plaintes des services sanitaires de la ville, je crois que je m'en fiche. Tant que c'est bon et que la bouffe remplie son office de case dalle. Pourvu que ce soit gras, sucré et copieux.

"Auriez vous des plats à me conseiller ? Je suis un peu perdue dans la carte"  

Je dépose donc le menu, servant un verre de vin à Terry avant de me servir moi même. Petite déception quand je porte le verre en bouche : J'ai pas la moindre idée de la qualité de ce dernier. Je pense que je serais incapable de le distinguer d'un truc de seconde zone. Et au final, je ne sais même pas si cette chose est bonne ou mauvaise. Donc c'est officiel : Moi et la sophistication inutile c'est pas le grand amour...

"Ah ça tombe bien, moi aussi ! J'ai toujours voulu essayer mais y aller seul, ça fait pas terrible."

Il à l'air gêné et j'avoue que techniquement ca me rassure. Un peu. Je sais pas, le fait d’émettre qu'il est pas familier avec les lieux. De me dire que le mec est pas emplie d'assurance et prêt a régurgiter son égo à ma face. Y'a un coté rassurant. Mais c'est parce que je suis un peu weird.

J'crois que même si ca fait 10 ans. J'ai encore un coté un peu phobique des tares dont était affublés George. Un genre d'allergique psychologique à la violence policée qu'on retrouve dans des restaurants gastronomiques ou des salons mondains. C'est pt'être pour ça que je suis pas du genre a pardonner facilement les faux pas imaginaires de Terry. Que je me fait des films et je m'enflamme pour rien. Alors qu'au fond, le type veux juste m'inviter parce qu'il s'estime peut être redevable.

"Pour être honnête... J'hésitais entre une entrecôte et un steak. Le vin rouge s'accorde avec les deux, je crois ?"

- Pas la moindre idée. Je ne mange pas de viande et c'est rare pour moi de boire du vin.

Fut un temps, quand j'avais le luxe du choix, j'étais végétarienne. Et maintenant que j'avais a nouveau la possibilité de reconstruire ce principe. Même si ce n'est que pour ce soir. Bah... Je veillerai au moins pour ce soir.

"Vous êtes dans la médecine ? Je veux dire, vous sembliez vous y connaître en bandage quand vous m'avez soigné."

- J'ai travaillé à l’hôpital. Mais pas vraiment comme médecin. Il m'est aussi arrivé de soigner des voisins qui n'avaient pas d'assurance. Mais nan... J'ai surtout exercé dans le para médical. Et j'ai l'habitude de situation urgentes"

Des mots policés pour dire que j'ai lavé des culs et donné a manger a des mourants. Un job ingrats.
Est ce que je lui renvoie la balle ? Si le lui demande quel métier il exerce ca ferait pas catin qui cherche a abusé de lui ? Argh...

Et l'homme qui vous a agressé a été appréhendé ? Vous laisse il vous et votre famille tranquille désormais ?

Disons que a défaut d'être le sujet le plus romantique, ca reste quand même quand la suite logique de la conversation. Mes yeux se perdent dans la contemplation de la cartes avant de se reposer vers terry. Je prendrais probablement des " Raviolis de radicchios"Je sais pas vraiment ce que c'est. Mais c'est le seul truc où la composition ne comprends pas de viande

Je trouve ca triste que Terry parle de la sorte de sa femme. Si on était pas en public, je lui ferais un gros hug platonique. Mais il y a une table qui nous sépare et pleins de regard avide se braquer sur nous pour nous juger.

" Vous avez de la famille, vous ?"

Ses paroles me tire de ma réflexion. Je fronce un instant les sourcils en me rappelant que techniquement j'ai encore de la famille. Je réponds sans trop réfléchir :

"Oui. J'ai encore ma mère dans les environs. Mais disons que j'ai coupé les ponts avec elle y'a plusieurs années. Je suis née ici, mais je me suis un peu expatriée depuis le temps. Cela ne fait que quelques mois que je suis ici et je pense qu'elle l'ignore."

Le serveur interrompt mon bref monologue et je remarque que Terry s'ajuste à mes principes de végétarienne. Oubliant mon projet de repas, j'aligne quand même ma commande sur la sienne. On va dire que je lui fait confiance. Le serveur s'esquisse et nous reprenons notre conversation

" Vous n'êtes pas obligé de manger sans viande comme moi par ma faute. J'en suis pas encore à harceler les gens pour qu'ils s'aligne sur mon régime alimentaire."

Beaucoup de gens ont des vegétariens un image négative. Genre des gens capable de sonner a la porte et a demander "Bonjour, auriez vous un instant pour parler du Tofu notre saveur ?"

"C'est envisageable. J'imagine... Personnellement, j’espère vraiment pas tomber aussi bas...

Je sourie chaleureusement. L'air de rire a une blague cynique et opaque. Mais j'imagine bien qu'il doit comprendre en filigrane les relations familiale que j'entretiens avec elle. C'est a dire plus glacée que les steppes sibérienne et le désert polaire de l’antarctique réunis.

"Mais je me prive pas, j'adore le chèvre. Et en soi, manger quelque chose léger le soir, me va mieux."

Je hausse les épaule d'un air d'acceptation même si je ne le crois qu'à moitié ce qu'il me dit. Il envisageait deux bouts de viande pour accompagner le vin, il y a genre trente secondes.
Ça me donne vaguement l'impression qu'il me fait la cour. C'est presque gênant sachant que la perspective la plus lointaine que j'envisage avec lui reste de me remplir la panse a ses dépends.
Comment j'ai fais pour devenir aussi cynique au point de me changer en fille qui se fait inviter au restaurant ? J'en culpabiliserai presque si jamais il veut aller plus loin. J'ai pas les épaules pour être une succube profiteuse d'homme et croqueuse de diamant

" Vous préférez le théâtre où le cinéma ? ♪"

Question full random. J'avais envie de relancer la conversation qui tournait trop autours de moi a mon gout.

Luna hausse les épaules tandis que je fais mine de ne pas le remarquer. Je reste concentré sur le goût du vin dans mon palais. L'impression qu'au final, tout ceci n'est qu'une mise en scène sans importance se fait de plus en plus grand. Cependant, ce n'est pas vraiment mon genre de perdre intérêt aussi facilement. De ce que j'entends, cette fille n'a pas l'air d'avoir de la famille, mais j'ignore toujours si elle a des amis ou non... Au vu de son genre, je dirais qu'elle est plutôt populaire, quoique légèrement peu sociable. Mais c'est un style que bien des gens aiment. Le genre qui vous fait penser à une héroïne dans un monde cyberpunk.

Je me concentre une nouvelle alors qu'elle me pose une question plutôt étrange. Je fais mine de prendre un moment de réflexion avant de finalement répondre, un petit sourire joyeux sur mon visage.

"Le cinéma. Le théâtre, c'est pas trop mon truc." Avouais-je.

Dur de trouver des effets spéciaux dans une pièce de théâtre. Et en soi, le cinéma n'est-il pas une version améliorée du théâtre ? Après tout, c'est le même principe. Des personnes qui jouent un rôle pour divertir le public. Sauf que l'un est un art ancien, tandis que l'autre est moderne.

"Vous préférez le théâtre et cherchez quelqu'un qui correspond à vos goûts ?" Demandais-je alors, d'un air jovial et taquin.

Je faisais mine de chercher une signification particulière à cette question, même si en réalité je me doute que Luna ne la demande, non pas par intérêt pour la réponse, mais plutôt pour faire la conversation, voir changer de sujet. J'imagine qu'elle n'aime pas trop parler d'elle. Une personne qui ne doit pas être tellement fière de ce qu'elle a fait au cours de sa vie, ou bien qui souhaite caché bien des choses.

L'espoir d'un débat est soufflé par l'argument magique "C'est pas trop mon truc". Dommage, tentative de changement de sujet avortée. La discutions revenait régulièrement sur le coin de ma figure comme un boomerang maléfique que je m’efforçais de jeter au loin.

- Bah... pas particulièrement. C'est pas un test tordue non plus. Même si j'ai un préférence légere pour le théatre. Des pièces, j'en ai vu plus jeune... j'aime la manière dont les acteurs arrivent a capter l'attention d'un public sans les artifices d'un montage, d'une musique ou d'effet spéciaux. A vrais dire, je suis facilement impressionnée par le charisme des gens sur scène... Quand il en ont bien sûr

La phrase jetée se voulait drôle mais sonne faux. j'aime pas la manière dont il essaie de tourner la conversation. Parler de ma famille semble déjà trop pour mon cerveau.
Pourtant, cette partie de mon cerveau semble anesthésiée. J'ai comme une envie irrépressible de discuter un peu avec ce type.

- M'enfin, a ce qu'il parait, d’après mes amis, j'ai toujours eu ce petit coté bobo. Celle de la fille un peu niaise qui part dans l'humanitaire.

Je sourie presque malgré moi en me remémorant cette partie de ma vie. C'est l'une des plus brillante que j'ai vécu. Celle que j'expose fièrement dans la discutions. Sans ça, je crois que je serais moins humble et plus prompte à abandonner espoir. A défaut de m'être sentis grandi de ces quatre mois proche de favelas de Mexico. Je me sens au moins heureuse en repensant à cette expérience humaine

- M'enfin, je vais pas lancer le sujet. sinon, on y sera encore au dessert

Je guette du coin de l'oeil la cuisine. Espérant qu'un serveur en sorte avec nos commande.

Ma foi, je trouve sa réponse très intéressante. Je pense parvenir à comprendre petit à petit ce personnage qu'est Luna. Mais je pense que j'aurais besoin d'en apprendre davantage avant de prendre une décision.

" Ah ah ah, j'imagine." Riais-je à sa dernière réplique alors que je la voyais observer si nos menus arrivaient. Elle doit s'impatienter, ou ne pas être très confortable. Désolé beauté, mais une dernière question.

"Vous travaillez dans quoi actuellement ?" Demandais-je. Je me décide tout de même de répondre à ma propre question de mon côté afin qu'elle ne se sente pas être la seule à parler d'elle-même.

"Perso, j'avance petit à petit en grade dans une entreprise qui fait l'ENT, et il semblerait que si mon patron se fait virer par nos actionnaires, je serais le prochain patron. Une vraie blague, j'ai commencé en tant que stagiaire dans mon entreprise. Je servais le café et faisait les photocopies... Je n'ai aucun diplôme, ni même suivit une formation spécifique..."

On peut dire que j'ai apprit sur le tas, et profiter des opportunités pour évoluer. Je suis pourtant encore jeune en soi. Mais j'imagine que je me suis bien débrouillé. Du moins, c'est l'histoire que je raconte.

"Mais bon, au prix de ce dur labeur, j'ai perdu quelque chose d'autres. Les heures supplémentaires, c'est bien quand on est seul et sans attache." Dis-je finalement en observant mon verre avec un regard las. Je le prends ensuite pour en boire une gorgée, et c'est à ce moment précis que nos commandes respectives arrivent.

Je l'écoute parler de lui et comme je l'imaginais, j'ai le droit a quelqu'un qui a réussit sa vie. Lui.
Et même si j'ignore ce que c'est simplement une ENT, ca creve les yeux que ca a l'air important. Un véritable conte du self made man, qu'il me balance. Je sais que c'est pas gentil de dire ca. Mais le voir exposer sa réussite par rapport aux miennes... Je sais pas, pas que je sois particulièrement envieuse et jalouse. Mais ca me blase, genre sévèrement.
En vrai je me redemande mentalement ce que je fous là a lui parler... Ah oui, ca me revient... J'ai accepté son invitation parce que j'ai pas de quoi manger ce soir et que j'ai la dalle. C'est encore pire que prévu. Je sais même plus a ce stade ce qui m’insupporte le plus : Moi ou lui. Après réflexion mentale. L'assemblée de mes neurones à conclu que ca penche quand même sévèrement du coté de "Moi".

M'enfin, quand il se tait, je capte qu'il attend une réponse a peu près concrète de mon coté et j'avoue que la mienne manque sérieusement d'ambition. Je pourrais mentir. Mais je le sais pertinemment : Je suis aussi bonne menteuse que je suis bonne soeur. C'est peu dire.

- J'ai été dans le paramédical. Mais j'ai eu une baisse de motivation et j'ai quitté mon job. Depuis, je fais quelques représentation dans des salle de spectacles, quelques petits boulots annexes en attendant de percer.

Boulot annexe. J'aime presque la manière dont j'ai changé l'appellation de petite dealeuse...

De sa réponse, je comprenais à présent mieux pourquoi elle m'avait posé la question au sujet du théâtre. Je me demande tout de même quel genre de représentation elle exécute. Peut-être qu'elle et moi avons plus de point en commun que je ne le pensais ? Nos plats arrivés, j'entame la dégustation sans vraiment trop de gêne tandis que je commentais rapidement le plat.

"Wooh, c'est pas mauvais ! Je dois dire que je suis pas déçu." M'exprimais-je, un tantinet joyeux et admiratif pour le plat que j'avais en face de moi.

J'avais l'air d'un véritable gamin qui découvrait quelque chose pour la première fois de sa vie. Pour tout avouer, j'aurais bien voulu dire quelque chose au sujet de la carrière de mon invité. Mais j'ai vite compris que c'était un sujet à éviter.

"Vous en pensez quoi ?" Demandais-je alors, curieux de savoir ce que ma bienfaitrice pouvait penser de son assiette. Normalement, ce rendez-vous aurait du se passer avec mon ex, et là je me retrouve dans un restaurant avec une quasi-inconnue. Je ne peux m'empêcher de sourire faussement en songeant à tout cela. Je me demande si au final, je ne cherche pas une remplaçante pour pallier à ma solitude... Ce genre de pensée, n'est franchement pas glorieux. De plus, je suis pas née de la dernière pluie pour ne pas comprendre que même si Luna m'a sauvé la vie, elle ne me porte pas forcément dans son cœur. Il est évident que je la mets mal à l'aise d'une façon ou d'une autre. Et j'ai beau tenter d'adoucir l'atmosphère, je dois admettre que j'ai quelques lacunes de ce côté là.

La nourriture coupa toute vague motivation a entretenir un semblant de conversation. Le plat était arrivé et avec lui, mon creux se faisait plus profond. Plus viscéral. La décoration est belle. Mais au diable les bagatelles esthétique. La quantité semble correcte et le gout. Le gout !
J'avais presque oublié le gout qu'on les plats cuisinés de bonne facture. Comme si mes papilles avaient abandonné l'espoir de déguster quelque chose qui se mariait tellement qu'il dépassait le simple bon plat pour tendre vers l’excellent. Je reste un instant en stase, presque soucieuse de savourer ce mélange de saveur. Puis le creux me rappelle que j'ai fin et je précipite la nourriture dans l'estomac pour le combler.

"Vous en pensez quoi ?"

J'avais presque oublié la présence de mon interlocuteur. Je lui réponds avec une honnêté sponténée qui me surprends un peu

-Excellent. Vraiment. Je sais pas quoi dire tellement ca fait longtemps que je n'ai rien mangé d'aussi bon !

Ouais, mon coté lunatique vient de décider que je suis de bonne humeur. Faut' dire, l'idée de manger a tendance a vraiment me mettre en joie plus facilement que quiconque. Comme une gamine de 10 ans.
La deuxième bouffée de mon plat part presque aussi vite que la première. comme en stase, j'ai l'impression qu'il s'écoule a peine quelques milliseconde entre le moment ou je pique dans mon assiette et celui ou j'avale le contenu de ma bouchée. Une partie de moi comprends que ce n'est pas convenable ce genre de tenue.

- Excusez moi. C'est juste que j’apprécie vraiment le repas !

J'offre a mon interlocuteur un pauvre sourire alors que je sens le creux de mon estomac s’atténuer pour ne plus être qu'un simple inconfort.

Ce changement d'attitude est presque déroutant. Mais pas tellement désagréable en soi puisque c'est vers le meilleur. Il fallait croire que l'humeur de ma partenaire de soirée était régit par son estomac. C'est bon à savoir. Je pourrais même dire que sur ce point là on se ressemble. N'est-il pas vrai ?

"Ah ah ah, de même." Répondis-je en engloutissant une grosse feuille de salade.

Au final, on passa la plupart du temps à manger notre assiette plutôt qu'à converser. Rien de très classe. On était comme deux pauvres personnes qui venaient de gagner une grosse somme d'argent et qui profitait d'un lieu auquel, ils n'auraient normalement pas leur place. Au final ce fut Luna qui brisa le silence en s'excusant.

"Non, non ! Ne vous excusez pas, je ne suis pas tellement différent à l'heure actuelle." Dis-je alors que je finissais d'engloutir une bouchée de mon assiette.

Evitons de parler la bouche-pleine, c'est un tue l'ambiance relativement efficace. Quoiqu'en soi, on est pas tellement dans l'ambiance du restaurant. Songeant à ceci, je me mets à rire.

"Faut avouer que je suis pas trop dans les manières des bourges. Va pourtant falloir que je m'y habitue." Admis-je.

"Je suis plutôt satisfait de t'avoir invité, une personne qui a les mêmes manières que moi, on se sent tout de suite plus à l'aise."

Après avoir dit cette phrase, je la regrette immédiatement. Elle peut-être relativement mal prise si on y réfléchit bien.

"Enfin, je veux dire... Euh..."Bredouillais-je.

"Non, non ! Ne vous excusez pas, je ne suis pas tellement différent à l'heure actuelle."

J'avoue, j'ai un petit sourire en le voyant prendre la mouche. C'est quand même drôle de le voir se détendre. J'ai l'impression qu'il sort de son rôle de personne redevable pour être ce lointain Terry dont il m'a causé. Et le voir sortir quitter cette enveloppe de mec riche et avenant me parait être un relativement bon remède à cet ambiance weirdo qui s'installait en sous marin.

"Faut avouer que je suis pas trop dans les manières des bourges. Va pourtant falloir que je m'y habitue. Je suis plutôt satisfait de t'avoir invité, une personne qui a les mêmes manières que moi, on se sent tout de suite plus à l'aise. Enfin, je veux dire... Euh..."

"Que c'est cool de manger a la bonne franquette en compagnie de personnes qui ne distingue pas la fourchette à poisson de celle à salade ? Tu piques pas un peu les dialogues de Pretty woman ?"

Nul sarcasme dans ma petite réplique, juste un ton taquin avant de piocher une gorgée de vin. Quelques instant plus tard, le liquide amer fait comme une boule de chaleur qui se diffuse dans mon bas ventre.

" En vrai, quitte a ressembler à un redneck dans un palace. Autant être deux redneck. C'est toujours plus drôle d'être à plusieurs. "

Je pique une autre fourchette de nourriture. Je profite d'un miroir pour vérifier... Nan, pas de salade entre les dents. Je lui offre donc mon plus beau sourire.

"Et puis. Pour un redneck, z'êtes plutôt agréable... ♪"

Voilà une référence bien ancienne que me fait Luna. Pour tout avouer, je souris largement en entendant le nom du film. Un film des débuts des années 90 avec la très populaire Julia Roberts qui a vu sa carrière se lancer grâce à celui-ci. Ma foi, je n'y avais pas songé jusqu'à maintenant, mais il est vrai que cette situation peut faire référence à la maladresse de Vivian dans la scène du restaurant.

"Je n'oserai pas, même si c'est vrai que j'aimerai devenir aussi riche qu'Edward Lewis."

Et vous ma Vivian, mais là, je pense que ce serait un peu trop de cirage. Je dois avouer que sa référence m'avait lâché un petit sourire. Ce film est très connu, malgré son âge.

"Plus on est de fous, plus on rit, comme l'adage le veut." Dis-je d'un air gêné.

Mais je dois admettre que pour cette réplique, je n'ai pas de référence à donner, même si bon, être mit dans le même groupe que Luna ne m'ait pas désagréable. Surtout que ça me soulage plutôt pas mal qu'elle n'est pas mal prit ma bourde. Soudain, après que j'ai prit une gorgée de mon vin, je vois Luna me regarder et me délivrer un large sourire avant de me dire que j'étais plutôt agréable. Celle-là, je m'y attendais pas. J'espère que mes joues deviennent pas rouge. Pourtant, le sang monte, et mes joues s'échauffent, signe que mes craintes sont probablement justifiés. Mais bon être seulement passif n'est pas vraiment mon genre. Je reprends mon calme, ainsi que ma confiance tandis que j'observe Luna avec un sourire également. Je décide de faire preuve de plus de familiarité, l'alcool montant probablement dans ma tête.


"J'ai bien peur que ce ne soit pas autant que toi."

Mmh, je pense que ça correspond bien à la tentative ratée de complimenter de Terry. En soi, juste retourner le compliment comme il était, n'est pas un si mauvais plan. Le problème est sans doute le double sens involontaire. Enfin, si Luna est pragmatique, je pense qu'il n'y aura pas de soucis avec la maladresse de ce personnage.

"D'ailleurs, que penserais-tu, une fois le repas terminé de faire une petite ballade ?" Dit-il juste avant de prendre une autre bouchée de mon plat.

L'homme me retourne maladroitement de me retourner le compliment ce qui me fait vaguement regretter mes paroles.

"D'ailleurs, que penserais-tu, une fois le repas terminé de faire une petite ballade ?"

Euh...
Euh...

Vous le sentez venir le râteau ? J'veux pas dire mais c'est pas parce que ce type ressemble a un nice guy que j'aurais envie de conclure avec lui. C'est méchant. Shame on me, moi succube démoniaque. Abject être voulant faire le trie entre les hommes. Moi, honteuse profiteuse n'étant pas attiré d'office par des gens, même s'ils sont d'un statut social supérieur, une situation stable et -Pêcher ultime , même si ces derniers payent le restaurant
En vrai, je considere que je ne lui dois rien. Je lui ai sauvé les miches, il s'est peut être fait des films malgré moi. Mais au fond, j'ai bien l'estomac remplis. Alors qu'importe.

- Désolée, mais je vous avouerai que je préfèrerai rentrer directement chez moi après le repas. J'ai une petite heure de marche pour rentrer

Je lui balance la stricte vérité. J'ai a traversé une partie de la ville et je compte bien le faire relativement seule. S'il veut m'accompagner, je ne doute pas de sa bonne foi. Je ne doute pas non plus de la capacité de Pompidou a le neutralisé si jamais il m'emmerde plus qu'il ne le défaut.
Mais j'ai quand même des scrupules a remballer ce type. Nan, vraiment, c'est pas pour jouer les princesses de glace ou flatter mon égo. Je vous jure. Je sais quand quelqu'un ne m'attire pas et c'est le cas pour Terry.
L’assiette étant désormais vide. Je bois consciencieusement mon verre pour le remplir de vin par la suite. L'ambiance étant déjà bien lourde je m'esquisse pour pallier a un besoin pressant

- Excusez moi, je reviens d'ici quelques minutes.

Sans surprise je me fais refuser. En soi, ce n'est pas si grave. Après, cela consistait ni plus ni moins qu'une petite ballade digestive. Mais sans doute que la situation a put portée la chose à confusion. Je suis pas très doué pour lire l'atmosphère. En fait, je commençais à voir Luna comme une bonne amie, mais ptete qu'elle a crut que je voulais plus ? Et c'est quoi cette atmosphère lourde qui commence à venir. Attends, je dois vite trouver un truc à dire pour détendre l'atmosphère. Au final, le repas est presque terminé et elle boit son verre pour le remplir ensuite une nouvelle fois. Mais avant ça, elle s'en va faire un besoin pressant.

"Euuh... Fais attention !"

Mais qu'est-ce que je raconte ? Ahh, je suis tellement gêné...

***

J'observe ma partenaire s'éloigner, tandis que je commence à reprendre une expression plus sérieuse. Je commence à jouer avec une mèche de mes cheveux avec mon index gauche tandis que j'observe avec une certaine lassitude le verre rempli en face de moi. Est-ce que je le mets, ou pas ? En soi, de ce que je sais, c'est un visage qui ne m'apportera pas grand chose... Sans oublier que le chien risque d'être pénible. Ils ont une sorte de sixième sens pour reconnaître leur propriétaire. Que faire... Que faire... Oh, au pire je tue le cleb ? Bon et bien, puisque c'est décidé, ajoutons lui un petit somnifère dans ce fabuleux vin rouge. Cela passera comme l'effet de l'alcool.

Je lève doucement les yeux au ciel face a sa phrase... Conceptuelle ? Je soupire presque déprimée par cette maladresse. De retour au toilette. Je bois la dernière gorgée dans mon verre en souriant à Terry. Même si ce dernier sourire reste de l'ordre de la pûr politesse. La encore, j'ai cette impression sévère d'être creuse. Et quelques peu je sais pas... Brûmeux ? Peut être. Je vais mettre ca sur le compte de l'alcool. Je sens que je suis pas particulièrement sobre. Pas particulièrement bourrée non plus. Juste l'impression flou qu'il y a une latence entre mes sens et mon cerveau. Ça doit être juste la descente qui passe mal. Trop d'alcool en trop peu de temps. J'ai surestimé ma résistance. Même si c'était un peu honteux pour moi que trois verres de verres de vin aient eu raison de ma résistance pour la soirée.

Une fois le restaurant réglé par le gentleman qui me sert de bras pour la soirée. Je descends peu a peu les étages pour me retrouver dans le quartier est.
Le fait de marcher me fait étrangement réaliser mon essoufflement. Mes jambes me paraissent à peine être capable de soulever le poids de mon corps et ma tête devenir un cocon comateux. La fraicheur de la nuit n'arrive pas à calmer ma tête fiévreuse. Et je suis obligé de me maintenir à Terry pour ne pas tomber par terre. D'ailleurs où est ce que l'on... ?

Terry.
Terry.

J'essaie de me tourner vers lui. En état second. Et pourtant j'arrive temporairement a vaincre le brouillard qui stagne dans mon cerveau. Une petite lueurs de lucidités avait compris quelque chose d'important. j'aurais voulu rugir, hurler. Le faire savoir a la ville entière tant mon cri aurait pût être puissant. Ma voix parvient étrangère à mes propres oreilles trop faible. Un murmure romantique, un soupire, une défaite.

" Conn... Connard"

Ma main tenta de se serrer, de le frapper. Faiblesse dans les doigts au point que je n'arrivais même plus a les serrer. Mais je tente de viser la joue. Au moins une claque. Trajectoire aléatoire, je m'y reprends a deux fois. Mais la tentative d'offensive fût avortée prématurément.
Pour cause : La lueur de lucidité venait de s'éteindre en silence dans mon regard.
Et il ne resta plus que le brouillard.

Le reste de la soirée se déroula tranquillement, je continuais de jouer Terry sans avoir une once de changement notable. Je constatais doucement les signes d'endormissement de ma partenaire. Nous sortîmes du restaurant, essayant de la rassurer par quelques murmures, faisant mîmes de m'inquiéter. Pourtant, cela n'empêcha pas cette dernière de m'insulter comme si elle savait que j'avais fait quelque chose. Perspicace la petite, j'aime cela. Mais elle s'endort éventuellement après un petit peu de débattement

Nous arrivâmes finalement au pied de l'hôtel restaurant où le gentil chien de madame attendait patiemment sa maîtresse en restant attaché sur un poteau. Je le détacha puis l'invita à monter dans la voiture avec sa princesse endormi. Nous firent une halte légère, près d'une rangée de poubelle. D'un simple coup de rapière, j'ôte la vie du chien qui léchait les joues de sa maîtresse, avant de le traîner hors de la voiture pour le mettre dans une benne à ordure. Puis, je reprends la route.

*Désolé petit toutou...*

Je parviens finalement à ma destination. Une petite usine abandonnée du Quartier Sud. De là, j'ai tout le temps pour déshabiller et inspecter plus en détail mon futur visage. Tout d'abord, j'ôte tout les effets personnels de la jeune femme, je cherche son adresse sans vraiment pouvoir le trouver. En revanche, je trouve un trousseau de clef ainsi que deux portables, une carte d'identité également. J'utilise comme code pin, l'anniversaire de Luna trouver sur sa carte d'identité, puis je commence à visionner le contenu du téléphone. Je comprends mieux le travail annexe dont elle évoquait et lâche un petit rire tout en caressant les joues de la jeune femme.

"Vilaine."

Je poursuis mes recherches avant de trouver des photos et diverses informations qui me permettent d'apprendre où elle habite. J'apprends également diverses choses, elle n'a pas de famille, une personne proche est morte, un homme la stalk... Après trois heures de recherches intensives, je reprends finalement mon apparence initial. J'allume une autre voiture à proximité, puis traîne la jeune femme jusqu'à cette dernière. Je prends les affaires de rechange de cette voiture pour changer de vêtement, une petite robe bleue d'été. Puis, je reprends la conduite, avant de l'emmener directement vers son van. Je la dépose à l'intérieur, laissant une petite note signé de Terry.

[Je ne pense pas qu'on se reverra. Merci pour la soirée et cette nuit superbe.]

Finalement, j'en profite pour crever gentiment les pneus du van, puis je m'en vais, laissant la princesse dans le pays des songes. Je n'ai malheureusement, pas encore le temps de prendre son apparence pour m'adapter. Les recherches m'ont prit trop de temps. Mais ce sera pour la prochaine fois. Amusons nous, Luna.

[Je ne pense pas qu'on se reverra. Merci pour la soirée et cette nuit superbe.]

Mon cerveau matinal cherche un souvenir de cette nuit. Quelque chose de plus concret qu'une simple note qui déborde d'ironie obscène. Quelque chose qui m'expliquerait la disparition de Pompidou. Quelque chose qui me permettrait de me dire avec exactitude qui était l'auteur de cette mise en scène. Mais rien n'en sort. Pas le fantôme d'un visage, d'une parole, d'un souvenir.
Je sors mon portable machinalement pour voir ce que j'aurais pût dire récemment. Quelques bribes me reviennent en lisant mes SMS. Terry. C'est Terry, bordel de merde. Il m'avait invité au restaurant hier soir.
Flash. Je me souviens l'avoir rembarré a une tentative de drague.

Je réalise pas, j'ai même pas envie de réaliser. Et pourtant mon cerveau travaille malgré moi. Les idées serpentent dedans sans que je puisse les faire taire. Mon angoisse me coupe la respiration. Comme autant d'image mentale obscène qui viennent torturer mon esprit. J'ai envie de vomir rien qu'en imaginant cet enfoiré sur mon corps endormis comme un animal.

Je crois que j'ai envie de chialer et de hurler. J'ai envie que ce soit un cauchemars trop réaliste pour me faire douter de si je l'ai seulement vécu. J'ai envie de sortir en trombe, de hurler, de tuer ce type a coup de de poing, de dent, de l'entendre hurler.
Mais au fond ma gorge est un étaux. Mon corps prends l'allure d'une prison. Incapable d'exprimer autre chose que la sidération. Incapable de faire autre chose que de me complaire dans cet immobilisme malsain. A regarder le plafond de mon van.

Je reste une éternité ou deux à remettre mes idées en place. Peine perdu. Il n'y a plus que ce sentiment de salissure. Un symptôme du membre fantôme. J'ai l'impression que ce qui s'est passé est maintenant gravé sur mon visage. Comme un reste de peste bubonique. Je devine qu'a chaque regard anonymes échangés dans la rue, je me poserai maintenant toujours cette question : Est qu'il sait ? Est ce qu'il est au courant ? Est ce qu'il me juge ?

Ma conscience semble anesthésie. Nébuleuse, comme dans un état second. Plus rien ne semble correctement à sa place et pourtant la solution est cristalline : J'ai besoin d'aide. Je le sais. et pourtant j'ai perdu l'envie de sortir. Pour voir qui ?

Mes doigts pianotent dangereusement sur le téléphone. Mais je les laisse faire presque trop accaparé par le vide anarchique qui occupe ma tête. J'ai l'impression que je vie avec une saveur en moins dans la tête. Et pourtant quand quelqu'un décroche. Je sens ma voix presque trop sereine.

"Samantha ?"