Centre Bénévole d'Aide:

Il n'y a plus d'eau chaude dans le centre, mais je suis loin de m'en plaindre en vérité. Je pousse même un soupir d'aise en sentant la morsure de l'eau glacée contre moi.  Être constamment revigoré par l'eau fraîche en ce mois de juillet, y'a pas a dire, c'est mon nirvana personnel. Si je pouvais, je planterai une tente ici. Mais bon trêve de rêvasseries, j'ai pas le luxe de rester longtemps. Parce que sinon, quelqu'un m'engueulera encore parce que je traîne dans de la cabine de douche.Voilà, parfait. J’éteins l'eau, je m’enroule dans la serviette, ce qui me donne l'impression d'être un maki en direction d'un vestiaire et je me change fissa.
Au delà de l'eau glacé, j'aime l'impression confortable de se sentir propre et savonné juste après en être sortis. Bon, je sais, dès que je foutrais un pied dehors, la chaleur s'occupera de ruiner ce sentiment agréable. Mais au final qu'importe. Tiens, ça cogne a la porte du vestiaire ? Argh.. Faut encore que je me grouille...
Une fois séchée et rhabillée en urgence, je  reprends vite fait  mon sac de linge. Les vêtements propres et secs qui sentent même encore un peu l'assouplissant. En partant je quitte alors avec un geste les deux types qui que je vois souvent a cette heure de la journée.

En passant, je vois une bénévole qui semble être plus ou moins disponible. On va dire que c'est la seule qui parait ne pas se presser à aller quelque part. Alors comme j'ai une question qui me trotte un peu dans la tête depuis quelques temps, je me dirige vers elle pour la lui poser « Bonjour. Excusez moi de vous déranger, mais comment on fait pour bosser pour le centre comme vous ? »

Fin' c'est un peu brut de décoffrage. Mais je me vois mal utiliser des formulations alambiquées. Nan, sp'as mon genre. "Fin' pour faire simple : Je squatte l'endroit depuis quelques semaines j'crois. Donc y'a moyen que je soit un peu utile nan ?"
En vrai, bosser ce serait surtout un moyen de tuer le temps. Moi qui passe mes journées a ne rien faire...

Samantha avait prit quelque jours de congé de son travail 'officiel' de secrétaire médicale à l’hôpital pour prendre du temps pour rendre visite à sa famille, passer un moment sur la tombe de son frère et surtout, se dédier aux autres. Lors de ses quelques rares vacances, la jeune Seraph passait le plus clair de son temps à travailler au Centre d'Aide. Elle faisait de son mieux pour ne pas paraître suspecte et partait donc pendant 4-5 heures par jours pour faire semblant de dormir et mangeait un sandwich par jour pour faire semblant d'avoir faim. Mais si elle pouvait, elle serait restée 24h/24 dans le bâtiment. Samantha travaillait en tant que bénévole depuis maintenant près de 2 ans et avait son petit réseau désormais. Plutôt fière, pour une fois qu'un groupe reconnaissait son envie d'Harmonie et d'aide aux autres, elle était surtout très contente qu'on lui fasse confiance.

Surtout qu'avec l'été, arrivait les fortes chaleurs et donc beaucoup de travail pour les bénévoles. Entre les personnages âgées à aller surveiller au moins une fois par jour, apporter de l'eau aux sans-abris et gérer tout les mouvements de va et viens, cela occupait beaucoup de monde et Samantha pouvait donc bien soulagé. Aujourd'hui, par ailleurs, elle s'occupait de s'assurer que tout le monde avait le matériel nécessaire pour pouvoir se laver et se préparer. Il n'y avait que très rarement des problèmes et la plupart du temps, ça se réglait sans même hausser la voix. Elle était entrain de surveiller ce qu'il se passait quand une jeune femme, un brin plus grande qu'elle et avec des cheveux bleus, l'aborda. Samantha l'avait déjà vu quelques fois, du moins ses cheveux lui rappelait quelque chose. La question était direct, au moins c'était clair.

- "Bonjour. Vous voudriez faire du bénévolat donc? C'est très gentil de votre part" dit-elle en souriant gentiment "Il y a un grand nombre de manières d'aider le Centre d'Aide. Je pense que ça serait plus simple d'en parler assis à la cafétéria. Est-ce que vous avez le temps?"

L'intention de la jeune femme était en tout cas des plus louables. Souhaiter repayer une dette qui n'existait pas, c'était très charitable.

- "Je suis Samantha Williams, enchantée. Et vous?" dit-elle en tendant la main pour la lui serrer

Y'a pas a dire, elle a l'air cool s'te fille. Bon elle me vouvoie ce qui gêne un peu mon pauvre kokoro de petite babtou fragile. Mais même si je suis pas encore parfaitement à l'aise, elle a l'air vachement plus conciliante que les trois quarts des collègues que j'ai pu me coltiner dans ma vie.

"Oh, oui, pas de problème. Je suis disponible !"

Puis viens le moment de se présenter. J'essaie d'enregistrer son nom dans le gruyère qui me sert à réfléchir. Puis passé ce moment de concentration presque miraculeux. Puis je sais pas pour vous mais j'ai un instant de doute où j'observe la main tendu de Samantha sans réagir. Puis sous le stress, le système neuronal me signale qu'on attend de moi de faire ce que les conventions sociales appellent une "poignée de main". Norme de politesse oblige, je ne peux pas vraiment m'y soustraire. J'ai donc un petit temps de latence incertain avant que je ne m'exécute avec un air un peu hésitant. Faut' dire que pour ma défense, avec mon historique professionnel, j'ai presque oublié ce genre de politesse élémentaire. Mais bon, vaudrait mieux pas pour moi commencer la discutions avec un air fin non plus. S'pas vraiment dans les habitudes de la maison.

"Moi c'est Luna Nightingale. Permettez qu'on se tutoie ?"

Sans trop m'en rendre compte, je prends la direction de la cafétéria en l'écoutant.

Samantha fut un peu surprise de la réaction de la jeune femme. Peut-être détestait-elle d'être touchée et qu'ainsi, la jeune Seraph avait outrepassé certaines barrières de politesse qu'elle n'aurait pas du. Il lui arrivait parfois d'oublier que tout le monde n'était pas tactile comme elle. Mais heureusement, le petit flottement ne dura pas long et ensemble elles purent se diriger vers la cafétériat.

- "Pas de problème. Je préfère généralement le tutoiement, c'est plus agréable je trouve"

Le chemin jusqu'à la cafétéria fut plutôt rapide. A l'intérieur, plusieurs groupes de personnes étaient aux tables. Certains portaient clairement l'uniforme ou le petit gilet indiquant qu'ils travaillaient pour le Centre alors que d'autre étaient des visiteurs venu profiter du relatif bas-prix de la cafétériat. L'ambiance était agréable et un peu bruyante. Il restait encore beaucoup de places libres pour le duo. En entrant Samantha se tourna vers Luna.

- "Tu veux quelque chose? Si tu veux, je t'offres" dit-elle en souriant, avant d'ajouter "Comme cadeau de bienvenu donc"

Luna semblait ne pas aimer abuser des privilèges, au vue des raisons de son envie de travailler pour le Centre. Samantha espérait donc ne pas outrepasser encore une fois les barrières de la jeune femme... Elle voulait sincèrement lui offrir quelque chose, pas par pitié mais par gentillesse.

"Ok, pas de soucie"

Ok, je sais pas mentir. Même si je sourie, même j'essaie d'être contente ou d'apprécier l'attention. C'est gravé sur mon visage que j'y crois pas vraiment moi même. Habituellement, j'ai sainte horreur de prendre grand chose. Probablement une poussé étrange de fierté j'imagine. Mais l'appel du ventre est plus puissant et la fierté remplis rarement mon estomac. Mais c'est pas grave ma grosse, si ça peut te rassurer mentalement, tu peux te jurer de te venger un jour d'une tel générosité.

Dans un coin de ma tête que je me grave dans le crane de lui renvoyer l'ascenseur, peut être pas au centuple. Peut être pas dans une semaines ou un an, mais une chose est sûre je le lui renverrai. C'est donc à sa suite que je choisis mon repas, essayant de me virer du crâne l'idée culpabilisante que je profite allégrement de sa gentillesse.
Pendant que je prends un plateau et que je le charge un peu de bouffe, je continue d’alimenter la conversation. Allez, va pas jouer la timide T'a les cheveux bleu, c'est pas très street crédible ma vieille. :

"Merci. Au fait, travailler ici ca implique quoi exactement comme travail ? J'ai un peu bossé dans l'humanitaire, mais c'est vachement différent nan ?

Samantha prit, pour elle-même, un simple cookie au chocolat. Elle n'avait plus jamais faim et n'avait plus trop envie de gourmandise. Un des nombreux avantages d'être devenue ce qu'elle était. En se dirigeant vers la caisse, la jeune Seraph se tourna, impressionnée. Luna était plus que qualifiée pour travailler en tant que bénévole au Centre d'Aide. Samantha elle-même avait toujours rêvé de partir sillonner le monde pour faire des travaux humanitaires. Peut-être ferait-elle cela si tout d'un coup les choses tournaient mal.

- "Tu es largement qualifiée pour le travail ici alors. Faudra que tu me racontes tes voyages humanitaires, j'ai toujours rêvé d'en faire" dit-elle en souriant "Mais effectivement, c'est totalement différent. On gère beaucoup plus de choses en fait que dans une association humanitaire"

Samantha paya les consommations des deux puis se dirigea vers une table seule et tranquille.

- "En gros, le Centre d'Aide travaille sur 4 aspect 'direct'. Il y a l'assistance aux personnes agées et handicapées. Cela consiste à aller leur rendre visite de temps en temps, s'assurer qu'ils prennent les médicaments, boivent assez ou les emmener chez leur médecin. Pour certain, il peut être nécessaire de s'occuper de ranger un peu chez eux ou de les nettoyer. Faut pas être délicat pour ça et surtout avoir une grande patience. Ensuite, il y a SOS Suicide. Là, on s'occupe des hotlines d'aides, on fait des groupes de paroles et on tente de sauver des personnes qui comptent se suicider"

C'était comme ça que tout avait commencé pour Samantha. Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Elle ne passait plus trop de temps dans ce groupe, étant désormais plus directement liée à la lutte contre le suicide.

- "Il y a un groupe qui s'occupe d'aller aider les sans-abris, principalement dans le quartier Sud. On y fait de la soupe Populaire, de la distribution de vêtements et parfois même des soins médicaux quand des médecins viennent nous prêter main forte. Je pense que ça doit être le plus proche du travail humanitaire que tu as fait. Et finalement, il y a un groupe qui s'occupe de ce que l'on appelle les 'démunis'. C'est le plus gros groupe qui contient tout les groupes de paroles lié à l'alcoolisme, aux drogues ou aux divers addictions. On peut y travailler en tant que parrain/marraine, je le suis actuellement. Ce groupe s'occupe également de l'échoppe prix-coûtant que l'on possède juste à côté et du reste des actions entreprises par le Centre d'Aide comme des sessions d'informations ou les collectes de fonds"

Samantha croqua dans son cookie pour laisser le temps aux informations d'être analysée. Puis elle continua.

- "Voilà en gros les divers missions que le Centre d'Aide fait. Désolée, ça fait beaucoup et c'est un peu fouillon" s'excusa-t'-elle gentiment "Mais toi, est-ce que tu aurais une envie particulière? Et quels sont tes compétences?"

Hrp:

"On gère beaucoup plus de choses en fait que dans une association humanitaire" La phrase me fait un peu tiquer. J'hésite entre douter sévèrement de cette affirmation où appréhender la masse de travail que représente le fait de s'investir. Mais bon, je me tais. Laissant Samantha régler le repas que l'on a.... Ah nan, quand je matte qu'elle n'a finalement qu'un cookies, je tique un peu. Ca fait mauvaise élève avec mon repas consistant a base de riz et de pain.
Soit, admettons elle avait déjà mangé et ce repas n'était qu'un prétexte pour qu'elle m'en offre un (Ce qui rend juste ma promesse de vengeance un peu plus virulente !) soit elle a un trouble alimentaire. Mettons pas de coter la deuxième hypothèse. Parce que j'ai déjà croisé des gens qui se laissent presque mourir de fin comme s'il n'avaient aucune considération pour leur propre besoin. Mentalement, je me jure de stalker son comportement alimentaire si je suis débauché ici. Histoire de rayer un petit doute.

C'est donc sur cette réflexion qu'on se pose sur une petite table a l’écart. J'écoute avec intérêt, essayant de barrer les trucs que je peux vraiment pas décement faire. Déjà, pour SOS suicide c'est mort (sans mauvais jeu de mot). S'il y a bien un truc pour lequel je suis dangereuse, c'est bien ce genre de chose. Surtout que le deuil, la tristesse, c'est quelque chose de solitaire pour moi, même si t'es soutenu, aimé. Tu te retrouves toujours seule avec ta douleur. Donc, je suis pas capable de réconforter les gens. Je peux faire des blagues, être une serial hugeuse ou une oreille attentive. Je peux faire oublier temporairement à la personne qu'elle est sensé être triste. Mais pour empêcher les gens de faire des conneries. Nan, pas possible
J'ai constaté mon absence de talent a ce niveau grâce au type sur le pont qui voulait se tuer. S'il étaient encore par miracle en vie, j'avoue que c'était plus a cause la laisse hyper solide de mon chien et mon talent pour faire des doubles nœud impossible à retirer plutôt que par ma connaissance des arcanes de la discutions et de la psychologie.

Pour les démunis, de même je pense que je serais un très mauvais exemple pour la jeunesse comme marraine. Si je ne fume plus, c'est parce que j'ai pas assez d'argent pour le faire. Et que je suis encore assez intelligente pour dépenser 10 dollars en bouffe ou en dolipranne pour combler les symptomes du manque qui m'étouffe ces derniers jours.

Les SDF ? Hum... pourquoi pas. Je suis bien foutu pour énerver les gens qui m'entoure plus que les aider plus que les aider. Et je vois mal ce que foutrait une aide soignante pour aider les SDF. Je suis pas infirmière donc techniquement je servirai a que dalle pour les soins intrusifs. Pour les options, il n'en reste plus qu'une :

" Pour mes qualifications. J'ai un diplôme d'aide soignante. J'ai déjà bossé dans le milieux hospitalier. Mais je lui préfère les maisons de retraites. J'avoue, j'ai une préférence pour les petits vieux et il me le rendent bien. Même si au début, ils approuvent pas les cheveux bleu et ma manière de parler. Généralement je les achètent en jouant d'la musique."

J'avoue, a partir de ce moment, la fusée a décollée, l'éolienne tourne, le gaz s'allume sans jamais s'éteindre. Je commence à parler sans vraiment m’arrêter dérivant un peu plus du sujet initial. Avec en prime un sourire passionné qui pointe sur le bout de mes lèvres. Parce que la musique et les petits vieux, c'est des domaines familiers. J'ai presque l'impression d'être comme jamais sur mon territoire.


"Quand j'ai débuté en maison d'retraite, je me souviens d'un groupe de personne âgés un peu sénile, qui parlait pas, qui riait pas, qui mangeait que si on était a coter pour les aider. Ils regardaient tous le vide tous les jours avec un air un peu triste. Puis une fois, j'ai apporté une guitare acoustique et j'en ai joué pendant mon service. T'aurais dû voir leur réaction. Y'en a qui dansaient sur leur fauteuil, d'autre qui riait, qui applaudissait ou demandaient que je recommence. Même les gens un peu teigneux d'habitude ont laissé au vestiaire leur petit coté revêche pour être adorable. C'est fou comme même le plus apathique des sénior peu se découvrir agréable et souriant quand y'a un instrument a porté.

"- Bon tout étaient pas rose. Forcément, quand tu côtoient la vieillesse dans une société ou c'est tabou, hyper déconsidéré d’être vieux. Les familles te les refilent à la va vite et oublient doucement leur existence. C'est donc normal qu'on se bouffe parfois l'ingratitude ou l’agressivité des pensionnaires, surtout qu'c'est difficile à leur age d'exprimer par les mot leur solitude ou leur douleur.
Mais le soucie, c'est que les gens qui bossent dans le milieux, ils s'en foutent. Y'avait clairement de la négligence là ou je bossaiS. C'était surtout des éléments dans le personnel qui faisaient ce job par défaut, parce que la demande assure aucun chômage et qu'ils ont pas la foi de faire de longue études. Y'font leur job, comme ils travaillent à la chaine. Parce que c'est né de la nécessité de bouffer, sans aucune vocation derrière. Alors, forcément, tu dis que les gens qui bossent comme ca comme caissier j'dis pas. Mais quand t'es dans un hospice, si t'as pas l'état d'esprit, forcément ils s'épanouissent pas dans leur boulot. Alors ils se vengeaient tous plus où moins consciemment sur ces gens trop séniles, trop déconnecté, parfois souffrant trop de cette image qu'on véhicule de "vieux qui servent à rien" pour se plaindre des abus qu'ils subissent. Apres tout ce ne sont "que" des vieux qui veulent pas faire de vagues...

"- Y'avait pas de maltraitance physique. Mes collègues étaient assez intelligent pour s'abstenir. Mais ces types arrivaient a n'avoir aucune empathie pour les vieux, aucune considération, aucune délicatesse dans leur gestes ou leur paroles. Une meuf parlait d'un vieux en face de lui comme s'il pouvait pas l'entendre "Tu penses qu'il a pris ces médocs ?" C'est bien plus violent que n'importe quel coup de poing. Déshumaniser les gens comme ca c'est... C'est juste complétement horrible. M'enfin, j'ai essayé de faire de mon mieux à ce niveau. Essayer de changer la donne, même si ça dure qu'une journée ou une minute. Rendre leur vie moins insupportable, c'est le meilleur que l'on puisse faire.

"- Mon action avait engrangé pas mal de reproche dans le personnel. Ils disaient que je prenais trop de temps à causer et pas assez a bosser. Comme si essayer de faire sourire les vieux faisaient pas partie de nos attribution. Ou que ça emmerdait peut être leur cynisme que je le fasse. Tenter de rendre ce lieux moins glauque étaient un crime. Le harcèlement, les rumeurs dans le dos et l'impression d'être mise à l’écart... Tous ca m'a vite lassé. Et même si je m'en veux d'avoir abandonné ces petit vieux, J'ai lâché l'affaire pour partir dans l'humanitaire, du coté de mexico et... "

Puis je me rends compte que j'ai avoué a demis mots que je culpabilise encore d'avoir laissé ces petits vieux à leur triste sort, que j'ai réussi à partir complétement hors sujet en exorcisant quelque chose de totalement négatif et qu'en prime je n'ai même pas encore touché a mon riz . Je plante mon assiette d'un air un peu désolé avant de m'excuser.

" Fin' désolée de trop parler, je m’égare un peu."

Samantha écouta avec grand intérêt la future recrue du Centre d'Aide. Formée en tant qu'aide soignante, grand plus, elle adorait travailler avec les vieux! C'était un cadeau du ciel. Là où les gens avaient typiquement des réticences à travailler avec des personnes âgées pour de nombreuses raisons, Luna semblait très intéressée pour cela. C'était également une musicienne, un divertissement parfait pour des personnes qui s'ennuient en journée.

La jeune Seraph était estomaquée, comme à chaque fois, de la réaction des gens par rapport aux vieux. Les laisser comme des déchets, indésirable, dans un vieil EMS loin de tout, c'était minable. Alors qu'ils avaient probablement tout donnés pour leurs enfants, de l'amour et du matériel, ils finissaient à pourrir dans une chambre, sans vie et personne pour leur rendre visite. Si Samantha pouvait, elle aurait interdit ce genre de comportement qui n'était que lâcheté et faiblesse. Mais ce qui dégoutait encore plus Samantha, c'était le comportement de quelques soignants, collègues de Luna. Elle avait fait, elle-même, un travail qui ne lui plaisait pas. Mais là, c'était différent, ils travaillaient avec des êtres humains! Ce qu'ils faisaient, c'était remuer lentement le couteau dans la plaie d'un mourant, une véritable honte.

Samantha sourit gentiment aux excuses de Luna.

- "C'est rien, c'était un très joli discours plein de passions. Il m'arrive moi aussi de m'emporter dans mes paroles" dit-elle en souriant amicalement "Mais c'est un vrai scandale ce qu'ils ont fait certains de tes collègues. Ca me dégoute, j'espère qu'ils recevront un jour la monnaie de leur pièce"

La Justice, la vraie... Samantha aurait bien voulu l'administrer elle-même, mais elle n'en avait malheureusement pas les compétences.

- "Mais ne t'en fais pas, ici c'est vraiment pas comme ça. Si tu veux discuter un peu avec les personnes âgées, tu peux sans problème. Par contre, tu n'iras pas voir des personnes qui sont en Centre de Retraite. Ils ont pas envie que des bénévoles viennent perturber leur organisation. Mais on propose nos services à tous les autres. Ceux qui ne sont pas encore suffisamment mal en point et qui ont juste besoin d'un peu d'aide et de compagnie" expliqua-t'-elle "Tu nous donneras tes disponibilités, et on te donnera une liste de personne à aller visiter avec divers informations sur elles, leur besoin et ce que l'on sait d'elles. Ce qui compte, c'est que les visites soient faites, peu importe l'ordre. Normalement, on a pas le droit de prodiguer des soins, mais faudrait que je demande si toi tu pourrais vu que tu es formée pour"

Samantha croqua dans son cookie.

- "Si ça t'intéresse toujours bien entendu" demanda-t'-elle poliment "Du moins, pour nous c'est avec joie que l'on t'accueille"

"Mais c'est un vrai scandale ce qu'ils ont fait certains de tes collègues. Ca me dégoute, j'espère qu'ils recevront un jour la monnaie de leur pièce"

Le mieux que je puisse leur souhaiter est une remise en question un jour. Même si je doute que cette remise en question ne se face que quand eux même ne goûtent ce qu'ils ont infligés aux autres. Au fond, ca arrivera. Le temps fera son office et ils vieilliront et leur jeunesse lâche préféra déléguer la tache de s'occuper d'eux a d'autre personnes. Alors seulement ils comprendront l'étendu de ce qu'ils ont fait subir aux autres. J’espère que eux aussi gouteront le sentiment d’inutilité qu'ils ont offert a un bon nombre de petit vieux.

Mais passons, je mange mon repas en écoutant attentivement les paroles de Samantha. Je tique un peu sur "mes disponibilités". J'ai pas la foi de lui avouer que j'ai pas vraiment de boulot, ni l'envie d'en avoir un. Et que je passe le plus claire de mes journées à essayer de combler l'ennuie en grattant des pièces quand je joue dans un parc. J'imagine bien un sexagénaire me gaver de gâteau sec si jamais il apprenait ma situation compliquée. Mais je doute confier a grand monde ce genre de truc. J'ai bien l'intention de sortir seule de cette galère ou je me suis mise.

- "Si ça t'intéresse toujours bien entendu. Du moins, pour nous c'est avec joie que l'on t'accueille"

J'esquisse un sourire ravie en repoussant une mèche bleu qui squatte mon front.

"Bah, je vois pas dans quel contexte je reviendrai sur ma décision. J'affronterai même la paperasserie administrative sans broncher !"

A vrai dire, j'ai aucune fichu idée s'il y a vraiment des formulaire a remplir. Mais j’espère au moins que cette phrase prouve un peu la motivation que je peux avoir ♪

Samantha sourit devant l'enthousiasme de Luna. Ça faisait chaud au cœur de voir des personnes motivées à aider les autres, à apporter du Bien. Cela changeait grandement la jeune Seraph de ses autres fréquentations avec les membres de sa Famille, qui pour la plupart préférait répandre du Mal autour d'eux.

- "Ne t'en fais pas, la paperasse est relativement légère. Il nous faudra juste tes coordonnées et répondre à un petit questionnaire" dit-elle en finissant son biscuit et en se levant "Ne bouge pas, je vais chercher les papiers"

Samantha partit rapidement, laissant Luna seule quelques instants. Elle alla dans le coin réservé au personnelle et chercha quelques instants. C'était sa première que la jeune Seraph recrutait dans le centre d'aide. Et cette fois, elle n'avait pas la même culpabilité que lorsque qu'elle recruté quelqu'un dans son camp. Il n'existait pas de guerre, pas d'ombre et pas de violence, donc il n'y avait aucun danger. Elle en profita pour prévenir Pierre, le directeur du centre d'aide, un homme dans la fleur de l'âge. Samantha revint donc vers Luna, avec plusieurs papiers. Elle se rassit et les lui tendit

- "Donc, c'est une page pour tes coordonnées, sur lesquelles tu indiques ton nom, ton prénom, ton âge, toutes les informations pour te contacter et également ton horaire" dit-elle avant de montrer les autres pages "ça, c'est un questionnaire de 2 pages. C'est des questions psycho-métrique ou quelque chose comme ça. Pour savoir un peu comment s'organise tes pensées et savoir tes divers axes. Je dois t'avouer que je ne suis pas trop convaincue de leurs fiabilité personnellement"

C'était un questionnaire composé de divers affirmation auxquelles il fallait répondre de 1 à 5, 1 étant "cela me correspond totalement" et 5 "cela ne me correspond pas du tout". La feuille des coordonnées contenait également un champ où Luna pourrait indiquer ce qu'elle désirait faire.

- "Tu n'es pas obligé de les remplir maintenant, tu peux très bien les déposer un autre jour dans notre boite au lettre"

Pendant qu'elle s'absente a la recherche de ces documents, j'avoue, je tique un peu. Coordonnées ? Ca fait une paye que je me trimballe plus dans une maison fixe. Avoir une adresse ? Très peu pour moi. Je sais pertinemment qu'il y a moyen de négocier avec les service postaux de la ville pour que je choppe une boite au lettre dans leur local (Et donc une adresse). Mais c'est payant et j'ai pas envie de m'embarrasser de ça alors que je galère un peu beaucoup quand il est seulement question de mon estomac...

- "Donc, c'est une page pour tes coordonnées, sur lesquelles tu indiques ton nom, ton prénom, ton âge, toutes les informations pour te contacter et également ton horaire? ça, c'est un questionnaire de 2 pages. C'est des questions psycho-métrique ou quelque chose comme ça. Pour savoir un peu comment s'organise tes pensées et savoir tes divers axes. Je dois t'avouer que je ne suis pas trop convaincue de leurs fiabilité personnellement
Tu n'es pas obligé de les remplir maintenant, tu peux très bien les déposer un autre jour dans notre boite au lettre"

Je commence a remplir, mais ca coince inévitablement à "coordonnées". Si ca me coûte un peu de l'avouer. j'imagine que je ne pourrais pas faire abstraction de ce petit détail.

« A vrai dire, je vais profiter de mon temps libre pour le faire immédiatement. J'ai pas grand chose qui m'oblige a partir. Mais j'avoue, j'ai une petite question.
J'ai techniquement pas de coordonnées, je vie actuellement dans une caravane garée dans un parking souterrain. Donc, je fais comment pour me régulariser a ce niveau ? »

Je sais pas, j'ai un peu peur de sa réaction. Dans mon crâne, y'a tout un défilement situation désagréable qui me viennent a l'esprit. En commençant par la peur d'inspirer pitié. Pas d'adresse, ca va souvent de paire avec « pas de travail ». J'ai vraiment pas envie de me transformer à ses yeux en cas sociale.

Samantha fut en effet un peu surprise du fait que Luna avouait être quasiment sans abri. Elle n'avait rien et pourtant proposait de donner son temps aux autres... C'était plutôt altruiste de la part de la jeune humaine. Mais, elle ne semblait pas trop en pâtir. Dans tout les cas, ce n'était pas le plus urgent. Peut-être que, une fois que Luna aura prit ses marques, Samantha lui proposera d'aller dans un des logements sociaux qui pourraient la soulager de vivre dans la rue.

- "Oh je vois... Si c'est un problème, on peut aider" ne put s'empêcher Samantha "Mais là n'est pas la question. Il faudrait que l'on ait un moyen de te contacter et inversement"

Il était vrai que, fondamentalement, le Centre communiquait rarement par lettres et courriers officiels. Ca restait du volontariat que l'on organisait encore avec des messages SMS entre connaissances. Enfin, pas complètement, mais ça restait souvent proche de l'amateurisme.

- "Alors, faudrait soit avoir une boite aux lettre à ton nom, soit... Hum. Au pire, met juste des informations de contact comme un numéro de téléphone ou un e-mail, selon ce que tu consultes le plus souvent et ça devrait suffire. De toute façon, on envoie généralement une lettre et un e-mail pour les choses importantes tel que les collectes ou les opérations de grandes envergures"

Samantha réfléchit encore un peu pour régler le problème des lettres.

- "Ou, si vraiment, on a des tirettes dans le coin des bénévoles. Donc, ça peut te servir de boite aux lettre pour toutes les informations concernant le Centre d'aide, quand penses-tu?"

"Personnellement, réservez en une a quelqu'un d'autre. Si un simple numéros de téléphone convient, ca me va même parfaitement. J'admets que je matte pas vraiment mes mails autant que je le devrais. Mais je vais essayer de prendre l'habitude. Au pire, j'essaierai de me tenir au courant si je suis amené ."

Je finis mon assiette, presque étonnée de la quantité que j'ai ingurgité en si peu de temps. Mon estomac repu proteste quelque peu bruyamment, comme un matou qu'on essaierai de virer du clavier d'un ordinateur. Mais je fais mine de rien. Et même si mon systeme digestif est en train de sabboter la maigre bonne image de moi que je pourrais offrir, y'a pas a dire, je me sens bien avec cet meuf'. Elle a l'air bienveillante et pas vraiment blasée de ma présence. Et plus prompte à trouver des solutions que de formuler jugements. Mine de rien ca me manque peut être un peu de discuter avec des gens comme elle. Moi qui ait rarement eu des collegue de ce type. Alors presque sans m'en rendre compte, je délaisse la paperasse administrative pour simplement discuter.

- Et vous, vous travaillez dans quelle... "Branche" - si je puis dire, du centre ?

En disant ça, je commence doucement a manger mon pain.

Samantha hocha la tête. Elle n'était elle-même pas très regardante du point de vue administratif. C'était surtout de la paperasse inutile faîtes pour faire perdre du temps en remplissant vingt milles papiers et détourner les gens des vrais problèmes. Tout était plus aseptisé quand les gens n'étaient que des chiffres dans des registres, ce n'était plus des humains. Donc si Luna n'avait qu'un numéro, cela suffisait grandement. Elle n'aurait qu'à répondre aux messages et tout irait pour le mieux.

- "C'est parfait. Alors on t'enverra un sms si il y a quelque chose d'important qui se passe. Dans tout les cas, tu n'as qu'à venir ici et simplement prendre la liste des personnes à visiter et ça suffit amplement"

Le centre d'aide était encore bien bordélique comparé à des institutions internationales comme la croix-rouge ou amnesty international. Cela avait progressé depuis la date de sa création, mais ça restait une association non-lucrative gérée par un seul homme : Pierre. Il avait engagé quelques personnes en tant que salariés, principalement pour s'occuper de la bonne gestion des systèmes administratifs, mais il restait très proche des gens, travaillant autant que d'autre bénévoles.

- "A la base, je me suis engagée a faire les hotlines S.O.S suicides, mais ça ça fait presque deux ans si je me trompe pas. J'y passais autant de soir que possible, et faisait quelques nuit. Mon travail m'empêchait de faire plus. J'ai fait ça pendant une bonne année. Pendant cette année, j'ai fait plusieurs autres bénévolats, comme par exemple participer à la soupe populaire ou a la distribution de vêtement de médicaments dans le quartier Sud" commença-t'-elle, se rappelant de tout ce qu'il s'était passé depuis "Avec du temps, et de la détermination, j'ai montré que j'étais motivée et capable de gérer de plus en plus de choses. Ainsi, il m'est arrivé plusieurs fois de m'occuper de la gestion du magasin, y compris quand j'étais blessée. Et désormais, je m'occupe surtout d'aller dans le quartier sud pour apporter des soins, de l'aide, une écoute ou tout ce qui peut prodiguer du bien-être. Je travaille généralement en duo, avec un médecin de l'hôpital du Nord, mais il m'arrive parfois d'être seule. Et je suis marraine pour soutenir une personne à s'en sortir de la drogue"

Cela faisait beaucoup de choses, et la plupart était liée à des contractants. Entre Noziroh Myldov, William, Actée et compagnie, cela faisait beaucoup de monde.

Je me retiens le "Ouah..."  qui me monte a la gorge. Faut dire que son palmarès sonne assez impressionnant. Mais j'avoue qu'avec tout le temps libre possible. Je pense pas être capable de faire la moitié. Nan, au travail, je préfère largement me glisser dans la routine d'une personne plutôt que d'apparaitre ponctuellement dans la vie que quelqu'un. J'aime trop me lier au gens durablement. Un vrai chewing gum social, le genre qui te lâche jamais s'il a décidé de se coller définitivement à tes semelle.
Peter avait déjà fait les frais. A son grand désespoir, il s'était coltiné ma pomme comme marraine bonne fée. Mais version punk et un brin weirdo.

"Samantha. Je vais prendre ma pause dej' tu peux prendre la ligne pour moi le temps que je me paye un sandwich ?"

La femme qui venait d'interrompre la conversation abordait un air gêné. Mais je la rassure d'une remarque amusée.

- Ne vous inquiétez pas, je m'en voudrait de m'accaparer l'attention votre collègue toute la journée.

Suite a ca je salut Samantha avec un sourire sincère. Mon départ est peu brusque. Mais Sam' à des responsabilités et j'ai pas vraiment envie de me mètre au milieu.

- Merci beaucoup pour votre aide. J’espère vous revoir en temps que collègue

Quelques paroles de circonstance plus tard, je sors du centre sur mon petit nuage. J'ai l'impression de renouer avec quelque chose que j'avais paumé y'a un bout de temps.

Samantha n'avait pas vu l'heure passer. C'était impressionnant comme le temps pouvait aller vite quand on parlait de choses passionnantes avec des personnes intéressantes. La jeune Seraph sourit un peu gênée à Luna. Elle n'avait pas d'autre choix que de partir travailler.

- "Merci à toi de t'être présentée ici comme bénévoles, on ne peut que te remercier infiniment"

Elle se leva également

- "Ca sera avec plaisir que je te retrouverai ici, on trouvera un moment pour discuter un peu et prendre un café ensemble"

Samantha partit ensuite s'occuper de la hotline. C'était la partie la plus déprimante, mais elle se devait être forte pour tout ceux qui avaient besoin d'aide

[Ce fut un plaisir ]

J'écoute une dernière fois les salutations de Samantha. Elle fait demi tour pour rejoindre la hotline et je me surprends a être presque déçu de la brièveté de cette discutions. Comme si une partie de moi restait un peu sur ma faim. Mais bon, j'imagine que nous aurons milles occasion de nous revoir et de nous apprécier. Après tout, je pense qu'on a plein d'atomes crochus.

Je quitte le centre en direction du parking où est garé le van. En chemin, je me fais la réflexion d'être repartie avec quelque chose en plus. Quelque chose qui n'est pas une douche ou un repas, pas non plus des vêtements propres. Y'a bien quelques feuillets légèrement froissés qui sont dans ma main. Mais aussi un genre de bonne humeur qui perce ma nonchalance. Mon pas est plus enjoué qu'à l'accoutumé.

Et en voyant un ciel dénué de nuage, je me surprends à imaginer cette journée avec optimisme.

[De même o/]