East Park:

Les passants pouvaient les prendre pour une relation père et fille même si le garde du corps qui l'accompagnait aujourd'hui n'était pas spécialement vieux. Son visage restait tout de même jeune. Au moins, le bon côté des choses, c'était qu'ils ne les prenaient pas pour deux tourtereaux. Cela aurait en particulier énervé la jeune femme qui se pensait trop bien pour quiconque. Enfin, un autre problème était à soulever, ce n'était pas stipulé dans le contrat d'embauchement, mais Russel, son garde du corps, refusait pertinemment de s'occuper de l'histoire qu'elle lui racontait en ce moment même. Il était sensé la protéger, elle, mais pas ses affaires. Peu importe comment elle insistait pour qu'il retrouve son sac, rien n'y faisait. La jeune femme était bornée, et lui aussi. Cela n'aidait vraiment pas pour avancer dans la discussion.

- Vous pourriez aller chercher mon sac à main, puisque je vous dis que quelqu'un me l'a volé. Il y avait une de mes bagues à l'intérieur. Vous savez combien elle vaut ? Sans doute autant que votre salaire !

Elle exagérait clairement, mais elle trouvait cela ignoble que Russel ne veuille pas aller chercher son sac. De toute façon, à force de discuter, à l'heure qu'il est, le malfaiteur était déjà parti depuis bien longtemps. Dans la ruelle du parc, Russel et Alice bouchaient le passage, et elle ne s'en était pas rendu compte. À vrai dire, elle s'en fichait complètement. Pour elle, ce n'était vraiment pas son problème. Elle était totalement occupée par autre chose, son sac par exemple, alors quand quelqu'un vint presque couper leur folle discussion, Alice tourna la tête vers cette dite personne pour froncer les sourcils ?

- Vous ne voyez pas qu'on est en pleine discussion ? Vous êtes vraiment mal poli de nous couper de la sorte. Bloquer le passage ou non, ce n'est pas mon problème, je vous prie passez ailleurs.

La jeune femme avait encore une fois rempli ces paroles d'une telle arrogance, que n'importe qui pourrait la détester après ça. Russel y était peut-être habitué, mais pour le jeune homme qu'elle venait de rencontrer, il ne devait pas l'être. Elle était la fille de la famille Nightray, ce n'était pas n'importe qui. Dans le domaine de la musique et du cinéma, elle ne pouvait ne pas être connue. Ses vêtements en disaient aussi long sur sa richesse. Elle n'avait que des vêtements de très bonne qualité. Alice portait aujourd'hui une petite robe bleue qui ne pouvait tenir que grâce au nœud derrière son coup, un peu comme les hauts de maillot de bain féminin. Comme le temps était encore hivernale, elle avait tout de même penser à mettre une paire de collants, une veste et un foulard assez chaud. Surtout, il ne fallait pas non plus oublier les chaussures qui se mariaient parfaitement à la robe. Elle avait tout pour plaire.

Lorsqu'elle avait prévu de sortir et que c'était Russel de venir avec elle, il devait sans doute l'attendre pendant des heures pour qu'elle se prépare. C'était bien une femme sur ce coup-là. De toute façon, il pouvait très bien dire ce qu'il voulait, elle n'allait pas changer ses manières pour lui. C'était à lui de le faire après tout, n'était-il pas le chi-... garde du corps d'Alice ? Elle soupira un peu les bras et finit par soupirer avant de regarder Russel. Allait-il s'occuper de ce petit gars qui osait se mettre en travers de sa route ou non ?

Se balader c'était bien mais rentrer c'était mieux.
Agacée, la demoiselle empruntait le chemin du retour, si elle pouvait qualifier ainsi un nombre incalculable de sentiers qu'elle empruntait et qui différait à chaque fois. Elle avait souhaité faire un saut dans le bar où Howard travaillait, pensant le trouver tout naturellement. Mais rien. Elle s'était heurtée à Samuel qui lui avait clairement expliqué que non, le blondinet n'était pas ici et qu'il ne travaillait pas ce soir. Du grand n'importe quoi. Ses horaires avaient-ils changé pour que son ami ne soit pas là sans l'avoir prévenue ? Certes cela faisait bien longtemps que ces deux-là ne s'étaient pas vus, peut-être la Russe aurait-elle dû se réveiller plus tôt mais ce soir, elle avait eu envie de retrouver son ami, juste pour parler un peu avec lui. Mais rien. La demoiselle n'avait pas eu le cœur à s'éterniser davantage dans les lieux et faisait machine arrière pour revenir sur ses pas. Tout ce déplacement pour rien. Heureusement qu'elle 'avait rien de mieux à faire pour occuper sa soirée, sans quoi elle en aurait presque voulu à Howard de ne pas d'être trouvé au bon endroit au bon moment. Parce que oui, le bon moment, c'était quand elle se décidait à enfin aller le voir.

Maugréer dans son coin était inutile. Elle releva la tête. Déjà pour mieux apercevoir ce vers quoi elle se dirigeait et ensuite parce que marcher la tête baissée, non merci. Relever la tête pour apercevoir un attroupement. Elle avait préféré couper à travers le parc pour gagner du temps, déjà que passer de quartier en quartier témoignait d'une bonne marche, si en plus elle n'usait pas de raccourcis, elle n'en finirait jamais. Mais peut-être aurait-elle dû emprunter un autre chemin ce soir, plus long mais plus sûr. Non pas qu'elle risquait quoi que ce soit dans le quartier Est mais cet ameutement de trois personnes – oui c'était un ameutement à son goût, rien qu'avec le trio, ils auraient pu soulever le monde s'ils en avaient eu envie – ne lui disait rien qui vaille.

Alors qu'elle se rapprochait, elle saisit au vol quelques paroles féminines. Bon, il faut croire que le trio se composait davantage d'un duo et d'un pauvre hère qui souhaitait tout comme elle passer. Bien. Elle s'arrêta enfin face à eux, la ruelle trop étroite pour permettre à tout ce monde de s'engouffrer d'un seul coup. Et la fille à la voix irritante et arrogante qui n'avait pas bougé d'un pouce !

– Dîtes, y a des lieux plus appropriés pour se rassembler, ça vous embêterait de juste vous écarter histoire que je passe ?

Elle jeta un coup d’œil à l'autre hurluberlu dans la même situation qu'elle, celui-là même qui paraissait s'être fait rembarrer par la jeune femme qui lui faisait face. Avec son visage sévère, rien d'étonnant à ce que ses traits aient déteint sur son caractère. Détail.

Mieux valait éviter une réponse aussi sèche. Alors peut-être serait-il temps d'y mettre les formes un minimum ? Décidément, les Américains étaient bien étranges pour camper sur leurs positions pour des sujets aussi dérisoires.

– S'il vous plaît.

Elle s'adressait à la fois à la femme et à l'homme plus âgé qui l'entourait. Elle finirait bien par en convaincre un des deux avec ses politesses bien plus vieilles qu'elle, non ? Et puis merde, c'était pas une vie d'empêcher les honnêtes gens de passer comme ça ! Hors de question de faire un détour, quel qu'il soit.

Les insectes commençaient-ils à se rassembler ? Alors qu'une vulgaire fourmi osait venir lui parler et savoir si elle avait besoin de son aide, une autre arriva, pour vouloir passer aussi. Alice avait bien vu que Russel s'était décalé, mais sa nature capricieuse et têtue força la jeune femme à rester sur place, les bras croisés. La bourge dirigea son regard vers le blond, qui avait interrompu sa conversation avec le garde du corps et répondit simplement à sa question.

- Ai-je l'air d'avoir besoin d'aide ? Ce ne sont pas vos affaires.

Elle était sèche, mais elle avait toujours été comme ça avec des personnes qu'elle rencontrait la première fois. Il suffisait que Russel se souvienne de leur première rencontre pour que le comportement qu'elle avait en ce moment lui paraisse tout à fait normal. Et il ne pouvait pas s'imaginer à quel point le caractère de la jeune femme pouvait changer en fonction de son humeur. Russel l'avait connu à la fois gentille et douce, et capricieuse et têtue. C'était le cas de le dire, elle était « chiante ». Ensuite, elle se tourna vers la personne qui avait un accent russe.

- Quant à vous, je vous conseille d'aller voir ailleurs. On peut se rassembler où l'on veut à ce que je sache.

Alice était vraiment d'humeur exécrable et la venue de ces deux jeunes gens n'aidaient pas du tout pour qu'elle se sente plus calme. Et la formule de politesse de la Russe n'allait rien changer. En même temps, se faire voler son sac dans un moment d'inattention de Russel pouvait faire l'embêter au haut poing sachant que ce qu'il y avait dans ce sac coûtaient cher.

À l'heure actuelle, c'était une vraie furie, et ce n'était pas Russel qui allait l'arrêter, à moins de lui promettre quelque chose qui a autant de valeur que la bague volée dans son sac à main. Ce n'était vraiment pour le sac qu'elle faisait ses jérémiades, mais pour le bijou.

- Mais, si vous me baiser les pieds, peut-être que je pourrais être plus clémente. Ça me paraît être un bon deal.

Elle se sentait supérieure, en même temps, elle avait de quoi. Alice possédait l'argent, le pouvoir, faisait de très bonnes études et était assez agréable à regarder. Son plus gros défaut, était probablement son caractère qui pouvaient repousser n'importe quel homme qui n'avait pas le courage d'affronter une jeune femme comme elle. En quelques sortes, John l'avait ce courage, en ne faisant que la provoquer et parfois à lui arracher un sourire. Et encore, la plupart des hommes qu'elles étaient sensées côtoyer pour qu'ils deviennent son fiancé ne connaissait pas cette nature détestable d'Alice. Professionnellement, elle savait se tenir correctement.

Comment ça l'autre proposait son aide ? Son aide à quoi d'ailleurs ? À être encore plus désagréable ? Pour cela, aucun souci, l'espèce de jeune pimbêche qui lui faisait face n'avait aucun conseil à recevoir, elle excellait parfaitement. Et encore, ce n'était que le début. Saskia poussa un long soupir, tentant de garder son calme. Après tout, un passage avait été créé, elle pouvait maintenant plus ou moins s'y frayer. Chose qu'elle allait faire de ce pas. Mais ça, c'était avant que l'autre demoiselle n'abuse un peu trop de sa patience. Quel genre de personnage pouvait se montrer aussi odieux avec des inconnus ? Lui baiser les pieds ? Et puis quoi encore ? Cela revenait plus ou moins à lui cirer les pompes, hors de question de s'abaisser face à une inconnue aussi mal élevée ! Face à une inconnue tout court. Voire s'abaisser tout court. L'idée a été saisie, il faut croire, inutile d'en rajouter davantage.

– Non mais vous vous prenez pour qui pour nous parler comme ça ?

Son regard allait de la personne désagréable à l'autre homme plus âgé resté silencieux. Comment pouvait-il tolérer pareil comportement ? La Russe ignorait quel lien unissait ces deux-là, mais il faut croire que l'homme lui-même n'avait aucune autorité sur cette gamine, de toute évidence bien plus âgée que Saskia. Mais ce n'était pas une raison pour se laisser marcher ainsi sur les pieds et encaisser sans un mot. Nul étonnement à ce que cette peste se comporte de la sorte si tout le monde la laissait agir comme bon lui semblait. Mais le pire restait peut-être le garçon dans la même position qu'elle, ayant lui aussi demandé poliment un passage, s'étant fait rembarrer mais qui s'abaissait à lui proposer son aide. Est-ce que cela marchait ainsi dans la vraie vie ? Saskia, elle, n'en aurait rien fait et l'aurait laissée se débrouiller comme bon lui sembler. Ah ces Américains, toujours aussi étranges !

– Et vous, vous laissez faire ? questionna Saskia à l'intention de l'homme plus âgé se trouvant là depuis le début, dîtes rien surtout.

Saskia qui était d'ordinaire joviale avait vu son humeur régresser considérablement en une fraction de seconde. Pourtant, elle gardait toujours plus ou moins son calme. Du moins essayait-elle. Pour le moment, elle arrivait à se contenir, mais jusqu'à quand ? Ce n'était pas une demoiselle comme celle-là qui allait la commander, non, vraiment pas ! Elle avait essayé d'être conciliante et cordiale, voire polie, de manière à passer sans trop gêner. Mais il faut croire qu'il n'en était rien dans  la partie adverse.

La Moscovite porta son regard vers le garçon un peu simple d'esprit ayant proposé son aide, en quête d'un quelconque renfort. Mais peut-être était-ce d'avance peine perdue ? Elle n'en savait rien. Mais au vu de son comportement actuel, difficile d'espérer quoi que ce soit de sa part. C'était surtout elle qui avait besoin d'aide en cet instant, ne le voyait-il pas ?

Leur réaction était évidentes, quoiqu'elles étaient déjà bien différentes des autres personnes parce que finalement, Allysea et John avaient finit tous deux par le faire lorsqu'elle avait demandé de baiser son pied. C'était tout à fait appréciable sans repenser à ce qu'avait fait John par la suite qui ressemblait plutôt à du harcèlement sexuel de son point de vue. En tout cas, elle espérait obtenir autre chose d'autre. De sa clémence et de sa générosité, elle avait laissé cet homme finir sa phrase même si la pression qu'il exerçait sur son pied la dérangeait fortement. Elle avait pu réagir, mais il devait voir cela comme une faveur de sa part et il ne devait pas l'oublier. En soit, Russel aurait normalement eu le temps d'intervenir et Alice comptait le réprimander pour cela, mais sa prochaine action lui donna déjà des points. Le garde du corps s'interposa entre les deux personnes en annonçant à cet insecte de ne pas recommencer. Du côté de Russel, il avait sans doute plus peur qu'Alice s'en prenne à lui plutôt que l'inverse.

S'attirer les foutres de la jeune femme n'était pas ce qu'il y avait de mieux. De plus, elle n'avait pas encore fait recours aux moyens physiques, alors que cet homme, si. Cela voulait donc dire qu'elle avait le droit de le frapper ? De plus, elle n'avait pas encore fait recours aux moyens physiques, alors que cet homme, si. En quelques sortes, elle s'était habituée à se battre habillé de cette façon. En même temps, les délinquants où les ombres ne prévenaient pas avant de venir l'attaquer.

- Tu as de la chance que mon garde du corps se mette entre nous, sinon je t'aurais probablement réduit en bouilli pour avoir osé me toucher et essayer de me faire mal. Je te laisse encore quelques chances de te rattraper. Mets-toi à genoux pour t'excuser.

Son regard se fit alors de plus en plus méprisant, et que même si elle était plus petite que lui physiquement, cela ne l'empêchait pas de le regardé de haut, et de le prendre comme pour la plus inférieure des espèces vivantes.

- En tout cas, j'ai bien vu quel genre de personne tu es. Tu ne t'en sors pas avec des mots alors tu avais besoin d'une pression physique ? Et si tu ne dis que ce n'est pas le cas, pourquoi m'avoir écrasé le pied et sali ma chaussure ?

Alice aurait très bien pu aussi lui dire de lécher sa chaussure en public en guise de punition, mais elle se disait même que c'était un peu extrême. Peut-être n'était pas assez énervée, et la présence de ces deux jeunes personnes ne faisaient que l'attiser encore plus. C'était comme remettre plus d'essence dans un incendie déjà bien allumé.

Pas sûr que d'user de la violence soit une bonne idée, surtout avec le garde du corps de la peste dans les environs. Plus qu'à espérer que l'inconnu savait ce qu'il faisait, sans quoi il s'exposait à de grands risques. Saskia, elle, n'aurait pas osé faire étalage de la violence. De toute façon, vu sa force de moustique, elle n'aurait pu faire grand mal, même si elle l'avait souhaité. Elle écoutait le discours de celui qui tentait de lui prêter main forte, revenant à la charge avec cette foutue idée de proposer son aide à cette gamine insupportable. Pourquoi insistait-il ?

La suite surprit tout autant Saskia ; le garçon se mettait à genoux pour présenter ses excuses à la demoiselle. Voilà qu'il était à ses ordres ! Le regard de la Russe étonnée allait du garçon au sol à celle qui avait ordonné cet acte bien que légitime, légèrement puéril. La brune aurait dû se douter que cet individu ne serait en aucun cas un allié pour elle, voilà déjà qu'il pliait sur une simple injonction !

– Je te croyais pas si influençable, l'ami, pesta-t-elle, tss.

À croire que ce monde était dépourvu d'individus se tenant à leurs idéaux ! Où était passé le garçon qui menaçait presque cette bourgeoise un peu plus tôt ? Rien, évaporé ! Alors oui, il pouvait bien l'accuser de sorcellerie ou qu'en savait-elle encore ? Les faits étaient là pour lui donner tort et c'était bien regrettable.

L'inconnu sur ses pieds, bondissant presque pour se redresser, comme si le diable lui tenait à la peau. Elle eut un profond soupir, ne comprenant pas ce qu'il essayait de dire par là. Etait-ce bien raisonnable de nier ses paroles et ses gestes ? Ne pouvait-il pas tout simplement assumer au lieu de s'en prendre à cette fille détestable ? Certes cette femme paraissait avoir beaucoup de défauts et nombre de casseroles à ses pieds mais la Russe se demandait bien comment elle aurait pu forcer un homme à s'excuser, tant à travers son comportement que grâce à des mots.

– Tu joues à quoi ? murmura-t-elle à son oreille, suffit qu'une pimbêche t'allume pour que ça y est, tu t'excuses et c'est tout ?

Non, vraiment, Saskia ne comprenait pas son comportement. Là où lui la voyait responsable de ses gestes, elle ne voyait qu'une simple jeune femme arrogante et capricieuse. Autoritaire, certes, mais de là à imposer une conduite à quelqu'un, il y avait un pas énorme qu'il restait à franchir.

Au début, elle n'y croyait pas non plus de ses propres yeux. Elle avait donné cet ordre en pensant très bien que personne ne l’exécuterait à moins qu'il soit vraiment un abruti. Apparemment, c'était le cas, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'afficher un large sourire en voyant l'homme se mettre à genoux pour s'excuser. Elle pensait que tout le monde ne s'y attendait pas, alors les réactions étaient plutôt prévisibles finalement, cependant, elle n'allait pas non plus approuver ce qui venait de sortir de la bouche de Saskia.

- Respecte-moi, je ne suis pas n'importe qui.

Ses yeux allèrent alors ensuite sur Rev, qui se plaignait de ce qu'il venait se passer. Alice n'était pas du tout au courant pour son pouvoir, alors elle commença à le prendre pour un fou. Comment pouvait-il se plaindre après l'avoir fait, et surtout pourquoi s'en prendre à elle puisqu'elle n'avait fait que donner un ordre ? Jamais elle ne s'attendrait à ce que quelqu'un lui obéisse presque en claquant des doigts. C'était peut-être bon à savoir, néanmoins, elle trouvait cette situation plutôt bizarre.

- Serais-tu bête ? Je n'ai fait que parlé, pourquoi me blâmes-tu pour les actions que tu viens d'effectuer ? Tu es ridicule, prends les responsabilités de tes actions.

La jeune femme croisa alors les bras, visiblement mécontente de la réaction de cet insecte. Il l'accusait de quelque chose dont elle n'était même pas au courant. Comme elle était un peu positionné derrière Russel, elle s'avança un peu pour se mettre à côté de lui et regarder avec une pitié incroyable ce pauvre homme presque désemparé.

- Enfin, si tu veux savoir qui je suis. Je suis Alice Nightray.

Elle était la fille de Cameron Nightray, directeur d'une grande boîte de production film et musique. Évidemment, ce n'était pas des vies comparables, il était rare de trouver des personnes ici qui était plus importante qu'Alice. Il devait y en avoir, mais elles ne se croisaient pas souvent, quoiqu'il y ait une chance bien plus forte dans le quartier nord.

Oui, c'était tout bonnement ridicule. Enfin, ça c'était ce que la demoiselle songeait avant que la garce ne se présente. Nightray ? Mais n'était-ce pas la bourgeoise dont John devait s'occuper d'assurer la sécurité ? Il faut croire que cette fille possédait plus d'un chien de garde, John absent, c'était cet autre molosse qui faisait le boulot. Légèrement plus intimidant, soit dit en passant. Saskia voulut ouvrir la bouche pour se moquer, malheureusement ses mots ne furent pas ceux auxquels elle songeait :

– Mlle Nightray, si j'avais su, j'aurais tenu ma langue !

Non mais depuis quand elle vouvoyait les gens ? D'où ?!? Elle fusilla du regard la demoiselle. L'autre inconnu pouvait-il avoir dit vrai ? Peut-être n'était-ce pas lié au hasard si ce dernier, si farouche au début, s'était retrouvé à présenter des excuses à cette garce ! Heureusement que le passif n'atteint que le personnage et en aucun cas la narratrice, sinon ce serait d'une tristesse à pleurer et se priver d'utiliser de multiples adjectifs péjoratifs à si bon escient aurait de quoi être frustrant. Vraiment.

Que lui avait ordonné cette fille déjà ? De la respecter ? Il y avait peu de monde que Saskia vouvoyait et cette satanée fille ne faisait pas partie de la liste ! Tout comme donner du Mademoiselle à quelqu'un n'était pas dans ses habitudes, encore moins lorsque son interlocutrice était une fille à papa détestable. Qu'elle s'étouffe donc avec un CD, l'héritière de l'industrie du disque ! Ou n'importe quoi !
Saskia se rapprocha de l'autre inconnu ayant eu le malheur de s'excuser pour lui murmurer à son oreille :

– T'avais p'têt pas tort, finalement…

Mais de là à l'insulter de sorcière, non. Saskia avait bien une vague idée de ce qu'elle aurait pu être mais ce n'était pas le moment de parler de ces choses-là ici. Jusqu'à preuve du contraire, Saskia n'était qu'une simple humaine qui en savait un peu trop sur les Seraphs et les Nephils. Certes, elle avait cru à une simple coïncidence au début, refusant de croire les paroles de l'autre, mais force était de constater qu'elle-même était victime d'un sortilège, pouvoir, ou quel que soit son nom ! Mieux valait garder profil bas, en somme peut-être n'était-ce pas plus mal qu'elle soit obligée de respecter cette garce, elle éviterait ainsi de s'attirer ses foudres.

Spoiler:

Pourquoi partir alors qu'elle s'amusait si bien en présence de ces deux jeunes gens qui obéissaient à ses ordres ? C'en était d'ailleurs vraiment ridicule. A moins que son garde du corps la force vraiment, elle ne bougera pas d'un pouce de cette place, où elle voyait des choses intéressantes. Un sourire s'étira encore une fois lorsqu'elle vit Saskia la respecter comme elle l'avait ordonner. Ça marchait vraiment alors. Tout de même, elle commençait à se demander si ce n'était pas un pouvoir donner par Bey, en plus de ses différents cris.

Alice regarda ensuite l'autre homme se plaindre à propos de quelque chose de surnaturel. Maintenant, elle comprenait un peu mieux pourquoi il voulait partir. Après réflexion, ce n'était pas peut-être pas une mauvaise idée bien qu'elle s'amusait.

- Qu'est-ce que j'en sais. Peut-être que ma voix vous plaît simplement.

Elle haussa légèrement les épaules, pourquoi est-ce qu'elle répondrait honnêtement ? De toute façon, mentir était un talent bien connu lorsque les personnes étaient aussi élevé qu'elle. La preuve, Alice avait un caractère détestable, et faisait semblant de bien paraître devant les inconnus plus riche qu'elle.

Ses yeux se posèrent alors sur Saskia, la voyant parler avec cet homme en chuchotant. Alice était déjà sûre qu'elle ne pouvait pas dire de crasse sur elle parce qu'elle était sensée la respecter.

- Enfin, Si vous le souhaitez vraiment, je vous laisse passer. Vous m'avez assez distrait.

C'était la fin. La bourge s'était assez amusée selon elle, et il était temps de se déplacer sur le côté pour les laisser passer. Cela ne l'empêchait pas d'étirer un sourire provocateur aux deux personnes qu'elle considérait comme inférieur.

Surnaturel. Voilà, le mot était craché. Saskia avait d'abord refusé d'y croire mais tant d'éléments concordaient dans le sens de cet individu qu'il était difficile de nier plus longtemps. Chose que continuait de faire la demoiselle Nightray. Etait-elle Nephil ou Seraph ? Saskia n'en savait rien et préférait ne rien savoir. Et le garde du corps qui continuait de faire comme si de rien n'était, son mutisme lourd auréolait tout autour de sa protégée. En fait, non, il s'était mis à parler. Première nouvelle.

– Tiens le gorille parle… Quelle surprise.

Saskia désagréable, oui. Après tout, l'injonction d'Alice ne fonctionnait que la concernant, elle n'était en aucun cas tenue de respecter l'homme élancé qui lui servait de garde du corps. Il n'avait rien d'un gorille, il n'était pas très épais, il faut l'admettre. Cette demoiselle était décidément bien étrange pour s'entourer de John et de ce celui-là. Aucun des deux n'avait une posture vraiment effrayante et ne criait les muscles à pleine voix. Aucun des deux ne ressemblait à de vrais gardes du corps.

Alice s'écarta du chemin. Tout cela pour ça. Elle s'était défoulée, avait eu deux jouets à sa disposition et maintenant qu'elle s'était lassée, elle les jetait. Mais cela convenait très bien à Saskia. Depuis le début, elle ne demandait qu'une chose ; passer. Si la bourgeoise s'était écartée dès le début, les incidents auraient pu être évités.

– C'est ça, oui…

Saskia se fraya un chemin entre Alice et son garde du corps, l'autre inconnu toujours derrière elle. Passerait-il ou continuerait-il de tenter d'élucider ce mystère ? Le pauvre. Si cette œuvre surnaturelle, comme il disait si bien, était bien l’œuvre d'une Seraph ou d'une Nephil, il risquait d'attendre longtemps la moindre réponse. Aussi aimable qu'une charogne, Alice ne risquait pas de parler beaucoup de sa Nature, tout le monde ne pouvait pas être comme John, malheureusement.
La Russe fit quelques pas, avançant sur quelques mètres, bien décidée à mettre le plus d'espace entre elle et eux, bien décidée à garder cet incident dans un coin de son crâne.

– Au revoir, Mademoiselle Nightray.

Ah non mais c'était chiant, là ! Elle avait ouvert la bouche pour la rabaisser, user d'une teinte de sarcasme ou d'ironie mais au lieu de cela, cette horrible formule de politesse était sortie ! Ah non, non ! Il y avait bien quelque chose de surnaturel là-dedans mais Saskia, au contraire de l'autre, préférait se taire et ne pas trop ébruiter l'affaire. Mieux valait garder cette information pour plus tard tant qu'elle ne savait pas à qui elle avait affaire.

Spoiler:

Spoiler:

D'un regard satisfait, elle observa alors les deux jeunes gens passer sans vraiment leur répondre, bien qu'elle ait apprécié la salutation de Saskia. Un petit sourire s'était encore installé sur le visage de la bourge. Une fois les deux partis, elle se tourna donc vers son garde du corps et haussa le sourcil.

- Tu étais au courant depuis le début ? Je viens de faire une découverte, je crois...

Si effectivement elle avait un pouvoir permettant de faire ce genre de chose, alors elle pensait pouvoir l'utiliser correctement et surtout au service de la faction. Pour faire avouer des informations à un Seraph, il n'y avait rien de mieux non ? Un petit ordre, et le tour était joué. Évidemment, un pouvoir si puissant devait avoir une limitation et elle ne la connaissait pas. Alice n'avait pas encore fait de test sur son pouvoir pour le connaître de fond en comble. Peut-être que ce serait une bonne idée de le faire. Le réaliser sur des humains pourrait être largement dangereux, quoiqu'au moins, elle pourra essayer d'en faire des recrues Nephils. Élargir les rangs était aussi important.

- Bon, du coup je suis déçue, mais ce voleur de sac, on ne le retrouvera pas. Au moins, je me suis bien détendu à faire la parlotte avec eux.

Elle supposait qu'il n'y avait plus qu'à rentrer bien sagement à l'appartement et de se poser pour attendre le lendemain.