Russel était de repos aujourd'hui, alors c'était à John de faire son boulot de garde du corps aujourd'hui. Cependant, ce dernier avait besoin de récupérer quelque chose chez lui. Oui chez lui, le quartier Sud. C'était sans doute la première qu'Alice venait dans ce quartier, et franchement, ce n'était pas plus mal. Les rues par lesquelles étaient passées Alice et John était vraiment ignoble. Les habitants de ce quartier étaient vraiment tout aussi horribles à regarder. Son esprit exagérait énormément, mais c'était sa façon de penser.

Lorsqu'Alice rentra alors dans l'appartement de John, elle ne pu que faire la gueule. Bien évidemment, elle trouvait son appartement sale et absolument pas vivable. Alice avait Cassandra qui était là tout le temps pour pouvoir faire le ménage et arranger la maison, mais pour lui, c'était sûr qu'il n'y avait personne de ce genre-là.

- Dire que quelqu'un qui habite normalement là-dedans va venir habiter chez moi. Je me sens avoir des nausées... Je suis sûre que même mon sol est plus confortable que ton lit.

Enfin, elle n'allait pas changer parce que John était maintenant devenu son garde du corps. Elle continuait toujours de critiquer les gens et les choses d'un œil supérieur. Rien que les bandes tâchées de sang pourraient au moins être nettoyées. Tout l'immeuble tout entier craignait de toute façon. Quand elle avait grimpé les marches une par une, elle avait presque cru que le plancher allait s'écrouler. Pour ce qui était de l'état des portes, elle ne voulait même pas y penser.

- Quel taudis, prend vite tes affaires et on déguerpit d'ici.

En fait, elle commença à penser qu'elle n'aurait pas dû accepter de venir ici, après que John ai tant insisté pour récupérer ses affaires pour le déménagement. Le temps qu'il prenne ce qu'il avait besoin, la jeune femme n'osa même pas s'asseoir quelque part.

Dire qu’Alice était dégoûtée par cet appartement serait un euphémisme, et cette situation amusait pas mal John. Avoir réussi à trainer la petite princesse d’un tel quartier pauvre, relevait de l’exploit, et l’égo du jeune homme en était pas mal gonflé ; de plus, il allait ainsi pouvoir conserver ses jours de repos pour faire autre chose.

« - Si c’est si sale que ça, rien ne t’empêche de faire le ménage, je dois avoir un balais qui traîne quelque part si tu veux. »

Il lui avait lancé cette petite phrase sur le ton de la rigolade, un sourire aux lèvres. John entreprit de commencer à rassembler ses affaires – pas grand-chose, à vrai dire. Il sorti un vieux sac qui traînait dans un coin, puis empila à l’intérieur vêtements, affaire de toilettes et même quelques livres. Sans cela, la pièce semblait être encore plus vide, et il finit de la vider en récupérant les quelques bandes encore intactes qui restaient sur sa table de chevet. Ça avait été plutôt rapide de tout ranger, mais il faut dire qu’il n’avait pas vraiment beaucoup d’objets à transporter.

« - Bon, mon sac est fait princesse, tu veux qu’on passe encore un peu de temps ici ou tu préfères partir de suite ? J’suis sûr que t’as envie de visiter de fond en comble mon super appart’. Mais évite les toilettes, apparemment elles sont bouchées… Et j’ai pas eu la foi d’aller vérifier. »

Quelle classe dans ses propos, dignes du plus grand des gentlemans. S’il avait encore eu l’espoir de passer pour un être civilisé aux yeux de la belle demoiselle, il l’aurait perdu aujourd’hui ; mais cela n’avait jamais été le cas. Il s’amusait des réactions offusquées d’Alice quand il jouait au bourrue, cela dénotait complétement du quotidien classieux et raffiné qu’elle menait.

Doucement, Alice s'enfonça dans l'appartement de John pour voir dans quoi il vivait. Lorsqu'elle découvrit un petit coin, elle découvrit alors du moisi. Elle devint légèrement pâle, alors que son teint l'était déjà pas mal de base.

- C'est vraiment répugnant...

Elle mit sa main devant sa bouche avant de se diriger vers la sortie. Et enfin, John eut fini de faire son sac. La jeune femme s'empressa presque de sortir de cet appartement qui puait la mort pour elle. Il devait même y avoir des bestioles pas commodes, comme des araignées ou des cafards. C'était une petite princesse après tout. Quand elle vit alors sur le sol justement une de ses bestioles, un cafard, devant la porte d'entrée de son appartement, elle fit un petit bond en arrière.

- Plus jamais tu me fais rentrer dans ce genre d'endroit !

Alice tourna alors son visage, légèrement rouge de colère en direction de John pour lui mettre une gifle. Encore une fois, et pourtant, il ne l'avait pas tellement mérité. En tout cas, il l'avait mis de mauvais poils.

- Et j'espère que les affaires que tu ramènes ne sont pas trop sale. Tu les donneras directement à Cassandra, pour qu'elle les lave.

Finalement, elle était retournée dans l'appartement après avoir vu un cafard sur le sol. Si elle avait peur d'une si petite bête, qu'est-ce que cela sera en face d'une ombre ?

Après s’être pris une jolie gifle de la part de son employeuse, John rit, haussant les épaules, puis se dirigea vers sa fenêtre. Il était temps de clore celle-ci, mais quelque chose attira son regard quand il pencha son buste par-dessus son résidu de fenêtre.

Une ombre se trouvait dans la rue, et elle semblait bien accrochée à sa cible. De ce qu’il voyait, l’ombre semblait plutôt imposante – assez pour que sa victime soit déjà bien névrosée.

John recula un peu et tapota l’épaule de la jeune femme, sans pour autant détourner son regard de la fenêtre.

« - Je crois qu’il va falloir prendre une petite pause dans cette affaire. Y a une ombre plutôt mastoc en bas, c’est à nous de jouer, camarade. »

C’était aussi une bonne occasion de vérifier les capacités d’Alice : hormis lors de cet entraînement étrange, John ne l’avait jamais vu se battre ; et ce cas ne comptait pas réellement. De peur d’agir encore trop tard, il déploya aussitôt son Kekkai et se transporta l’instant suivant avec la jeune fille sur un toit avoisinant. De là-haut, ils pouvaient bien voir l’ombre, qui s’était retrouvée, incrédule, sur le sol.

« - On fait comment ? Tu te sens capable de la prendre au corps à corps direct, où tu préfères que je commence déjà à l’entamer ? »

A bien y réfléchir, il y était allé peut-être un peu vite. Alice ne lui avait même pas fait preuve de son consentement qu’il l’avait emmenée avec lui dans ce combat, et celui-ci allait peut-être devenir dangereux pour elle. Quoiqu’il en soit, tout dépendant de la réaction de la jeune femme désormais : allait-elle lui porter main forte ?

Franchement, Alice le trouvait vraiment bizarre à sourire ou à rire à chaque fois qu'il se prenait une gifle. Ce n'était pas vraiment le but de la jeune femme de faire ce genre de chose. Peut-être qu'elle devrait faire quelque chose de plus violent, mais tout de même, elle ne voulait pas trop le casser à cause de sa force. Sérieusement, elle se tourna vers John quand celui-ci finit par lui tapoter l'épaule. Très vite, elle se retrouva aussi téléportée sur le haut d'une maison quelconque pour pouvoir observé l'ombre. Malheureusement, elle avait déjà failli mourir face à une ombre des plus faibles, alors quand elle vit celle-ci, elle afficha une mine un peu peureuse.

- N-non.. je veux pas. V-vas-y tout seul...

C'était minable pour elle de se montrer ainsi, mais peut-être que John l'avait déjà remarqué. Quand elle s'était dressé contre Russel, elle avait eu les mains qui tremblaient légèrement. Il ne l'avait sans doute pas remarqué. Alice finit par se demander pourquoi elle ne ressentait pas la même chose que quand elle s'était battu avec John. Ce n'était peut-être pas habitude, mais le fait de se retrouver devant ce genre d'ombre la faisait vraiment flipper.

Au bout d'un moment, l'ombre ressentit alors la présence des deux personnes qui la scrutaient du regard. Sur le toit là-haut. En voyant qu'elle les avait vu, Alice mit un coup de pied dans le fessier de John pour le faire descendre du bâtiment et qu'il aille combattre cette ombre. Hors, celle-ci n'était apparemment pas d'accord puisqu'au contraire, elle grimpa alors sur les murs pour pouvoir atteindre Alice, qui venait juste de jeter John par-dessus bord. Comme la jeune femme était la plus faible, elle s'était fait viser par cette saloperie de bestiole.

[ ombre niveau 5 ]

La chute. Une sensation qu’avait appris à maîtriser John, presque à apprécier. Plus il s’approchait du sol, plus il pouvait apercevoir l’ombre qui s’avançait dangereusement vers Alice. A quelques mètres du sol, il souffla, puis arrêta sa descente brusquement grâce à son pouvoir. L’ombre était, quant à elle, toujours en pleine ascension. Assez haute d’ailleurs – trop pour que John soit précis dans ses tirs. Alors il tira trois carreaux en direction de la forme ; à intervalle évidemment, profitant du temps restant avant qu’Alice ne soit trop approchées.

Un seul avait touché, et dans le bas du dos. Pas très convaincant comme résultat. John consentit à utiliser son troisième saut pour se retrouver au-dessus de l’ombre qui venait d’atteindre la cime du bâtiment, et profita de la gravité pour planter un carreau avec sa main dans l’épaule de l’ombre, la plaquant momentanément au sol. Parfait, cela lui donnait un léger répit pour motiver Alice.

En effet, la jeune riche avait soudainement changé de physionomie : elle qui était si fière, si arrogante, elle était désormais tremblante, presque apeurée. Sa première ombre ? Un traumatisme. Dans tous les cas, John avait bien en tête que sa mission était de la protéger ; alors, il le ferait.

« - Respire Alice, ça va bien se passer. J’aurai besoin de quelque uns de tes cris, mais je vais faire en sorte que tu sortes saine et sauve, fais-moi confiance. »

Trop de mots. L’ombre en profita pour surgir derrière le jeune homme, qui réagit par chance en déplaçant légèrement son buste, réduisant l’étreinte mortelle en une simple entaille le long de son torse. Douloureuse, d’ailleurs ; mais il avait connu bien pire.

« - Balance-nous par-dessus bord ! »

Sauter une quatrième fois allait coûter cher en énergie au jeune homme, mais il le fallait… Si seulement Alice ne l’avait pas poussé quelques instant auparavant.

C'était un peu frustrant de se sentir comme cela. Alice était tremblante, apeurée par une ombre alors qu'à côté, il y avait John qui se dressait fièrement contre l'ombre. Il n'y avait rien à redire, elle jouait parfaitement le rôle de princesse faible. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle voulait, elle admirait plutôt celles qui paraissaient fortes et indépendante. Mais elle n'y pouvait rien, sa première ombre avait été une catastrophe, et elle ne pensait pas avoir assez de courage pour risquer sa vie à combattre des bestioles pareilles. Elle finit par d'abord invoquer ses armes, ayant une petite volonté de se battre. Lorsqu'elle vit l'ombre d'un peu plus près, elle ne préféra en fait pas bougé.

- Balance-nous par-dessus bord !

Même si elle n'aimait pas spécialement recevoir des ordres de John, elle finit par lui lancer alors son cri qui lui permit de balancer l'ombre et John sur un autre toit, à 20 mètres de distance. L'ombre était loin maintenant, mais elle avait l'air de vouloir encore viser Alice. Lentement, elle se mit debout sur le toit et brandit l'une de ses lames en leur direction. Elle ne la tenait pas fermement et doutait de ses capacités. De toute façon, elle ne comptait pas les rejoindre.

Et c’était reparti, un petit cri et les deux adversaires s’étaient retrouvés sur un toit non loin. Le bon côté, c’était que John n’avait pas eu besoin d’utiliser son saut cette fois pour atterrir convenablement. Enfin, un petit bleu sur le flanc, mais rien de bien douloureux.

Pendant que le Nephil se relevait, l’ombre était déjà reparti en quête de la petite princesse. Il n’était pas vraiment habitué à ce qu’une ombre l’ignore de la sorte ; avec Leeroy, il avait toujours été la cible principale des bêtes sombres. Ce qui flattait un peu son égo d’ailleurs, car cela devait probablement signifier qu’il était plus fort que la jeune femme.

Sauf que le souci, c’était qu’Alice ne semblait pas prête à se battre. Même à cette distance, John voyait qu’elle tremblait, qu’elle était presque transie de peur… Cela allait fortement compliquer l’affaire, mais il devait faire avec. Il était là pour protéger la jeune bourge, et non la former au combat.

Se mettant prestement sur ses pieds, il tira un carreau en direction de l’ombre, la heurtant au dos ; puis il se mit à sprinter et enfin à sauter sur le monstre, le plaquant à nouveau au sol. Son inertie l’emporta plus loin que son ennemie, et il se retrouva devant elle tandis qu’elle se préparait à nouveau à l’attaquer. Il para son coup en levant son arbalète, puis repoussa la mandibule en infligeant une belle coupure sur le torse de la bête.

Profitant du léger répit, il invoqua un carreau dans sa main gauche et bloqua les deux pattes de l’ombre de ses deux armes.

« - Alice ! Calme-toi, ça va bien se passer. »

L’ombre usa de ce léger temps pour s’arracher de la prise gauche du jeune homme et lui griffer le torse, le forçant à lâcher un petit juron. Il était encore trop tôt pour se téléporter et se servir de ses techniques d’empalement, alors il allait devoir faire du corps à corps encore un certain temps.

De rage, il vit un revers avec son bras et planta violement l’espèce d’avant-bras droit de l’ombre, la faisant pivoter, puis lui transperça une le torse avec sa baïonnette. Ceci fait, il la repoussa, grattant un léger repos, le temps qu’elle récupère de ses deux belles entailles.

« - Fais-moi confiance. »

John était plus fort que l’ombre, il pouvait l’affirmer sans aucun doute. Ce détail, Alice l’ignorait encore, mais il comptait bien le lui faire comprendre pour la mettre en confiance.

L'ombre se faisait complètement mâcher par John, même si lui aussi subissait des blessure. De toute façon c'était son travail, non ? Elle se mordit la lèvre, commençant à se sentir honteuse de penser de la sorte. Le test de John par Russel l'avait déjà fait pas mal réfléchir sur elle-même. Elle était presque sûre que ce n'était pas fait intentionnellement par son garde du corps. Alice s'était pourtant entraînée pour savoir utilisé ses épées, et pourtant, elle était incapable de mettre en application ce qu'elle avait appris. Contrairement à John, elle avait peur d'avoir mal. Il y avait toujours eu quelqu'un pour prendre la douleur physique à sa place. C'était alors facile de vivre comme cela, mais maintenant confronter à ce genre de problème, elle ne pouvait rien faire.

- Je peux te faire confiance, mais pas à moi.

Ce qu'il lui manquait, c'était peut-être d'avoir confiance en elle. Lorsqu'elle avait affronté John au QG, elle était persuadée que sa vie ne serait pas en jeu. Jamais John aurait pu lui faire quoique ce soit pour la blesser gravement, et elle en avait conscience. Ici, c'était tout autre chose, elle pouvait se faire tuer, exactement comme dans son premier combat lors de sa rencontre avec Russel, s'il n'avait pas été là, elle ne serait jamais venu jusqu'ici.

Même si l'ombre avait des blessures et était un peu plus lent, elle n'arrivait à se convaincre qu'elle était capable de l'abattre.

- C-Comment tu fais ?

Elle se trouvait misérable, vraiment misérable. Il y avait bel et bien une différence entre les gens du quartier sud et nord. Elle s'imaginait parfaitement quelqu'un du sud se battre mieux qu'un du nord. Il suffisait de voir et de constater qu'aucune de ses rencontres sensées être amoureuse n'avait jamais contenu aucun homme qui savait se battre. Alice était sûre que même avec les cours au corps-à-corps qu'elle recevait de Diar, il était possible qu'elle puisse battre un homme d'affaires. Il était sûr que si Alice n'avait pas fait de contrat avec Bey, elle n'aurait jamais eu besoin d'apprendre à se battre, juste à penser et à réfléchir, comme une femme d'affaires.

John soupira. Faire d’Alice une guerrière n’allait pas s’avérer facile, et ce n’était pas le meilleur moment ; mais si elle ne se ressaisissait pas rapidement, elle se vengerait sur lui. Logique propre à Alice, elle en voudrait probablement au jeune homme de la voir vue apeurée -  même s’il avait tout fait pour la protéger et la motiver.

Quoiqu’il en soit, il était temps que cette petite pensée dans la tête du Nephil s’arrête : l’ombre revenait à la charge. Sauf que John ne voulait pas laisser Alice plus longtemps dans cet état, et il fallait mettre hors combat la bête. La vaincre rapidement allait être compliqué, alors il fallait l’évincer un certain temps.

Sans se faire prier, John commença à reculer tandis que l’ombre commençait à courir et vers lui, et quand il approcha du bord du toit, il saisit les carreaux plantés dans le corps de l’ombre. De rudes bonnes prises, et déplaçant agilement sa jambe droite, il fit passer par-dessus bord le monstre. La chute ne lui serait pas fatale – il n’y avait pas assez de traits dans son corps pour provoquer son décès. Et John avait pu comprendre par d’anciennes expériences qu’une chute pure, sans magie, ne faisait pas grand choses aux ombres. Une petite griffure sur son dos lui servit de punition pour cette technique de flemme, mais cela valait le coup.

Enfin tranquilles au moins une minutes, le jeune homme se tourna vers Alice et la regarda, l’air qui se voulait rassurant.

« - Respire, fais le vide. Agis, bouge par réflexe et ne pense qu’à comment vaincre l’ombre. C’est ça que je fais, pendant ce genre de combat… Et puis, tu es en sécurité avec moi. Je suis ton garde du corps, oublie pas le serment qui va avec. »

Ce n’était peut-être pas assez pour mettre en confiance la jeune femme, mais c’était tout de même une tentative ; à voir ce qui allait en découler.

La jeune femme baissa un peu les yeux pour regarder la matière qui formait le toit, n'osant pas regarder John un moment dans les yeux. Il avait parfaitement raison. Elle n'avait pas confiance en elle, mais ce n'était pas tout seulement ça, elle n'avait pas eu le courage non plus de faire confiance à John pour aller en mêler à cause de ses deux armes corps-à-corps.

- Pardon.

Doucement, elle empoigna un peu mieux ses armes, comme si elle avait pris une résolution. Faire le vide comme il l'avait dit était important. Il ne fallait absolument pas qu'elle s'intimide elle-même en exagérant la puissance d'une ombre. Lorsque la bête à abattre était remontée sur le toit, le bras que John avait coupé recommença à pousser, elle s'avança alors, même si elle devait s'avouer qu'un terrain comme le toit n'était pas son préféré. Le premier pas devait être fait et elle était persuadée que la suite allait venir facilement.

- T-T'as intérêt à me couvrir !

En commençant à courir vers l'ombre, elle avait décidé d'accorder sa confiance avec John. De toute façon, elle n'en n'avait pas vraiment le choix. Ce qui était sûr, c'était que si elle ne s'en sortait pas trop mal, elle n'aura pas de problème de confiance vis-à-vis de John sur la suite des événements.

Lorsque l'ombre sauta pour atteindre Alice, d'un coup de griffe, Alice fit un pas sur le côté pour esquiver de très peu, une griffe lui arrachant quelques cheveux. Elle tourna alors un peu sur elle-même pour donner un peu d'élan à ses deux épées et trancher le torse de l'ombre avec deux entailles. Elle se remit un peu en garde et se mordit légèrement la lèvre, sentant alors adrénaline du combat. L'ombre tenta alors de donner un coup de griffe vers la jeune riche, elle le para alors avec ses deux épées en les croisant, mais elle n'avait pas prévu que l'autre griffe eut le temps de se régénérer aussi vite. Alice se retrouva alors dans une position un peu délicate, puisque la bête avait décidé d'utiliser sa deuxième griffe pour attaquer Alice.

Alice Nightray qui s’excusait, c’était un sacré coup pour John. Ce petit événement le déstabilisa un peu, et rapidement le combat reprit du côté de la jeune femme. Fort heureusement pour les deux lurons, un peu de temps s’était écoulé depuis la fameuse chute, et le Nephil se sentait à nouveau en mesure d’enchaîner trois nouveaux sauts. Peut-être deux en fait, car le premier saut lui avait tout de même mit une belle percée dans son endurance ; en d’autres termes, il fallait en finir avec que la fatigue n’ait raison de lui.

John observa les premiers échanges pour jauger le niveau de la demoiselle – plutôt correct pour une débutante, mais étant donnée sa maîtrise de ses pouvoirs, il savait qu’il pouvait attendre bien plus d’elle. Néanmoins, elle ne prévoyait pas assez les coups de son ennemie et le garde du corps dû se résoudre à agir. Il se téléporta deux mètres derrière les deux combattants, et se retourna rapidement, assez pour voir qu’un mauvais coup était en train de se préparer. Forcé de tirer dans la précipitation, il réussit tout de même à intercepter la griffe de l’ombre et à transformer la possible défiguration en simple entaille légère dans le dos, la mandibule ayant fini la majorité de sa course dans le vide.

Et l’office du carreau terminé, John fonça sur l’ombre pour assister Alice au corps à corps, l’arbalète en avant. Il fichu un coup de son arme dans la sorte de visage de l’ombre, et se mit en position, prêt à frapper son adversaire dès qu'elle tenterait à nouveau de s'attaquer à sa partenaire ; d’ailleurs, il invoqua un nouveau trait dans sa main gauche, fidèle à son habitude.

« - Tu t’en sors bien. »

Alors que la peur l'avait envahi en quelques secondes, elle s'était totalement encore une fois reposée sur l'action de John pour s'en sortir. Maintenant qu'elle était capable de bouger sans se prendre un coup de l'ombre, elle recula subitement pour se remettre en garde. Elle laissa John l'abîmer un peu plus, lui facilitant le travail. Contrairement à John, elle était déjà légèrement essoufflée. Elle n'avait pas l'habitude de faire autant de sport. Elle n'afficha qu'un simple petit sourire en guise de réponse à John.

Puis la jeune femme se dirigea vers l'ombre, en prenant son élan pour lui élargir ses différentes entailles avec ses coups d'épée. Comme elles étaient assez légères, elles étaient faciles à manipuler et donc plus rapide dans ses actions. Elle fit donc un petit enchaînement à l'ombre et finit par planter l'une de ses épées dans la tête de l'ombre. Cette dernière, à bout de forces, ne pouvait plus rien faire et commença alors à disparaître. Heureusement que John l'avait bien amoché, toute seule, elle s'en aurait sorti avec bien plus de blessures, voire pire, elle aurait pu mourir. Lorsqu'elle était entré dans le combat, elle était déjà pratiquement morte. Ce n'était pas vraiment un exploit pour elle de la battre, mais l'avènement était ailleurs, car elle avait été capable de se battre un peu près correctement.

Alice finit par regarder ses mains qui tremblaient encore un peu. C'était dur à supporter, mais l'adrénaline qu'elle avait ressenti n'était pas si désagréable. Enfin, il lui resta encore une dernière chose à faire. Elle se dirigea vers John avec un visage assez contrarié, avec des rougeurs sur les joues qui rendaient son expression un peu ridicule.

- Si tu répètes à qui que ce soit l'état dans lequel j'étais, je te jure que je te ferais la peau !

Ensuite, elle révoqua ses armes et s'approcha du bord du toit, croisant les bras et soupirant un peu. Alice n'avait pas le vertige, mais elle n'était pas non plus fan de rester sur les toits. Cela faisait un peu trop délinquant pour elle, qui était une jeune femme normalement bien élevée dans les règles de la norme.


- Tu nous fais redescendre ?

Finalement, Alice s’était plutôt bien débrouillée pour finir ce combat ; John devait le reconnaître. Une fois l’ombre achevée et disparue, il s’approcha du bord avec la jeune femme, passa son bras par-dessus son épaule et les transporta dans sa chambre, afin de récupérer ses affaires et partir.
A vrai dire, cela commençait à faire pas mal de téléportations à la suite – dont plusieurs accompagné-, donc le jeune homme ressentait une certaine fatigue. Assez grande pour avoir besoin de se reposer maintenant, mais sa patronne n’allait jamais accepter de demeurer dans cette pièce plus longtemps, malheureusement.
Avec un petit sourire en coin, il répondu à Alice, attrapant au passage son sac et tentant de cacher son épuisement. Marcher lentement ferait peut-être l’affaire.

« - Ça commence à faire quelques trucs que je ne dois pas répéter… Faut que ça devienne une habitude, c’est petite cachoteries. »

Rien de grave en somme, mais après avoir été sérieux et rassurant avec elle, il avait l’irréfrénable envie de changer un peu de ton, de passer quelque peu à la moquerie – sans pour autant partir dans des extrêmes dignes de fameux jour de l’infirmerie. Il ne tenait pas à se reprendre quelques cris dans la tronche, en fait.

« - Bon, j’ai tout, prête à partir ? »

Et cette fois-ci, il révoqua son Kekkai, s’imaginant que rien n’allait contrarier une seconde fois ce déménagement de fortune. D’ailleurs, ses vêtements avaient été sacrement mal menées… A ce train-là, il n’allait pas tarder à devoir se refaire une entière garde-robe.

Exceptionnellement, il le laissa porter la main sur elle pour qu'il puisse se téléporter dans son appartement, là où se trouvait sa valise. Une fois là-bas, elle se libéra de son bras qui l'encombrait un peu et se mit à regarder John d'un œil mauvais.

- Fais attention tout de même à ce que tu dis. Je n'aime pas ce mot cachotteries. Ça veut presque dire qu'on est complice de quelque chose. Et tu n'es rien, juste un employé.

Finalement, le duo comique avait repris de plus bel, mais maintenant John devait avoir bien l'habitude des répliques de la jeune femme. Cette dernière entama d'ailleurs le pas, et avait tout de même remarqué que le jeune homme paraissait fatigué. C'était peut-être ses téléportations ou même son combat, mais elle n'en fit rien. De toute façon, ce n'était pas comme si elle allait l'aider à porter ses sacs. C'était hors de question.

- Viens, rentrons alors, ton appartement empeste la saleté. C'est dégoûtant. Dire que tu vas venir vivre dans le même appartement que le mien. Tu as intérêt de réaliser que c'est un honneur que je te fais, de venir chez moi. Alors j'espère que tu me remercieras comme il se doit.

De toute façon, elle l'aurait peut-être jamais engagé si John avait décidé de continuer à vivre dans ce trou à rat. Avoir quelqu'un à ses côtés qui vivaient ici n'était pas possible. Et puis, avec un salaire comme il allait recevoir, il était largement capable de se payer au moins un appartement ou une maison au quartier est. C'était déjà mieux qu'un trou pourri et paumé comme celui-là. Alice pensait franchement qu'elle ne pouvait pas tomber sur pire.

Heureusement que son père n'était pas au courant qu'elle était descendue dans le quartier sud. Il aurait probablement fait une crise cardiaque. Il lui avait pourtant formellement interdit d'y aller à cause des délinquants et des gens pauvres et sales. Son père, tout comme Alice, avait un côté bien méprisable.

Après la pauvre combattante éplorée, voilà qu’Alice avait repris sa position de marâtre sadique à tendance dominatrice et moqueuse. John esquissa un sourire, mais n’avait pas la force d’aller chercher une querelle physique maintenant – il était en mesure de perdre, quel drame !
Alors, il soupira ; comme souvent. Il attrapa son sac et se dirigea vers l’entrée, envoyant un petit sourire moqueur à sa comparse.

« - Cet appart’ est quand même sacrement propre pour un logement du Sud, tu te rends pas compte. T’as face à toi un prince des pauvres, un peu de respect je te pris. Que dis-je, un riche sans le sou ! »

Intérieurement, le jeune homme sourit. Ce qu’il racontait n’était pas tout à fait faux : il était le fils de la famille Brun, qui été promis à un héritage conséquent. Même s’il estimait que le père Nightray était plus riche que le sien, Georges n’était pas à plaindre côté pécuniaire – loin s’en faut.

Passant le seuil de cet appartement qu’il ne reverrait probablement pas avant longtemps, il faillit être nostalgique. Sauf qu’il se souvint vite qu’il ne passait en général que très peu de temps à l’intérieur, et hormis quelques taches de sang, il n’y laisserait pas grand-chose. Et puis, ce départ était symbole de tas de choses ; son boulot, son futur, son contrat…

« - Hop, on déguerpit plus vite que ça mademoiselle, ou je vous enferme ! »

Il filait lui-même la lame pour mieux être tranché – mais c’en était si comique…

Elle eut un petit rictus quant à sa remarque.

- Prince des pauvres ? Je t'interdis d'utiliser le mot « prince » pour qualifier un pauvre. Surtout si je te dis que je suis destiné à épouser un prince... Ça me ferait mal au cœur si tu t’appelles de la sorte.

Ce n'était que pur provocation et elle en tira un petit sourire. Comme elle ne voulait pas non plus que John l'enferme vraiment dans l'appartement, elle courut un tout petit peu pour sortir de l'appartement et arriver dans la cage d'escalier, absolument ignoble à son tour. Elle se demandait vraiment comment c'était possible de vivre dans ce genre d'endroit.

Tranquillement, elle descendit les escaliers, voire un peu trop puisqu'elle les descendait lentement, laissant John derrière elle. Alice le faisait exprès, c'était uniquement pour but qu'il traînasse les pieds avec sa valise qui était sûrement lourde. Cela lui fera un peu plus d'effort. Elle était un petit peu cruelle, mais ce n'était qu'un jeu où la provocation et la moquerie passaient des deux camps, se les renvoyant sans arrêt.

- Ça va John ? Pas trop fatigué, j'espère ? Comme je n'ai pas vraiment envie de me fouler la cheville dans les escaliers, je les descends doucement.

Si Alice connaissait réellement le passé de John, découvrir sa réaction devrait être bien amusant. Tout lui dévoiler pour le moment serait déplacé – il valait mieux réserver cela à un moment profond et dramatique, liant passé et discussion sur le futur, pleine de confidences. En d’autres termes, peut-être jamais, mais rien n’empêchait l’imagination du jeune homme d’agir.

« - Avec mon vœu, je suis en quelque sorte un prince des voleurs non ? C’est triste, tu vas devoir m’épouser alors… »

Et s’arrêtant dans l’escalier – de toute manière, ils n’avaient pas descendu beaucoup de marches depuis le début-, John posa son sac et se tourna vers Alice, posant un genou à terre et simulant une offre de bague.

Evidemment, ce n’était que pour du vent, mais il se demandait bien comment allait réagir la jeune femme : une gifle ? Un évanouissement ? La première était presque obligée, et John s’amusait déjà en avance des propos offusqué qu’allait tenir Alice…

« - Alice Nightray, consens-tu à me prendre comme … »

Il ne finit pas sa phrase. Le problème de l’improvisation, c’est que parfois on tombait à court d’idée, et c’était tout à fait ce qu’il arrivait à John en ce moment. Donc, il espérait vraiment que son début de provocation suffise à éveiller le courroux de la terrible patronne qu’était Alice.

Alice se retourna alors subitement et lever les yeux vers John puisqu'il était perché sur quelques marches plus hautes. Elle haussa d'abord un sourcil en voyant ce qu'il faisait, et ce qu'il disait, elle fit une petite grimace avec quelques rougeurs sur les joues. Comme à son habitude, elle leva la main pour lui mettre une gifle à John assez rapidement et perdit l'équilibre dans les escaliers. La jeune femme tomba alors en arrière, et le garde du corps n'avait pas pu se faire frapper par la princesse, pour une fois. À vrai dire, le sarcasme dont il venait de faire preuve l'avait plutôt étonnée.

Arrivée en bas des escaliers, sur son fessier, après les avoir détalés, elle se frotta un peu l'arrière-train ainsi que sa jupette, complètement sale. Elle fut un peu dégoûtée, et son regard ne remontait pas encore vers John. Alice a d'abord pensé à se relever, et frotter ses vêtements pour enlever la poussière qu'elle avait chopée dans les escaliers.

Maintenant, Alice remonta son regard vers John, pour le regarder fixement.

- John... DESCEND TOUT DE SUITE !

Elle était énervée d'être tombée dans les escaliers. C'était sa faute, il l'avait bien trop surprise en fait avec son délire de prince et de simuler une demande pour l'embêter ou pour la moquerie. Pour qui se prenait-il ? Dire qu'elle ne donnait même pas le privilège aux autres hommes de faire une blague telle que celle-ci.

C’en était trop. John éclata d’un rire franc et sonore, contemplant la jeune femme renfrognée qui l’attendait en bas, les fesses encore pleines de poussière ; la trace rouge qui s’affichait sur une de ses joues n’importait pas vraiment, l’acte avait dépassé toutes ses espérances.
Désormais, devait-il continuer à jouer l’enfant ? La phrase d’Alice sonnait comme un ordre d’un parent pour disputer son petit garçon – et ce n’était pas tout à fait la relation que partageaient ces deux-là-, alors il hésita un peu.
Enfin, il attrapa son sac, le passa par-dessus de son épaule et son consentit à descendre l’escalier nonchalamment. Cette fois-ci, c’était lui qui prenait son temps.

Une fois arrivé devant la jeune femme, il s’arrêta. Une nouvelle gifle ? Une soufflante mémorable ? Un regard plein de rage souhaitant la mort de John ? Les trois à la fois probablement – c’était Alice, après tout.
Un petit sourire en coin, il prit la parole en premier.

« - Je ne m’attendais pas à te faire un tel effet, pas trop émoustillée… chérie ? »

Toujours le petit mot pour aggraver sa situation et attirer les foudres de sa patronne ; mais s’il ne le faisait pas, il manquerait quelque chose. Il fallait que quelqu’un provoque la riche, la sorte des gonds – en somme, l’habitue à tout ce dont elle est sensée s’éloigner. Et ce quelqu’un, autoproclamé, était John.

Et en plus, il osait l'appeler « chérie ». Il l'énervait tellement, et pourtant, elle savait qu'il disait cela uniquement dans ce but. Elle aurait aimé rentrer dans son jeu, mais elle préférait peut-être mourir au lieu de lui répondre comme si John était son petit-ami et rentrer dans son jeu. Au lieu de cela, elle approcha doucement ses mains de son visage pour venir lui attraper les joues et les tirer comme jamais. C'était une nouvelle sorte de vengeance, beaucoup moins violentes. Ce geste demandait sans doute, plus de contact physique que la gifle et cela n'avait pas vraiment l'air de la déranger plus que cela.

- Tu vas arrêter de m'appeler « chérie », ou un autre surnom qui pourrait faire croire que l'on est ensemble ? Sinon, ce n'est pas que les joues que je t'arrache !

Elle était un peu plus violente sur ses paroles, mais c'était tellement plus naturel de parler ainsi. Au bout d'un moment, elle finit par lâcher John qui devait au moins bien souffrir au niveau des joues puisqu'elle avait fait en sorte d'assez bien forcer. Il l'avait quand même un peu cherché. Il s'était moqué d'elle précédemment puisqu'elle était tombée et d'ailleurs encore sale. Alice tapota légèrement ses vêtements pour enlever la poussière qu'il y avait sur ces vêtements. Ce bâtiment était vraiment sale. Si elle était tombée dans celui où elle habite, elle n'aurait pas été au sale. C'était déplaisant.

John regarda, incrédule, la jeune femme procéder à sa punition. Il s’était attendu à beaucoup de choses, mais à ce genre-ci, d’un ridicule totalement absurde – et le pire, c’était qu’une gifle était plus douloureuse. Quand la pseudo torture s’arrêta, endolorissant quelque peu le visage du Nephil, il afficha un sourire mais se retenu de rire. Alice était de plus en plus familière avec lui, comme si finalement ses petits efforts de lutin moqueur avait porté leurs fruits.

« - Que de violence ! Me voilà tétanisé, j’en tremble de peur. »

Il leva les bras en l’air en signe de soumission, et tira la langue comme un enfant – le principe de la mi récompense pour la demoiselle était toujours en cours. Néanmoins, le concierge commençait à pointer son nez depuis le bout du couloir, et John n’avait pas vraiment envie d’entendre ses blagues de beaufs vaseuses et sexuelles aujourd’hui. Depuis que Nylian s’était faite passée pour sa petite amie au près du gros responsable, le jeune homme n’avait cessé d’entendre remarques sur remarques ; tant de preuves de la jalousie du gros-con-cierge.

Et donc, il abaissa ses membres et afficha une mine un peu plus adulte, l’air presque blasé. Indiquant d’un coup de nez le type arrivant, il continua.

« - Pff, 21 v’là les flics, faut qu’on parte. On continuera ce petit jeu plus tard si tu veux, chérie. »

Pendant qu’il disait cela, il raffermit sa poignée sur son sac et le passa correctement par-dessus son épaule.

Au final, à la réaction de John, Alice étira alors un petit sourire d'amusement. Elle changeait presque d'expression assez souvent, et cela, uniquement grâce aux remarques de John, comme s'il avait le pouvoir de savoir quoi dire pour l'énerver, ou la faire rire. Après cela, quelqu'un débarqua dans la conversation, les regardant tous les deux. Et là, Alice ne comprenait plus vraiment ce qu'il se passait. D'ailleurs pour elle, même les paroles de John étaient totalement incompréhensibles. Quel était ce langage vulgaire qu'il venait d'utiliser ? Bien qu'il avait l'air de vouloir partir, avant ça, elle lui frappa assez lourdement l'arrière du crâne avant de sortir du bâtiment.

Une fois seul à seul, elle se tourna alors vers lui, tout en fronçant les sourcils, pour changer. Cette situation demandait un peu d’éclaircissement. Qui était cet homme ? Et pourquoi le fuir ainsi ?

- Je souhaiterais avec des explications. Et si je t'es frappé, c'est pour m'avoir appelé « chérie ».

Après tout, elle ne l'avait toujours pas autorisé à lui parler comme cela, elle lui avait fait la remarque juste avant et il avait insisté. Comme punition, elle l'avait frappé derrière la tête. C'était tout à fait normal, elle le considérait comme sien, et pouvait en faire ce qu'elle voulait, sans s’inquiéter de quoique ce soit.

- Enfin, j'ai rien compris à tout ça. Pensons à rentrer, j'en ai déjà marre d'être dans le quartier sud.

L'extérieur de bâtiment n'était pas forcément mieux que l'intérieur. Quand elle regardait aussi l'état des rues, elle soupira une nouvelle fois. Horrible de rester dans ce coin-là. De plus, au loin, elle pouvait voir des visages qu'elle reconnut. Il s'agissait de trois hommes, et en reconnaissant la demoiselle, ils s'approchèrent d'elle. La jeune femme attrapa alors le bras de John.

Elle s'en rappelait un peu mieux après y avoir réfléchir plusieurs secondes. C'était d'eux qu'Alice s'était fait sauver par Hadence, qui l'a lui-même attaqué par la suite, mais revoir ces énergumènes ici n'était même pas si étonnants. Elle les avait croisés dans une rue malfamée du quartier est la dernière fois.

-Alors mam'selle, on aime traîné dans les coins de rues dangereux et tu n'aimes pas te faire aborder alors que tu es très … charmante ?

La demoiselle en question grimaça un peu après le compliment que ce type venait de lui faire, et un coup de pied dans l'entre-jambe était si vite parti qu'il en tomba à la renverse. Quant aux deux autres, ils n'étaient pas forcément heureux que son pote se soit fait mettre à terre par une femme.

Alors que John se frottait la tête – tout en réfléchissant à une explication tout à fait douce et sans ironie-, une voix arrêta sa marche.

Des loubards beaufs avaient décidé de faire d’Alice leur prochaine cible. Face à cela, le jeune homme soupira : il avait eu sa claque de combats pour la journée. Et surtout, il y avait un petit problème ; ses jambes étaient complétement épuisées. Impossible de se battre efficacement donc, si jamais ils en venaient là – il fallait ainsi une autre solution.

Se préparant à une réponse pacifiste, Alice lança les hostilités en massacrant les testicules d’un des lourdauds. John grimaça – ses souvenirs remontant rapidement à la tête-, puis soupira une nouvelle fois, bien plus fortement. La discussion s’était close aussi vite qu’elle avait commencée, et il fallait donc en venir aux mains.

Et pire, la cible des deux racailles était Alice. Pour le coup, lui qui était si moqueur avec la jeune femme commençait à s’énerver. Même lui ne s’était pas permis de la frapper – alors comment ce tas d’abrutis pouvait oser le faire ? Entravé par ses jambes lourdes, John attrapa le dos des vêtements d’Alice et la tira un peu en arrière pour la forcer à esquiver le premier coup ; puis il avança aussi rapidement qu’il le put pour décocher un bel uppercut sur un de ses deux adversaires. Malheureusement, son corps, lent, l’obligea à se prendre un coup de l’autre.

C’était douloureux, mais John avait vu pire. Il arrêta l’attaque suivante, tout en se prenant celle du deuxième ; cela ressemblait à une impasse. Alors, il lâcha le poing qu’il tenait et cassa le nez de son possesseur – et repoussa en même temps le coup de l’autre.
Son corps était fatigué. Trop de téléportations, ce petit combat normalement faisable semblait s’embourber. Quoiqu’il en soit, c’était son boulot de faire cela et il comptait bien s’en acquitter.

La jeune femme était prête à se battre contre ces hommes-là, pensant John trop fatigué après avoir combattu l'ombre. Elle pouvait bien se charger de ceux-là. John avait déjà fait le plus gros boulot juste avant, pourtant, il força Alice à reculer d'un seul coup pour esquiver une frappe qu'elle allait recevoir sans y faire attention. Grâce à lui, son magnifique visage ne se fit pas abîmer par le poing d'un homme. Reculant alors un peu plus elle laissa John se battre. Il n'y avait pas besoin d'être un pro' pour voir qu'il avait quand même un peu de mal et au vu de la remarque qu'avait fait Russel lorsqu'elle avait engagé John, elle ne pouvait pas rester là à ne rien faire.

Alors qu'un coup était destiné à John, la jeune femme s'était rapprochée pour attraper le bras et ramener l'homme vers lui. La fameuse prise que Diarmuid lui avait appris, elle l'utilisait bien, donc la bourgeoise fit passer le délinquant par-dessus son épaule, et une fois à terre, elle ne se retint pas d'écraser son entre jambes avec son talon. Ce dernier crie alors que c'était totalement déloyal et lâche de se battre de cette façon. Le regard d'Alice se fit alors un peu plus méchant.

- Je n'ai pas besoin de me battre loyalement avec vous, vous n'êtes que des vulgaires insectes.

Avec deux à terre, le troisième ne faisait pas vraiment le malin, surtout en ayant vu les capacités de John et de la jeune femme, qui malgré les apparences pouvaient se battre un minimum. Doucement, elle se rapprocha alors du sac de John pour essayer de le porter. Le sac fut soulevé, mais avec difficultés. La jeune femme avait décidé de gracier le troisième, et de porter le sac de John.

- Tu es fatigué, non ? Laisse-moi porté ton sac, disait-elle à John avant de regarder le troisième complice, quant à toi, tu devrais t'en aller et ramener tes deux amis. Ils doivent avoir mal.

Alors que ces paroles étaient sensé être effrayantes, elles n'étaient pas très convaincantes à cause de la posture ridicule qu'elle avait avec ce sac, qui était légèrement trop lourd pour elle.

John eut un petit moment de vide dans ses pensées, quand la jeune femme décida de porter son sac pour l’alléger de sa fatigue. Alice ne faisait jamais ça – et pourtant, voilà que c’était le cas. Finalement, à mieux la connaître on pouvait découvrir certaines facettes de sa personnalité qu’elle cachait bien ; même, très bien.
Cette belle surprise passée, il tourna le visage vers le dernier luron, et lui lança un regard noir.

« - Tu as entendu la demoiselle : casse toi. »

C’était sec, mais il n’y avait pas besoin de dentelles dans des cas comme celui-ci ; et le jeune ne demanda pas son reste, déguerpissant aussitôt en traînant son pote qui se tenait le nez. Le troisième ne tarda pas à se relever lui aussi, et s’enfuit en courant, regardant, les yeux haineux, les deux personnes qui venaient de le saquer.

Une fois les trois loubards loin, John soupira et regarda Alice, un sourire aux lèvres. Puis il retroussa celles-ci, et, hochant légèrement de la tête, il prit la parole.

« - Bien joué. Vraiment, belle prise et beau… Uuh, tu sais quoi. »

Un petit frisson l’avait encore traversé quand il voulut parler de l’autre coup d’Alice, mais de mauvais souvenirs lui revinrent subitement en tête. Néanmoins, il se demandait où elle avait bien pu la technique qu’elle avait utilisé – ce n’était pas naturel, et encore moins chez une personne de la haute.
Enfin, voilà qu’il en oubliait les bonnes manières, et il tendit la main en direction du sac.

« - Merci… Mais tu veux que je le récupère ? »

Autant, quelques semaines auparavant, la réponse aurait été évidente aux yeux du jeune homme ; mais maintenant, il s’attendait à être surpris. Décidemment, il était de plus en en plus convaincu qu’il appréciait cette jeune femme.

Pour John, ce n'était peut-être pas simple de regarder quelqu'un en train de se faire briser haché menu son entre-jambe. En même temps, c'était la seule arme qu'Alice pouvait faire pour faire mal à son ennemi. Contrairement aux autres, elle avait une force égale à celle d'une mouche, alors c'était tout à fait normal pour elle de devoir utiliser cette technique ultime à utiliser contre les hommes. Quoique maintenant, elle pouvait utiliser diverses techniques qui avaient tendance à impressionnées les autres parce qu'une simple bourgeoise n'était pas sensée connaître tout cela. Elle les apprenait avec Diarmuid, lorsqu'elle arrivait à s'éclipser de tous ses gardes du corps et membres de la famille.

- Oui, je sais quoi. Ça te refait penser à notre rencontre ?

Alice lui lança alors un petit sourire provocateur, puis elle s'approcha doucement de John qui proposa gentiment de reprendre le sac. Alors elle lui laissa le sac, en le laissant tomber entre ses mains.

- Bien, je me doutais bien que tu allais proposer cela. De toute façon, je suis une femme bien trop délicate pour porter les affaires de quelqu'un comme toi.

Alors qu'elle avait fait un geste pour être gentille, d'un seul coup, elle avait pris son air naturel, provocateur et absolument exécrable de petite peste. Se recoiffant légèrement avec ses mains, elle reprit alors sa route, laissant John galérer avec son sac d'affaire. Maintenant, ils allaient pouvoir rentrer tranquillement chez Alice, se prélasser encore un peu sur le canapé. C'était le week-end, et elle avait besoin de ne rien faire le reste de la journée. Même pour elle, ça lui arrivait de flemmarder sur le canapé, pour se reposer tranquillement. Sachant qu'elle avait travaillé la veille sur ses devoirs et ses projets d'étudiantes, aujourd'hui, c'était détente.

Elle avait de l’humour de la jeune femme ; du sarcasme même. C’était bien une qualité dont elle n’avait que très rarement fait preuve ; préférant apparemment la fadeur du premier degré prendre le pas sur la finesse exceptionnelle de l’humour potache de John. Le Nephil esquissa un petit sourire pour montrer qu’il savait reconnaître quelque chose de drôle quand il en entendant une - quoique ce fût précédé par une petite moue de colère, tout à fait au second degré, évidemment.


Quant au sac… Il s’était laissé un peu trop emballé par la proposition gracieuse d’Alice. C’était évident qu’elle n’allait pas lui rendre service bien longtemps – déjà, dix secondes étaient trop. Alors il récupéra sa petite affaire, et continua sa route au côté d’Alice, à son rythme. Mine de rien, il était sacrément fatigué, le bougre.


« - Allé, rentrons, princesse. Je suis fatigué par ces quelques combats, je garde mes sarcasmes pour plus tard. »


John soupira, et balaya le décor du regard à la recherche d’un quelconque ennemi. Personne en vue, donc le chemin était libre : enfin un peu de repos.
Il n’empêche que l’idée de former la jeune femme à l’art du combat des ombres commençait à germer dans la tête du Nephil. Et l’avoir comme élève pouvait s’avérer très… amusant.