Alors que la jeune femme était en train de poursuivre une intéressante conversation avec son père, elle fut interrompue par un homme de main gardant les objets de la vente pour un appel urgent venant de l'extérieur. Apparemment, quelqu'un l'attendait à une entrée précise. Il s'agirait de quelqu'un qui bossait avec Fox.

- Très bien, je vais y aller. Merci beaucoup père, je vous laisse ici pour le moment.

Après ces mots, elle s'en alla alors vers la direction indiquée par l'homme précédemment et rejoignit donc le jeune homme qui avait fait appel à elle. Alice ne savait pas du tout de qui il pouvait s'agir, mais en voyant le visage du soi-disant, elle soupira un peu. Elle se demandait pourquoi elle l'appelait.

- Pourquoi me fais-tu venir ? J'ose espérer que ce soit une bonne raison.

Elle croisa les bras, tandis que l'homme qui gardait cette porte devint de plus en plus bizarre. Alice avait baissé les yeux sur la main de l'homme. Et au lieu d'avoir son appareil pour communiquer avec les autres, il avait un couteau. Tout doucement, elle s'éloigna alors de lui et fit bizarrement attention à faire reculer un peu John. Sur le coup de la surprise, elle paniqua seulement pendant quelques secondes, avant de reprendre correctement ses esprits. L'homme se mit à attaquer la jeune femme avec son couteau. Avec un réflexe, elle esquiva alors le coup, mais lâcha son boîtier communicatif sur le sol.

Tirant la manche de John, elle l'incita alors à la suivre et commença à courir. Pour elle, c'était quand même la panique, elle ne savait pas ce qui venait soudainement d'arriver à cet homme. Était-il de mèche avec des voleurs ? En tout cas, il semblait vouloir attaquer John aussi, alors ils ne pouvaient pas être tout deux dans le même coup.

Même avec difficulté à cause de ses talons, elle réussit à tenir la distance entre eux et l'homme qui les poursuivait. Sur son chemin, elle croisa alors quelqu'un qui avait passé la grille, quelqu'un qui d'ailleurs n'avait rien à faire ici. Elle s'arrêta alors et passer derrière cette personne, assez loin pour ne pas se recevoir de coup par erreur.

L'ombre, accrochée au dos de l'homme de main, savait que ce jeune garçon pouvait l'apercevoir, alors elle l'attaqua directement.

John ne résista pas à Alice et le suivit tout au long de sa course. Même si l’homme était armé, il aurait pu tenter de le désarmer ; mais courir pour protéger cette demoiselle était probablement une meilleure solution. Officiellement, il était ici au service de Nightray en tant qu’homme à tout faire – et protéger faisait partie de ce tout, se disait-il.
Ils arrivaient peu à peu à distancer le gorille, quoique leur course fut momentanément arrêtée par la présence d’un jeune homme sur leur route, qu’ils esquivèrent en s’engouffrant dans la grille derrière lui. Il aurait aimé attraper cet homme au passage, mais une sorte de réflexe étrange en voyant son visage le prit, et il se retenu de toute action. Ce visage lui était connu, et désagréable ; mais il n’arrivait pas à l’expliquer. Enfin, il fallait aussi dire qu’il n’essayait pas non plus.
Dans un dernier élan, il retourna sa tête pour voir leur poursuivant, et vu quelqu’un. Un visage. Fox. Ce fut bref, le visage disparut l’instant suivant, mais il s’ancra dans la tête de John. Il se laissa traîner par Alice jusqu’à ce qu’elle s’arrête le visage toujours tourné vers la vision qu’il avait eu.
Il avait peur. Pas pour lui, ni pour Alice ; mais pour Fox. Que ce fut réellement lui ou non, le voleur se demandait s’il était en sécurité. Après tout, le type était colossal et Fox n’était pas plus grand que John. Et même s’il était entraîné, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de craindre pour lui. Son estomac se resserra, mais il décida d’enfin se tourner vers la jeune fille, retournant à son travail. Fox allait s’en sortir. C’était du moins ce qu’il répétait.

« - Eh bien, il est bizarre celui-là. Bon, on doit en être en sécurité ici, j’ai des armes sur moi ; et je crois que mon plan tombe à l’eau en fait. Je t’expliquerai ça plus tard, pour le moment faut trouver des gardes de confiance. T’as un garde du corps attitré ? »

Il avait décidé de prendre les devants, se mettant devant Alice et agençant les couteaux d’Isaac dans ses poches de façon à qu’ils soient plus simples à attraper. Après quelques secondes face à la fille muette, il se rendit compte qu’il manquait quelque chose. Alice n’avait pas sa machine, et ne pouvait donc pas lui répondre. Il sourit, puis reprit :

« - Ah ouais, c’est vrai, t’es muette, tout ça … Ça me rappelle des souvenirs ça, ha ha ! Enfin bon, montre-moi le chemin vers un garde que tu connais bien, et marche derrière moi. Si quelqu’un arrive dans nos arrières, frappe-moi le dos. Pas trop fort, tu t’es déjà fait assez plais’ pour la journée tout à l’heure. »

Pendant un petit moment, par peur sans doute, la jeune femme avait fermé les yeux. Lorsqu'elle les rouvrit lentement, l'homme qui était armé s'était évanoui sur le sol, et le jeune garçon qui était sensé être aussi là avait complètement disparu. Que s'était-il passé pendant qu'elle avait les yeux fermés ? Tout ce qu'elle pouvait trouvé était John.

- Eh bien, il est bizarre celui-là. Bon, on doit en être en sécurité ici, j’ai des armes sur moi ; et je crois que mon plan tombe à l’eau en fait. Je t’expliquerai ça plus tard, pour le moment faut trouver des gardes de confiance. T’as un garde du corps attitré ?

Était-il sérieux de lui poser la question alors qu'elle avait complètement lâché sa précieuse machine sur le chemin ? En tout cas, la jeune femme n'était pas en état de lui répondre. Enfin, elle lui fit seulement un signe positif de la tête. Elle ne connaissait malheureusement pas le langage des signes, et même si elle le connaissait ce n'était pas sûr que John sache décrypter ce langage-là.

- Ah ouais, c’est vrai, t’es muette, tout ça … Ça me rappelle des souvenirs ça, ha ha ! Enfin bon, montre-moi le chemin vers un garde que tu connais bien, et marche derrière moi. Si quelqu’un arrive dans nos arrières, frappe-moi le dos. Pas trop fort, tu t’es déjà fait assez plais’ pour la journée tout à l’heure.

Alice n'était pas sûre que lui monter le chemin vers son garde du corps soit une bonne idée. Après tout, Jack était l'un des gardes qui se trouvait en face du coffre-fort, cela reviendrait à lui montrer où se situaient les objets de la vente. Les hommes de main et les flics étaient un peu près mélangés et en bas se trouvait des policiers et des hommes de main dont Jack, le garde du corps en qui elle avait le plus confiance. Alice soupira un peu et décida finalement de montrer la direction du doigt et attendit que John entame le pas puisqu'elle ne voulait pas être devant. Elle se contentait de marcher à côté de lui et un petit peu derrière. En étant à sa gauche, elle vint attraper le haut de la manche gauche des vêtements de John avec sa main droite. Juste avant, elle avait eu un coup de pression assez fort, assez d'adrénaline pour lui faire peur, et cela lui restait encore un petit peu. Pour elle, si un homme l'avait soudainement attaqué de cette façon, cela ne serait sans doute pas le dernier, et elle n'était pas rassurée.

Elle pointait du doigt la direction dont ils venaient. C’était risqué de revenir sur leurs pas, mais peut-être que des gardes étaient intervenus pendant leur cavale ; si John avait réellement son Fox, alors celui-ci ne devait pas être seul.  John sorti un poignard de façon à ce qu’il soit bien visible, pour dissuader leur assaillant des s’en prendre à nouveau à eux. Il descendit les marches lentement, attentif au moindre bruit. Alice le suivait toujours, la main toujours accrochée à sa chemise ; cette situation cocasse le fit sourire. La grande Nightray était donc terrorisée, réduite à compter sur lui pour sa survie. Et étonnement, il n’allait pas en profiter tous que cela : il préférait s’inquiéter pour le jeune policier que réfléchir à la façon de manipuler la demoiselle.
Une fois en bas, à peines avaient-ils fait quelques pas qu’ils aperçurent sur le sol leur ancien agresseur. Toujours sur ses gardes, John mit la lame en avant, contourna le corps le plus possible.

« - Eh, toi ! Pourquoi t’es à terre ? T’es pas seul ? »

L’homme ne répondit rien. Pas fou, John décida de ne pas s’approcher d’avantage du garde, de peur que ce soit une ruse. Alors, il prit quelques secondes pour réfléchir à la situation : s’ils avançaient trop vite, il pourrait se relever et les attaquer dans le dos ; et s’il avait des alliés qui l’avait trahi, alors les deux jeunes ne seraient pas sécurité ici-bas. Enfin, ses réflexions furent vite arrêtées par une voix surgissant de l’autre bout du couloir.

« - Pose ton arme et lâche mademoiselle Nightray ! »

John fut surpris et leva les yeux vers son interlocuteur. Enfin, ses interlocuteurs : deux gardes armés le tenaient en joue, le prenant apparemment pour un agresseur. A moins qu’ils ne soient de mèches avec le garde allongé ; mais John ne pouvait rien assurer. Néanmoins, il consentit, se baissant lentement et posant son arme à terre.

« - Euh, c’est un malentendu, vous pouvez demander à Alice… »

Il se tut, conscient de la stupidité de sa phrase.

« - Ouais. En fait ça va pas être facile. »

L’un des policiers fit glisser sur le sol une paire de menottes vers John, l’air persuasif.

« - C’est ce qu’ils disent tous. Maintenant tu vas gentiment te passer les menottes, les mains sous une jambe. »

Obligé, il obtempéra. Une fois bien maîtrisé, les deux hommes s’approchèrent pour ramasser son arme, sans que celui à terre ne bouge.
La scène était ridicule. Le duo quelques minutes auparavant fier et concentré, était maintenant réduit à une muette impuissante et un criminel saucissonné. Vraiment, ça se passait mal.

Pendant quelques instants, sa main s'était resserrée, attrapant un peu plus fort la manche de John. En se retournant, elle n'avait pas cru que d'autres hommes pouvaient arriver. À la normale, ils n'avaient pas à être là, et à cause de l'ancien homme de main, elle eut un petit coup de pression, mais finalement, lorsqu'elle comprit qu'ils étaient là pour la protéger de John, elle se sentit un peu plus soulagée même s'ils faisaient une grave erreur. Elle les laissa faire, et ce n'était pas comme si elle pouvait les empêcher d'agir, elle n'avait pas son appareil pour communiquer et ne voulait pas se mêler à cela physiquement.

L'un était flic et l'autre était au service de l'autre famille, alors après avoir attaché John avec des menottes, le flic prévenait l'autre homme qu'il comptait appeler le père de la jeune femme et ensuite son supérieur, Fox Wallace. Il commença alors par Cameron Nightray, qui celui-ci après une discussion décida de venir voir directement, en étant bien sûr entouré de ses hommes de main les plus sûrs. En attendant, Alice se glissa derrière eux pour s'asseoir dos au mur du couloir, et à côté de John. Elle restait silencieuse, et n'arrêtait pas de réfléchir sans arrêt. C'était vraiment dur de ne pas pouvoir exprimer ses idées. Déjà, John avait dû comprendre que juste avant elle était morte de trouille, rien que cela la mettait dans l'embarras. Si elle était du genre à rougir, elle ressemblerait probablement à une tomate. Ensuite, s'asseoir par terre n'était vraiment pas ce que la demoiselle préférait : ce n'était pas spécialement propre, mais John était complètement par terre, et préférait être à côté de lui pour le moment.

Une fois le premier coup de fil passé, le flic appela son supérieur direct pour savoir ce qu'il devait faire du jeune garçon qu'il venait de trouver avec la fille des Nightray, et armé.

Comme les sous-sols n'étaient pas très loin maintenant, Cameron Nightray arriva assez vite, entouré de trois hommes, dont Jack qui était tout aussi inquiet que le père. Le regard d'Alice se baissa alors vers John et se demandait bien si elle devait le protéger ou le balancer d'un vol suspect qui avait été prévu. Assurément, elle était tombée sur John un peu avant le début de l'enchère, donc il n'avait pas eu le temps de faire quoique ce soit. Même si quelques minutes auparavant, elle avait eu peur de ce qu'il venait de se passer et qu'elle s'était presque confié à lui sur le moment pour se faire protéger, maintenant, elle n'était plus sûre de lui faire confiance puisqu'elle était en sécurité avec son père.

Enfin, le flic n'avait pas réussi à avoir son supérieur, se demandant bien pourquoi. Etait-il, si négligeant négligeant à en oublier son moyen de communication ? Il soupira un peu et examina un peu plus le visage du jeune garçon qu'il venait d'attraper et la jeune femme qui avait plutôt l'air d'avoir confiance en lui pour s'asseoir comme cela. Alors qu'il comptait en placer une, Cameron se plaça en premier.

- On m'explique ce qu'il se passe ici ?

Spoiler:

Dans l’attente des nouveaux arrivants, John s’était tut lui aussi, réfléchissant à ce qu’il allait dire pour s’en sortir. Normalement, Fox avait prévenu les gardes de la stratégie d’infiltration de John aux côtés du voleur, et ils auraient dû le reconnaître aussitôt ; le fait qu’ils viennent de trouver le jeune homme armé face à un homme à terre, et tout en croyant qu’il retenait mademoiselle Nightray pouvait expliquer leur méprise. Quoiqu’il en soit, un peu de discussion devrait l’aider, et surtout de la tenue. Il voyait arriver un homme qui semblait important au loin, et faire le fanfaron à ce moment-ci serait sans aucun doute une très mauvaise idée. Il ravala sa fierté, et leva les yeux vers celui qui venait de parler. Il ne savait pas si Alice était encore de son côté dans cette situation, et il préférait être très prudent.

« - On vient de trouver ce jeune homme armé tenant votre fille, et il est possible qu’il ait agressé ce garde avant. Peut-être une tentative de prise en otage, donc nous avons préféré le maîtriser dès que nous l’avons aperçu. »

« - C’est une méprise. Fox m’avait donné une sorte de mission pour l’aider à arrêter un présumé voleur sur le bateau, sauf que sur le chemin pour l’accomplir ce garde a tenté de nous agresser avec mademoiselle Nightray. Donc on a couru pour se mettre à l’abri, puis j’ai sorti un poignard que m’avait confié Fox et j’ai descendu, Alice me tenant l’épaule, pour voir l’avancée de la situation. Et tout de suite on a vu le garde à terre, et vous l’instant d’après. »

John tourna alors ses yeux vers le garde qui avait parlé juste avant lui, qui n’avait pas l’air convaincu par les paroles de John. Quoiqu’une lueur venait de traverser son regard, peut-être avait-il reconnu John, Fox ayant probablement expliqué la stratégie à tous les agents de sécurité présents.

« - Le début est vrai, monsieur Nightray, il y a bien une mission de ce genre en cours, et ce jeune homme répond à la description. »

Puis le gorille se tourna à nouveau vers John.

« -Mais rien n’explique le fait que tu sois avec mademoiselle Nightray. Tu es toujours aussi coupable, ta petite histoire ne change rien. »

John souffla, c’était une mi-victoire. Il balaya la salle de regard, et ses yeux vinrent s’arrêter sur un objet par terre, au loin. C’était peut-être l’appareil d’Alice, si John était ne serait-ce qu’un peu chanceux ce soir.

« - Là-bas, y a un truc. C’est peut-être l’appareil de mademoiselle, elle pourra tout vous expliquer mieux que moi. »

Et pendant ce bref interlude, ses pensées allèrent vers Fox. Il n’avait toujours ressurgi depuis lors, et John commençait à s’inquiéter pour lui.

Elle n'aimait pas cette situation. Elle était beaucoup trop compliquée pour elle qui avait l'habitude de vivre tranquillement, éloignée des problèmes de ce genre. Enfin, Alice n'oublia pas qu'elle était aussi une femme à problème, entre la tentative d'assassinat que Akiro a résolu et ces sans cesse agressions. Elle ne voulait pas avoir l'habitude de ce genre de situation, et pourtant, cela lui arrivait tellement souvent dans une vie qui était sensée être normale. L'histoire de John n'était pas fausse, et comme il était resté avec elle et qu'il n'avait rien fait de grave, elle pourrait bien évidemment essayer de le défendre, seulement pour aujourd'hui. Il le méritait alors pourquoi pas.

L'homme à tout faire, engagé légalement même avec ses activités suspicieuse remarqua alors un objet au sol un peu plus loin. Il s'agissait effectivement du boîtier qui permettait à Alice de communiquer. Être muette était une belle plaie et un inconvénient majeur. La jeune femme se releva alors doucement d'où elle était et avec l’approbation de son père, elle partit alors chercher son appareil un peu plus loin. Une fois bien en main, elle se rapprocha du groupe pour les rejoindre. Le silence faisait partie de l'ambiance et presque tout le monde fixait la fille de Cameron en train d'écrire sur sa machine. Une fois fini, le boîtier se mit à parler à sa place.

- Ce que raconte ce jeune homme est vrai. Un de nos hommes a essayé de nous tuer. Et... J'avais un peu peur alors que je me suis rapproché de lui. Ça fait un quiproquo. Et cet homme, on ne sait pas pourquoi il est par terre, vous nous avez surpris quand on venait de le trouver.

Évidemment, Cameron pouvait remercier John d'avoir aidé sa fille, cependant, il n'avait pas l'air d'apprécier le fait qu'un simple homme à tout faire, donc de ménage, se rapproche autant de sa fille. C'était un vulgaire prolétaire. Enfin, il savait quand même se montrer reconnaissant et comptait le laisser tranquille pour le moment et le remercier.

- Bien. C'est bon relâchez-le. Par contre, j'aimerais connaître plus en détail, cette mission que Mr.Wallace vous a confié.

Alice se dirigea alors vers John, le regarda un moment dans les yeux avant de se tourner un peu vers son père. Elle venait de défendre John et elle espérait qu'il se montre bien évidemment reconnaissant après avoir fait tout cela. À vrai dire, elle aimerait bien aussi connaître cette fameuse mission qu'il devait effectuer de la part du chef de police sur ce bateau. C'était une histoire bien intrigante.

Quelques étages plus hauts, il y avait la vente aux enchères qui se déroulait sans encombre et sans se douter de ce qu'il se passait dans les étages plus bas du bateau.

Spoiler:

Elle l’avait défendu. Mademoiselle Alice Nightray avait volé au secours du pédant John Fallen ; voilà bien une idée qui amusa le jeune homme. Les rôles s’étaient bien inversés depuis quelques minutes, et ce nouveau retournement de situation n’était vraiment pas pour lui déplaire. Décidemment, il commençait à apprécier cette jeune femme – dommage qu’elle soit si prétentieuse. Enfin, pour le moment il lui fallait se tenir au carreau et se montrer reconnaissant. C’était tout de même la moindre des choses.
Et apparemment ils étaient curieux de savoir la mission que Fox lui avait confié ; une broutille en réalité. Rien de quoi émuler les Nightray, mais bon, il fallait les satisfaire.

« - Merci. Fox a repéré un type suspect sur le bateau, un certain Terry Pauster je crois. Il m’a chargé d’utiliser les armes qu’il avait réussi à lui confisquer pour m’infiltrer au côté du prétendu voleur. En gros, je devais demander à Al…Mademoiselle Nightray de me faire descendre et puis fouiller cet étage à la recherche du type, pour après tenter de m’allier avec. Le but c’était au final de l’attraper la main dans le sac… Sauf que ça a mal tourné on peut dire. »

Eviter de parler de son passif de voleur était probablement une bonne idée, et le jeune homme se demandait si Alice allait, elle, dire quelques mots dessus. Enfin, quoiqu’il en soit, une fois ses entraves ôtées il se releva, inclinant légèrement le menton pour remercier les deux Nightray.
Profite-en bien, je referai pas ça souvent, tiens !

Une fois cette fameuse histoire racontée, ses pensées vagabondèrent vers l’agent Wallace. Il n’était toujours pas en vue, et n’avait rien dit pour protéger John – c’était assez étrange. Alors, ne tenant plus, il continua.

« - En parlant de ça, Fox va bien ? Ça m’étonne qu’il ne soit pas intervenu… »

Alice appréciait le fait que John la remercie comme il se doit. Enfin un acte sensé de sa part avant une princesse comme elle. En tout cas, le problème de John était terminé. Mais quand un problème était terminé, il y en avait toujours un autre qui se présentait. Et là, il s'agissait du cas de cet homme, qui avait servi d'appât pour l'homme possédé de tout à l'heure. Alice préféra tout de même resté à côté de John et de Jack.

Comme Fox s'adressa à Cameron, c'était celui-ci qui répondit au nouveau problème.

-On vient de me raconter la scène, apparemment c'est l'un de mes hommes qui les as attaqué et qui est responsable de cette situation. Enfin, je vous remercie pour avoir fait votre travail, et faites ce que vous voulez de lui. Cela m'importe peu, tant que personne n’interromps la vente aux enchères, qui maintenant, doit être fini. Je dois aller remettre les lots.

Sur ces mots, le propriétaire du bateau donnant l'ordre à un de ses hommes de prévenir le capitaine pour faire revenir le bateau à la terme ferme, au port, tandis qu'il se dirigea lui-même vers la salle où les objets étaient entreposé. Alice soupira.

- Je n'ai même pas pu profiter de cette vente avec tout ça.

Évidemment, la jeune femme n'était pas contente. Pour une fois que son père l'autorisait à venir à ce genre d’événement, il fallait que tout cela soit gâché par une situation qui n'aurait pas dû arriver.

- Je suppose que je vais rejoindre mon père, et descendre en même temps que lui.

La jeune femme fit un signe distingué en guise de salutation autant à l'agent Fox qu'à John, puis rejoignit son père, pour clôturer la vente.

Que d’événements en si peu de temps. Voilà donc que Terry avait été arrêté, et surtout que Fox était revenu en un seul morceau. De peur de couper un des quelconques individus présents, John se tut pendant les discussions qui suivirent l’arrivée des deux énergumènes, mais il n’écoutait plus vraiment ce qu’il se disait. Il regardait le policier qui venait de débarquer, observant son visage à de multiples reprises pour y déceler des traces de lutte ; mais rien ne semblait correspondre à cette appellation. Voilà que le jeune voleur était un peu rassuré, et sans un mot il s’avança tranquillement vers le jeune blond. Profitant d’un petit blanc entre deux répliques, il glissa doucement une parole à son chef d’un soir.

« - Tu vas bien Fox ? T’es pas blessé ? »

Il valait mieux rester un peu distant. Surtout qu’il ne ressentait rien pour le policier. Rien du tout, absolument le néant absolu. Ou alors quelque chose ; mais uniquement platonique. Il ne pouvait en être autrement, et pourtant …

Enfin, maintenant sa question posée, il lui fallait détourner son esprit quelques instants du charmant jeune homme. La situation avait avancée : sa mission s’était même terminée en avance ; désormais, il fallait savoir quoi faire. Suivre Alice serait un peu déplacé, voguer seul un peu suspect – quoique pas inutile, étant donné qu’il travaillait ici après tout-, mais la situation la plus plaisante et plus avantageuse consistait à rester encore un peu avec Fox. Du moins, jusqu’à ce qu’il lui fasse comprendre qu’il avait à s’en aller.

Mais d’ici là, cela pouvait être de sympathiques moments ; alors il resta planté ici, aux côté de l’agent Wallace.

Un bisou, c’était un peu moins que ce qu’avait espérait John, contre sa raison – mais cela allait le satisfaire. Terry s’était fait embarqué, Fox l’avait emmené et voilà que le jeune homme était désormais seul, ici. Enfin, par pour longtemps, car la vigie se dépêcha d’aller le chercher et de l’emmener vite fait dans des étages plus hauts, le remettant au travail tranquillement. Parce que oui, finalement, il était ici en tant qu’homme à tout faire, alors autant continuer un peu pour mériter son salaire.

La fin de la croisière se déroula sans trop de souci pour lui, ne croisant plus de têtes connues et pouvant enfin démarrer son plan machiavélique : écouter quelques conversations pour fournir un peu plus son carnet d’adresses incriminées.

Une fois à quai, John s’éclipsa tranquillement du bateau, récupérant rapidement sa paye et disparaissant aussitôt dans la nature. Avec les petits soucis qui étaient advenus, il n’avait pas vraiment envie qu’on contrôle son identité – sinon, cela allait finir assez mal pour lui. Quoique, le bon côté de tout ce grabuge, c’était l’annulation des recherches sur lui : aider la police avait parfois du bon.

Néanmoins, un détail étonnant pas mal le jeune homme : Fox avait quitté sa tête. Lui qui l'avait habité, envahi, avait obnubilé toutes ses pensées; et il n'y était plus maintenant. Comme si rien ne c'était passé, comme si ce n'avait été qu'un rêve. Étrange phénomène, mais le jeune homme avait d'autres questions à se poser que d'aller creuser dans les méandres de ses mystères sentimentaux.