Samedi soir. Ce devrait être le moment le plus sympathique de la semaine, celui où l'on sort entre amis et où l'on oublie le stress de la semaine. La soirée où tout est permis, en quelque sorte. pourtant, pour moi, il ne s'agissait que d'un soir parmi d'autres. Et, pas la peine de le cacher, je n'était pas spécialement de bonne humeur. Minato avait promis de passer me voir aujourd'hui et, une fois de plus, des raisons 'extérieures' l'en avait empêcher. Traduction: Père et Mère s'étaient à nouveau débrouillés pour qu'il ne puisse pas se libérer ce soir.

Pour un peu, j'en aurais frapper de toutes mes forces dans la benne à ordure que je dépasse mais cela n'aurait fait qu’abîmer cette objet contre lequel je n'avais aucune velléité. Je pousse un soupir, la tête basse et ma casquette vissée sur le crâne avant de passer la porte du premier fast-food venu. Je n'ai pas réellement faim, je n'ai juste pas envie de continuer à me morfondre dans mon coin. Je le savais bien, au fond, qu'à nouveau je ne le verrais pas. Tant pis, je passerais le voir moi-même, quitte à essuyer ses reproches par la suite.

Arrivé à la caisse, je commande un imposant hamburger ainsi que des frites le tout accompagné d'un coca avant d'aller m'asseoir tout près de la vitre, dos à un mur, afin d'avoir le quartier sous les yeux et personne derrière moi. Mais je ne mange pas tout de suite. D'abord, un œil aux dernières actualités via mon mobile. Non, rien qui ne semble spécialement hors du commun aujourd'hui. Pourtant, depuis que j'ai croisé ce drôle de chat, je trouve que j'ai de plus en plus de sueurs froides pour des raisons inconnues en pleine rue. Et je n'aime pas ça.

Complètement absorbé par mes recherches, je ne prête aucune attention à ce qu'il se passe autour d moi. Une gorgée de coca, une frite avalée avant de me décider à me pencher sur mon sandwich du moment lorsque je remarque enfin que quelqu'un s'est approché de moi. J'avais bien vaguement remarqué une présence proche mais ne voyant pas pourquoi quelqu'un se serait attardé à venir me voir, je n'y pas prêté attention plus que cela. Mais à présent, je reconnais parfaitement Aleister.

-"Heu... salut, je peu m'asseoir?"

"- Je t'en prie, fais comme chez toi."

Il est vrai que la dernière fois, c'est un peu moi qui me suis gentiment incrusté chez lui alors aujourd'hui, je eux bien le laisser s'installer à ma table. Surtout que ce lieu n'est nullement à moi. Je prend une bouchée de mon hamburger, laissant ainsi tout le temps à l'étudiant roux de prendre place face à moi. La salle est relativement calme à cette heure et est loin d'être bondée. Tant mieux, je n'aurais pas besoin de hausser la voix pour me faire entendre.

"- Quoi de neuf depuis notre dernière rencontre? Les Ombres se tiennent-elles tranquilles?"

-"Haha, pas plus que d'habitude j'en ai peur, elles sont toujours aussi nombreuses. Mais bon, tant que Kyu nous envoie des nouvelles recrues, on tient le coup et on arrive à limiter leur nombre, à défaut d'arriver à vraiment les faire reculer."

Donc visiblement, les Ombres avaient l'avantage. Car si ils devaient compter sur les nouvelles recrues pour parvenir à équilibrer la balance, ce n'était as spécialement une bonne nouvelle. Surtout qu'aux dernières nouvelles, ils étaient deux contracteurs, deux peluches à vœux, donc si même ainsi les Ombres ne reculaient pas, cela voulaient dire qu'elles avaient une source de pouvoir très riche. Ou une façon bien à elles de se reproduire, qui sait. D'ailleurs, comment apparaissaient-elles au juste?

-"Et toi le boulot ça se passe, tu avance sur tes affaires?"

"- J'ai bouclé les deux dernières enquêtes que j'avais en cours. Et un rendez-vous s'est annulé à la dernière minute alors, n'ayant rien à faire, je traîne un peu, pour voir. "

Voir si le simple fait d'être au courant de l'existence de ces choses les faisaient prendre une nouvelle place dans mon existence. Car depuis mon dialogue avec le petit chat blanc sur la plage, toute cette histoire prenait de plus en plus de place dans mon esprit. Pas une obsession mais presque. Je voulais savoir, comprendre, et pas me contenter de simplement rester ainsi dans l'expectative.

"- Mais l'affaire qui nous préoccupe tout deux n'avance pas beaucoup de mon côté. Disons que je me heurte à une forme de 'refus' pur et simple de son existence."

Oh non, je n'ai pas été assez fou pour tout raconter de but en blanc, même pas à Minato. Ce secret, je le garde jusqu'à ce que j'ai accumulé toutes les preuves nécessaires afin de les forcer à reconnaître le bien-fondé de ma théorie. Mais le peu que j'ai pu essayer de partager, via des moyens détournés, à toujours récolté le même résultat: un échec cuisant.

-"Dis, pardonne moi ma mémoire, ou ma logique défaillante, mais que veux tu dire par "se heurter à un refus de l'existence". Je ne vous pas ce que je pourrait t'apporter de plus comme preuve de l'existence des seraph que ce que tu a déjà vu, entre mon kekkai et Kyu."

Mon regard se pose un instant sur Aleister avant de secouer négativement la tête. Oui, je me suis mal exprimé. J'ai tellement l'habitude de ne formuler mes pensées qu'à demi-mots, d'arranger chacun de mes mots afin d'en dire le minimum tout en en répondant aux questions posées. Déformation professionnelle dirons-nous. Il est évident qu'il va falloir que je fasse l'effort de parler un peu lus naturellement lorsque je suis avec des personnes autres que ceux que j'ai toujours côtoyés.

"- Je ne suis plus la personne à convaincre. Même si je ne les ai jamais vu, j'ai assez de preuves à mes yeux pour ne pas mettre en doute la réalité de l'existence des Ombres. Mais les autres, c'est une toute autre affaire."

Comment faire accepter et démontrer avec logique et infaillibilité l'existence de créatures que seules une certaine forme de magie pouvait révéler à vos yeux? Avouez que c'est un dilemme assez pesant. Et cela faisait à présent un moment que je m'y heurtais. J'avais abordé l'idée avec Logan, avec Minato, sans aucune conviction, juste pour tâter le terrain avec d'autres personnes mais c'était toujours la même histoire. On ne m'accordait aucun crédit.

"- Au fait, je peux te demander ce que tu fais ici? "

-"Bah en fait je bosse ici le week-end pour me faire un peu d'argent de poche, et je venait de finir mon service quand je t'ai vu arriver"

C'était donc ça, un emploi afin de pouvoir arrondir ses fins de mois. C'est vrai que les étudiants faisaient souvent ce genre de chose. Moi aussi dans un sens, mais pas tout à fait de la même façon. Et puis, je l'avais fait depuis toujours. Aider de manière non-officielle dans des enquêtes diverses et variées, c'était un peu comme un second emploi, en plus des cours.

"- Et toi, tu passais par là comme ça? il ne me semble pas t'avoir déjà vu dans ce resto."

"- Mon rendez-vous devait avoir lieu près d'ici. Et comme je commençais à avoir un peu faim, je suis entré dans le premier restaurant qui passait. Donc oui, c'est du parfait hasard. "

Pourtant, ce n'était pas faute de me balader en ville. Je connaissais Palema comme ma poche depuis le temps que je la visitais en long, en large et en travers. La ville était devenue mon territoire, mon terrain de chasse. C'était mon chez moi, ma demeure, bien plus que la maison qui m'avait vu grandir. Je termine tranquillement mon hamburger, en le mangeant étonnement proprement comparé à la plupart des jeunes.

"- A part moi, tu connais déjà beaucoup de gens comme toi? Ayant signé un contrat et capable de se battre contre ses 'Ombres'? Et tu me parlais de deux camps la dernière fois, tu me donner plus de détails à ce sujet?"

-"J'en connais quelques uns, plus ou moins expérimentés selon la personne. Mais si tu me permet de me montrer un peu buté sur la question, je vais devoir te ressortir la même réponse que celle que je t'ai sortie chez moi: même si j'avais une estimation fiable de nos effectifs, le petit soldat que je suis ne peu pas se permettre de te la fournir, pas tant que tu n'a pas signé le contrat avec Kyu. J'espère que tu comprend ma situation."

"- Ça valait le coup d'essayer. "

A peine une ébauche de sourire qui s'affiche sur mon visage avant de disparaître. Je grignote tranquillement une frite ou deux, reprenant une gorgée de boisson, avant de garder le regard fixé sur l'extérieur. Tous ces gens qui se promènent, sans même prêter attention à leur voisin. Qui sait combien d'entre eux seront les prochaines proies de ces étranges créatures? Et combien rencontreront l'autre étrange peluche?

"- Il n'empêche que deux camps se battant dans le même but, ce n'est pas très logique. Alors, excuse-moi mais oui, ce détail me tracasse. "

Enfin, il s'agissait bien d'un simple détail et en réalité, de nombreuses autre chose me gênaient. Mais ce n'était ni le lieu ni le moment de parler de ça. Et c'est aussi là que je réalisais que sorti de mon contexte de travail, faire la conversation n'était pas vraiment très naturel chez moi. Et oui, je parle boulot, enquête, affaire, énigme et le reste, bah c'est pas mon truc. Enfin, autant essayer de faire un effort, ça ne me fera pas de mal non plus de changer de mon quotidien.

"- Sinon, tu parviens à lier ton travail tes études et tes petits plus extérieurs sans trop de difficultés? Parce que je suppose que les 'surprises' ne t’appellent pas avant pour te prévenir de leur future manifestation. "

-"En terme de temps ça passe, il faut apprendre à composer on va dire. Je n'en suis pas encore à un point où comme certain, je passe mon temps libre à traquer les ombres. Je me contente d'aller là où on me demande d'aller pour éliminer les ombres qui s'y trouvent, et quand j'en croise une par hasard je m'en charge. En dernier recours, c'est souvent mes séances de lecture qui passent à la trappe, voir l'un ou l'autre cours. Mais en général ça va, j'arrive à composer."

Oui c'était bien ce que je pensais. Mais visiblement, il arrivait encore à mener une vie normale en même temps qu'il pratiquait ses activités autres. Un bon point. Parce que oui, c'était aussi une des raisons qui continuait de me faire hésiter. J'avais déjà un travail, une vie que je menais et qui, malgré ses soucis, me plaisait à sa façon. Et je ne tenais pas à devoir y renoncer entièrement entièrement du jour au lendemain. mon but est de devenir le meilleur des détective, pas le plus grands des justiciers inconnus de tous. Il faut bien vivre, la réalité est ainsi.

-"Tiens en parlant de boulot, tes recherches et tentatives sur les ombres, ça ne te pose pas trop de problème par rapport à ton boulot. Je veux dire, ces temps-ci tu n'a pas trop d'enquête à mener?"

"- Je suis à mon propre comte. Alors, en tant que détective free-lance, j'ai la possibilité d'aménager mon emploi du temps comme bon me semble. Evidemment, il y a des impératifs mais je reste très libre dans mon organisation.
Et niveau enquête, je ne suis pas débordé."

Autant dire la vérité. Même si j'arrivais à faire tourner mon cabinet à l'agence, les fonds que je récoltais provenaient encore pour beaucoup de mon aide sur des enquêtes et des affaires extérieures, que la police me refilait régulièrement. Je commençais doucement à sortir de l'ombre mais pour le moment, on ne pouvait pas dire que ma position était des plus stables. Et je savais que de nombreuses personnes guettaient le moindre de mes faux pas, prêts à me tomber dessus pour me faire oublier.

"- Je crois que niveau conversation, nous ne sommes pas franchement doué ni l'un ni l'autre."

Ce n'est pas une critique, seulement une observation. Cela me désole un peu car je réalise que finalement, je ne suis pas aussi doué que je le prétend. Certes, dans mon domaine, je suis peut-être le meilleur, même devant mon jumeau mais dans la vie quotidienne, force m'est d'admettre que je manque de pratique. Il va falloir que je travail ça aussi. Je termine tranquillement mes frites qui commencent à ne plus être très chaude, avant d reprendre la parole.

"- Est-ce que tu me permets de te poser une question?
L'autre jour, quand je suis passé chez toi, c'est ta mère qui m'a ouvert et accueilli. Elle est comme ça avec tout le monde? Je veux dire, aussi simple et.... naturelle?"

Et oui, Mes relations avec Père et Mère ayant toujours été ds plus stricts et compliqués, j'avoue que ça spontanéité m'avais fait plaisir. Même si ce n'était pas très sûr par les temps actuels de laisser ainsi n'importe qui chez soi, sa gentillesse m'avait légèrement émue.

-"En fait je l'ai trouvé un peu fatiguée ce jour-là, ça m'a surpris qu'elle ne t'ai pas proposé thé, café et les biscuits qui allaient avec."

Ah ouais, carrément. Pour le coup, mon regard est un peu surpris avant que je ne revienne à c qu'il se déroule dans la rue sous mes yeux. J'ai déjà rencontré d'autres familles que la mienne, évidemment, mais toujours dans le cadre de mes enquêtes, pour des raisons professionnelles ou encore en compagnie de l'un ou autre membre de ma famille. Et alors, les gens ne se comportaient pas de cette façon à mon égard. C'était un peu nouveau, mais franchement pas désagréable.

-"Non sérieusement oui, elle est un peu comme ça avec tout le monde, mais en plus le fait que tu te soit présenté comme un ami, et que tu lui ai bien plu, a clairement joué en ta faveur. Elle n'a pas osé me dire en face qu'elle serait ravie de te voir revenir, mais c'était tout juste."

"- Je lui ai plu? Sérieusement?"

Oui, pour le coup, je reste un peu surpris. Je sais que je ne suis pas censé faire fuir les gens, même plutôt essayer de les amener à m'apprécier mais comme ça, juste sur une présentation et quelques secondes passées ensemble, je ne m'attendais pas à cela.

"- Eh bien, j'avoue que l'idée de revenir ne me déplairait pas. Mais comme je n'ai plu de questions à te poser, je n'ai plus de raisons d venir t'ennuyer chez toi. Je m'abstiendrais donc d passer sans prévenir à l'avenir."

Une forme de petite excuse pour mon comportement de la dernière fois. Ce n'était pas très fair play de ma part d'être ainsi venu ainsi m’immiscer dans sa vie privé. Alors, autant le reconnaître.

-"Si tu veux revenir pour autre chose que le boulot, à l'occasion, je suppose que tu a déjà obtenu mon numéro."

Oui, en effet, son adresse ne m'étais plus inconnue. Après, une raison autre que le boulot pour aller le voir, pour le coup, je ne voyais vraiment pas quoi. Et puis, il avait ses livres, ses études et son boulot ici. moi de mon côté j'avais mes enquêtes et ma réputation à essayer de faire grandir. Chacun d'entre nous avait ses propres préoccupations et surtout, au final, peu de temps libre Surtout Aleister qui en plus de tout ça, amenait en prime une vie de justicier invisible.

"- C'est gentil, merci. Mais tu es déjà bien assez pris comme ça pour le moment. A l'occasion peut-être. Qui sait vraiment ce que l'avenir nous réserve."

Personne ne le savait. La preuve en était avec ces étranges bestioles qui apparaissaient pour proposer des contrats en échange d'un vœu. Une lutte perpétuelle contre un souhait, n'importe lequel. Un devoir silencieux et mystérieux dont le commun ds mortels ne serait jamais mis au courant. Oui, cela aussi faisait parti du monde dans lequel nous vivions. A croire que les jeux vidéos se seraient finalement bien inspirés de la réalité et pas l'inverse.

"- En tout cas, c'est pas mauvais ici. Ce n'est pas le Ritz, c'est sûr, mais j'ai déjà connu bien pire. Mes compliments au chef. "

Oui, une pointe d'humour tandis que j'avale la dernière gorgée de mon soda. La salle a continué à se vider et même s'il demeure encore quelques personnes de présentes, il est évident que les heures les plus peuplées sont passées depuis longtemps.

-"Le "chef" comme tu dis, ne fait que cuire et empiler ce qu'on lui fournit selon une procédure standardisée. Mais de fait, je pense qu'aussi longtemps qu'on ignore de quoi c'est fait, ça garde un bon gout."

Une ébauche de sourire de ma part. Certes, Aleister n'a pas vraiment tort. Il est de notoriété publique que dans ce genre de petit fast-food, la nourriture n'est pas de première qualité et parfois même, plutôt mauvaise pour la santé. Mais en même temps, si cela marche si bien, c'est qu'il doit y avoir une raison. Et de ce que j'en ai goûté ici, c'est loin d'être aussi dramatique que dans d'autres endroits du même genre.

"- Sans doute. Mais c'est tellement plus simple de céder à la facilité en venant ici que de s'ennuyer à devoir faire des courses puis la cuisine. Alors ce concept marche du tonnerre. Ils auraient tort de se priver de profiter de la fainéantise générale."

Oui, je m'inclus également dans le lot. Qui n'a jamais préféré allez commander un repas tout fais au lieu de se fatiguer à cuisiner lui-même? J'étais d'ailleurs bien placé pour le savoir car mes repas étaient en général rapides et succincts. Peu de cuisine voir pas du tout ou des commandes diverses dans des petits boui-bouis que j'avais pris soin de repérer avant pour m'en assurer l'hygiène. Et oui, je suis détective, je ne me referais pas à ce sujet-là.

"- Le monde est étrange. Paradoxal même. Personne ne fait attention à ce qu'il mange mais les régimes n'ont jamais eu autant de succès. Tout le monde veut grandir mais devenu vieux, on regrette sa jeunesse envolée.
Les gens sont passionnés de surnaturels et fanatiques d'histoires d'extraterrestres et de science fiction mais personne n'acceptera pour autant de croire la réalité des Ombres.... "

J'avais commencé mon petit discours le regard fixé sur Aleister mais l'avait terminé avec pour toile de fond l'horizon extérieur. Oui, la vie entière n'était qu'une succession de paradoxe. Dont je faisais partie, il fallait bien le reconnaître.

-"Pour ce qui est des régimes ou de la jeunesse, je dirais qu les gens sont juste difficiles: ils veulent avoir les avantages de tout, sans les inconvénients, et de préfèrence sans faire d'efforts. Je pense que c'est humain comme façon de penser, c'est ça qui nous fait avancer."

"- Joli résumé de la situation."

-"Quand aux ombres... si je n'ai absolument aucun regret concernant mon voeu, crois bien que ça faisait des années que je ne rêvais plus d'être embarqué dans l'un de ces livres fantastiques que je dévore. Le boulot de héros ne me convient absolument pas, je n'ai pas la carrure pour l'assurer, et je suis un peu trop conscient que dans notre réalité, l'histoire ne se finit pas toujours bien."

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Oui, ce n'est qu'une citation de conte de fée, cela n'est aucunement représentatif d la réalité dans laquelle nous évoluons. Et si dans un sens je suis assez d'accord avec Aleister, malgré tout, mon avis diverge un peu du sien. Non, je ne souhaite pas devenir un héros à tout prix mais quitte à avoir un but, un vrai, pourquoi pas celui-là au fond. Chacun a besoin de sa propre raison pour avancer et la mienne est assez spéciale.

-"De manière générale, je pense que les gens aiment les fictions, ils aiment rêver, mais ils aiment encore plus que la fiction reste à sa place, à savoir loin de leur réalité quotidienne. Et je présume que ça aussi, c'est très humain comme façon de penser."

"- Tout le monde n'est pourtant pas logé à la même enseigne."

Rêver. Un luxe qui ne m'a jamais été permis. Et du coup, mes lectures ont toujours été tellement proches de ma réalité que pour moi, il n'y a jamais eu de vrai différence entre fiction et réalité. Donc dans le fond, ma façon de penser rester différente de celle des autres. Peut-être est-ce pour cela que je suis incapable de vraiment me mêler aux autres.

"- Ne tient pas compte de ma dernière phrase. Pour parler d'autre chose, ta famille ne va pas s'inquiéter que tu ne rentres pas? Je suppose qu'ils connaissent un minimum tes horaires et je ne voudrais pas te créer des ennuis en te mettant en retard. "

-"De fait, il lui reste qu'une quinzaine de minute avant de commencer à s'inquiéter. Les mamans, je vous jure."

C'est bien ce que je pensais. Sa mère serait du genre à se faire du mouron dès que son fils ne serait pas rentré à l'heure à le maison. Un instant, une vague de mélancolie traverse mon visage, que je chasse aussitôt. Non, ce n'est pas le moment de penser à cela. Chacun sa vie, chacun son histoire. Jamais je ne pourrais avoir ce genre de relations avec ma famille, c'est un fait. Et je suppose que de son côté, cela doit lui causer parois des soucis. Je n'ai pas d raison de me plaindre de ma place.

-"Pour ton idée de révéler à tous le combat contre les ombres, méfie toi quand même: je doute que Kyu et Bei aient intérêt à ce que l'existence des vœu, et seraph et de leur combat contre les ombres viennent à être connu. Et idem pour la plupart des seraph et nephil. Or si tu a bien discuté avec Kyu comme je l'ai compris, te piéger dans un kekkai, avec une ombre ou un combattant expérimenté, ne constitue pas vraiment un problème. Alors sois discret, et très prudent."

J'avoue que je ne comptais pas forcément le rendre public. Du moins, pas à toute la population car un tel fait ne ferait que provoquer un mouvement de panique, une véritable marée d'angoisse chez la population, mais pouvoir bénéficier dans ce combat de l'aide ds forces de la loi ne serait pas forcément un mauvais point. Mes propres appuis n'y sont cependant pas encore assez solide pour mener mon projet à bien alors je devrais me contenter de ce que j'ai sous la main pour le moment.

"- Ne t'en fait pas pour moi. C'est gentil de t'inquiéter mais je suis un grand garçon, je saurais me débrouiller. Allez va, ne te mets pas en retard. Et passe le bonjour à ta mère de ma part."

-"Je lui transmettrai. Autant de sa part"

Je salue l'étudiant tandis qu'il termine de s'en aller, se mettant en marche prestement en direction de sa maison. Je reste là, à observer le paysage encore un moment. Dans mon cas, personne ne m'attend à la maison. Quoi que, Arsen finirai sans doute par faire du grabuge si je ne revenais pas. Mais ce ne serait pas la même forme d’inquiétude. Je soupire un instant, un peu mélancolique malgré tout. Mon regard tombe sur mon mobile qui vient de vibrer, m'annonçant un message de la part de Minato. Je vais pour le lire et me ravise. Non, je n'ai pas envie de savoir.

Je débarrasse mon plateau et me dirige à mon tour vers la sortie, finissant par céder à la curiosité malgré tout. Comme toujours, une excuse bateau: une aide de dernière minute à apporter à Père. Le report à une date ultérieure qu'il me demande de fixer. Mais au lieu de me prêter au jeu, cette fois, je me contente de lui envoyer un 'Je te tiendrais au courant'. Ce dernier au fond de ma poche, je quitte le fast-food. Dehors l'air frais me pique les joues. J'allonge le pas pour rentrer plus vite. Il me tarde de retrouver Arsen à présent.

Mais cette silhouette que j'aperçois devant l'agence finis par m'arracher un léger sourire. Il est là, à m'attendre. Alors qu'il a l'interdiction formelle de venir ici. Et son regard en dis plus que toutes les discussions du monde. Oui, tu es tout pardonné. Toi aussi, tu m'as manqué. Désolé pour mon comportement, ce n'est pas contre toi.

"- Je ne fais que passer."

"- Je sais."

Même pas une poignée de main et déjà, il se détourne. Quand à moi, je l'observe disparaître dans les ombres, comme aspirer par les ténèbres avant de finir par rentrer. Arsen me fait la fête aussi, ravi que je soit enfin de retour. Oui, ce fut une bonne journée malgré tout.

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