Description du lieu:

La suite de l'histoire allait se passer dans un parc du quartier est. A vrai dire, j'appréhendais un peu ce qu'elle allait pouvoir me dire sur Clara. Si ce n'était que de simple nouvelle, comme je le souhaitais, cette jeune femme aurait pu m'en donner directement à la cafétéria. C'était un endroit parfait pour raconter des ragots. Pourtant, elle avait choisi de venir ici, près des jeux pour enfant. Mes yeux parcouraient alors les alentours pour m'approprier le paysage avant de regarder Aria. Son visage me faisait penser à de la nostalgie avec une pointe de mélancolie. Il n'y avait pas pire pour me rendre inquiet.

Tout comme elle, je m'assis sur le banc, continuant de la regarder jusqu'à qu'elle me pose une question. Ensuite, mon regard alla plutôt se diriger vers le ciel dégagé, me rendant pensif par la beauté de son bleu. Il me transportait dans une scène de ma mémoire, où là aussi, j'étais en train d'observer le ciel avec Clara. C'était juste avant qu'elle ne parte.
Nous étions dans un parc différent tout aussi dans le quartier Est et nous observions le ciel en étant couché sur la pelouse. Elle m'avait expliqué que c'était de cette manière qu'elle arrivait à se détendre. La sieste sous le soleil, prenant un bon bol d'air frais presque pur -puisque ce n'était pas non plus la campagne ici-. C'était l'un des jours où elle avait dû me parler de ce que j'avais fait à ma grand-mère. Encore maintenant, pour moi la mort était tout ce qui avait de plus normale, et Clara avait eu beaucoup de mal à me guérir de ce problème. Sois disant, un enfant n'avait pas le droit de réfléchir à tout ça. Peut-être qu'elle avait peur que je me transforme en meurtrier. J'avais énormément pleuré pour la mort de ma grand-mère, je m'étais même senti légèrement coupable, pourtant… pas autant que je le devrais.

Elle… m'a élevé comme une mère et comme un disciple. Elle m'a donné l'affection et la protection d'une mère et l'entraînement d'un maître. Clara paraissait souvent froide, alors elle ne parlait pas à grand monde. C'est dommage, j'ai vraiment l'impression d'être le seul à avoir vu un sourire de sa part. Elle était vraiment forte et suivait toujours ses convictions.

Je me souvenais exactement de ce qu'elle me disait. Elle n'aimait pas tuer, elle ne trouvait pas cela vraiment normale, ce qui était tout bien mon contraire malgré ses efforts pour me faire changer de bord. Enfin, mon éducation n'était pas terminée, tout comme mon entraînement, alors j'attendais simplement qu'elle rentre de ce QG. J'avais en quelques sortes l'impression d'avoir stoppé mon temps lorsque je l'ai vu s'éloigner loin d'ici.

Alors ? Vous pouvez m'apporter de ces nouvelles ?

Je me montrais quelques peu impatient, mais pour moi, ça devait être compréhensible. Cela faisait 4 années que je ne l'avais ni vu, ni entendu parler, et là, une jeune femme apparaissait par le plus grand des hasard et avait la possibilité de m'apporter de ce que je souhaitais

Mon regard s'était stoppé net sur elle, attendant une réponse, et je ne comptais pas lâcher l'affaire, avec tous les efforts du monde. Maintenant qu'une personne était capable de me dire des choses sur elle. Alors qu'elle avait essayé de parler, le vent m'empêchait d'entendre ce qu'elle venait de dire, comme s'il ne voulait pas que j'entende quelque chose. Je penchai ensuite la tête légèrement sur le côté en l'entendant parlé une autre langue. Évidemment, je fronçais les sourcils, parce que je n'aimais pas du tout attendre. En fait, plus elle me faisait languir, plus je commençais à m’inquiéter. Elle avait du mal à avouer la chose car Clara n'allait pas bien, n'est-ce pas ? Ça paraissait vraiment évident, pourtant, je ne voulais absolument pas y croire une seule seconde.

Lorsque l'excuse sortit de la bouche de la jeune femme, j'écarquillais un peu les yeux, m'attendant vraiment à la pire des nouvelles. Malade ? Non les contractants ne pouvaient pas tomber malade. Gravement Blessé ? Probable ? Morte ?... Une petite pointe me transperça directement le cœur quand je me mis à penser à cette hypothèse.
Mon regard s'abaissa peu à peu, retournant sur le béton à moitié sablé à cause du bac à sable d'à côté. Je ravalais ma salive nerveusement. Je n'arrivais pas non plus à regarder un point fixe sur le sol, mon regard bougeait sans cesse, à la recherche d'une réponse qui pourrait me satisfaire. Si elle s'était excusée, c'était qu'elle voulait m'annoncer une mauvaise nouvelle. Etais-je réellement maudis ? Ma grand-mère adoptive... Puis ma mère adoptive. J'avais comme l'impression de ne pas avoir le droit au bonheur.

Avant même qu'elle ne m'annonce quoique ce soit, je commençais déjà à avoir les larmes aux yeux. Je ne savais pas vraiment comment réagir à part relâché tout ce que j'avais dans ce petit cœur. En fait, je me fichais bien de la mort, qu'elle tourne autour de moi ou non ne me dérangeait pas, autour de mes ennemis aussi, mais elle tombait toujours sur l'un de mes proches. Bientôt, qui allait aussi succomber ? D'ailleurs, elle n'avait même pas dit que Clara était morte, mais mon cerveau s'imaginait déjà le pire. Au moins, si elle ne l'était pas, ça me soulagerait tellement, n'est-ce pas ?...

Une autre aiguille venait juste de s'enfoncer à côté de la première dans mon cœur de collégien. Je ne savais plus comment gérer cette douleur alors j'avais fondu en larmes, et ce, juste après que la jeune femme m'avoue que Clara voulait que je continue de vivre avec le sourire. Avant de me demander ça, savait-elle la charge qu'elle m'appuyait encore plus sur les épaules après sa mort ? Comment pouvais-je me sentir bien après avoir perdu encore la personne que j'aimais le plus dans ce monde ?
Alors que mes larmes coulaient sur mes joues, je ne sortis aucun bruit, ma bouche était restait fermée, comme si je tentais de rester de marbre. Mes mains s'étaient posées sur mes genoux, tremblotantes en attrapant le tissu de mon pantalon et je laissais mes larmes tombé aussi bien sur mon haut que sur mon pantalon.
Mon regard, au lieu d'être posé sur la personne qui m'accompagnait, scrutait de loin les enfants qui jouaient insouciamment là-bas, dans l'air de jeu. J'avais alors commencé à penser : « Pourquoi ne suis-je simplement pas comme eux ? ».

- I-Il doit y avoir un problème avec moi.

J'aiguisais un sourire forcé sur mon visage sali par les larmes. La douleur concentrée dans ma poitrine m'empêchait de sourire comme à chaque fois, comme elle me l'avait appris.
C'était bizarre, mais de ce que je me souvienne, le mal que j'avais ressenti la première fois faisait beaucoup moins mal que celui-là. Parce que j'avais grandi et que je comprenais mieux le concept de la mort ? Quand j'étais plus petit, il m'était impossible de comprendre les sentiments des proches de ma grand-mère. J'enviais vraiment le cœur et la conscience innocents des plus petits enfants.

J'avais l'impression qu'une malédiction tournait au-dessus de ma tête. Si j'avais devenu un tuteur, si j'avais de nouveau un parent adoptif, mourra-t-il encore à son tour ? Mon regard vacillait, ma vision se brouillait à cause des larmes, incapable de pouvoir fixer un point précis. Je commençais alors à essuyer mes larmes avec mes manches.

Je sentais la jeune femme me prendre dans ses bras comme pour essayer de me consoler. Mes larmes s'étaient arrêtées, mais non pas parce que j'allais mieux, mais parce que je me sentais vide, comme mon cœur. Il lui manquait quelque chose, cette chose était partie depuis bien longtemps d'ailleurs, et j'avais l'impression de ressentir ce manque beaucoup plus qu'avant. Il me déchirait et je ne savais pas comment faire pour tout arrêter. C'était juste affreux, beaucoup trop affreux. Je ne savais pas quoi faire, pas comment réagir, pourtant, cela faisait plusieurs années qu'elle était absente. Je devrais simplement pleurer son triste sort, et continuer de faire comme avant ? Ha… J'étais vraiment horrible. J'eus un petit sursaut avant que mes yeux humides ne recommencent à verser des larmes. Je voulais juste passer ce mauvais moment, car je sais, qu'elle ne reviendra jamais, et qu'elle préférait me voir souriant. Elle m'avait dit la même chose après la mort de ma grand-mère.

Doucement, je levai mes yeux vers Aria qui venait de me demander simplement si j'avais quelqu'un d'autre. Mes lèvres ne bougèrent pas. Pourquoi ? Je connaissais simplement la vérité. Je n'avais personne d'autres. Alors en guise de réponse, je fis un signe négatif de la tête. Ça faisait vraiment mal. Malgré le peu d'amis que j'avais, je n'étais pas seul, seulement, aujourd'hui, j'avais l'impression de l'être. J'étais abandonné. Même si ma pensée allait vers de jeune adulte tel que Howard et Aleister, je n'avais pas envie de les embêter plus que ça avec mes problèmes. Ils ont été beaucoup trop gentils pour moi, je n'avais pas envie d'abuser d'eux.

Après réflexion, est-ce que je voulais vraiment que quelqu'un prenne sa place ? Jusqu'ici, j'avais réussi à me débrouiller seul. Et je ne voulais pas que ma troisième famille finisse par mourir aussi. À croire que ça en devenait une rengaine. Je grimaçai.
C'était totalement contradictoire. Quand je voyais à chaque fois, les parents des autres, j'étais jaloux à m'en rendre malade. Je m'appuyai doucement dans l'étreinte de la jeune femme.
Au final, je pleurais pour la mort de Clara, mais aussi pour mon propre sort. Je m'efforçais tout de même de ne pas me briser.

Je ne pleurais plus depuis quelques minutes déjà, seulement, ce n'était que physiquement. Mon cœur pleurait encore bel et bien, mais c'était impossible de le calmer. Je ne trouvais pas de solution. Tout ce qu'il me faudrait, c'était de rendre vie à Clara et tout se passerait pour le mieux. Quoiqu'en vérité, rien ne tout cela ne se serait passé si j'étais avec ma mère biologique, mais je n'avais aucun moyen d'en être certain. D'ailleurs, cette mère biologique, je ne savais rien sur elle. Je n'avais aucune trace : aucun souvenir, aucune, photo et aucun nom. La responsable de l'orphelinat ne m'en n'avait jamais parler. L'avait-elle vue ? Je n'en savais rien. J'étais si ignorant pour tout ce qui m'entourait. La preuve, je venais tout juste d'apprendre la mort de Clara, alors que je l'attendais depuis quelques années déjà.

Je resserrais mon étreinte sur Aria, et enfouis ma tête dans ses bras pour chercher un peu plus de réconfort.

- Je … Je n'ai besoin de rien.

En fait si, j'avais besoin d'un nouveau tuteur légal. Sans ça, je risquerai de retourner à l'orphelinat. Mais je n'osais pas lui demander, je ne le pouvais pas, à personne. Je n'aimais pas tant que cela demander service. Le seul que j'avais fait jusqu'ici, c'était celui que j'avais demandé à Howard. Je voulais à tout prix aller à la fête d'anniversaire de… Je venais d'y penser, je pouvais peut-être aller chercher réconfort chez elle ? Non, mauvaise idée, c'était tout bonnement pareil, je n'avais pas envie de l'embêter avec toutes mes histoires, et même si elle m'avait dit de tous lui raconter.

Autre chose à part, il devait peut-être y avoir ma tête à la police. Sachant que Clara était morte depuis longtemps, ils doivent sans doute chercher l'enfant qu'elle avait à la charge. Le fait que j'habite en fait que QG m'avait permis de rester caché pas mal de temps, et ils ne pouvaient pas vraiment venir me chercher à domicile. Pourtant, j'étais bien présent à l'école, même si j'avais changé de collège entre-temps… Arf... tant pis.

En fait, j'avais peur. J'avais peur de me retrouver tout seul. Maintenant, j'avais quelques personnes à qui faire confiance, mais je ne me sentais vraiment pas dans mon assiette à propos de tout cela. J'espérais juste ne pas me faire avoir par les services sociaux. Même si je n'étais encore qu'un gamin dans la tête de certains, je commençais tout de même à comprendre ma condition d'orphelin. Je ne détestais pas ma vie, il y avait bien pire. J'avais de quoi me loger, me nourrir et m'habiller. Tout ce qu'il fallait pour vivre au fond. Lorsque je pensais à ces personnes de mon âge dans le quartier sud qui n'avaient même pas forcément ces trois besoins réunis, mais qu'ils avaient tout de même encore leur parent ; je me demandais bien quel était le mieux.

Je levai les yeux légèrement vers la jeune femme puisqu'elle me sépara d'elle après une étreinte pleine de réconfort que ce soit pour moi ou pour elle. Je souris légèrement alors que mes yeux étaient tout aussi rouges que les siens.
Je posai ma main sur le haut de sa tête, même si ça paraissait légèrement ridicule dans ce sens.

- Je suis content de t'avoir réconforté aussi alors.

Après quoi, je passais mes mains sur le visage pour pouvoir essuyer ce dernier de toute humidité à cause des larmes que j'avais versé ces dernières minutes.

Elle insistait pour que je lui dise quand j'aurai besoin d'aide. C'était gentil, vraiment gentil, mais je m'efforçais toujours de m'en sortir par mes propres moyens. Parfois, j'avais réellement besoin de l'aide d'un adulte, et surtout d'un majeur, alors c'était que dans ces cas-là que j'appelais à l'aide. Puis, j'avais tout de même… Mais c'était tout pareil qu'elle, je ne voulais pas me reposer sur lui tout le temps. Je n'avais pas envie d'être une sorte de sangsue ou pot de colle. Je n'aimais pas cette idée. Tout le monde disait que des gentillesses, mais parfois, c'était uniquement par politesse.
Quand j'avais relevé mon regard vers cette jeune femme, je me disais simplement que ce n'était pas que par politesse ; mais de là à me dire qu'elle me donnerait sa vie. Je trouvais ça exagéré et terriblement gênant à la fois.

- O-Oui rentrons.

Je me relevais alors pour me retirer du banc tout en souriant un peu. L'instant larmes et trop émotionnel, il fallait y mettre fin pour pouvoir se remettre des pleurs assez rapidement. Je n'étais pas du genre à rester déprimé trop longtemps. Certains prenaient ça, comme si je m'en fichais, mais j'avais en quelques sortes l'habitude de passer outre, simplement. Clara me disait souvent que je ne devais pas rester bloqué sentimentalement sur quelque chose. Je devais avancer, et ce conseil m'a été utile plus d'une fois.

Lors du chemin, les deux étaient assez silencieux, probablement trop occupé à penser dans leur coin sur chacun. M'enfin, Ethan était plus là en train de penser à lui-même et sa vie de malchance plutôt qu'autre chose. Même s'il essayait de se convaincre que les choses allaient s'arranger, qu'il pouvait vraiment trouver le bonheur, il avait vraiment du mal à y arriver.
Une fois arrivée là-bas, il inclina légèrement la tête pour lui faire signe d'en revoir, accompagné d'une petite parole.

- Merci beaucoup Aria ! Prends soin de toi.

Après quoi, il lui adressa un petit sourire adorable avant de tourner des talons pour aller rejoindre une autre activité dans la chambre qu'il avait au QG.