Oui, ça compte.

Son sourire est contagieux et sa tête simplement venue se poser sur la mienne est telle un remède miracle contre cette peur qui m'avait toujours empêchée de pénétrer dans cette pièce. Pourtant, c'était parfaitement idiot de ma part mais cette chambre ne pouvait être qu'un sanctuaire pour un couple, deux personnes, un homme et une femme. Lui et Moi. Alors seule, je n'avais pu me résoudre à l'occuper. Aujourd’hui, avec lui, même l'éclairage des lieux semblait complètement différent, tellement plus vif et lumineux.

Toujours blottie dans ses bras, nous voici à présent camouflée sous les draps, dans un geste que je lui connais mais qui m'impressionne toujours autant. Je viens calée ma tête dans le creux de son cou, mes bras se relâchant un peu pour profiter un peu plus de sa peau sous mes doigts. Oui, je suis accroc, complètement, mais je ne chercherais aucunement à faire en sorte de calmer cette dépendance que j'ai pour lui. Il est devenu mon univers, avec les jumeaux, et cela ne changera plus. Jamais.

Tu vois, tu n'as pas à avoir peur. On est bien ici.

"- Du moment que tu es là, c'est toujours parfait..."

Je suis sincère. Et oui, je n'ai plus peur que d'une chose: qu'il disparaisse de nouveau. Oh, je sais pertinemment qu'il partira, que cette soirée n'est qu'une parenthèse de bonheur dans le monde trop compliqué duquel nous faisons parti mais tant que je sais qu'il sera là, quelque part, cela me va. Je m'y ferais, je saurais m'en contenter. Pour notre bonheur à tous les 4.

"- Ton emploi du temps te permettra t'il que je te kidnappe toute la nuit? "

Oui, je préfère savoir. Quitte à m'endormir dans es bras, je voudrais être certaine du réveil que je découvrirais. Et je comprendrais qu'il doive partir avant. Dort'il seulement, lui, de son côté? En tout cas, il n'a pas l'air en risque de burn-out et cela me rassure. Je reste au plus près de lui, cherchant à graver chaque centimètre carré de sa peau contre la mienne, respirant son souffle avant de venir lui voler ses lèvres. Il est tellement difficile de savoir que ce temps ne seras que limiter mais dans ce cas, je ne veux pas en perdre la moindre second.

"- Sinon, je serais obligée de ... prendre des mesures, pour te garder un peu plus malgré tout. "

Malheureusement, je ne peux pas rester aussi longtemps.

C'est étrange, cette réponse ne m'étonnes même pas de sa part. Au fond, je crois même que je m'y attendais, même si j'aurais vraiment voulu qu'il reste encore un peu auprès de moi. Mais je n'ai pas le droit me montrer possessive à ce point. après tout, c'est bien pour lui que les choses sont le plus difficile alors je n'ai pas le droit d'en rajouter.

Enfin, rien ne m'empêche d'attendre que tu t'endormes. Mais ça ne doit pas t'empêcher de fermer l’œil.

"- Tu sais, quand le sommeil viens, on a beau lutter contre, ce dernier finit toujours par gagner."

Et je ne chercherais pas à me battre contre lui cette nuit. même si l'idée de le voir partir ainsi, nous laissant touts les trois simplement en sécurité et bien endormi alors que lui retourne affronter toute l’âpreté du monde à l’extérieur ne m'aide pas à me rassurer. J'aimerais tellement pouvoir être plus présente pour lui, l'aider davantage. Mais à part prendre soin des jumeaux pour nous deux, je ne peux rien faire de plus.

En tout cas, la prochaine fois, je te ramènerai Arsen. Tu lui manque beaucoup, et il m'en veux affreusement de ne pas pouvoir te voir. Je ne voulais pas le ramener aujourd'hui, parce que j'avais peur que les enfants soit trop fragiles pour supporter la présence d'un animal. Mais ils sont en pleine santé. Qu'en dis-tu?

"- Je serais ravie de le revoir. Mais ce petit diable a du te mener une vie d'enfer. J'en suis désolée. Il n'est pas méchant mais il a un sacré caractère quand il s'y mets.
Et puis, selon certaines études, les enfants qui côtoient des animaux sont plus résistants aux maladies et autres germes alors, si ça peut en plus leur faire du bien à eux, ça n'en sera que mieux. "

Oui, je me suis renseignée un peu plus sur tous les sujets touchants aux nourrissons, bébés et tout le monde de l'après maternité. Maintenant, il me restait surtout une grande question pour moi. Allais-je reprendre un travail ou pas? Enfin, j'avais encore un peu de temps pour y penser.

"- Cute et Famas vont bien, eux aussi? Et ta famille, Doc', Joe et Anthony? Tu crois qu'on pourrait s'arranger pour que je vienne les voir, avec les jumeaux? Ou ce serait trop dangereux?"

Oui, finalement, depuis la naissance des jumeaux, je m'étais quasiment complètement exilée du reste du monde. Cela ne m'avait pas fait de mal en soi, de prendre vraiment du temps pour moi et les enfants, mais je ne pourrais pas vivre toujours ainsi. Je me blottie un peu mieux contre David, me laissant bercer par son rythme cardiaque tandis que je ferme un peu les yeux. Oui, je vais m'endormir. Mais encore 5 minutes avec lui, rien que ça. S'il vous plait.

Oui, ils vont tous bien. Et comme je ne vis plus au Manoir, tu pourrais y passer. Les filles et les gens de la maison seraient heureux d'avoir de tes nouvelles et de voir les enfants. Ils risquent de te poser beaucoup de questions cela dit. Je ne leur ai rien expliqué, et pour le moment, ils imaginent qu'Adonis Aeson est un ami ou un amant qui t'a sauvée in extremis de mes griffes.

Sur le coup, je ne peux retenir un grimace de dégoût. Adonis, un ami. Voir pire, un amant. En même temps, a quoi pouvais-je bien m'attendre? Cela ne m'étonne pas que David ne leur ai rien dit mais je ne serais pas capable de leur en dire plus. Ils ne peuvent pas comprendre et quelque part, je leur souhaite de ne jamais avoir à le comprendre. Car cela voudrait dire qu'eux aussi seraient entraînés dans cette spirale infernale de la guerre entre Kyu et Bey.

Mais... Je te conseille d'éviter Anthony. Il ne garde pas de cette histoire un bon souvenir et... Il t'en veut. Même s'ils me disent qu'ils ne le feront pas, lui et Doc' m'ont avoué que....

"- Que quoi ?...."

Ils pensent que tu as fait une bêtise, mais ils ne savent pas. Alors évite juste de croiser Tony. Doc' râle mais il respecte qu'on ait des secrets. Pour Anthony, il le vit plus comme un échec, parce qu'il sait toujours tout.

"- Ont-ils vraiment tort? Dans un certain sens, j'ai bien commis une erreur. Mais une qu'il ne pourront jamais comprendre...  "

Oui, j'avais eu le malheur de signer un contrat avec un chat de la couleur opposée à celui qu'avait rencontré David. La voilà, ma plus grosse bêtise. En étais-je réellement responsable en plus? J'en doutais. Mais ils avaient le droit de m'en vouloir, de me juger coupable et même plus. De toute façon, je n'aurais rien à leur répondre que le même silence que celui de David, ce qui ne fera rien pour arranger les choses. Alors je soupire, hésitante.

"- Au fond, il sera peut-être mieux que ce soit toi qui vienne leur présenter les enfants. Cela leur prouvera aussi que même si j'ai commis des erreurs, je ne te vole pas ton rôle de ton père. Faute d'être ta femme, je me contenterais d'être la mère de tes enfants à leurs yeux à tous."

Ce sera toujours mieux que rien. Et je n'aurais pas besoin de plus. Ils n'ont jamais eu besoin de moi dans leurs vies alors autant qu'ils l'a continuent ainsi. Je n'aurais été qu'une parenthèse, trop courte mais trop pleines d'histoires malheureusement, alors pas besoin de m'imposer davantage auprès d'eux. Et puis, si Anthony m'en voulait, si Doc' râlait, il y avait une autre personne qui m'inquiétait tandis que je revenait me blottir davantage contre David.

"- Et Steven? Je suppose que vos relations ne se sont pas vraiment... améliorées, n'est-ce pas?
En tout cas, je suis désolée. Sincèrement..."

Tu n'as commis aucune erreur. Bien sûr, ç'aurait été plus simple si j'étais devenu Seraph, ou si tu avais été Nephil. Mais même sans ça, tu restes sage et tu sais quelles décisions prendre. Je ne t'ai pas retenue, et j'aurais été incapable de te pousser à rejoindre les Seraphs. Mais tu as su faire le choix qu'il fallait faire.

Avoir fait le bon choix? Malgré tout, je craignais tellement de m'être fourvoyée ce jour-là. Seule, je sais très bien que je n'aurais pas réagi de la même façon mais là, à cet instant, il n'avait pas été question que de David et de moi, mais des jumeaux et de tout notre avenir. Alors, j'avais pris la décisions certes qui m'avait coûté le plus mais celle qui m'avait paru la seule à pouvoir nous permettre de tous rester en vie, sain et sauf, au moins encore un peu.

Qu'est-ce que tu racontes?
Tu es ma femme, et je suis ton mari, aussi sûrement que je suis le fils de mes parents. Et aussi sûrement qu'ils ont vu mes parents s'aimer, ils verrons que nous nous aimons. Et ils se tairont par eux-mêmes.

"- J'aimerais en être aussi sure que toi, mais au fond, je préfère qu'ils me fassent tous les reproches qu'ils ont à me faire s'ils en ont besoin. Car l'indifférence est encore pire que la violence de n'importe quel geste ou mot qu'ils pourraient avoir à mon égard."

Oui, j'accepterais leurs reproches, leurs remontrances et mêmes leurs coups s'il le faut, sans broncher ni même chercher à me défendre. Simplement parce que cela prouvera que j'existe encore à leurs yeux et mine de rien, cela n'a pas de prix pour moi, qui n'ai au final jamais eu de famille, encore moins aujourd'hui. Alors oui, je prendrais mon courage à deux mains et j'irais les voir. Mais pas ce soir. Un autre jour. Bientôt.

Tu n'as pas à l'être. Nous avons nos épreuves. À nous de les surmonter.
Mais pour l'heure, il faut dormir.

"- Juste une dernière chose alors.
Tu voudras être avec moi... Quand je viendrais leur présenter les enfants? Quelle que soit ta réponse, je comprendrais... "

Doucement, mon souffle commence à s'apaiser tandis que mes yeux se ferment, un peu lourd à présent. Sa présence est si rassurante, son odeur si douce et ses mots si caressants. Oui, je sais que si je dors, il va partir mais même si je refuse le sommeil, il sera contraint de s'en aller. Alors, j'ai promis d'être sage, il est donc temps de lui prouver que je suis réellement capable de l'être.