Pont de l'Espoir

Ce pont avait en lui quelque chose de palpitant. D'un côté, il y avait l'agréable sentiment de me faire caresser les joues par le vent, et de l'autre il y avait l'excitante sensation de vertige qui simulait dangereusement mon rythme cardiaque. Quelques frissons parcouraient à intervalle régulier mon échine, me donnant la succulente impression d'être entrain de risquer ma vie. Allant bon ! Ce n'est pas comme si j'allais être exposé au moindre dangers en ne faisant rien d'autre que de longer un gros bout de pierre. Mais mon corps lui, n'était pas du même avis. Il avait vraiment d'étranges réactions vis-à-vis des hauteurs.

J'ignorais ces drôles de sensations qui parcouraient mon dos afin de m'arrêter un instant au bord du pont. Je voulais profiter de cet instant pour admirer la vue que j'avais sur le cours d'eau, mais aussi afin de mettre de l'ordre dans mon esprit. Mes affaires tournaient bien ces temps-ci, Glen me proposait de plus en plus de mission. Mais jusqu'ici, je m'en sortais plutôt bien. C'était d'ailleurs toujours ces hommes de main qui s'occupaient du sale boulot. Moi, j'étais là uniqument en figuration. Et heureusement pour moi d'ailleurs, car s'il venait à me demander de virer vers le côté obscure, je doutais fortement d'avoir la possibilité de le lui refuser.

Ses arguments avaient beaucoups de punch...

Je soupire en plongeant ma tête entre mes épaules. A ma droite, de drôles de mouvements commençaient à titiller ma curiosité. Je me retourna alors pour voir ce qui se passait là-bas. Ni vu ni connu, un mec à peine plus âgé que moi était entrain de monter par dessus le muret du pont. Il ne me fallut pas beaucoups de temps pour comprendre ce qui se passait dans sa tête. Une tentative de suicide, rien que ça ! Pas très con de sa part. Au vu de la distance qu'il y avait entre le pont et le lac d'en dessous, ça risquait de lui faire suffisament mal pour qu'il créve sur le coup. Et en plus de cela, les chances qu'il fasse parler de lui au journal de midi étaient minimes.

Je le regardais furtivement par dessus mon épaule droite afin de ne pas attirer son attention. Je n'avais pas spécialement envie de l'interrompre dans son rituel, mais je supposais également que ça allait être mal vue par la société que de le laisse faire ce qu'il voulait. Alors, je me décida à faire quelques pas rapides dans sa direction avant de lui adresser la parole.

- Holà, monsieur ! Police ! Posez vos jambes à terre !

Oui bon, je n'avais pas l'air très sérieux sur le coup, mais je n'avais rien trouvé de mieux à lui dire. Peut-être que le fait d'entendre le mot police allait lui donner envie de suivre docilement mes instructions ?

- Quoi ? Non ! Ne vous approchez pas de moi !!

Et peut-être que non, en fin de compte. Je leva instinctivement mes bras en l'air afin de lui montrer que j'étais inoffensif. Mes yeux étaient un peu perdu, comme s'ils disaient "Mais, qu'est-ce que je fout là, moi ?". Et c'était à peu près ce à quoi je pensais. En plus de "Allez, fout-toi en l'air. Que je puisse rentrer chez moi."

Après tout, c'était ce qu'il voulait faire ! Je ne suis pas sa mère pour lui dire ce qu'il devait ou ne devait pas faire.

- Bon, monsieur. Ce que vous faites ici n'est pas religieusement approuvé par notre société. Alors... Mais, vous faites quoi, bon sang de bonsoir ? C'est un pont, bon dieu ! C'est fait pour que les couples y batifolent. Alors, allez plutôt au quartier chaud pour faire ce genre de chose !

Pont de l'Espoir

J'avais l'impression de voir une de ces séries dramatiques à deux balles dans lesquelles le personnages principale essayait de sauver des suicidaires à bon coup de discourt d'amitié. Et il n'y avait qu'une seule conclusion qui ressortait de cette comparaison. Ce rôle n'était définitivement pas fait pour moi, dieu avait dû se tromper de sénario en me mettant dans une telle situation. Car tout ce qu'il parviendra à faire ainsi, c'est de tuer un homme et d'en empêcher un autre de diner ce soir.

Ben quoi, j'avais mes pâtes bolognaises qui m'attendent à la maison, merde. J'avais pas du tout envie de gacher leurs gout à cause du suicide d'un type que je ne connaissais même pas ! Bon allez, on va essayer de le faire descendre de là pour commencer. Puis, s'il ne veux pas, ben tant pis pour lui ! Il ne goutera pas à mes pattes, dans ce cas.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous me voulez à la fin !! Laissez moi tranquille !

- D'accord, d'accord. Dites-moi, monsieur. C'est quoi votre joli nom ?

- Allez vous faire foutre !!

- Vos parents n'étaient pas sympa avec vous pour vous appeler ainsi, hein ? Je vous comprend. Oui, je vous comprend tout à fait. Allez, descendez de là et on parlera de tout ça autour d'un bon café chaud.

Bon, je ne suis pas con, hein. Je voyais bien qu'il était entrain de m'insulter. Mais, c'était l'unique moyen à ma disposition pour lui répondre sans lui retourner ses politesses. ça aurait été balot de lui dire d'aller se faire foutre alors que j'essayais justement de l'en empêcher.

Une voix androgyne venait tout juste de retentir derrière moi, son ton était clairement plus stricte que le mien. Je tourna légèrement la tête afin de voir le visage de celui qui venait de s'immiscer dans notre émouvant débat. Son expression était ferme. Lui au moins, il prenait les choses au sérieux. Il saura peut-être prendre les choses en main, dans ce cas. Du moins, je comptais sur lui pour me retire cette épine du pied.

Le mec semblait même être carrément dans son élément ! La regard ferme, il n'avait pas hésité une seconde seconde en donnant ses ordres au suicidaire. Et ce dernier s'était rapidement transformé en un gentil toutou à sa maman.

- Vous... Vous êtes qui vous ? Vous.. D'accord.. Je descend de là. Mais, ne le dites à personnes, s'il vous plait. N'appelez surtout pas la police, je vous en pris.

- Oui oui, pas de police. Circulez, monsieur.

Intrigué, et légèrement suspicieux, je me redirigea mon attention vers le nouvelle arrivé afin de l'interroger sur le secret de sa "Police style".

- Euh... Excusez-moi. Vous connaissez cet homme ?

Je me grattais légèrement le dessous du menton en le questionnant. Tout en jettant de rapides coup d'oeil sur le suicidaire, histoire de veiller à ce qu'il ne remonte pas trop vite sur son cheval.

Pont de l'Espoir

Le petit jeun's s'était finalement calmé. Tant mieux, il y avait un obstacle de moins entre mes pattes et mes intestins. Cependant, pourquoi est-ce qu'il restait toujours là à me dévisager ? Il n'avait pas confiance en ma parole ou quoi ? Je me contentais d'ignorer sa présence, et de garder mes yeux sur le visage souriant du nouvel arrivant.

Il devait sûrement se sentir soulagé, et peut-être même fier de sa bonne action. L'un ou l'autre, voire les deux en même temps. Moi, j'y étais indifférent. C'est bien beau de sauver la vie d'un homme, mais ce n'est pas ça qui allait me faire gagner ma vie. Ca devait bien être là, l'unique point commun qu'il y avait entre le groupe de Glen et moi. Je n'en était pas spécialement fier, mais ça restait ma façon de voir les choses. Chaqu'un peux bien faire ce qu'il veux de sa vie, et quand on en arrive au point mort. Le suicide ne devient plus forcément une mauvaise chose. Juste une option comme une autre.

La réponse que m'avait donné le jeune homme n'était pas très... Comment on disait déjà ? "Excitante". Il ne le connaissait pas. Et il l'avait sauvé uniquement parce qu'il en avait la possibilité. M'oui, il y avait des gens comme ça aussi. Des types biens comme on les appelait. Des types avec lesquels je ne pourrais jamais bien m'entendre. Pour l'instant, j'allais encore essayer de me montrer cordiale avec lui. Dans l'espoire que ça ne finisse pas dans une joute verbale.

Je grimaça en l'entendant parler "d'erreur irréparable", mais je me contenta d'ignorer cette remarque.

- Non, non. C'est bon. Je ne prend pas la mouche. Heureusement que vous êtiez là, d'ailleurs. Il aurait bien passé l'arme à gauche sinon.

Un petit filet de sang sortait par-dessus le sourcil de mon interlocuteur. A la louche, j'aurais dit que c'était une blessure au couteau. Et récente, qui plus est. Ca ne semblait pas particulièrement gêner le gars pourtant. Etait-ce donc un dure à cuire, malgrès ses alures efféminées ? Allons bon, je ne vais pas commencer à faire ce genre de remarque avec les cheveux que je me trimballe. Bon, passons ce point là. Si ça ne le dérangeais pas, alors moi non plus.

Mais tout de même. Il avait quelle sorte de sang froid pour faire la morale à un suicidaire alors qu'il venait tout juste de se faire agresser ?

A la deuxiéme question du jeune homme, l'ex-suicidaire s'affola.

- Aaah !!

Au bon dieu.

- Non, je ne suis pas de la police. Juste leur cousin. Un détéctive privé.

Je ne savais vraiment pas où donner de la tête. Lequel de monsieur "poker face" ou de monsieur "allez vous faire foutre" je devais m'occuper ? Et mes pattes, qui allait s'occuper d'elles ?

Pont de l'Espoir

Aaah, oui ! Alors c'est à ça que ressemble un "bon" détéctive privé ! Eh bien, enchanté monsieur le bon travailleur. Et je devrais aussi m'excuser de me trouver ici en cet instant. Dieu devait sûrement compter sur vous pour faire un excelent discours d'amitié à ce jeune homme et le sauver d'une mort certaine. J'étais bien à deux doigts de vous faire rater votre destinée. Mais bon, en parfait citoyen que vous êtes, vous n'avez pas raté votre train en arrivant ici.

- Mike Law. Enchanté aussi.

Sur le coup, je ne me sentais plus trop à ma place. Et quand le bon samaritain était partit renvoyer l'ex-suicidaire chez lui, je me sentis encore moins bien. Mais bon, c'était juste un petit pincement au coeur, pas de quoi s'affoler. Et ce n'était sûrement pas une petite scéne émouvante qui allait changer ma façon de voir les choses.

Je restais silencieux le temps que les deux autres en finissent avec leur tête à tête. Je n'eu pas à attendre bien longtemps avant qu'ils ne concluent leur échange à l'amiable. Ce détéctive avait en lui l'âme d'un policier. Ils devraient  l'engager dans leurs rangs, peut-être qu'avec lui les criminelles voudront baisser leurs armes quand ils le leurs demanderons.

- Je t'aurais bien invité à manger un morceau pour te remercier. Mais, je passe déjà assez bien pour un amoureux des hommes avec mes longs cheveux blancs. Je ne voudrais pas en plus de cela, me retrouver avec des rumeurs comme quoi j'ai un petit-ami. Alors, que dirais-tu de nous contenter d'échanger nos carte de visites. D'accord ?

Oui, bon. Je n'allais pas le lui dire. Mais avec sa tête, il y avait de quoi créer le mal-entendu. Par contre, ça ne m'aurait pas du tout dérangé, s'il avait un peu plus de muscle sur lui.

Pont de l'Espoir

Okaaaay. C'était pas un homme. Mais c'est quoi, alors ? Ce n'est pas normal de se balader dans ce genre de tenue si on est du sexe féminin. Je suppose donc qu'elle doit avoir de bonnes raison pour faire ça. Peut-être une mission d'infiltration où elle devait se faire passer pour un homme ? Ou alors, c'est seulement pour le loisir. Après tout, chaqu'un faisait ce qu'il voulait de son temps libre. Certains sortent en boite, d'autres se travestissent.

- Je vois... à mon avis, laisser pousser tes cheveux devrait  aider un peu à éviter ce genre de malentendus. Mais bon, chaqu'un son style ! Ne va surtout pas changer juste pour plaire aux autres.

Car moi aussi je savais faire des discours très touchant ! Et je pensais réellement ce que je disais. S'adapter pour plaire aux autres est un choix respectable, mais si au final on ne plait plus à soit même alors ce n'est définitivement pas une bonne décision à prendre. Après, restait à savoir si elle prenait ce look de son bon vouloir ou par nécessité.

Une fois que Naoto avait finie de me donner sa carte de visite, je pris à mon tour la peine de lui tendre la mienne afin de compléter notre échange. Je ne savais pas de quel genre d'affaire elle s'occupait au juste, mais je supposais qu'on finiraient bien par trouver un moyen de mettre à profit nos relations.

- Ca compte également pour toi ! Bon, je vois bien que tu est pressée vu ton... Truc sur l'oeil. Alors, je ne vais pas te faire perdre ton temps plus longtemps ! Ciao !

Pont de l'Espoir

Une fois la petite présentation terminée, je fini par donner du dos à mon interlocutrice afin de continuer tranquillement mon petit bout de chemin. Chaque pas me rapprochant de plus en plus de mes pâtes chéries ! Allez, plus que quinze minute et j'étais chez moi !

Un petit bruit me fit m'arrêter dans ma marche. J'avais fait à peine quelques pas depuis mon point de départ que je dû déjà me retourner afin de voir ce qui venait de se passer. Mon ouie n'était pas assez fine pour me faire comprendre à elle seule d'où provenait ce bruit. Je savais juste que quelque chose de très lourd était tombé contre le sol.

Ma vision me fit voir ce quelque chose, qui n'était nul autre que la jeune femme de tout à l'heure. Naoto. Je fronça des sourcils en la voyant à terre, avant de balayer la zone du regard dans l'espoir de retrouver ce qui pouvait avoir provoqué sa chute. Il n'y avait pas un chat. Je décida alors de me rendre jusqu'à elle en hâtant mes pas, afin de lui porter secours.

A genoux, droit devant elle, je la fixa du regard tout en essayant de la réveiller.

- Hé ! Hé ! Est-ce que ça va ? Allez, debout ! Ne me dit pas que je vais devoir appeler une ambulance ?!

Pont de l'Espoir

J'hésitais à sortir mon téléphone pour appeler les urgences. Mes faibles connaissances médicales m'étaient complément inutiles dans ce genre de situation. Je n'avais pas moindre idée de ce qui arrivait à Naoto, ni même de ce que je pouvais faire pour l'aider. Par contre, je pouvais toujours essayer de la calmer et lui dire de bien respirer. Ce que les magazines disaient de faire en cas de pépin en tout genre.

- Cinq minutes, tout au plus. ça t'arrive souvent ce genre de chute ?

En faite, non. J'allais avoir complétement stupide, si je lui disais de se calmer alors qu'elle arborait une tête aussi peu émotive que celle d'un joueur de poker. J'allais me contenter tout simplement de lui faire la discut' jusqu'à ce qu'elle soit en état pour se relever. On disait que les patients se sentaient mieux lorsqu'isl avaient quelqu'un à proximité sur qui ils pouvaient compter. Alors, j'allais jouer le rôle de ce quelqu'un, même en sachant que je ne pouvais pas faire grand chose pour l'aider.

J'écoutait ses propos, à moitié intéressé. Ses paroles étaient intriguantes, vraiment. Mais, je masquais ma curiosité autant que je le pouvais.

- Oui, on dirait bien. Tu veux que je t'aide pour te relever, ou tu peux le faire toute seule ?

Elle s'était donc bel et bien faite attaquée avant de venir ici. Ce "coup" dont elle parlait devait l'avoir sonné bien plus que ce qu'elle croyait, vu qu'elle commençait à m'en parler le plus naturellement du monde. J'allais éviter de l'interroger à ce sujet. Pas que ça ne m'intéressait pas, mais j'avais suffisament d'embrouille comme ça, inutile d'en rajouter une couche de plus avec elle.

- A mon avis, tu devrais appeller quelqu'un pour venir te chercher. Il se peut que ça t'arrive à nouveau en chemin.

Pont de l'Espoir

Je fronçais légèrement des sourcils en entendant la petite dame faire ça toute puissante. Oui, j'avais bien compris qu'elle était très douée pour ça. Et j'avais aussi parfaitement assimilé le fait que contrairement à ses allures de force, elle était en vérité de se forcer pour garder la face. Sûrement qu'elle ne voulait inquiéter personne. C'était un comportement que je n'admettais pas.

Cela me rappelait son intervention plus tôt lorsqu'elle voulait sauver le suicidaire. Elle était à deux doigts de tomber dans les vapes à ce moment-là, et pourtant elle n'avait rien laissé parraitre. Elle était indéniablement forte, en effet. Mais tout comme chaque être humain, elle avait elle aussi ses limites. Et elle devrait le comprendre.

- Tu en est vraiment sûre ? Même si tu dit ça, je doute que les personnes qui tienne à toi aimeraient le fait d'être ainsi mit à l'écart. Tu devrais penser à eux. Non pas de cette manière-ci, mais de celle dont toi tu pense à eux.

Je ne savais pas ce qui me prenais de lui dire ça. Peut-être étais-je entrain de superposer son image à celle de mon père en elle ? Lui aussi, il cherchait toujours à protéger ses proches sans prendre leurs sentiments en considération. Elle lui ressemblait beaucoups.

- Moi, ça me rendrait triste, si la personne à laquelle je tiens venait à avoir besoin de mon aide et évitait de me le demander à cause de quelque chose d'aussi stupide que "de ne pas me déranger".

Je lui parlais à voix basse. Elle n'avait pas besoin qu'on lui cri dessus maintenant. Et je ne voulais pas non plus que ce que je lui disais se fasse entendre par quelqu'un d'autre. Au fond de moi, j'avais peut-être honte de penser ainsi. Mais, j'admetais le fait que ces pensées étaient miennes.

Je me relevais lentement au même moment où Naoto le faisait. Je ne voulais pas la déstabiliser dans ses mouvements, surtout qu'elle tenait à peine sur ses pieds. Je me contentais de la regarder faire avant de finalement lui répondre sur le même ton qu'auparavant.

- Si tu n'appelle personne pour venir te chercher, alors c'est moi qui vais te raccompagner. Hors de question de te laisser partir comme ça. Je n'ai pas envie d'entendre parler de ta mort dans les journaux de demain !

Pont de l'Espoir

Je rangeais mes mains dans mes poches, gardant mes yeux collés sur le visage de Naoto, tandis qu'elle me faisait part de son "probléme relationnelle. Je me sentis légèrement apaisé en l'entendant dire que tout les détéctives privé avaient droit à ce genre d'ennui. En quelque sorte, ça m'avait rassuré de savoir que ce n'était pas uniquement à cause de mon caractère évasif que j'avais si peu de proche. D'après elle, ce serait plutôt à cause de notre métier.

Je laisse un sourire attristé prendre place sur mes lévres, avant d'hocher positivement de la tête.

- Il suffit de se dire que ce manque n'est que la contre-partie de ce qui nous est offert par notre métier. Cela nous permet entre-autres de rencontrer pleins de gens. Et selon moi, ces simples rencontres en valent largement la peine.

En réalité, pour moi, c'était plutôt les informations que je pouvais receuillir grâce à mon métier qui m'intéressaient le plus. Le plan relationnel n'était qu'un intérmédiaire pour parvenir à mes fins. Seulement, rien qu'en repensant à toutes ces personnes qui avaient croisées ma route jusqu'à maintenant me faisait chaud au coeur. Il y en avaient de toute sorte, venant de tout les coins du monde. Finalement, peut-être que ça aussi, c'était un avantage que m'offrait mon métier.

Je jeta un rapide coup d'oeil sur l'expression de Naoto avant de tourner mon visage vers la direction qu'elle prenait auparavant.

- Eh bien, comme le veux la tradition : Les femmes d'abord !

Je ressortis ma main droite de ma poche afin de la tendre devant elle, comme pour la guider dans ses pas. Je patienta le temps qu'elle me dépasse un peu avant de la poursuivre pour me mettre à ses côtés, tout en restant à bonne distance de sa silhouette.

- Dites-moi, si ce n'est pas indiscret. Vous avez fait quelles études avant ça ?

Ne jamais demander son âge à une demoiselle. C'était une régle de base que je m'efforçais à toujours respecter. Alors, au lieu de faire cela, je me décida plutôt à l'interroger sur ses qualifications. Elle avait l'air jeune, presque aussi jeune que moi. Cela m'intriguait vis-à-vis de son parcours, ainsi que les évènements qui l'avaient menés là où elle en était maintenant.

Pont de l'Espoir

Jusqu'ici son état semblait s'être parfaitement stabilisée. Je calais mes pas contre les siens afin de pouvoir mieux veiller sur elle. Tout en essayant de tenir une discussion viable entre nous deux, pour ne pas laisser le silence peser sur l'atmosphére. Etrangement, je ne parvenais toujours pas à la visualiser comme étant une femme. Comme quoi, les apparances jouaient un rôle important sur la réaction des gens.

Elle me racontait son parcours de façon mécanique, comme si tout ce qu'elle me disait n'était rien d'autre qu'un discours qu'elle aurait appris par coeur. ça ne semblait pas l'intéresser des masses, mais je ne pouvais pas vraiment en être sûr vu comment elle agissait en "temps normal". Ne sachant pas comment interprêter sa réaction, je me contenta de l'ignorer.

Ses exploits étaient nombreux : major de sa promotion, expérience en temps qu'agent de terrain et un bagage fournis en droit et en informatique. Rien que ça ! J'avais l'air malin avec mes deux années de droits et ma mention "Bien". J'allais faire en sorte d'omettre cette partie-là en répondant à sa question.

- En effet, quand on voit les dangers encourus, on a tendance à éviter ce genre de métier. Seulement, ma curiosité et mon envie de résoudre les mystères avait été plus forte que ma peur. Tu pourra bien trouver ça stupide, mais quand je m'étais lancé dans ce métier, je n'avais ni l'expérience, ni les relations nécessaires. Et pourtant, je m'en suis parfaitement sortis en ayant seulement un rêve.

Le rêve d'obtenir des réponses, sans oublier l'âme qui avait été vendu au diable. Elle n'avait pas à savoir à propos de tout cela. Et, je ne devais pas lui laisser l'occasion de rebondir sur ce sujet. Ce n'était définitivement pas à mon avantage.

- Et vous ? Vous avez un rêve ?

Pont de l'Espoir

Nos pas nous guidaient lentement, mais sûrement vers la fin de cet épouventable pont. Bientôt, nous serons arrivés à bout de cette longue route. Chaque pas nous rapprochant un peu plus du domicile de Naoto, et nous éloignant du mien. J'étais venu par cette direction après tout, mon agence se trouvait donc dans le sens inverse. Mais en soit, guider Naoto jusqu'à chez elle n'était pas si contraignant que ça. Je n'étais pas spécialement pressé de rentrer chez moi, et j'avais aussi une certaine envie de me dépenser en marchant. Alors, on pouvait même dire que j'y gagnais sa compagnie en l'escortant jusqu'à chez elle. Et si jamais je venais à me fatiguer en route, je n'aurais alors qu'à prendre un taxi pour le retour.

Tout en évitant d'attirer son attention, je redirgeais de temps à autre mon regard sur l'expression ferme de ma comparse détéctive. Sa tête ne m'était pas familière, mais son nom, lui, me disait vaguement quelque chose. Si je ma mémoire ne me trahissait pas, elle m'avait dit un instant plus tôt que sa famille favorisait son orientation. J'en concluait donc qu'elle devait appartenir à une lignée de détéctive reconnue, ainsi que riches, très certainement. Cela me rendait encore plus curieux qu'auparavant.

Je mettais cette pensée de côté, sans pour autant l'oublier afin de mieux me concentrer sur sa réponse. Elle évitait de répondre à ma question. Tournant en rond, généralisant ma question et posant d'autres thèses pour me dérouter.

Je soupirais tandis que je ressentais la sensation que j'avais pendant longtemps fait subir à mes autres interlocuteurs. Une curiosité refoulé qui se laissait lentement dériver par le flot de la discussion. Je respectais son envie de taire ses données personnelles. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de voir en son silence, un défi à relever.

Je patienta le temps qu'il fallait, jusqu'à ce que son discours prenne fin. Puis, je lui répondis d'une voix neutre.

- Vous avez tout à fait raison. Les rêves des hommes sont un peu similaire aux objectifs des entreprises. Une fois le but atteint, on ne dit pas non à d'avantage de gain, sinon on coule. D'ailleurs, cela me fait penser que nos camarade détéctive, travaillant pour l'état gagnent bien plus que nous qui somme au privé. J'avais tendance à croire que cette raison seule pousserait ceux qui en avaient le choix, à privilégier l'option la plus rentable. Après tout, les détéctives d'état ont bien plus d'influence que ceux qui travaillent pour leur propre compte. Mais, ce n'est pas ton cas, à ce que je vois.

Je me tus, puis posa calmement mon regard sur son expression. Un petit sourire commençais à se dessiner sur mes lèvres tandis que j'attendais sa réponse. J'avais hâte de voir ce qu'elle avait à redire sur le sujet. Qu'elle rebondisse à nouveau sur mes paroles, qu'elle évite la question.

Je voulais voir si j'étais cappable de la pousser à bout.

Pont de l'Espoir

Naoto semblait abhorrer l'heritage qu'elle avait reçue de la part de sa famille. D'après ses dires, elle voulait se démarquer d'eux et se faire sa propre renommée, sans leur assistance. Je trouvais ça honorable comme objectif. Même si c'était légèrement incompréhensible pour l'orphelin que j'étais. Mais, en me mettant dans sa peau, je pouvais en quelque sorte imaginer ce qu'elle pouvait ressentir vis-à-vis de la facilité que lui accordait son nom de famille.

Cette emotion qu'elle ressentait en disait long sur la personnalité de cette jeune détéctive. Fierte, elle était prête à choisir le chemin le plus compliqué dans le seul but de prouver ses réelles capacités, ou dirons-nous également pour caresser son ego. Oui, je trouvais cela ridicule, mais respectable. Deux points du vues contradictoires que je ne pouvais malheureusement pas détacher l'un de l'autre. Ce paradoxe retrouvait son origine en une seule chose : Mon père. Lui aussi était ce genre de personne à mettre l'honneur et la fierté en avant. Je l'idolatrais durant mon jeune âge, mais je n'avais jamais su appréhender son point de vue. Je ne voyais pas ce qu'il y avait à gagner en nous détournant ainsi de notre objectif alors qu'il s'offrait à nous. Pourquoi vouloir tant prouver quoique ce soit à quiconque ? Moi, je n'avais rien à prouver, je savais ce que je vallais; et cela me suffisait largement.

C'était vraiment étrange, à quel point Naoto me rappelait mon défunt géniteur. Peut-être était-ce pour cela que je commençais à la respecter malgrès toutes nos différences ?

- Shirogane. Je trouve que c'est un joli nom. Je ne comprend pas la raison qui vous pousse tant àvouloir vous en affranchir. La facilité que vous offre votre famille n'est rien d'autre qu'une clés, un outil qui n'a d'autre but que vous servir. Le fait que vous la haïssiez autant signifie simplement que vous voulez prouver que vous êtes cappable d'arriver au même au rendu que vous offre vous famille mais sans le soutien de celle-ci. Et c'est cela que je ne comprend pas ! Pourquoi souhaitez-vous tellement prouver votre valeur ? Et à qui ?

Je sentais un peu l'emportement dans ma voix. Peut-être n'aurais-je pas dû laisser ma personnalité se refléter dans le cours de la discussion ? Mintenant, il était trop tard pour faire marche arrière. Alors, j'allais faire en sorte de bien lui faire passer mon point de vue sur la question.

A sa seconde interrogation, j'eu de légers remord. Elle me surestimait. Et cela me mit un peu mal à l'aise, qu'elle ait autant d'estime envers moi. Car après tout, c'était uniquement par manque de choix que je travaillais en privé. Je ne pouvais tout simplement pas m'orienter vers le publique. Mes qualifications étaient insuffisante. Et avant cela, je n'avais pas l'argent nécessaire pour reprendre mes études, maintenant, je n'en ai plus la liberté.

- Je suis plutôt satisfait par ce que je suis devenu. De temps en temps, il m'arrive encore de douter envers mes anciennes décision. Mais en général, je suis très largement satisfait.

Je lachais mes paroles, vides de sens, sans savoir moi-même où je voulais en venir. Inutile de dire que je n'avais aucune idée de comment mes paroles risquaient d'être interprétées, mais je n'y prêta guère attention. Ce n'était qu'une simple discussions, après tout.

- Parfois, je me demande si je n'ai pas oublié quelque chose d'important en route. Je me demande si je n'ai pas laissé tombé quelqu'un que j'aurais pu aidé. Si je n'ai pas largué une partie de moi-même en faisant certains choix difficiles. Mon parcours me laisse incertains. Et vous, avez-vous déjà douté de ce que vous avez fait ?

Pont de l'Espoir

Une lignée de mâle ? Comme quoi le sexisme avait toujours une bonne emprise sur notre société. Cela pouvait également expliquer son drôle d'acoutrement. Au final, ce n'était peut-être pas par hobbie qu'elle se travestissait. Mais cela importait peu, pour le moment. Son explication était censée me faire comprendre la croyance qui l'avait poussée à laisser tomber sa plus grande arme, dans le but de sortir de l'ombre de sa famille. Mais, cela ne me convainquait qu'à moitié.

Sa famille n'avait légalement aucun droit pour l'empêcher de poursuivre ses rêves. Donc, quoique ceux-ci pensent d'elle, elle pouvait toujours faire de son mieux afin d'atteindre ses objectifs. Avec, ou sans leur renommée. Mais, si elle tenait tellement à le faire sans, c'est qu'elle voulait leur prouver quelque chose. Ses compétences, peut-être ?

Je respectais cela. Même si je ne pouvais pas vraiment dire que je la comprenais. Après tout, je n'avais jamais connu ce sentiment que de vouloir impressionner quelqu'un ou de vouloir gagner son acceptation.

- C'est donc à votre famille que vous devez cet acoutrement. Je comprend un peu ce que vous ressentez vis-à-vis de votre famille. Naître femme doit vous valoir beaucoups de complication avec eux, et vous cherchez donc à acquerir leur approbation afin de leur faire oublier ce petit détail qu'est votre sexe. Je trouve cela honorable.

Je me demandais si moi, j'allais réagir de la même façon si jamais un jours, je venais à faire face à mon père. Aurais-je également envie de gagner son approbation ? Essayerais-je de changer afin d'être en conformité avec ses idéaux à lui ? J'en doutais grandement. En vérité, j'étais même sûr et certain que j'allais tout donner afin de lui faire comprendre mon point de vue. Je ne voyais vraiment pas l'utilité que de vouloir se faire accepter. Mais par contre, je pouvais comprendre le fait que d'autres le veuille. Ils ont depuis toujours été avec leur famille, alors les liens qui les reliaient étaient plus forte que les miens.

Je soupirais en songeant au trou émotionnel que cette discussion continuait à approfondir. Je releva ensuite du regard pour balayer la zone où nous nous trouvions. Sa maison était-elle dans les parages, ou bien étions-nous encore loin de la destination ? Je me le demandais, en silence, mais ne lui fit pas part de mon interrogation. Ce n'était définitivement pas le bon moment pour sortir ce genre de question stupide.

Naoto me répondit en me faisant part qu'elle avait totalement confiance en chaque choix qu'elle avait entreprise par le passé. Je ne pu qu'envier son état d'âme.

- Vous n'avez donc aucun regret ? Rien que vous ne voudriez changer, si vous en aviez la possibilité ?

Pont de l'Espoir

Pas très optimiste, la jeune demoiselle. Elle semblait n'avoir aucun espoir pour ce qui était de voir un jour sa famille la reconnaître en tant que l'une des leurs. J'avais envie de lui dire qu'à partir du moment où elle n'y croyait plus, ses chances avait déjà été anéantit. Mais, ne sachant rien de la situation dans laquelle elle se trouvait, cela aurait été vraiment stupide que de la contre-dire. D'autant plus que son objectif me paraissait toujours être futile.

- Ne le prenez pas mal, mais je vous trouve un peu trop pessimiste sur ce sujet. Votre famille peux bien porter un certain avis sur votre compte, mais cela ne change pas pour autant qui vous êtes vraiment. S'il ont tant de mal à vous accepter tel que vous êtes, alors ce serait plutôt à eux de faire un effort pour vous accepter, pas vous. C'est ça une vraie famille ! La tolérance, la solidarité ! Et tout le tralala qui va avec. Sans vouloir vous manquer de respect, une famille qui ne veux pas de vous, n'est pas votre famille. La votre vous attend ailleurs.

Ce qui me faisait dire ça ? Sa tenue, son visage attristé quand elle parlait de sa famille, et pour finir, son état d'esprit aux tendances pessimistes. Co-exister avec ces gens-là lui était clairement néfaste.

- J'espère que vous ne le prenez pas mal.

Je m'étais peut-être laissé emporté sur le coup. Mais, je ne pouvais pas vraiment dire que je le regrettais. Au contraire, je sentais que ça m'avait fait beaucoups de bien de lâcher ce que j'avais sur le coeur. Mais, un peu de politesse ne faisait pas de mal.

Je détourna mon regard de son visage, prenant le temps d'entendre la réponse qu'elle offrait à ma dernière question. Son discours était aussi noir que lorsqu'elle parlait de sa famille. Par contre, c'était beaucoups plus anecdotique qu'auparavant. Sa question était plutôt alambiquée, mais la réponse était déjà toute trouvée.

- Un souhait, hein ? Qui ne voudrait pas voir le sien se réaliser ? Que ce soit pour accomplire de grandes choses, ou simplement pour rendre notre vie plus agréable. Mais, je comprend votre point de vue. L'humain ne peut se contenter d'une seule chose, réalisez-lui son souhait et il en voudra toujours d'avantage. A moins que ce ne soit son premier souhait en lui-même, qui l'ait encombré par la suite...

Le visage de Glen apparaissait dans mon esprit. Ce vieillard avait bel et bien réalisé mon voeu. Mais, à quel prix ? Certe, il avait rendu aussi épicée que je l'eu espéré, mais maintenant, je me rendais compte que j'avais fait une grosse connerie en acceptant son offre. Donc oui, voir mon voeu se réaliser ne m'avait pas empêché d'en désirer d'avantage. A commencer par vouloir sortir de ce traquenard.

Pont de l'Espoir

Lentement, je continuais à suivre le rythme de Naoto tout en évitant de la dépasser. Je ne devais pas oublier qu'elle était mal en point, et qu'elle risquait de subire une nouvelle chute de tension à tout moment.

La discussion semblait aller de bon train. Moi qui m'attendait à ce que cela se finisse dans une prise de tête à cause de notre divergence d'avis, je me surprenais moi-même en ne l'ayant pas bousculé avec mes mots. Où peut-être était-ce son caractère posé qui avait évité qu'on ne se marche sur les pieds ? Certainement que ça avait joué un grand rôle. Cela me changeait beaucoups de mes interactions quotidiennes avec les hommes de Glen. J'avais pris comme habitude de subire leur humeur versatile, ainsi que de participer à des débats qui se résumaient majoritairement par un nez cassé, et une visite express chez le toubib.

- Oh, vous êtes donc japonaise. Un bon pays, d'après ce que j'en ai entendu. Avec de bonnes spécialités, également.

Changer de sujet me semblait être la meilleure option dans la situation présente. Après tout, je n'avais pas très confiance en moi quand il était question de retenir mes mots. D'ailleurs, si je ne m'étais pas mis à parler de nouriture, je lui aurait certainement dit qu'elle ne faisait que prendre son éducation comme excuse pour expliquer les choix qu'elle avait prise elle-même. Je préfèrais donc croire que j'avais eu le bon réflexe en dirigeant la discussion vers un court plus banal.

- Ah, vous trouvez ? Eh bien, quand il est question de tchatche, je me débrouille plutôt bien, en effet. Je dois dire, que j'ai appris avec les meilleurs, aussi.

Les meilleurs arnaqueurs que je connaisse, ainsi que les plus grosses gueules trouvable dans un rayon de 100 km à la ronde. En effet, dire que j'avais appris avec le meilleurs était plutôt bon comme résumé pour ma carrière.

Mon regard se lèvre instinctivement vers l'avant lorsque Naoto parle de son agence. Nous êtions donc presque arrivé à destination. Je finis par m'arrêter devant elle, puis je tendis calmement ma main dans sa direction, patientant qu'elle la serre.

- Eh bien, c'est ici que nos chemins se séparent, alors. Ravi d'avoir fait votre connaissance, miss Shirogane.

Pont de l'Espoir

Ma comparse détéctive ne semblait pas porter son pays natal sur son coeur. Moi qui voulait rendre la discussion plus légère, je me retrouvais de nouveau plongé dans un énième débat. Au moins, aucun de nos mots lors de cette soirée là n'aura été inujurieux à l'égard de l'autre. C'était déjà ça de gagné.

Je soupirais tout en souriant copieusement, avant de lâcher à voix basse.

- Tu n'apprécis vraiment pas tes origines, hein.

Notre longue route était finalement arrivée à son terme, et avec elle, notre discussion aussi. Une légère sensation de soulagement m'envahissait à ce moment-là, ainsi qu'une insoutenable faim. Plus que quelques minutes de plus et je pourrais enfin rentrer chez moi, courage.

Posté à l'entrée d'un batiment bancal, nous nous étions arrêté afin de faire nos adieu. Mais, avant cela, je devais encore répondre à la toute dernière question de Naoto.

- Ah, désolé. J'aurais dû être plus clair, c'était du sarcasme en vérité. Comme vous pouvez vous en douter, mon parcours n'a rien d'élogieux, surtout lorsqu'il est comparé au votre. J'ai juste eu de grande gueules et des petites raclures comme professeur. Vous voyez le topo, j'ai tout simplement appris mon métier dans le tas.

La petite damoiseau, satisfaite ou non pas réponse, finit très vite par me rendre les politesses et à partir se refuger sous son toit. Ma main droite, qui était tendue dans sa direction, fut misérablement ignorée de sa part. Un léger soupire m'échappait tendis que je consolais ma pauvre petite main en la remettant dans ma poche.

- Effectivement, je n'aimerais pas aller vivre au Japon.

Mes plaintes s'évaporaient dans le vide, sans trouver d'autre compassion que celle du silence. Mes jambes se mirent aussi tôt en marche en direction d'une ruelle plus fréquentée afin d'y dégoter un taxi. Mes pensées du moments se résumaient à mon désire de rentrer chez moi. Je préfèrais laisser de côté les évènements qui s'étaient déroulé plus tôt dans l'après midi afin de me concentrer sur le plus important. Mes délieuses pâtes, qui attendaient vaillament mon retour glorieux à la maison.

J'arrive mes petits, patience.